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[REDIFF] En direct du confinement avec… Mathieu Wojciechowski (Wroclaw): « Si la police vient chez toi et que tu n’y es pas, tu prends une grosse amende »

Joueur de l’ASCO Śląsk Wrocław, en Pologne, Mathieu Wojciechowski (2,03m, 27 ans) est également victime du confinement qui découle de l’épidémie de Coronavirus. Bloqué chez lui, comme une bonne partie de l’Europe actuellement, l’ancien joueur de Bourg-en-Bresse nous décrit la situation en Pologne, i

Joueur de l’ASCO Śląsk Wrocław, en Pologne, Mathieu Wojciechowski (2,03m, 27 ans) est également victime du confinement qui découle de l’épidémie de Coronavirus. Bloqué chez lui, comme une bonne partie de l’Europe actuellement, l’ancien joueur de Bourg-en-Bresse nous décrit la situation en Pologne, il nous donne son avis sur la crise en France et nous confie ses astuces pour combattre l’ennuie.

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Qu’en est-il de la situation en Pologne ?

Ça a commencé à devenir bizarre au moment de notre dernier match (samedi 7 mars). On allait jouer à l’extérieur et on ne savait pas si on allait jouer à huis clos ou pas. On savait qu’on allait jouer mais on ne savait pas dans quelle condition. On est parti en sachant que dans tous les cas il n’y aurait pas grand monde dans la salle. C’était un match très important pour nous parce qu’on jouait contre Sopot qui était au-dessus de nous au classement et donc un concurrent direct pour les playoffs. C’était assez bizarre comme match, on en parlait même entre nous, on se demandait comment ça allait se passer. La semaine d’après, on retourne à l’entrainement et ça parlait de plus en plus de jouer les matchs suivants à huis clos. Donc le lundi, on reprend normalement notre routine c’est-à-dire musculation le matin et entrainement collectif le soir. Au fur et à mesure que la semaine passait, on avait de plus en plus vent que la ligue allait devoir prendre une décision concernant, au début, des matchs à huis clos. Le jeudi matin, en plein entrainement, notre GM descend sur le terrain, ce qui n’arrive jamais, donc on sentait qu’un truc bizarre se tramait. On voyait beaucoup de gens passer dans les couloirs des bureaux du club qui donnent sur notre salle. Le GM est donc allé parler au coach, qui a directement arrêté l’entrainement après seulement 30 minutes à peu près. Il nous a dit que la ligue a décidé de suspendre le championnat pendant deux semaines. Suite à ça, on remonte dans le vestiaire et je demande au capitaine si c’est juste deux semaines et après on verra comment ça se passe. Il me répond qu’il y a plus de 80% de chance que le championnat soit arrêté. En tant que joueur on savait donc déjà très tôt que c’était très, très compromis. Dans la foulée, le club a donc directement pris les joueurs américains en entretiens individuels parce qu’on entendait que Trump comptait fermer les frontières. Le club a essayé de trouver des solutions rapides pour que les Américains puissent rentrer chez eux aussi. A partir de ce moment-là on a vite compris que ça allait être chaud pour la fin de saison parce que tu perds tes étrangers, tu te retrouves qu’avec des Polonais. Même si c’est censé durer que deux ou trois semaines, tu te dis que ça pue parce que ce n’est pas envisageable de terminer un championnat professionnel qu’avec des joueurs locaux. C’est du jamais vu (rires). Je ne sais pas s’il y a un seul championnat au monde où il n’y a que des joueurs locaux dans la division majeure. On a continué à s’entrainer jusqu’à vendredi matin puis on a été renvoyé chez nous parce que la Pologne a été mise en confinement et la mesure a été étendue à la manière française, mais pas aussi fortement. Les vols sont annulés, les frontières sont fermées. Tu peux quitter la Pologne, tu peux revenir, si tu es citoyen polonais, mais si tu es citoyen étranger, tu ne peux tout simplement pas entrer dans le pays, à part si tu as un visa de travail. Mais si tu rentres, c’est à condition de prendre deux semaines de quarantaine administrative. Si la police vient chez toi et que tu n’y es pas, tu prends une grosse amende. La décision est tombée de mémoire jeudi ou vendredi soir que le championnat était annulé avec classification. Zielona Gora a donc été sacré champion et il n’y aura ni montée, ni descente d’après ce que j’ai compris. Voilà où on en est en Pologne pour l’instant.

