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ITW Pierre Vincent (coach ASVEL féminin) : « Je reviens dans un club qui a de l’ambition, qui sort d’une saison décevante et qui veut performer »

Après quatre saisons à Schio, en Italie, pour son premier et unique passage à l’étranger, Pierre Vincent (57 ans) revient à l’ASVEL pour coacher la section féminine. L’ancien sélectionneur des Bleues livre les détails de la préparation de son nouvel effectif et les objectifs du club entre Eurocup et

Après quatre saisons à Schio, en Italie, pour son premier et unique passage à l’étranger, Pierre Vincent (57 ans) revient à l’ASVEL pour coacher la section féminine. L’ancien sélectionneur des Bleues livre les détails de la préparation de son nouvel effectif et les objectifs du club entre Eurocup et championnat.

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C’est un retour à l’ASVEL pour vous, sept ans après, avec une casquette différente, des hommes aux femmes. Aujourd’hui, l’institution ASVEL a grandi. Comment abordez-vous ce retour dans le club de Tony Parker ?
« Je ne l’aborde pas dans l’angle de ce qui s’est passé précédemment. J’ai fait des choses avant avec et sans l’ASVEL, il y a eu des choses après. Je reviens dans un club qui a beaucoup d’ambition, qui sort d’une saison décevante et qui veut performer. C’est un vrai challenge, d’autant plus que notre début de saison va être très compliqué (NDLR : Charleville-Mézières, Estudiantes Madrid, Basket Landes, et Ulriken ou Liège à l’extérieur et Landerneau, Villeneuve d’Ascq, Ruzomberok à domicile au mois d’octobre). Il faudra passer ce cap-là du mieux possible. »

Qu’avez-vous appris pendant quatre saisons à Schio, un haut lieu du basket italien ?
« Déjà, j’ai appris l’Italien, j’ai appris à manger italien, à boire italien (rires). Ce qui est intéressant quand on change de pays, c’est de s’approprier la culture. Il y a quand même des styles différents et le basket italien a un style particulier. A Schio, j’ai eu plusieurs équipes avec des identités basket différentes. L’interrogation que j’avais, c’était de faire coller les joueuses aux idées que je me faisais avec les meilleurs moyens pour les rendre efficaces. On s’est ajustés année après année et ça a plutôt bien fonctionné. »

A Lyon, comment le message passe-t-il en ce début de préparation ?
« Je trouve les filles très impliquées et appliquées. Il faut comprendre qu’on est partis avec une équipe qui était très déséquilibrée puisque l’été a été assez mouvementé et l’équipe que l’on devait avoir a été modifiée. On est partis sur un style très différent. La difficulté pour moi, aujourd’hui, c’est de récupérer des joueuses olympiennes qui sont arrivées tard. Avoir des bonnes joueuses, je serais mal placé pour m’en plaindre (rires), mais il y a aussi des contraintes : elles arrivent tard, usées physiquement pour certaines et mentalement pour toutes. Et en même temps, il faut se préparer. On est dans une double injonction de se préparer et de modifier un style en même temps. On n’a pas fait de matches amicaux jusqu’à présent. On est dans le doute mais en même temps, je ne suis pas paniqué parce que, comme on a beaucoup de retard, on a besoin de travailler. »

Qu’entendez-vous par une équipe déséquilibrée ?
« Le déséquilibre réside en deux choses. Tout d’abord, on a un secteur extérieur plutôt dense et un secteur intérieur plutôt pauvre en nombre. Le fait qu’Helena (Ciak) revienne parmi nous, ça nous rééquilibre beaucoup. Mais c’est très récent, ce n’était pas anticipé. Il a fallu penser un jeu un peu différemment avec deux joueuses intérieures valides, dont une qui revient de grossesse (Marième Badiane) et une autre qui revient des JO (Alexia Chartereau), ainsi que Nayo Raincock-Ekunwe, qui est très diminuée et Dominique Malonga, qui est très jeune. Au-delà de ça, il y a aussi beaucoup d’attaquantes et pas beaucoup de défenseurs. Ça aussi, c’est une forme de déséquilibre. Bien sûr qu’il faut marquer des paniers, mais il faut aussi défendre pour gagner. »

L’effectif de l’ASVEL féminin version 2021-2022 :
Julie Allemand, Ingrid Tanqueray, Sara Chevaugeon, Marine Johannès, Juste Jocyte, Alexsandra Crvendakic, Marième Badiane, Alexia Chartereau, Dominique Malonga, Nayo Raincock-Ekunwe, Helena Ciak.

