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JO : Être une équipe solide et solidaire, l’enjeu des Bleus

A une époque où la référence absolue est populairement la NBA et ses instincts individualistes, le jeu des équipes internationales exigent de solides collectifs. L’Espagne en est la plus belle expression. Les Français ont conscience de l’enjeu.

A une époque où la référence absolue est populairement la NBA et ses instincts individualistes, le jeu des équipes internationales exigent de solides collectifs. L’Espagne en est la plus belle expression. Les Français ont conscience de l’enjeu.

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En ces temps olympiques, il est approprié de mettre en exergue une vérité fondamentale. Le basket est un sport d’équipe, et pour avoir la meilleure possible, il faut le savoir-faire du coach, la disponibilité des joueurs et du temps devant soi. Le Canada donné comme archifavori du Tournoi de Qualification Olympique de Victoria, avec sa constellation d’étoiles de NBA, est tombé de haut face à la République Tchèque dont certains de ses joueurs ignoraient probablement jusqu’à l’existence. Beaucoup des Canadiens n’avaient aucune culture du basket international, de ses principes, et ont dû improviser. Tout comme la Serbie. Le coach Igor Kokoshkov s’est plaint d’avoir essuyé des refus -celui du MVP de la saison NBA, Nikola Jokic, fut le plus spectaculaire- et d’avoir vu arriver au camp de préparation ses internationaux au compte-goutte. Tout s’est fait aussi à l’improviste.

A moins de deux semaines de l’ouverture des Jeux Olympiques, n’ayons pas peur d’écrire que les Américains ont les meilleures individualités, mais l’Espagne la meilleure équipe. Que depuis l’ouverture de ce millénaire, rien n’est acquis, rien n’est un dû. La défaite de Team USA lors du premier match de préparation face au Nigéria -qui, il est vrai, dispose d’une forte concentration de NBAers- est venue le leur rappeler. Depuis la Dream Team de Barcelone’92, les temps ont profondément changé, et la valeur d’une équipe nationale ne se mesure pas à la longueur des CV individuels et encore moins à la taille de leurs coffre forts. Si les Etats-Unis sont champions olympiques en titre, si Kevin Durant est probablement le meilleur joueur FIBA de tous les temps -on met Michael Jordan à part, dans le sens que ni en 1984, ni en 1992, il n’a eu d’adversaires capables de le pousser à donner le meilleur de lui-même-, l’Espagne a gagné la Coupe du Monde 2019, et ses joueurs se connaissent quasiment depuis le jardin d’enfants.

L’équipe de France a pu mesurer, deux fois, à Malaga puis à Paris, combien il est difficile de la prendre en défaut. « Elle maîtrise son basket depuis longtemps », confirme le coach des Bleus, Vincent Collet. « Ce sont les mêmes joueurs expérimentés, depuis que j’y suis ! Ils ajoutent quelques jeunes, mais les gros joueurs ce sont toujours les mêmes. Ils déroulent un basket qui est très léché, très académique. Pour moi, ils sont un cran au-dessus. Par leur expérience, leur savoir-faire, leur maîtrise des moments importants. Ils ont davantage de constance. Nous, on va faire deux, trois fausses possessions par des petites erreurs individuelles qui, contre un adversaire moins performant, seraient moins importantes, mais qui, là, ne passent pas. »

Frank Ntilikina, qui a dû faire face au défi de Ricky Rubio (17 points dans le dernier quart-temps du 2e match !), est à l’unisson de son coach : « On a eu la chance d’avoir deux matches de préparation contre l’une des meilleures équipes au monde. Bien sûr, on est un peu déçu avec le résultat, mais ce que l’on regarde là, c’est notre niveau par rapport à la préparation. On a appris beaucoup de choses. C’est une équipe très forte, très expérimentée, qui a un style de jeu défensif où ils aident beaucoup. C’est un basket assez spécial. Ils ont deux matches de plus que nous, à nous de nous ajuster pour plus tard. »