« je ne m’imagine pas vraiment revenir après deux semaines de confinement ou tout ce que t’as le droit de faire c’est des pompes et des abdos à la maison »

Est-ce la bonne solution pour vous d’annuler le championnat comme ça et de s’en remettre au classement ?

Honnêtement, je ne sais pas si c’est la meilleure solution d’octroyer un titre de champion parce qu’on ne sait jamais qui va finir champion. Notre fenêtre de transferts n’était pas encore terminée, il y avait encore les playoffs donc il pouvait encore se passer pas mal de choses. Après, sur l’ensemble de la saison, Zielona Gora n’avait perdu que trois matchs sur vingt pour l’instant donc tu te dis ok, mais quand je vois la gestion de cette situation en Pologne comparativement à la France, je suis bien content que nos instances aient pris une décision. Même si cette décision est difficile à prendre et que tout le monde ne valide pas ce choix. De toute façon, quand tu tranches, tu auras toujours des personnes en désaccord. Mais je suis bien content que la Ligue ait vite tranché parce qu’en tant que joueur, je ne m’imagine pas vraiment revenir après deux semaines de confinement ou tout ce que t’as le droit de faire c’est des pompes et des abdos à la maison. Mentalement et physiquement, je pense que c’est très compliqué à gérer. Je suis bien content d’être dans cette configuration-là parce que quand je pense à mes potes qui sont en N1, Pro B ou même Jeep Elite, ils sont en attente et j’ai l’impression qu’ils vont attendre encore un sacré moment. Ton corps et ton esprit sont en pause totale pendant que le championnat est suspendu. T’as beau faire des footings, même les footings si on te dit de rester chez toi c’est pour une bonne raison, ce n’est pas une blague. Tu lis des articles de préparation physique qui disent de ne pas rester devant la console, mais je suis désolé quand t’es chez toi, que tu t’ennuies, t’as vite fait le tour. C’est une situation tellement incontrôlable et incontrôlée que je pense qu’il faut plutôt privilégier la santé des gens, des joueurs. Même si tu reprends dans un mois, tu vas avoir un risque de blessure musculaire énorme. En Jeep Elite, je pense qu’il y a beaucoup d’Américains qui ont été libérés donc ça peut changer un championnat. Je suis content que la ligue polonaise ait pris cette décision. Certes c’est chiant parce qu’il y aura des problèmes par rapports aux contrats et aux salaires, mais au moins une décision a été prise et à partir de ce moment-là tu peux commencer à préparer la suite. Tu peux voir venir alors que là mes potes en France sont tous en train d’attendre la fameuse décision.

Vous aviez signé un contrat d’un an à Wrocław ?

Non, justement j’ai signé un contrat 1+1. Le club a rapidement réussi à régler le problème des Américains parce que forcément tous les mecs n’ont signé qu’un an. Maintenant on est en train de voir légalement avec le club, le président, comment on peut trouver le meilleur compromis parce que quand tu signes deux ans, tu es encore payé l’été donc il faut voir avec le club comment faire. C’est tellement un cas inédit, tout le monde découvre parce que ce n’est pas une rupture de contrat, je n’ai pas fait de « bavure ». Il faut que le club voit aussi s’il ne va pas avoir de problème avec ses sponsors parce qu’ils n’ont pas nécessité de payer leurs dotations puisqu’on ne joue pas. Tout ça va sortir au fur et à mesure qu’on ne peut rien prévoir.

Il va falloir prévoir une clause épidémie dans les prochains contrats?