En évoquant Marième Badiane, comment vit-elle son retour sur les parquets après sa maternité ?
« Pour le moment, c’est plutôt bien physiquement. C’est même très bien au niveau des sensations. Quelqu’un qui rentre dans la salle ne va pas s’apercevoir qu’elle a fait un an off, sincèrement. Après, les automatismes, les sensations, les repères, les balles perdues… Il y a des choses dans ce registre-là qu’il faudra gommer. Pour le reste, elle a très bien travaillé. Elle a anticipé sa maternité en amont en faisant un gros travail de reprise il y a déjà plusieurs mois. Si elle est bien aujourd’hui, c’est pour beaucoup grâce à ça (NDLR : Marième Badiane a travaillé avec un préparateur physique en dehors du club pendant sa grossesse, en étroite collaboration avec le staff médical de l’ASVEL). »

Helena Ciak revient à l’ASVEL après son transfert avorté à Fenerbahçe, où elle n’a pas passé la visite médicale. Avez-vous déjà vécu ce genre de situation où un club dit non, l’autre dit oui ?
« Je dois vous avouer que je ne m’en rappelle pas trop. Ça a dû m’arriver d’avoir des joueuses un peu blessées. A Bourges, j’ai eu Alessandra Santos de Oliveira qui était en fin de carrière. Les médecins me disaient : « Jamais elle ne finira la saison, elle est cassée de partout ». Chez les garçons, j’ai eu Sean May (NDLR : à Orléans en 2015), Uche Nsonwu-Amadi (à l’ASVEL entre 2012 et 2014). Après, le club de l’ASVEL est très bien organisé et doté pour gérer les blessures. Dans le sport professionnel, les joueurs sont exposés. Quand ces petits pépins ne les empêchent pas de jouer, ce n’est plus un problème. Encore faut-il gérer la quantité et la qualité de travail de notre côté. Je ne sais pas ce qu’a fait Fenerbahçe, mais ici, on savait que le ménisque d’Helena était abîmé et pourquoi il ne fallait pas l’opérer. Et elle n’a jamais raté un match pour un problème de genou. Elle s’est blessée en équipe nationale, sur des lésions musculaires ou des entorses, mais jamais pour son problème au ménisque. Je ne dis pas qu’on est exempt de tout à l’avenir mais le staff médical la connait bien ici. »

Deux des meilleures joueuses du championnat, Julie Allemand et la MVP en titre Alexia Chartereau, sont arrivées à Lyon cet été. Quel rôle auront-elles dans votre effectif ?
« Pour le moment, c’est difficile à dire parce qu’on intègre des choses nouvelles pour elles. Mon ancienne joueuse à Schio, Kim Mestdagh (NDLR : elle aussi internationale belge) lui a livré un portrait du jeu que je pratiquais. Elle a été agréablement surprise de voir que le style qui lui avait été présenté convient mieux à ce qu’elle aime faire. Quand on est entraîneur, on essaie de s’adapter aux qualités des joueuses que l’on a. La difficulté, c’est qu’il faut s’ajuster à un collectif, il faut donc trouver un style qui convienne à tout le monde. Julie est quelqu’un qui avale des espaces, qui va vite, qui aime le jeu en mouvement, qui aime passer la balle. Et nous avons des shooteuses donc ça tombe bien. Son rôle, c’est qui elle est : une joueuse de fort impact qui met un tempo élevé et qui nourrit l’équipe. On va se servir de ça. Concernant Alexia, elle arrive un peu moins en forme comparativement à Julie mais elle n’est pas blessée. Ce qui me plait chez elle, au-delà de sa capacité à marquer dans beaucoup de situations différentes, c’est sa compréhension du jeu et la manière dont elle fluidifie le jeu. Elle comprend très bien ce qu’il faut faire sur le terrain. Il faut principalement qu’on travaille sur la mobilité défensive. »