Photo: Evan Fournier (FIBA)

L’Espagne, l’étalon or

A l’ampleur de l’hécatombe survenue aux TQO -la Lituanie n’avait pas manqué une édition des Jeux depuis le retour à son indépendance, soit ceux de Barcelone en 1992-, on peut se féliciter que la France ait gagné sa place aux Jeux Olympiques de Tokyo par le biais de sa médaille de bronze à la Coupe du Monde en Chine. Il n’y a que 12 places aux JO, deux fois moins qu’à la Coupe du monde. On se rappelle aussi qu’en 2016, après avoir bien négocié le TQO aux Philippines, elle n’était pas apparue sous son meilleur jour, à l’autre bout du monde, à Rio-de-Janeiro pour les JO.

Cette qualification directe a permis aux Français de planifier longtemps à l’avance leur préparation, de la commencer par un travail de fond à Pau, et de monter en puissance en fonction du Jour J. Ce ne fut pas pour autant un long fleuve tranquille. Il y a toujours des défaillances, des déconvenues. Cette fois, c’est Amath Mbaye qui a dû abandonner la troupe sur blessure, c’est Adrien Moerman, vexé de ne pas être sélectionné d’office dans les 12, qui a refusé de prendre sa place, c’est Thomas Heurtel, qui à ce jour n’a pas encore participé au moindre entraînement avec l’équipes nationale en raison de douleurs à la jambe et d’examens « obligatoires » avec le Real Madrid, c’est encore Rudy Gobert et Nicolas Batum, deux titulaires du Cinq Majeur, qui, après leurs séjours prolongés en NBA, ont pris le train en marche la veille du deuxième match face à l’Espagne. « On a un roster qui a un potentiel et c’est notre comportement qui va déterminer notre performance, » juge Vincent Collet. « Et ce n’est pas simplement notre comportement dans la compétition. Depuis que l’on est réuni, qu’est-ce qu’on fait chaque jour pour devenir meilleur ? Je ne vous dirai pas comme Rudy (Gobert) quelque chose de précis, mais l’objectif c’est d’aller le plus haut possible. Et pour ça, il faut le préparer. C’est pour ça que je suis content que les derniers joueurs soient arrivés, même si malgré tout on s’en est bien sorti grâce à nos partenaires d’entraînement, tous les jeunes qui nous ont rejoint pendant six jours ont eu une abnégation, un enthousiasme qui nous ont beaucoup aidés à travailler. »

Les Bleus ne pouvaient pas rêver mieux que de se tester deux fois face à l’Espagne avec qui il n’y a jamais de faux-semblant. L’Espagne, avec sa mécanique collective transmise de génération en génération, avec trois meneurs très complémentaires, celui de NBA, Ricky Rubio, et ceux d’Euroleague, Nacho Rodriguez et Sergio Llull. L’Espagne qui a toujours dans ses rangs, les deux big men Gasol, Pau et Marc, qui sont en fin de vie sportive, mais dont le savoir-faire est tellement immense, qu’ils sont toujours très perturbants même si leurs gestes sont plus lents. La Roja, qui a cette culture de la gagne, nourrie à la fois par les performances de l’équipe nationale et amorcée par les résultats européens du Real et du Barça. L’Espagne avec qui nous nourrissons une relation amour-haine, car si le comportement de chochotte de certains -oui, Rudy Fernandez est montré du doigt-, leur arrogance, nous agacent et nous révoltent, leur savoir-faire, leur maturité, leur confiance, leur grinta, leur capacité à sortir à leur avantage de moments à haute tension nerveuse, nous laissent admiratifs.

