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Edito – Euroleague et EuroCup droit dans le mur ?

Hier s’est tenue une réunion à l’initiative de l’Euroleague avec différentes ligues nationales européennes pour échanger sur la situation sanitaire. Les calendriers étaient au cœur des discussions. Mais l’Euroleague ne souhaite rien changer à sa formule.

Hier s’est tenue une réunion à l’initiative de l’Euroleague avec différentes ligues nationales européennes pour échanger sur la situation sanitaire. Les calendriers étaient au cœur des discussions. Mais l’Euroleague ne souhaite rien changer à sa formule.

« A l’heure actuelle, il n’existe aucun plan pour suspendre, repousser ou modifier le système de compétition ou le calendrier de l’Euroleague ou de l’EuroCup », a ainsi expliqué hier après-midi le représentant de l’Euroleague aux ligues nationales présentes, dont la ligue nationale française, à la conférence. « On ne peut pas prévoir le futur mais la philosophie est de continuer selon notre plan de départ. »

Pour Jordi Bertomeu, la Covid n’existe pas. En tout cas, pas de façon suffisamment significative pour que le patron d’ECA, l’entreprise qui gère l’EuroLeague et l’EuroCup ne change quoi que ce soit à sa compétition.

Et si cela implique par exemple de forcer Nanterre à jouer sans son coach avec cinq pros et trois gamins, comme cette semaine, une décision jugée dangereuse par le club, tant pis.

Et si cela implique que Bourg doivent jouer le 9 décembre à Kazan en Russie puis le 10 décembre à Venise à 3 000 kilomètres de là, alors que les déplacements sont actuellement difficiles en Europe, comme l’expliquait le pivot américain de Kazan, Alan Williams, qui a mis 17 heures pour rejoindre la ville russe au départ d’Anvers.

Beaucoup de matches en retard

Pour de nombreuses équipes en Europe, les matches en retard s’accumulent, sur le front européen mais aussi parfois à l’échelon national si bien qu’on se demande vraiment comment il va être possible de mener à bien ces compétitions alors que le calendrier à venir se charge un peu plus chaque jour. Et que le pic de l’épidémie semble devant nous, au moins pour la France.

La ligue nationale française de basket a déjà allégé son programme : plus de All-Star Game, plus de Leaders Cup et une souplesse pour tenter de passer l’épreuve du confinement. La Basketball Champions League a entièrement revu sa phase régulière, passant de 14 à 6 matches seulement pour offrir le plus de souplesse possible aux clubs et aux ligues nationales, acceptant par exemple que Cholet ou Limoges joue ses matches de novembre à l’extérieur.

Pourquoi ECA s’obstine dans une attitude et sur une allure qui semblent aujourd’hui impossible à tenir ? Andrei Vatutin, président du puissant CSKA Mosco a expliqué le 16 septembre que l’Euroleague était en danger de mort si la saison 2020-21 n’allait pas à son terme. La pression est-elle forte au point de ne pouvoir modifier la formule ? Et si le meilleur moyen d’aller au bout de la saison n’était-il justement pas de lâcher un peu de lest et d’alléger le programme ?

Ça passe ou ça casse ?

Au-delà des communiqués, lors de la réunion du jeudi 5 novembre, le représentant de l’Euroleague a également expliqué que le report des matches se fait directement avec les clubs concernés, sans tenir informées les ligues nationales.

« On essaye de trouver la meilleure date, sans ressentir le besoin de contacter les ligues nationales. On pense que 48 heures entre deux matches, c’est l’idéal. On ne propose pas de back to back, on fait attention aux voyages quand c’est possible. Mais on trouve la meilleure date possible, on la soumet aux équipes, on leur laisse 24 heures pour nous répondre. Si ça ne fonctionne pas, on demande que les clubs se coordonnent et nous fassent une proposition. On n’a pas nécessairement de contact avec les ligues nationales. On essaye de ne pas venir sur les week-ends. »

Bourg va bien pourtant bien jouer un back to back en Eurocup début décembre avec 3 000 kilomètres en vingt-quatre heures. Alors, faut-il également s’attendre à ce que des matches soient programmés le week-end ? Une décision que redoutent les ligues nationales. L’Euroleague lorgne en effet depuis longtemps sur la fin de semaine qui offre les meilleures perspectives en termes d’audience, donc de recettes.

Tomas Van Den Spiegel, le président de l’ULEB (Union des ligues européennes professionnelles de basket) regrettait en début de semaine dernière dans les colonnes de la Gazetta dello Sport que l’Euroleague fasse constamment cavalier seul, sans coordination avec les autres acteurs du basket européen, depuis cet été.

Est-il aujourd’hui possible de foncer seul, avec des œillères, dans un tel contexte ? Est-il déjà trop tard pour changer quoi que ce soit ?

Photo: Zack Wright (Bourg, Eurocupbasketball)

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