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Boulazac: Toujours en quête de survie

Le Boulazac Basket Dordogne est l’un des clubs les plus anonymes de Jeep Elite. Déjà parce qu’il a peu de matches au compteur. Surtout en raison de sa situation géographique. Périgueux, c’est loin des grands centres urbains et Boulazac, c’est tout juste 7 000 habitants, soit guère plus que la capaci

Le Boulazac Basket Dordogne est l’un des clubs les plus anonymes de Jeep Elite. Déjà parce qu’il a peu de matches au compteur. Surtout en raison de sa situation géographique. Périgueux, c’est loin des grands centres urbains et Boulazac, c’est tout juste 7 000 habitants, soit guère plus que la capacité du Palio. Le BBD est très peu télévisé. Il ne sait pas non plus se mettre en valeur en dehors de son périmètre périgourdin. Sa page sur Wikipedia fait à peine une dizaine de lignes et elle ne dit même pas l’essentiel. C’est aussi le club de Jeep Elite qui compte le moins d’abonnés sur les réseaux sociaux. Sportivement, le BBD se débat pour ne pas retourner en Pro B. Il y a deux ans, il a évité le châtiment en étant repêché. Cette saison encore, le BBD s’est retrouvé dans une situation inconfortable à l’issue des matches allers.

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Comme beaucoup de clubs qui vont mal, le BBD cherche le salut en changeant ses joueurs étrangers à tour de bras pour ainsi trouver la bonne alchimie. A ce jour, il en a fait jouer dix ! Cinq Américains, un Nigérian,un Tchèque, un Slovène, un Américano-Kosovar, et même un représentant de l’Erythrée, petit pays de la Corne de l’Afrique à la dictature totalitaire, le petit nouveau Johnny Berhanemeskel, qui possède aussi la nationalité du Canada, pays où il est né. Dans situation de ce type, même une poule ne reconnaîtrait pas ses poussins.

Kevin Harley et Alpha Kaba auraient pu donner un coup de projecteur sur le club à l’occasion du All-Star Game, l’un au concours de dunks dont il était le tenant du trophée, l’autre au match des étoiles pour lequel il avait été sélectionné. Mais les deux ont dû déclarer forfait. Hasard du calendrier, Kevin Harley s’est retrouvé samedi soir sur le parquet d’Antarès en face à face avec DJ Stephens, double vainqueur de ce concours de voltige aérienne. Sur une action, grâce à un contre à mi-hauteur, le Boulazacois a privé l’Américain d’un dunk mais DJ eut pour lui, un peu plus tard, comme souvent, le geste de la soirée en concluant un alley oop sur une acrobatie.

Photo: Alpha Kaba

Une gifle dans le troisième quart-temps

Le BBD est allé au Mans avec 6 victoires en 17 journées dont celle obtenu face au MSB au match aller qui avait si bien lancé la saison. Il s’est permis ensuite de terrasser Monaco au Palio (74-70) avec 19 points de l’international nigérian Michael Umeh, qui a quitté la Dordogne par la suite, de mettre une dérouillée à Nanterre (91-62) avec 20 points et 19 rebonds d’Alpha Kaba et encore d’écarter Limoges et Strasbourg. En revanche, les défaites au Palio contre Pau (83-84) et Orléans (93-97) après prolongation ont fait mal. Surtout, les Boulazacois n’ont gagné qu’une fois à l’extérieur, à Chalon, et ont échoué à Gravelines de deux points, à Cholet de quatre, au Portel en prolongation. Beaucoup de glissades, on le voit, dans le money time.