Après le deuxième match de samedi à Paris-Bercy, Vincent Collet a livré une longue analyse dont il nous paraît intéressant de reproduire le verbatim : « Après avoir été dominé dans le 2e quart-temps, suite à une entame qui a été très bonne, on a perdu le rythme quelque part sur la rentrée de nos nouveaux joueurs, qui n’ont pas fait un seul entraînement avec nous. On a été dominé dans le deuxième quart-temps, mais on a ensuite retrouvé de l’agressivité, mais pas seulement. Enfin de 2e quart-temps, on a multiplié les actions individuelles qui sont vouées à l’échec contre l’Espagne. On a vraiment mieux joué en deuxième mi-temps globalement, en se faisant davantage de passes, en trouvant davantage de solutions. 5/22 à trois-points, c’est un pourcentage famélique. Il y a deux aspects. Il y a des tirs forcés. Surtout contre une équipe comme l’Espagne, qui est très forte, tu ne te donnes pas beaucoup de chances, mais on a eu aussi beaucoup de tirs ouverts, et là c’était une mauvaise journée, ça fait partie du jeu. Mais, même quand ça arrive, ce n’est pas une raison pour changer de façon de jouer, et on l’a trop fait à un moment donné. C’est ce qui a permis aux Espagnols de prendre l’ascendant dans ce deuxième quart-temps. Et, également, on était en retrait dans le domaine de l’agressivité. Quand on a corrigé en deuxième mi-temps, ça a permis de revenir petit à petit et même de passer devant. Je trouve ça très positif par rapport à la qualité de notre adversaire. On avait parlé de manque de maturité jeudi, et ça a été de nouveau le cas. Les deux équipes à ce moment-là faisaient preuve de beaucoup d’agressivité, mais on n’a pas tout à fait la même capacité à encaisser cette agressivité qu’eux. Même quand on les touche, ils arrivent à jouer presque normalement, alors que nous, on a tendance à s’agacer et à tomber un peu dans les travers plus individuels. La magie de Rubio a opéré sur la fin de match. Nous, on apprend de toutes ces situations. Maintenant, le groupe va être au complet. On va travailler dès le début d’Oshino (NDLR : Là où les trois équipes de France vont se retrouver réunis avant d’intégrer le Village Olympique) une deuxième défense pour pouvoir être plus agressifs quand on sera confronté à ce type de joueur. Pour moi, c’est de toute façon, deux matches très intéressants, même si j’aurais bien sûr préféré en gagner au moins un sur les deux. Le plus important a été d’avoir été opposé à une très forte adversité, et d’avoir su, sur de bonnes périodes, rivaliser et s’élever à la hauteur de cet excellent adversaire. Il faut encore que notre niveau monte. »

Et Vincent Collet de reprendre et d’expliciter le principe exprimé plus haut dans cet article :

« Même quand on a de grands joueurs, il faut se préparer. On ne peut pas occulter cette phase-là. Les jours qui vont venir vont être très importants pour que l’équipe joue ensemble. Il faut que l’on comble une partie de cette différence de maturité vis-à-vis de l’Espagne. On fait encore preuve de naïveté, ce qui est rarement le cas chez eux. Même sous pression, quand on conteste beaucoup, que tout est difficile, ils arrivent à garder leur trame de jeu. C’est la marque des grandes équipes avec de grands joueurs. Je ne suis pas certain que l’on puisse entièrement le faire, mais on a d’autres arguments. »

Photo: FIBA

Rudy Gobert, la vigie

L’équipe de France possède de solides fondations, personnifiée par Nicolas Batum, 32 ans, aujourd’hui, qui a connu cette saison une véritable renaissance aux Los Angeles Clippers. Au-delà de ses stats offensives, qui n’ont jamais été son image de marque, avec 1 835 minutes, il a été le joueur le plus sollicité par son coach Tyronn Lue en saison régulière, et c’est très significatif de son importance pour cimenter une équipe. « On s’aperçoit souvent que les joueurs reproduisent en équipe nationale ce qu’ils ont pu faire durant leur saison, sauf quand il y a des problèmes particuliers, » note Vincent Collet. « J’ai accueilli ça avec bonheur. Ça a continué jusqu’en playoffs dans la série avec les Jazz, il a été vraiment important, auteur de deux matches, en particulier au Match 4, qui a permis à sa franchise de s’imposer. Il y a aussi une renaissance athlétique. Moi qui le connais très bien, je l’ai eu en jeune, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu à ce niveau, dans la vitesse, la verticalité. » Et d’ajouter suite au 2e match contre l’Espagne : « Nico a incarné la révolte du début du troisième quart-temps, en allant presser haut. Et on sait que les postes 4 sont importants dans la circulation et le jeu de mouvement. »

