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Inside – L’école des meneurs, la formation identitaire de la JL Bourg

Initiée il y a une dizaine d’années, l’école des meneurs de la JL Bourg fut la première dans le genre en France. En spécialisant son centre de formation sur ce poste de jeu en excluant les critères athlétiques, la Jeu a démontré sa volonté de « cultiver sa différence ». Sa vitrine ? Hugo Benitez, ar

Initiée il y a une dizaine d’années, l’école des meneurs de la JL Bourg fut la première dans le genre en France. En spécialisant son centre de formation sur ce poste de jeu en excluant les critères athlétiques, la Jeu a démontré sa volonté de « cultiver sa différence ». Sa vitrine ? Hugo Benitez, arrivé à 16 ans à l’école des meneurs et aujourd’hui, à 20 ans, membre de l’équipe fanion et partenaire d’entraînement en équipe de France.

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À Bourg-en-Bresse, on forme des basketteurs et non des athlètes, on pense à long terme et non aux résultats immédiats.… « Ici, on cultive sa différence », ne cesse de répéter son président Julien Desbottes, année après année. Difficile de donner tort à un club avec des moyens financiers et résultats sportifs en hausse depuis plusieurs saisons, et dont les joueurs et dirigeants s’inscrivent sur la durée. C’est sur cette vision que la JL a lancé, alors que son équipe fanion était encore en Pro B, la première école des meneurs – ou école des meneurs-arrières – de France.

« On voulait une différenciation dans l’approche de la découverte de jeunes joueurs, explique le directeur sportif Fred Sarre. Quand je suis arrivé en tant qu’entraîneur après Limoges, il nous semblait important, avec Julien Desbottes (président) et Christian Diot (responsable initial du projet), dans le développement du club, dans une période où les clubs cherchaient toujours des grands gabarits, des joueurs toujours plus athlétiques, de spécialiser notre centre de formation sur des meneurs et arrières. Même si on n’est pas de grande taille, on peut avoir des qualités pour jouer à haut niveau, parce que tout ne repose pas que sur le physique. Il y a aussi des qualités techniques, d’intelligence de jeu, de leadership, la maîtrise des rythmes, le relais du coach… Ces rôles sont souvent attribués aux meneurs de jeu ou aux arrières. Et surtout, on voulait faire en sorte qu’on ne dise pas à un garçon « tu es trop petit pour joueur au basket de haut niveau ». »

« On veut que les gamins soient des joueurs, dans le sens où ils s’amusent et reconnaissent les situations pour qu’ils jouent, dans le sens du jeu. C’est l’héritage de la pédagogie de Pierre Murtin, qu’on veut maintenir au sein du club » – Fred Sarre

Le projet a été mûrement réfléchi par les cadres du club, pendant une année complète, puis lancé il y a dix ans, lorsque la JL Bourg évoluait encore à Amédée-Mercier. Avait été décidé que l’école des meneurs ne soit pas une entité à part entière mais bien une identité transversale entre les structures amateurs et professionnelles, s’appuyant au quotidien sur les qualités de tous les coachs de la catégorie U9 jusqu’au centre de formation, et ponctuellement sur des intervenants, d’Antoine Diot (parrain de l’école) à Laurent Sciarra en passant par Antoine Rigaudeau, lors de stages où les jeunes des clubs environnants sont également conviés.

« La variabilité des intervenants et coachs, c’est ça qui nous intéresse, reprend Fred Sarre. On a fait intervenir des meneurs reconnus, mais aussi des spécialistes de l’éducation des jeunes, et pas que dans le basket. Et on a la chance d’avoir un club avec pas mal de personnes impliquées et expérimentées : Christian Diot, parce que c’est un entraîneur, un prof de gym, que son fils joue au plus haut niveau ; notre regretté Pierre Murtin est… était un pédagogue incroyable ». Au quotidien ou de manière ponctuelle, Gérald Simon, Sloboban Savovic, Nicolas Croisy, Fabrice Serrano participent aussi à cette école des meneurs en tant qu’encadrants.

(c) JL Bourg

A l’école des meneurs, une place importante est donnée au basket, mais également au reste, de l’éducation à la scolarité. Le triptyque essentiel ? « Faire progresser l’homme, le basketteur et l’étudiant », tandis que la majorité de ses pensionnaires poursuit ses études en parallèle du centre de formation. Sur le terrain, c’est la tête qui doit s’exprimer avant les jambes. « On veut que les gamins soient des joueurs, qu’ils s’amusent et reconnaissent les situations pour qu’ils jouent, dans le sens du jeu. C’est l’héritage de la pédagogie de Pierre Murtin, qu’on veut maintenir au sein du club. » Les dirigeants ont ainsi imaginé une structure inédite en France, sans réellement d’appuyer sur des modèles à l’étranger. « Nous ne sommes pas allés chercher énormément d’informations dans d’autres pays si ce n’est qu’on a fait des visites, un peu plus tardivement, à Kaunas, à Dallas, à San Antonio, à Valence… ». Si l’on fait abstraction de l’année et demi de restrictions sanitaires, cela fait maintenant plus de 10 ans que l’école des meneurs est en place. Elle a pris « une dimension supplémentaire » en 2014 quand Bourg a basculé d’Amédée-Mercier à Ekinox, une infrastructure flambant neuve.

