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Interview (1) – François Lamy, conseiller du président Tony Parker à l’ASVEL : « Le décideur final au club c’est Tony, et personne d’autre »

L’ancien agent François Lamy est devenu à l’ASVEL le Conseiller du président Tony Parker. L’un des architectes de l’équipe qui connaît une réussite inattendue en Euroleague pour la première de ses deux années avec une wild card. Il nous révèle dans cette interview en trois parties et en dix thèmes q

L’ancien agent François Lamy est devenu à l’ASVEL le Conseiller du président Tony Parker. L’un des architectes de l’équipe qui connaît une réussite inattendue en Euroleague pour la première de ses deux années avec une wild card. Il nous révèle dans cette interview en trois parties et en dix thèmes quelques secrets de fabrication.

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VOTRE PASSE D’AGENT DE JOUEUR

Je suis devenu agent par hasard et pas par vocation. J’ai organisé des événements humanitaires étant jeune en faisant venir des sélections de joueurs américains. Plusieurs m’ont dit « tu devrais en faire ton métier », et j’ai choisi de tenter l’aventure. C’est un chemin tortueux et que je ne conseille pas forcément, il y a une période incompressible de galère, c’est difficile de « passer le cut ». J’ai connu quelques placements réussis et ça m’a permis de construire un réseau et une crédibilité. J’ai commencé à travailler avec You First en 2008 à l’époque avec Justin Zanik, maintenant GM des Utah Jazz, et intégré à plein temps en 2013 lorsque j’ai proposé d’ouvrir la branche baltique en même temps que de travailler sur le marché français à distance. J’ai 2 fiertés dans ce parcours, avoir placé ou représenté 19 joueurs méconnus qui ont fait la transition vers l’Euroleague, dont certains avec de belles trajectoires (Chuck Eidson, Sammy Mejia, Malcolm Delaney, Deshaun Thomas, Tremmel Darden, Brad Wanamaker…). L’autre fierté c’est d’avoir accompagné toute leur carrière un noyau de joueurs français qui ont tous optimisé leur parcours, ayant tous évolué de la N1 vers la ProA de l’époque (Pierre-Yves Guillard, Cédric Gomez, Guillaume Costentin, Marc Judith, Mathieu Bigote, Anthony Christophe…) C’est un métier qui doit viser l’optimisation, et dans ces 2 créneaux du placement et de la représentation, je pense avoir accompli quelques réussites constructives pour ces garçons.

Au fil de mon parcours j’avais acquis une crédibilité qui m’a permis d’avoir une qualité d’échange avec beaucoup de coachs et de clubs. Mais en effet Nanterre a été et restera celui qui m’a le plus marqué, parce qu’on a commencé à bien travailler ensemble en N1, et dans une logique de coopération qui n’a jamais tendu vers la prise de contrôle, là aussi il y a eu quelques résultats vraiment sympathiques et encore une fois constructifs.

Je n’ai pas une connaissance encyclopédique de tous les salaires d’Euroleague, Eurocup et BCL, parce que certains salaires ne sont utiles à connaître que par curiosité, et ne concernent pas la réalité du marché français. Mais dans mon ancien métier comme dans le nouveau, il faut connaître les tendances et les habitudes de rémunération dans les autres pays, que ce soit sur les montants ou sur les montages qui peuvent être parfois proposés et qui n’existent pas en France.

De gauche à droite: François Lamy, Gaétan Muller, Zvezdan Mitrovic et Charles Kahudi. (Photo: Asvel)
« Le Zalgiris est dorénavant un club reconnu, respecté et respectable, dont la qualité du travail se mesure bien au-delà de la seule figure du coach, aussi excellent soit-il »