« On a eu trois défaites après prolongation, dont deux à l’extérieur, à Gravelines et au Portel, ça veut dire que l’on est dans les matches. Au Palio, on est souvent devant. Lors de nos trois dernières rencontres, Strasbourg, Pau et Orléans, on est dans des matches qui sont maîtrisés défensivement où l’on est là où on souhaite être, mais malheureusement au retour des vestiaires, on laisse les équipes prendre confiance, et après c’est une histoire de momentum, la dynamique s’inverse très vite au basket, et on a du mal à surpasser tout ça et à reprendre confiance. Aujourd’hui, il n’y a pas tout à jeter mais il faut se poser la question de savoir comment apporter de la densité, de l’intensité sur quarante minutes. Ce qui nous manque aujourd’hui c’est une forme de cohérence sur l’ensemble du match », note le coach Thomas Andrieux après la défaite au Mans.

Le BBD était venu dans la Sarthe avec l’ambition affichée de se refaire la cerise au plus vite. Peu importe les pépins inhérents à la vie d’un groupe sportif : les ennuis gastriques d’Alpha Kaba, l’angine fiévreuse du massif et barbu Patrik Auda à son retour de République Tchèque, les problèmes aux genoux de Ryan Pearson et Kyle Gibson, le manque de rythme de Johnny Berhanemeskel, qui n’avait eu qu’une semaine et un match amical contre Vichy-Clermont pour se familiariser avec son nouvel environnement.

Boulazac pouvait peut-être profiter de l’absence de la pièce maîtresse mancelle, son meneur de jeu Brian Taylor. Mais ses joueurs avaient visiblement l’esprit encore ailleurs au démarrage, concédant un 10-2 puis un 16-5. Cette première mi-temps fut très séquencée et le BBD freina considérablement les ardeurs mancelles avec un zone qui détraqua un temps le MSB. Et le voilà qui revenait et qui passait en tête. Il fallut que les Manceaux étudient le piège proposé –« une match up » dixit le coach Elric Delord- et s’ajustent pour le déjouer.

« On a eu quelques périodes où on a plus ou moins bien défendu. Au début du match, on était en homme à homme et ça s’est mal passé. Ils ont rapidement marqué quinze points. Ensuite, on est passé en zone 2-3 et cette alternance a fait que l’on a su un peu les « contrôler ». Il y a eu des va et vient mais le problème, une fois de plus, c’est la consistance. On n’a jamais été consistant du début à la fin. On est capable de bien défendre sur quelques séquences mais, en fin de compte, on termine à -20 », résumait Alpha Kaba.

Car de fait, la deuxième mi-temps fut à sens unique. Avec l’énergique Antoine Eito au poste de pilotage et l’assassin silencieux Obi Emegano, une adresse à trois-points retrouvée -6/11 en deuxième mi-temps contre 3/11 en première, 21 lancers-francs réussis de suite, et sept joueurs à neuf points et plus, les Manceaux eurent jusqu’à 22 points d’avance (80-58) pour tout contrôler jusqu’à la fin (99-78). Le BBD a totalement perdu pied. Certains de ses joueurs n’ont rien fait de bon, à l’image de l’ancien Manceau Ryan Pearson (3 points et 5 fautes), de Rémi Lesca (2 points) ou Jean-Frédéric Morency (3 rebonds et c’est tout en 15 minutes). Précision utile : les 20 points de Kyle Gibson et les 19 de Johnny Berhanemeskel sont survenus pour l’essentiel dans le garbage time.

« On s’est fait gifler, dominer. Au fur et à mesure, les équipes ont pris confiance face à nous. Ils ont vu que l’on était une équipe prenable, que l’on se laisse toujours marcher dessus. Alors forcément, ça rend la tâche difficile », constatait Alpha Kaba qui, grâce à ses 9 rebonds, conserve sa place de numéro 1 de la Jeep Elite dans ce secteur mais qui n’a pas véritablement pesé sur le match. « L’objectif était de repartir sur une bonne note dès 2020. On a enchaîné un mois de décembre nul. Défaite sur défaite. La trêve était censée nous vider l’esprit et nous remettre le moral dans le bon sens. Ça aurait fait plaisir de commencer l’année 2020 avec une victoire ou au moins montrer un autre visage. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas, on est toujours la même équipe que l’on était en fin d’année 2019. »