« Quand on est doué, on peut croire que tout est facile. Des fois, on oublie qu’il faut payer un prix. Dans le championnat français, on a beaucoup d’athlètes, c’est très dur. Donc le talent est une chose, c’en est une autre de développer sa qualité athlétique pour franchir les étapes et montrer son talent » – Pierre Vincent en parlant de Juste Jocyte et Dominique Malonga.

Juste Jocyte et Dominique Malonga sont deux pépites du basket international nées en 2005 qui font partie intégrante du groupe pro, à seulement 15 ans. Sont-elles prêtes pour avoir un rôle en Ligue Féminine ?
« On verra. En tout cas, pour un entraîneur comme moi, c’est un vrai plaisir d’avoir à gérer des dossiers comme ça. La difficulté de Juste, c’est que c’est déjà une star dans son pays. Elle a intégré l’équipe nationale de Lituanie à 14 ans. Et, quand on a été autant exposé, c’est compliqué de se confronter à la dureté du monde professionnel au sens physique mais aussi mental, car on peut être moins dominant au début. Quand on est doué, on peut croire que tout est facile. Parfois, on oublie qu’il faut payer un prix. Dans le championnat français, on a beaucoup d’athlètes, c’est très dur. Donc le talent est une chose, c’en est une autre de développer sa qualité athlétique pour franchir les étapes et montrer son talent. Gérer ça, ça sera sa problématique. Parce qu’elle a tout ce qu’il faut pour faire une excellente joueuse de basket, j’en suis sûr. Ce qui fait la différence chez les jeunes talentueux, et j’ai eu la chance d’en croiser beaucoup, c’est la capacité à franchir ce cap. Il ne suffit pas d’être talentueux pour performer, il faut travailler dur. Concernant Dominique, c’est différent. Moi, je n’ai jamais vu un engin comme ça. Elle est phénoménale, je n’ai jamais vu ça. Après, elle est toute jeune. Elle n’a joué qu’avec des U16. Comparativement à Juste, Dominique n’a pas joué avec les nationales, c’est un « bébé ». On fait quasiment des vidéos tous les jours pour lui expliquer les règles défensives basiques. Quand je dis que c’est un phénomène, c’est au niveau des qualités athlétiques. Elle court, elle se déplace, elle est coordonnée, elle est adroite… Elle a tout ce qu’il faut pour faire une joueuse formidable. Après, quand est-ce qu’elle sera apte à venir sur le terrain pour prendre des minutes ? L’avenir nous le dira. »

L’ASVEL a intégré le top 8 de l’Euroleague ces dernières saisons. Quand on joue l’Eurocup, est-ce forcément avec l’ambition de la gagner ?
« Quand on joue une compétition, c’est pour la gagner, c’est une évidence. Après, sommes-nous les mieux placées pour gagner ? Je ne pense pas qu’on le soit aujourd’hui. Peut-être que notre équipe évoluera. Avec le retour d’Helena, on a un peu plus de profondeur. Il nous reste un poste d’étrangère à pourvoir également. Je ne sais pas si on pourra se renforcer, quand on le fera, mais on sera complet et performants à ce moment-là pour aller se mesurer aux meilleures équipes. De toute façon, on va essayer de jouer pour le titre. Après, il y a de très bonnes équipes dans le groupe qualificatif en Euroleague avec Schio, Bourges et Valence (NDLR : deux de ces trois équipes seront reversées en Eurocup). Sincèrement, c’est chaud. Ce sont trois équipes qui ont des effectifs construits pour l’Euroleague. Bologne est une autre grosse équipe qui jouera l’Eurocup, il y a les Russes, les Turques… Aujourd’hui, on est quand même un peu plus armés avec Helena qu’avant pour pouvoir aller le plus haut possible. »