LA LITUANIE

J’ai quitté la France lors d’une période compliquée après le lancement de ma procédure contre la transformation de règlementation JFL. Mon épouse est lituanienne et voyant la limite que pouvait m’imposer la fatwa que j’ai pu connaître à l’époque par certains joueurs et dirigeants, nous avons réfléchi à une expatriation qui s’est avérée très judicieuse. Nous aurons vécu 5 ans là-bas en cumulé. Je ne parle pas lituanien, mais en comprends l’essentiel. La majorité de la population parle très bien anglais, de 7 à 77 ans. C’est le pays du basket et un carrefour de techniciens ou décideurs du basket. J’ai été un moment proche de l’ancienne directrice générale du Lietuvos Rytas, c’est un club qui s’est délité au fil des années, avec un contexte de crise permanente et une gouvernance aux réactions épidermiques. Mais c’était un fonctionnement utile à observer, puisque ce modèle existe dans plusieurs pays. Lorsque Zalgiris Kaunas a été repris en 2013, j’ai pu être témoin de leur montée en puissance sur le plan de l’organisation. Ils connaissent une saison difficile sportivement, comme tous les petits budgets qui connaissent des résultats exceptionnels et qui doivent repartir d’une page quasi blanche, mais c’est dorénavant un club reconnu, respecté et respectable, dont la qualité du travail se mesure bien au-delà de la seule figure du coach (NDLR: Sarunas Jasikevicius), aussi excellent soit-il. Ils surfent bien entendu sur une popularité exceptionnelle du basket, une image de quasi-club nation, puisque Kaunas était le berceau de la résistance lituanienne et de la résistance par le basket. Il faut regarder le film The Other Dream Team pour bien saisir l’esprit qui permet à ce club de générer un tel attachement. Un journaliste de L’Equipe avait repris mon expression « On doit s’en inspirer, mais on ne peut pas s’en inspirer ». C’est un modèle impossible à reproduire dans le fond, mais dans la forme il y a énormément de paramètres à reprendre, et beaucoup à en apprendre.

Il y a une culture du travail bien fait, héritée de leurs aspirations de se rapprocher des modèles nordiques. Leur organisation est très pyramidale dans sa structure mais là-encore les influences nordiques ont apporté une grande fluidité, un grand pragmatisme, et une culture d’entreprise vers l’ouverture et la transparence. Le DG Paulius Motiejunas est brillant, il pilote le club et la salle avec brio, je suis très heureux de bien le connaître et qu’on s’apprécie. La masse salariale sportive est en effet élevée, le chiffre évoqué doit être brut par contre (NDLR : 8,5M€ de masse salariale pour 11,9€ de budget). La masse salariale hors sportif est faible pour 2 raisons, les services sont mutualisés entre le club et la salle, et les salaires sont bien moins élevées en Lituanie. L’écart entre les salaires des fonctions support entre les 2 pays et la fiscalité font qu’ils ont un avantage concurrentiel conséquent. Mais c’est une réalité avec laquelle il faut vivre dans une compétition internationale avec évidemment des règlementations fiscales et sociales hétérogènes. Pour ce qui est du championnat national lituanien, maintenant que Rytas a laissé passer le train, Zalgiris domine ostensiblement, Neptunas Klaipeda ayant été secoué par des affaires de malversations et ayant perdu son excellent coach Makszytis (Perm), et Lietkabelis est aussi dorénavant lâché. Les villes qui accueillent ces clubs n’ont pas la capacité de rayonnement économique suffisant pour faire vivre des clubs de manière ambitieuse et pérenne.

Photo: Charles Kahudi (Euroleague)

« J’ai eu 2 patrons dans ma vie, Juan Aisa et Tony Parker, je ne peux que souhaiter à quiconque d’avoir autant de chance »

VOTRE VENUE A L’ASVEL

J’aspirais à avoir des fonctions autres dans le basket depuis un bon moment. Cela aurait dû se concrétiser dans 2 clubs (Nanterre et Orléans), mais ça ne s’est pas fait pour diverses raisons. Je n’avais pas la prétention d’aspirer à avoir des responsabilités dans un club d’Euroleague. C’est une chance qui m’a été offerte. Nous échangeons fréquemment avec Tony (Parker) depuis la saison 2015-2016, on a appris à se connaître, et je pense pouvoir dire que j’ai dû réfléchir moins d’une demi-seconde avant de prendre la décision de rejoindre LDLC Asvel. J’étais dans un confort matériel de vie exceptionnel à Vilnius, mais il faut savoir sortir de sa zone de confort. J’ai consenti à des efforts financiers substantiels pour venir, puisque ça devait devenir la logique de fonctionnement au club. Je me voyais mal expliquer aux joueurs qu’il faut savoir faire des efforts et ne pas en faire personnellement. Et maintenant je peux affirmer que ces efforts valaient la peine, travailler pour un président aussi investi et aussi au clair avec ses idées et principes, c’est extrêmement enrichissant humainement. J’ai eu 2 patrons dans ma vie, Juan Aisa (NDLR: ancien joueur du Mans et de Pau, DG de You First) et Tony Parker, je ne peux que souhaiter à quiconque d’avoir autant de chance.