Evan Fournier et Nando De Colo ont confirmé -si besoin était- qu’ils seront les deux principales armes offensives des Bleus à Tokyo, et que de leur entente doit naître la performance. Avoir au centre de son jeu, le meilleur défenseur du monde, l’un des meilleurs pivots de NBA, Rudy Gobert, est à l’évidence une garantie presque tous risques. Après une saison régulière dominatrice et des playoffs décevants avec le Utah Jazz, le Picard a pris son temps avant de rejoindre l’équipe nationale, et il a expliqué pourquoi :

« Sur le dernier match contre les Clippers, j’avais fait une grosse chute. Je me suis relevé durant le match comme si de rien n’était, mais au final, j’avais une grosse contusion et ça a fait pas mal de dégâts. J’avais une grosse poche de fluide derrière le dos, car j’avais tapé assez fort sur le sol. S’il y avait eu un Game 7, je pense que je n’aurais pas joué. Ça a pris du temps à me remettre de ça. J’ai un peu coupé le basket. J’ai passé du temps avec la famille chez moi à Utah et j’en ai profité pour faire pas mal de soins, de travail d’ostéo, pour me remettre de ça. Je suis rentré ensuite en France. J’ai eu quelques rendez-vous médicaux importants. Je me suis ressourcé psychologiquement, et aussi je suis resté en contact avec le groupe pour être prêt à les rejoindre. Je me sens beaucoup mieux. »

Mais Rudy Gobert aussi a bien en tête les principes de base : «On veut avoir le plus de temps possible avec le groupe car on sait que plus tu as de vécu ensemble, plus tu as d’expérience, plus ça joue dans la compétition. Je voulais aussi être sûr que j’étais là en forme physiquement. Si je viens trop tôt et que je ne suis pas bien physiquement et psychologiquement, que je n’ai pas récupéré, c’est plus pénalisant qu’autre chose pour le groupe. Les gars ont fait du très bon travail à Pau. Ils se sont entraînés très dur, tous les jours. On a la chance d’avoir eu pas mal de vécu en Chine, il y a deux ans, et je crois que ça a commencé à forger notre groupe. Là, on continue à faire ce que l’on a démarré. Je sais que je dois vitre me remettre dans les systèmes. Je pense que ça va bien se passer. Le but est de progresser au fil du reste de la préparation et de la compétition. »

Suite à son retour sur les parquets à l’AccorHôtel Arena, Vincent Collet a commenté : « Pour moi, il y a eu deux étapes pour Rudy. Une première mi-temps où il n’était pas encore tout à fait avec nous, et une deuxième où on a pu voir pour lui aussi des progrès. Pour moi, il a marqué deux ou trois paniers qu’on ne lui voyait pas marquer précédemment. Il me l’avait dit dans les premiers échanges que l’on a eu depuis deux ou trois jours, il l’a confirmé. J’ai beaucoup aimé les deux ou trois prises de position qu’il a faite en deuxième mi-temps, tout en puissance. C’est quelque chose que l’on va utiliser. »