Je n’espère pas quand même (rires). Ça voudrait dire qu’on s’y habitue. Mais c’est compliqué, même légalement on ne sait pas ce qu’il faut faire, est-ce qu’on doit nous payer jusqu’au dernier jour où tu t’es entraîné, est-ce que tu peux être en force de réclamer ton contrat jusqu’à la fin de saison? Il y a énormément de questions et ça va être un casse-tête pour les juristes et pour les avocats du sport parce que les clubs voudront forcément économiser un maximum pendant que les joueurs voudront récupérer le plus. Ça risque d’être assez funky pour les agents et les dirigeants de clubs cet été.

« Je comprends que les fédérations soient dans le flou. Elles ne savent tout simplement pas quoi faire et c’est normal »

Quel est votre regard sur la situation en France ?

J’ai pu parler avec plusieurs amis en Pro B, N1 et Jeep Elite avec lesquels je suis resté en contact et vu que c’est une situation inconnue – je ne sais même pas si j’ai eu une seule fois un match reporté ou annulé dans ma carrière – d’avoir un souci sanitaire comme ça. Ça change plein de choses, il y a des problématiques économiques, de salaires, de paiements… Il y a la problématique de « est-ce qu’on rejoue ? Est-ce qu’on rejoue avec ou sans les fans ? Est-ce que les sponsors vont suivre ? ». Je comprends que les fédérations soient dans le flou. Elles ne savent tout simplement pas quoi faire et c’est normal. Je pense qu’ils sont très prudents par rapport à ça, mais dans tous les cas ils devront trancher à un moment donné. Ils devront prendre une décision pour les joueurs et pour l’instant j’ai juste l’impression que pour les joueurs c’est compliqué parce qu’on leur réclame de rester en forme, on leur réclame de quand même faire du sport alors que d’un autre côté on te dit de rester chez toi, confiné. C’est un peu contradictoire, mais j’espère qu’ils vont trancher rapidement surtout pour les gars et les coachs. Je pense que derrière les clubs, les présidents vont gérer, ils vont trouver des solutions et des moyens mais plus tôt la situation sera fixée, plus tôt on pourra préparer la suite. Après, on ne sait pas tout, il y a forcément des accords, il y a les droits TV, des trucs comme ça. Ce n’est vraiment pas une situation facile, ni pour les joueurs, ni pour les clubs, ni pour les fédérations. Je pense que personne ne s’y attendait.

Les pompes et les abdos, c’est la solution pour rester en forme quand la salle n’est pas accessible ?

Beaucoup disent de faire des balades en vélo, des footings, mais on te dit de rester confiner, de sortir au minimum donc j’essaye de rester actif quand même. Je fais des trucs à la maison. Dans le jardin, sur la sortie de garage, faire des exercices pour qu’il se passe au moins quelque chose, que le corps ne s’endorme pas totalement. Déjà que quand tu termines ta saison mi-mai, il faut déjà bien gérer son été, là il y a deux mois de plus où il faut gérer ton corps donc tu ne peux pas faire n’importe quoi.

Comment vous occupez-vous pendant ce confinement ?

Cuisine, console de jeux, séries. Mais surtout la cuisine (sourire). C’est aussi bien pour recontacter des gens dont tu n’as pas forcément le temps ou les moyens de le faire en temps normal. Au moins là, tu sais que tout le monde est à la maison donc FaceTime et WhatsApp ça y va. C’est le moment de prendre des nouvelles de tout le monde, de discuter. On peut voir que sur les réseaux sociaux ça galère pas mal, c’est marrant. On peut trouver un moment pour tout et ça permet aussi de pouvoir se ressourcer un peu. Et parmi tout ça on peut trouver une heure ou une heure et demi pour travailler sur notre corps parce que c’est important pour nous.

« Le plus compliqué c’est de combattre l’ennuie. Le vrai problème c’est de ne pas savoir combien de temps ça va durer »

Quelle est la pire chose quand on doit rester bloqué chez soi ?