Thomas Andrieux regrettait une certaine rengaine dans le déroulé des matches :

« Ce n’est pas la première fois, c’est sur le troisième quart-temps que l’on explose en vol. Et malheureusement derrière, on n’a pas la force de caractère nécessaire pour faire face. Notre jeu après n’est plus très en place et cohérent, ce qui fait que Le Mans s’envole au score. La fin de rencontre importe peu. C’est bien avant qu’il fallait faire douter cette équipe mancelle. On y était parvenu en essayant de combiner un peu les défenses, en cassant le rythme de cette équipe. Malheureusement, on a trop de déchets dans les tirs intérieurs puisqu’on est à 40% dans la raquette. On gâche quelques lancers-francs qui auraient pu nous permettre de basculer en tête et rester longtemps au contact pour éventuellement faire douter cette équipe sur la fin de rencontre. C’est tout l’inverse qui s’est passé. Il n’y a pas que du négatif mais néanmoins on n’est pas capable de tenir sur la durée. A un moment donné, Le Mans s’est envolé. On perd le fil et quand le bateau tangue, on a du mal à passer la seconde et revenir. En sport, il y a des temps forts et des temps faibles pour toutes les équipes et c’est dans nos temps faibles que l’on a du mal à sortir la tête de l’eau. C’est à ce moment-là que l’on doit voir nos leaders de jeu et par l’exemple, dans les attitudes, pour essayer d’amener du positif et de la qualité dans le jeu.

Un renfort à venir, un match capital face au Portel

Le BBD se plaît à mettre en exergue de bonnes affluences au Palio, des finances saines avec une masse salariale en hausse, mais le bilan sportif ne suit pas. Il est actuellement dans la zone de relégation et on sait que cette saison, il y aura trois « morts ». La plupart des équipes concernées par la lutte pour le maintien ont lancé les grandes manœuvres, en changeant de coach et/ou de joueurs, sachant que ce n’est pas toujours un remède miraculeux. Boulazac a déjà beaucoup donné en la matière, au point d’avoir presque atteint le quota maximum de joueurs.  Le président Laurent Serres n’a pas caché que son club est disposé à faire un effort supplémentaire.

« On veut montrer qu’on ne va pas se laisser marcher dessus, qu’on va faire le maximum pour se sauver, ce qui a toujours été notre seul objectif. Le club vit grâce à ses passionnés, qu’ils soient abonnés ou partenaires. Cela créé des attentes légitimes qui nous engagent à faire de notre mieux à tout moment. »

Thomas Andrieux confirme l’information :

« C’est dans les tuyaux en sachant que l’on a utilisé 15 contrats depuis le début de saison, donc il nous reste une cartouche avant fin février ou sur une blessure après. On est en train de prospecter, le marché n’est pas simple. Je sais qu’il y a certains de mes collègues, certains clubs, qui oeuvrent pour se renforcer avec des enveloppes bien supérieures. Il y a une lutte farouche qui s’annonce et ce sont trois descentes au programme, on le savait. Il faut redresser la tête, rester cohérent sur notre façon de travailler et dès lundi se remettre au boulot car face au Portel ça sera une rencontre ca-pi-ta-le dans l’optique de notre maintien. » ★

Un shooteur érythréen au nom imprononçable

Johnny Berhanemeskel a déjà deux particularités : un nom imprononçable et la nationalité érythréenne en plus de la canadienne. Il est donc le 10e étranger de la liste du BBD cette saison. Est-il difficile d’analyser en amont une équipe qui procède à tant de turnovers ? Question posée à Elrik Delord, le coach manceau :