Photo: Théo Maledon (Euroleague)
« Je formalise des recommandations, basées sur ce travail de recherche et d’échanges, et Tony tranche selon les feedbacks que nous lui fournissons »

VOTRE RÔLE A L’ASVEL

Conseiller du Président est un titre qui se justifie pleinement dans l’organisation de LDLC Asvel. J’ai intégré un club historique, avec un organigramme déjà bien rempli, et un vrai patron qui est en permanence actif, il n’y a pas de place pour quelqu’un qui souhaite arriver et faire comme bon lui semble. Je suis sous la direction de Tony, nous sommes en contact quotidien pour des échanges d’informations. Je suis son conseiller sur 2 sujets particulièrement, le sportif, et l’Euroleague, pour la gestion des échanges devant nous permettre d’aboutir à la licence A. Je suis aussi en lien permanent sur tous ces sujets avec Gaëtan Muller. Je ne voyage pas tout le temps avec l’équipe, il y a trop de sujets de travail structurant pour que je sois tout le temps en déplacement (la nouvelle salle, les relations avec l’Euroleague, la réflexion sur le recrutement à la fois professionnel et centre de formation, les relations avec l’Académie, le pilotage des aspects et des équipes logistiques…). Je continue à faire du scouting pour l’équipe professionnelle, Nicolas Mathieu n’intervient que sur le centre de formation.

Le recrutement est toujours sujet à fantasmes dans le basket professionnel français. Ça n’est ni le travail d’une personne, ni le résultat d’une intuition personnelle. C’est le résultat d’une réflexion et d’un travail de longue haleine qui implique beaucoup de monde au club. Nous échangeons en permanence dans une cellule avec Tony, Nicolas Batum, Gaëtan Muller, le coach (NDLR : Zvezdan Mitrovic), et TJ (NDLR : Parker, assistant-coach). Nous n’hésitons pas à solliciter les avis de notre préparateur physique Manuel Lacroix, de notre responsable du développement individuel Joseph Gomis, ou du responsable de la cellule médicale Yohann Casin. Le décideur final au club c’est Tony, et personne d’autre. Je formalise des recommandations, basées sur ce travail de recherche et d’échanges, et Tony tranche selon les feedbacks que nous lui fournissons. Pour la partie négociation, c’est en effet de ma responsabilité. C’est un travail que je connais bien, mais là encore c’est aussi après validation d’une stratégie réfléchie et avalisée en amont. On n’a rien fait au hasard, et nous avons réussi cette année à être très efficaces sur le plan salarial.

A suivre demain

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VOTRE PASSE D’AGENT DE JOUEUR

Je suis devenu agent par hasard et pas par vocation. J’ai organisé des événements humanitaires étant jeune en faisant venir des sélections de joueurs américains. Plusieurs m’ont dit tu devrais en faire ton métier, et j’ai choisi de tenter l’aventure. C’est un chemin tortueux et que je ne conseille pas forcément, il y a une période incompressible de galère, c’est difficile de « passer le cut ». J’ai connu quelques placements réussis et ça m’a permis de construire un réseau et une crédibilité. J’ai commencé à travailler avec You First en 2008 à l’époque avec Justin Zanik, maintenant GM des Utah Jazz, et intégré à plein temps en 2013 lorsque j’ai proposé d’ouvrir la branche baltique en même temps que de travailler sur le marché français à distance. J’ai 2 fiertés dans ce parcours, avoir placé ou représenté 19 joueurs méconnus qui ont fait la transition vers l’Euroleague, dont certains avec de belles trajectoires (Chuck Eidson, Sammy Mejia, Malcolm Delaney, Deshaun Thomas, Tremmel Darden, Brad Wanamaker…). L’autre fierté c’est d’avoir accompagné toute leur carrière un noyau de joueurs français qui ont tous optimisé leur parcours, ayant tous évolué de la N1 vers la ProA de l’époque (Pierre-Yves Guillard, Cédric Gomez, Guillaume Costentin, Marc Judith, Mathieu Bigote, Anthony Christophe…) C’est un métier qui doit viser l’optimisation, et dans ces 2 créneaux du placement et de la représentation, je pense avoir accompli quelques réussites constructives pour ces garçons.

Au fil de mon parcours j’avais acquis une crédibilité qui m’a permis d’avoir une qualité d’échange avec beaucoup de coachs et de clubs. Mais en effet Nanterre a été et restera celui qui m’a le plus marqué, parce qu’on a commencé à bien travailler ensemble en N1, et dans une logique

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