Fort de ses 8 saisons en NBA, à 14,3 points (67,5% de réussite), 13,5 rebonds et 2,7 contres sur le dernier exercice, et d’une mentalité forgée au contact des Américains, Rudy Gobert a déclaré vouloir viser la médaille d’or, ce qui peut paraître choquant pour qui conserve une prudence toute française où se confondent ambitions et arrogance. « Je peux apporter du leadership, mon expérience, ma soif de victoires. Que ce soit en NBA, en France, n’importe où, j’ai toujours envie de pousser tous mes coéquipiers vers le haut et de les aider à être meilleur. Pour moi, c’est un super challenge, et surtout j’aime représenter mon pays et partager le terrain avec ce groupe, que ce soit les jeunes joueurs et ceux avec qui je joue depuis des années. Avec Vincent (Collet), le coaching staff, j’aime vraiment bien la dynamique avec laquelle on a joué en Chine. »

L’équipe de France présente par ailleurs trois joueurs appelés à des responsabilités importantes, plus des juniors, mais qui pourtant ne comptabilisent qu’un nombre minimal de sélections : Moustapha Fall (14), Timothé Luwawu-Cabarrot (5) et Guershon Yabusele (4). « Mous Fall a fait une première mi-temps de grande qualité, » s’est félicité Coach Collet. « J’ai fait le choix d’utiliser ensuite davantage Rudy, qui dans son deuxième passage est devenu dominant. Il était à la fois dissuasif défensivement il commençait à prendre le dessus en attaque. Ça fait partie des éléments positifs, ainsi que de l’apport de Timothé Luwawu-Cabarrot, qui a nouveau a montré son registre défensif très percutant. Il a été moins en réussite. Ses tirs étaient ouverts, on sait qu’il est capable de les mettre. C’est pour ça qu’il est important qu’il les prenne en confiance. »

La plus grande inconnue se situe au poste de meneur de jeu. Andrew Albicy est une valeur sûre. Un joueur de devoir, un défenseur/sangsue, mais aussi au jeu offensif limité. Comme il est demeuré hors terrain depuis déjà plusieurs semaines, difficile de se faire une idée sur le potentiel actuel de Thomas Heurtel dont le jeu flamboyant doit aussi être compatible avec le duo De Colo-Fournier, ce qui n’avait pas été le cas à l’Euro 2017. Vincent Collet a averti que de toute façon, 1) les cadres auront le maximum de temps de jeu, 2) Nando De Colo est appelé, comme au Fenerbahçe, a souvent opérer en 1.

Il reste le cas de Frank Ntilikina, cinq ans de NBA mais qui aura seulement 23 ans dans quelques jours, englouti dans le trou noir des New York Knicks (moins de 10’ en moyenne sur 33 matches) mais dont il faut rappeler à son sujet qu’il fut MVP de l’Euro juniors 2016, ce qui nous paraît au moins aussi important que la hype qui a suivi sa 8e place à la draft NBA de 2017. Donc Frank Ntilikina a dû se satisfaire d’être en quatrième position dans la rotation au poste de meneur des Knicks avec un temps de jeu divisé par deux, et ses minutes à Paris-Bercy ont été très probantes, comme s’il était habitué à avoir à longueur d’année des responsabilités. « Je travaille beaucoup même si durant la saison, je n’ai pas forcément le même rôle », a-t-il répondu à ce propos. « Mon objectif est d’apporter à chaque fois à l’équipe ce que je dois apporter, sur le plan individuel comme collectif. Ce soir ça m’a réussi, et j’espère que ça va continuer comme ça. »

Photo: Nicolas Batum (FIBA)

Une nouvelle formule, attention !

Le format olympique proposait auparavant deux groupes de six, et les quatre premiers de chacun d’entre-eux étaient qualifiés pour les quarts-de-finale. La FIBA a chamboulé le principe. Ont été institués trois groupes de quatre et le top 8 est déterminé par les deux premiers de chacun d’eux et… deux des meilleurs troisièmes, ce qui est très vicieux car il prend en compte par nature des équipes qui n’ont pas joué les mêmes adversaires, et l’écart de points à chaque match est important. Et c’est plus facile à obtenir s’il y a un maillon faible dans le groupe. Un tirage au sort est effectué après la conclusion des phases de groupe. Le but est louable : réduire le nombre de matches de 8 à 6 pour les finalistes, alors que les athlètes sont éprouvés par leur saison démentielle en club, et éviter les calculs parfois nauséabonds lors de la dernière journée de groupe. On verra si c’est une réussite ou non.

