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Hezonja, Musa, Zizic… Ces Européens qui reviennent en Europe de plus en plus tôt après leur passage NBA

Alors que la NBA attire de plus en plus d’Européens chaque année, de nombreux joueurs – de plus en plus jeunes – reviennent sur le Vieux Continent pour jouer l’Euroleague. Analyse.

Alors que la NBA attire de plus en plus d’Européens chaque année, de nombreux joueurs – de plus en plus jeunes – reviennent sur le Vieux Continent pour jouer l’Euroleague. Analyse.

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Pas assez athlétiques, trop fragiles ou sans mental… Longtemps, les basketteurs européens jouissaient d’une réputation peu élogieuse en NBA. Dans une ligue portée sur les individualités, l’écart entre l’Europe et les États-Unis a longtemps semblé plus large que l’océan Atlantique. Mais, depuis les Dirk Nowitzki, Tony Parker ou autre Pau Gasol, la place des Européens aux États-Unis s’est consolidée. L’une des dernières preuves en date : la présence de six superstars venues d’Europe au NBA All-Star Game 2021 (Giannis Antetokounmpo, Nikola Jokic, Luka Doncic, Rudy Gobert, Domantas Sabonis, Nikola Vucevic). Chaque année, la Grande Ligue compte plus de 100 joueurs internationaux, dont la moitié venant d’Europe (Espagne, France, Allemagne, Serbie, Slovénie, Grèce, Lituanie, Lettonie, Turquie et Croatie comptent plus de trois représentants en NBA cette saison).

Cela étant, de plus en plus d’Européens sont en NBA mais, mathématiquement, de plus en plus effectuent aussi le chemin inverse pour truster les parquets d’Euroleague après un passage outre-Atlantique. Au total, sur les joueurs d’une nationalité européenne ayant disputé a minima une saison complète en NBA qui sont revenus jouer en Europe, on en dénombre 45 entre 2001 et 2014, soit en 14 saisons, contre 47 entre 2014 et 2021, en seulement 7 exercices.

La dynamique s’accélère et la tendance s’accentue même ces derniers mois avec les retours de Mario Hezonja (26 ans, Panathinaïkos) et Dzanan Musa (21 ans, Anadolu Efes), déjà précédés de Marko Guduric (26 ans, Fenerbahce) mais aussi, à l’intersaison estivale, d’Ante Zizic (24 ans, Maccabi Tel Aviv) et Dragan Bender (23 ans, Maccabi Tel Aviv). Si l’on met de côté les retours de Marco Belinelli (34 ans, Virtus Bologne) et Pau Gasol (40 ans, FC Barcelone), revenus pour une dernière aventure européenne, on note un rajeunissement inédit de ces retours en Europe, tous étant âgés de moins de 26 ans à leur signature (Hezonja et Guduric ont fêté leur vingt-sixième bougie depuis).

Les Européens de retour sur le Vieux Continent de plus en plus jeunes ?

Peut-on alors parler de rajeunissement des come-backs sur la scène européenne ? Difficile de dégager une tendance générale. Si l’on enlève la cuvée 2017-2018 où aucun des sept européens ayant quitté la NBA avaient plus de 28 ans (Rodriguez, Séraphin, Udrih, Rudez, Vujacic, Ajinca, Diaw), on note tout de même que l’âge médian des retours en Europe se situait autour de 30 ans dans les années 2000 contre 27 ans dans les années 2010. Georgios Papagiannis (2018) ou Dzanan Musa (2021) sont par exemple revenus en Europe avant de souffler leur vingt-deuxième bougie, phénomène qui n’était arrivé qu’une seule fois pour un Européen dans l’histoire (Maciej Lampe, arrivé en 2003 en NBA et reparti en 2006 à 20 ans). Sans pour autant tirer un trait définitif sur la NBA, à en croire la majeure partie des déclarations des joueurs concernés.