« Sur le recrutement, on a toute une liste de joueurs et avant de choisir, on en scoute un bon paquet. Il faisait partie de la liste cet été. Il a été bon ce soir. On a su le week-end dernier qu’il arrivait, on a eu une semaine. C’est sûr que si on prend le match aller, l’équipe de Boulazac est différente mais nous aussi. On n’avait pas Taurean Green, par exemple. Ça ne change pas grand-chose. S’ils changent la moitié de l’équipe trois jours avant le match, là ça pose de gros problèmes. »

La première impression de son équipier Alpha Kaba sur Johnny Berhanemeskel, qui a planté 19 points à 7/10 aux tirs face au MSB, est bonne :

« C’est un shooteur, son rôle est de prendre des shoots et il a fait ce qu’il devait faire. On est content de ce qu’il apporte d’autant que ce n’est pas évident quand on est nouveau dans une équipe de s’intégrer. On doit respecter ce qu’il a fait. Ça va nous apporter une option en plus. On a déjà quelques shooteurs comme Kyle, ça permettra d’alterner. Quand un jour un joueur ne sera pas dans son match, un autre pourra apporter. »

Il faut avoir davantage de recul pour avoir un jugement plus affirmé mais Thomas Andrieux est déjà satisfait de son choix :

« C’est un garçon qui est avec nous depuis seulement une semaine. On le scoutait avec Claude Bergeaud depuis déjà trois saisons. Il sortait déjà d’une prestation solide en Espagne à Saragosse l’année dernière en liga Endesa, ce n’est pas le premier championnat venu en Europe. C’est un garçon qui va nous amener non seulement du danger dans le tir extérieur mais aussi une belle capacité dans le jeu. Il est capable de faire beaucoup de choses. Il est très propre dans son approche. Il connaît très bien le jeu européen. Indéniablement, il va nous faire du bien. » ★

Photo d’ouverture: BBD

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Comme beaucoup de clubs qui vont mal, le BBD cherche le salut en changeant ses joueurs étrangers à tour de bras pour ainsi trouver la bonne alchimie. A ce jour, il en a fait jouer onze ! Cinq Américains, un Nigérian, un Malien, un Tchèque, un Slovène, un Kosovar, et même un représentant de l’Erythrée, petit pays de la Corne de l’Afrique à la dictature totalitaire, le petit nouveau Johnny Berhanemeskel, qui possède aussi la nationalité du Canada, pays où il est né. Dans situation de ce type, même une poule ne reconnaîtrait pas ses poussins.

Kevin Harley et Alpha Kaba auraient pu donner un coup de projecteur au club à l’occasion du All-Star Game, l’un au concours de dunks dont il était le tenant du trophée, l’autre au match des étoiles pour lequel il avait été sélectionné. Les deux ont déclaré forfait. Hasard du calendrier, Kevin Harley s’est retrouvé samedi soir sur le parquet d’Antarès en face à face avec DJ Stephens, double vainqueur de ce concours de voltige aérienne. Sur une action, grâce à un contre à mi-hauteur, le Boulazacois a privé l’Américain d’un contre mais DJ eut pour lui, un peu plus tard, comme souvent, le geste de la soirée en concluant un alley oop sur une acrobatie.

Photo: Alpha Kaba

Une gifle dans le troisième quart-temps

Le BBD est allé au Mans avec 6 victoires en 17 journées dont celle obtenu face au MSB au match aller qui avait si bien lancé la saison. Il s’est permis ensuite de terrasser Monaco au Palio (74-70) avec 19 points de l’international nigérian Michael Humay, qui a quitté la Dordogne par la suite, de mettre une dérouillée à Nanterre (91-62) avec 20 points et 19 rebonds d’Alpha Kaba et encore d’écarter Limoges et Strasbourg. En revanche, les défaites au Palio contre Pau (83-84) et Orléans (93-97) après prolongation ont fait mal. Surtout les Boulazacois n’ont gagné qu’une fois à l’extérieur, à Chalon, et ont échoué à Gravelines de deux points, à Cholet de quatre, au Portel en prolongation. Beaucoup de glissades, on le voit, dans le money time.

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