Pour les Bleus, le match qui va être dans l’œil médiatique, c’est celui contre les Etats-Unis, le premier jour. « C’est toujours fun de jouer une équipe aussi talentueuse. C’est une équipe différente de celle de 2019. Que l’on gagne ou que l’on perde, pour nous ça va être un très bon test. Ça va nous aider pour la suite de la compétition », estime Rudy Gobert. Perdre, oui, éventuellement, mais de façon limitée, mais surtout torcher l’Iran, et battre la République Tchèque. Et là, méfiance. C’est du 6e de la Coupe du Monde 2019 dont on parle, une équipe qui a donné la gueule de bois aux Canadiens, dont l’impréparation coupable a été fatale. « Une surprise, un petit peu car le Canada était vraiment talentueux, et ils étaient chez eux », constate Rudy Gobert. « On sait que la République Tchèque joue chaque année mieux que ce que les gens pensent, chaque année ils surpassent les attentes. Ce n’est pas un hasard, ils ont un groupe qui joue très bien ensemble. Ils sont bien coachés, ils ont quand même beaucoup de talents. On sait que c’est une équipe qu’il ne faut pas prendre de haut. On sait que rien ne va être facile. Tout peut arriver. Au final, ce sont les équipes qui jouent le mieux ensemble qui arrivent à s’en sortir. » Vincent Collet embraye : « Médiatiquement, vous allez faire le focus sur les Américains. Les Américains, c’est important. J’ai lu que (Gregg) Popovitch a pris un joueur (Kevin Love) pour lutter contre Rudy Gobert. Ça veut dire qu’il pourrait être un peu énervé. Il faudra être suffisamment bon pour ne pas prendre la foudre, pour préserver à minima un goal average intéressant, mais après faire des performances les meilleures possibles contre la République Tchèque et l’Iran. Ça va se jouer peut-être dans un mouchoir de poche. La formule est beaucoup plus incertaine que la précédente. Là, admettons que l’on gagne les deux derniers matches, on sera 2e mais quel 2e, ça dépendra aussi des autres groupes. Il faudra penser à tous ces éléments là car ça aura de l’importance, et ça en aura encore plus du fait de ce qui s’est passé dans les TQO. »

Ce tournoi de basket-ball masculin sans public a deux favoris pour les raisons exposées : les Etats-Unis et l’Espagne. Des outsiders avec l’Argentine, la France, l’Australie, en reprenant les résultats de la Coupe du Monde, et la Slovénie par la grâce de Luka Doncic et… de la confiance collective. L’objectif des Bleus ? Rudy Gobert le répète à chaque fois qu’un micro se tourne vers lui : « Pour nous, c’est clairement la médaille d’or. C’est ce que l’on veut viser. Il y a de très bonnes équipes mais je ne vois pas pourquoi on ne viserait pas cette médaille. On ne va pas dans une compétition pour viser le bronze ou l’argent ou pour passer un bon moment. Même si on veut passer un bon moment, mais on sait que l’on a un groupe qui si, on joue de la manière on peut jouer, sur un match, on peut battre n’importe qui. Ça va être à nous de monter en puissance au fil de la compétition. »

Une telle histoire reste à écrire. En 2000, l’équipe de France de Sydney s’était hissée en finale par un chemin tortueux et avec la réussite d’un gagnant à l’EuroMillion. A l’inverse, la génération de Tony Parker a buté deux fois, en quart-de-finale, contre le même adversaire, l’indétrônable Espagne. Rudy Gobert, qui était de l’expédition brésilienne, s’en souvient évidemment et veut positiver. « Chaque expérience, chaque compétition que tu gagnes une médaille ou que tu perds en quart de finale, c’est une expérience. Tu apprends collectivement. C’était un groupe différent de celui que l’on a maintenant. On sentait que défensivement, on n’était pas en place. On avait une préparation assez compliquée. On sait que l’on a beau avoir autant de talents offensivement, si la défense n’est pas en place, ça va être dur de battre les bonnes équipes. Cette année, je sens que ça va se passer différemment et que l’on a un groupe qui est conscient de ça. Il n’y a plus TP et Boris mais on a un groupe qui a un peu plus de vécu ensemble avec ce qui s’est passé en Chine. »

Rudy, on veut tellement vous croire.