Je suis quelqu’un de casanier donc ça ne me dérange pas (rire). Le plus compliqué c’est de combattre l’ennuie. Le vrai problème c’est de ne pas savoir combien de temps ça va durer. En Pologne ils ont d’abord annoncé dix jours, ensuite ils peuvent annoncer vingt jours et après ils peuvent dire trente jours. On est en attente, mais là on ne parle plus d’argent, de business, c’est une question de santé donc on peut bien survivre à un confinement pour être tranquille derrière. Mon plus gros regret c’est qu’on avait bien remonté au classement, on était septième, on jouait mieux, mais au final on a l’impression que tout est stoppé alors que les gens qui vont au travail, s’ils ratent deux semaines ils auront « juste » beaucoup de boulot à rattraper mais si on nous interrompt notre saison en mars, tout est perdu. On ne peut pas retourner en arrière, on ne peut pas se dire qu’on va reprendre un morceau de saison plus tard et ça fait un peu mal quand même. Pendant deux ou trois jours je me suis dit « wow c’est vraiment fini en fait là ? ». Jeudi matin, tu penses à ton match, tu penses aux playoffs, tu penses à faire ton sac pour le déplacement et une semaine et demie après tu as un communiqué de la ligue qui dit que c’est terminé. C’est assez brutal, mais c’est comme ça.

Vous parliez de combattre l’ennuie. Si vous deviez conseiller une seule série à regarder pendant le confinement, laquelle serait-ce ?

Il faudrait quelque chose de bien long et intéressant. Perso, je suis un grand fan de Breaking Bad. Je l’ai déjà regardé de A à Z trois fois tellement elle est excellente. Après, il a plein de choses sur Netflix ou les autres plateformes de streaming. Il y a les classiques Breaking Bad, The Walking Dead, il y a Elite qui vient de sortir une nouvelle saison, il y a une nouvelle saison de la Casa de Papel qui arrive. Il y a pas mal de trucs cool à regarder, mais si je devais m’arrêter sur une seule série ça serait Breaking Bad.

Si vous deviez garder un seul album ou un seul artiste pendant le confinement ?

Il faudrait un truc qui met le sourire aux gens, un truc qui bouge. Dernièrement, je suis sur l’album de Chris Brown « Indigo ». Ah non ! Le nouvel album de Justin Bieber « Changes ».

[armelse]

Qu’en est-il de la situation en Pologne ?

Ça a commencé à devenir bizarre au moment de notre dernier match (samedi 7 mars). On allait jouer à l’extérieur et on ne savait pas si on allait jouer à huis clos ou pas. On savait qu’on allait jouer mais on ne savait pas dans quelle condition. On est parti en sachant que dans tous les cas il n’y aurait pas grand monde dans la salle. C’était un match très important pour nous parce qu’on jouait contre Sopot qui était au-dessus de nous au classement et donc un concurrent direct pour les playoffs. C’était assez bizarre comme match, on en parlait même entre nous, on se demandait comment ça allait se passer. La semaine d’après, on retourne à l’entrainement et ça parlait de plus en plus de jouer les matchs suivants à huis clos. Donc le lundi, on reprend normalement notre routine c’est-à-dire musculation le matin et entrainement collectif le soir. Au fur et à mesure que la semaine passait, on avait de plus en plus vent que la ligue allait devoir prendre une décision concernant, au début, des matchs à huis clos. Le jeudi matin, en plein entrainement, notre GM descend sur le terrain, ce qui n’arrive jamais, donc on sentait qu’un truc bizarre se tramait. On voyait beaucoup de gens passer dans les couloirs des bureaux du club qui donnent sur notre salle. Le GM est donc allé parler au coach, qui a directement arrêté l’entrainement après seulement 30 minutes à peu près. Il nous a dit que la ligue a décidé de suspendre le championnat pendant deux semaines. Suite à ça, on remonte dans le vestiaire et je demande au capitaine si c’est juste deux semaines et après on verra comment ça se passe. Il me répond qu’il y a plus de 80% de chance que le championnat soit arrêté. En tant que joueur on savait donc déjà très tôt que c’était très, très compromis. Dans la foulée, le club a donc directement pris les joueurs américains en entretiens individuels parce qu’on entendait que Trump comptait fermer les frontières. Le club a essayé de trouver des solutions rapides pour que les Américains puissent rentrer chez eux aussi. A partir de ce moment-là on a vite compris que ça allait être chaud pour la fin de saison parce que tu perds

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