Depuis 20 ans, de nombreux trentenaires sont revenus jouer en Europe après avoir connu la NBA. On peut citer, entre autres, Andreï Kirilenko, Beno Udrih, Sasha Vujacic, Rasho Nesterovic, Primoz Brezec ou encore Gordan Giricek. La saison précédente, les plus expérimentés Jonas Jerebko (34 ans, Khimki Moscou), Omri Casspi (32 ans, Maccabi Tel Aviv), Kostas Koufos (32 ans, CSKA Moscou puis Olympiakos) avaient rejoint un club disputant l’Euroleague. Ce phénomène existe aujourd’hui – la preuve encore avec Pau Gasol qui revient en Europe après 40 ans – et existera probablement encore demain. Mais le développement du basket à l’international et le fait que les franchises NBA scoutent de plus en plus le marché européen multiplie les ratés à la draft et entraîne par conséquent des retours de plus en plus tôt de jeunes joueurs. Et rien ne garantit que ces derniers trouvent davantage leur place eu Euroleague que sur un banc de NBA.

Attendus cet été comme de véritables plus-values du côté du Maccabi Tel Aviv de par leur expérience multi-saisons en NBA, les Croates Dragan Bender et Ante Zizic sont loin d’avoir apporté autant que prévu au club israélien, 5e l’an passé en Euroleague avant l’arrêt de la saison (19 victoires – 9 défaites), et seulement 13e cette année (12 victoires – 17 défaites). Venu de Golden State, le premier manque de régularité cette saison (5,9 points à 57,8 %, 3,4 rebonds en 18 minutes), alors que sa ligne de stats aux points est restée vierge à 6 reprises en 29 rencontres. Après trois ans à Cleveland, le second s’en sort légèrement mieux (8,5 points à 56,6 %, 5,2 rebonds, 10,3 d’évaluation). Ante Zizic n’est toutefois pas le leader espéré… Du moins lors de cette saison, car son potentiel reste fort, alors qu’il n’a que 24 ans. Même chose pour Dzanan Musa, qui totalise 4 matchs en Euroleague depuis son retour en Europe en janvier… et qui n’a toujours pas inscrit le moindre panier dans la compétition à l’heure où ces lignes sont écrites (il a toutefois déjà frôlé le triple-double en février dans le championnat turc). Dans une moindre mesure, Mario Hezonja a mis quelques matchs avant de trouver son équilibre (15,2 points à 42,3 %, 2,4 pertes de balles en 25 minutes lors de ses 5 premiers matchs d’Euroleague) mais semble se réadapter au jeu européen et retrouver de la confiance au mois de mars.

À analyser ces retours difficiles, il ne serait par exemple pas une surprise de voir des jeunes joueurs européens, actuellement en NBA, tels que Kurucs (23 ans), Cancar (23 ans), Hartenstein (22 ans), Bonga (21 ans), Brazdeikis (22 ans), Sirvydis (20 ans), Smailagic (20 ans) ou Samanic (21 ans), tous au rôle sporadique et avec moins de 12 minutes de temps de jeu cette saison, revenir prendre de l’expérience en Europe dans les prochaines années.

L’Euroleague, de plus en plus compétitive

Au-delà du retour précoce de jeunes joueurs ayant engrangé peu d’expérience sur les terrains NBA, on repère une autre tendance : ceux qui reviennent pour l’attractivité du basket européen, notamment l’Euroleague. Un premier tournant a été repéré depuis la saison 2016-2017 et la nouvelle formule de la première compétition européennes avec plus 30 matchs de saison régulière par an et un regain d’attractivité pour des joueurs qui auraient pu être tentés par un retour en NBA. Un second tournant se situe à l’été 2019. À cette époque, Nikola Mirotic, star NBA parmi d’autres, devient superstar du marché européen en signant au FC Barcelone pour plus de 4 millions d’euros par exercice. Du jamais vu sur le Vieux Continent. « Le basket en Europe, c’est du haut niveau aussi. L’Euroleague devient de plus en plus compétitive. Mon retour en Europe, c’est un pas en avant dans ma carrière, confiait l’international espagnol après la signature de son contrat à long-terme au Barça. Pour moi, la chose la plus importante a toujours été de prendre du plaisir, d’essayer de remporter des titres. Si je ne suis pas dans cet environnement, je me fiche de tout cet argent, je m’en vais. J’ai besoin de défis, de me sentir important et de prendre le dernier tir. »