Une partie des autres entraîneurs de Ligue Féminine citent l’ASVEL en premier en tant que favori de cette nouvelle saison. Considérez-vous votre équipe comme la favorite du championnat ?
« Je vous répondrai par une anecdote. Quand j’étais jeune entraîneur, j’avais un jeune joueur en équipe de France juniors. Il était plus jeune que tout le monde, il avait 16 ans, les autres en avaient 18. Il était brillant et dominant mais personne ne voulait de lui dans l’équipe. En fin de stage, j’avais posé la question : « pour vous, quels joueurs composeraient notre équipe idéale ? » Comme on est de culture française, il n’était pas de bon ton de dire « c’est moi qui vais gagner ». Donc tous mes joueurs ont répondu : « Je ne sais pas, peut-être, moi, lui et lui ». Et puis j’en ai un autre qui m’a dit : « Je ne comprends pas la question. Je ne comprends pas qu’on puisse penser qu’on n’est pas les meilleurs ». Je vous laisse chercher qui est le joueur en question… »

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C’est un retour à l’ASVEL pour vous, sept ans après, avec une casquette différente, des hommes aux femmes. Aujourd’hui, l’institution ASVEL a grandi. Comment abordez-vous ce retour dans le club de Tony Parker ?
« Je ne l’aborde pas dans l’angle de ce qui s’est passé précédemment. J’ai fait des choses avant avec et sans l’ASVEL, il y a eu des choses après. Je reviens dans un club qui a beaucoup d’ambition, qui sort d’une saison décevante et qui veut performer. C’est un vrai challenge, d’autant plus que notre début de saison va être très compliqué (NDLR : Charleville-Mézières, Estudiantes Madrid, Basket Landes, et Ulriken ou Liège à l’extérieur et Landerneau, Villeneuve d’Ascq, Ruzomberok à domicile au mois d’octobre). Il faudra passer ce cap-là du mieux possible. »

Qu’avez-vous appris pendant quatre saisons à Schio, un haut lieu du basket italien ?
« Déjà, j’ai appris l’Italien, j’ai appris à manger italien, à boire italien (rires). Ce qui est intéressant quand on change de pays, c’est de s’approprier la culture. Il y a quand même des styles différents et le basket italien a un style particulier. A Schio, j’ai eu plusieurs équipes avec des identités basket différentes. L’interrogation que j’avais, c’était de faire coller les joueuses aux idées que je me faisais avec les meilleurs moyens pour les rendre efficaces. On s’est ajustés année après année et ça a plutôt bien fonctionné. »

A Lyon, comment le message passe-t-il en ce début de préparation ?
« Je trouve les filles très impliquées et appliquées. Il faut comprendre qu’on est partis avec une équipe qui était très déséquilibrée puisque l’été a été assez mouvementé et l’équipe que l’on devait avoir a été modifiée. On est partis sur un style très différent. La difficulté pour moi, aujourd’hui, c’est de récupérer des joueuses olympiennes qui sont arrivées tard. Avoir des bonnes joueuses, je serais mal placé pour m’en plaindre (rires), mais il y a aussi des contraintes : elles arrivent tard, usées physiquement pour certaines et mentalement pour toutes. Et en même temps, il faut se préparer. On est dans une double injonction de se préparer et de modifier un style en même temps. On n’a pas fait de matches amicaux jusqu’à présent. On est dans le doute mais en même temps, je ne suis pas paniqué parce que, comme on a beaucoup de retard, on a besoin de travailler. »

Qu’entendez-vous par une équipe déséquilibrée ?
« Le déséquilibre réside en deux choses. Tout d’abord, on a un secteur extérieur plutôt dense et un secteur intérieur plutôt pauvre en nombre. Le fait qu’Helena revienne parmi nous, ça nous rééquilibre beaucoup…

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Photo : Pierre Vincent (Euroleague)

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