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En ces temps olympiques, il est approprié de mettre en exergue une vérité fondamentale. Le basket est un sport d’équipe, et pour avoir la meilleure possible, il faut le savoir-faire du coach, la disponibilité des joueurs et du temps devant soi. Le Canada donné comme archifavori du Tournoi de Qualification Olympique de Victoria, avec sa constellation d’étoiles de NBA, est tombé de haut face à la République Tchèque dont certains de ses joueurs ignoraient probablement jusqu’à l’existence. Beaucoup des Canadiens n’avaient aucune culture du basket international, de ses principes, et ont dû improviser. Tout comme la Serbie. Le coach Igor Kokoshkov s’est plaint d’avoir essuyé des refus -celui du MVP de la saison NBA, Nikola Jokic, fut le plus spectaculaire- et d’avoir vu arriver au camp de préparation ses internationaux au compte-goutte. Tout s’est fait aussi à l’improviste.

A moins de deux semaines de l’ouverture des Jeux Olympiques, n’ayons pas peur d’écrire que les Américains ont les meilleures individualités, mais l’Espagne la meilleure équipe. Que depuis l’ouverture de ce millénaire, rien n’est acquis, rien n’est un dû. La défaite de Team USA lors du premier match de préparation face au Nigéria -qui, il est vrai, dispose d’une forte concentration de NBAers- est venue le leur rappeler. Depuis la Dream Team de Barcelone’92, les temps ont profondément changé, et la valeur d’une équipe nationale ne se mesure pas à la longueur des CV individuels et encore moins à la taille de leurs coffre forts. Si les Etats-Unis sont champions olympiques en titre, si Kevin Durant est probablement le meilleur joueur FIBA de tous les temps -on met Michael Jordan à part, dans le sens que ni en 1984, ni en 1992, il n’a eu d’adversaires capables de le pousser à donner le meilleur de lui-même-, l’Espagne a gagné la Coupe du Monde 2019, et ses joueurs se connaissent quasiment depuis le jardin d’enfants.

L’équipe de France a pu mesurer, deux fois, à Malaga puis à Paris, combien il est difficile de la prendre en défaut. « Elle maîtrise son basket depuis longtemps », confirme le coach des Bleus, Vincent Collet. « Ce sont les mêmes joueurs expérimentés, depuis que j’y suis ! Ils ajoutent quelques jeunes, mais les gros joueurs ce sont toujours les mêmes. Ils déroulent un basket qui est très léché, très académique. Pour moi, ils sont un cran au-dessus. Par leur expérience, leur savoir-faire, leur maîtrise des moments importants. Ils ont davantage de constance. Nous, on va faire deux, trois fausses possessions par des petites erreurs individuelles qui, contre un adversaire moins performant, seraient moins importantes, mais qui, là, ne passent pas. »

Frank Ntilikina, qui a dû faire face au défi de Ricky Rubio (17 points dans le dernier quart-temps du 2e match !), est à l’unisson de son coach : « On a eu la chance d’avoir deux matches de préparation contre l’une des meilleures équipes au monde. Bien sûr, on est un peu déçu avec le résultat, mais ce que l’on regarde là, c’est notre niveau par rapport à la préparation. On a appris beaucoup de choses. C’est une équipe très forte, très expérimentée, qui a un style de jeu défensif où ils aident beaucoup. C’est un basket

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Photo d’ouverture : Frank Ntilikina (FIBA)

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