Photo : Nikola Mirotic (Euroleague)

Et Mirotic n’est pas le seul à s’être demandé si jouer les seconds couteaux tout en ayant un salaire plus élevé en NBA valait davantage la peine que d’être le star player d’un top club européen. Navarro, Spanoulis, Shved, De Colo, Calathes, Teodosic, Datome ont également prouvé à leur époque qu’ils pouvaient jouer en NBA, mais ont préféré rester maîtres de leur avenir et garder des responsabilités dans un collectif en Europe. Ces come-backs ne sont donc pas forcément vécus comme des déceptions sur le plan sportif. En attestent plusieurs exemples récents. Notamment le retour de Mario Hezonja, en échec outre-Atlantique mais accueilli en superstar à son retour au Panathinaïkos en février dernier. « J’étais impatient de rejoindre cette équipe. C’est un rêve qui devient réalité. Pour moi, il n’y avait que le Panathinaikos, où le basket est une religion. En Euroleague, le basket est plus organisé, chaque match est très important, les erreurs se paient cash. La qualité du jeu est peut-être un niveau en-dessous de la NBA en raison du talent individuel et athlétique, mais le talent a également besoin d’espace. En NBA, vous perdez un match en saison régulière et vous vous dites simplement : « Demain est un autre jour ». Ici, peu importe le score, vous y réfléchirez et analyserez le match davantage entre deux matchs. C’est stimulant », confiait le Croate en février.

Dzanan Musa, arrivé en janvier à l’Anadolu Efes, fait le même constat. « Les clubs d’Euroleague sont très professionnels, similaires à l’organisation des franchises NBA. Il y a tout ce qu’il faut ici. La seule chose que vous avez à faire est de jouer au basket, c’est un très bon environnement. L’Euroleague est l’une des deux meilleures ligues du monde donc vous devez travailler dur, mais vous devez aussi croire en vous, être patient et déterminé sur le parquet pour atteindre vos rêves. »

Alors, que faut-il en conclure ? « Quand on est un joueur européen qui débarque en NBA, il faut en permanence faire ses preuves », jugeait en 2019 le meneur tchèque Tomas Satoransky, qui a rejoint la Grande Ligue en 2016. « Ce qu’on a fait en Euroleague ne compte pas. Pour certains joueurs, ça prend du temps, et c’est très dur mentalement, surtout les premières années quand on a été habitué à jouer en Europe et qu’on sait ce qu’on peut apporter. » Ce constat rappelle qu’un temps de jeu limité pour un jeune joueur, même en NBA, peut s’avérer néfaste pour la suite d’une carrière. Le rajeunissement des come-backs tient ici sa cause principale, alors que le talent de la formation européenne n’est plus remis en cause outre-Atlantique depuis plus d’une décennie.

Photo d’ouverture : Mario Hezonja (Euroleague)

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Pas assez athlétiques, trop fragiles ou sans mental… Longtemps, les basketteurs européens jouissaient d’une réputation peu élogieuse en NBA. Dans une ligue portée sur les individualités, l’écart entre l’Europe et les États-Unis a longtemps semblé plus large que l’océan Atlantique. Mais, depuis les Dirk Nowitzki, Tony Parker ou autre Pau Gasol, la place des Européens aux États-Unis s’est consolidée. L’une des dernières preuves en date : la présence de six superstars venues d’Europe au NBA All-Star Game 2021 (Giannis Antetokounmpo, Nikola Jokic, Luka Doncic, Rudy Gobert, Domantas Sabonis, Nikola Vucevic). Chaque année, la Grande Ligue compte plus de 100 joueurs internationaux, dont la moitié venant d’Europe (Espagne, France, Allemagne, Serbie, Slovénie, Grèce, Lituanie, Lettonie, Turquie et Croatie comptent plus de trois représentants en NBA cette saison).

Cela étant, de plus en plus d’Européens sont en NBA mais, mathématiquement, de plus en plus effectuent aussi le chemin inverse pour truster les parquets d’Euroleague…

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