Aujourd’hui, le dispositif représente une séance hebdomadaire spécifique pour les jeunes de la section amateur, de 9 à 15 ans, basée sur du développement de qualités motrices, d’appuis, d’équilibre, de course, de vitesse, de jambes, et progressivement vers des situations jouées, dont l’objectif est de reconnaitre des situations liées à la réalisation de gestes techniques. Pour les jeunes du centre de formation (U18 et U21), l’école se décline en sessions d’entraînement individuel liées au développement des meneurs-arrières, avec a minima une séance par semaine en fonction de leur emploi du temps et des séances collectives. Ce qui ne veut pas dire que les intérieurs ne peuvent pas y trouver leur place. « On fonctionne par cycle. En début d’année, les intérieurs ne sont pas présents dans les séances spécifiques à l’école des meneurs. Puis, au fur et à mesure de l’année, ils viennent accompagner les meneurs, pour aider leur développement, sur du jeu à deux notamment. »

« On sait qu’on fait des heureux mais bien évidemment aussi des déçus. Malheureusement, il y a un choix à faire. Pour les heureux, on essaie en tout cas de faire qu’ils soient heureux jusqu’à la fin » – Fred Sarre

Le recrutement de meneurs/arrières spécifiques débute au centre de formation, essentiellement en catégorie U18. « Quand on scoute des gamins, on regarde d’abord chez nous pour voir s’il y a des gamins susceptibles d’intégrer le centre de formation, mais on regarde aussi dans les clubs environnants, précise le directeur sportif. On n’est pas une académie, on essaie d’être vigilants sur les pyramides d’âge pour ne pas « entasser » les meneurs. Une fois qu’on a choisi un jeune, on essaie de l’amener le plus loin possible dans le développement sans l’écraser par une concurrence trop importante, et qu’il puisse jouer. Ça nous parait fondamental. »

L’ouverture de l’académie Tony Parker en 2019 dans la capitale des Gaules n’a pas apporté de la concurrence avec le club voisin de l’ASVEL, distant de seulement 60 km. « La différence entre l’ASVEL et Bourg, elle existe depuis toujours. La notoriété du club, ses structures, qui ont été développées par l’académie et ce qu’a mis en place Tony (Parker) depuis qu’il est devenu président… C’est évident qu’on n’a pas les conditions logistiques et infrastructures dont dispose l’ASVEL », décrit Fred Sarre. Les deux structures sont incomparables, et ne se marchent pas dessus. « Notre école des meneurs, elle est interne au club. Ce n’est pas une entité externe. A l’ASVEL, il y a l’académie mais aussi le centre de formation, les passerelles existent. Nous, on n’a pas cette passerelle, la spécialisation d’école des meneurs est transversale entre les sections amateurs et professionnelles. »

L’une des contraintes côté burgien, c’est ainsi de ne pas d’éloigner de l’objectif premier, qui est de permettre à des petits gabarits de s’exprimer, en étant malgré tout obligés de faire des choix. « Dans nos évaluations, on discute avec tous les cadres des choix de joueurs, c’est toujours très collégial. On sait qu’on fait des heureux mais bien évidemment aussi des déçus. Malheureusement, il y a un choix à faire. Pour les heureux, on essaie en tout cas de faire qu’ils soient heureux jusqu’à la fin. »

De Thomas Prost à Hugo Benitez… en attendant la nouvelle génération

Trois jeunes en sont sortis avec des contrats professionnels. Il y a d’abord eu Thomas Prost (aujourd’hui à Orchies en NM1), passé pro en Pro B à Quimper puis Poitiers, mais aussi Thibault Desseignet (aujourd’hui à Challans en NM1), après trois saisons en Pro B du côté de Nantes. En enfin, le dernier exemple en date, la plus grande réussite interne, Hugo Benitez, aujourd’hui grandement responsabilisé à Bourg en Betclic Elite comme en Eurocup. Il est tout ce que représente l’école des meneurs. « Hugo Benitez est la parfaite vitrine de ce qu’on cherche à faire avec cette école des meneurs. Au départ, c’est plutôt un petit gamin sans qualité réelle de drive, d’explosivité… des qualités que la majorité des gens recherchent aujourd’hui. Si on devait faire un classement de 1 à 10 des meneurs de sa génération, il n’y était pas quand il est arrivé. Par contre, il avait la tête haute, un contrôle de ballon, une capacité à faire jouer ses partenaires, à comprendre le jeu… Tout ça, on l’a vu assez rapidement. Mais cette réussite, ce n’est pas seulement la notre, c’est aussi celle du jeune, qui est capable de prendre les infos qu’on lui donne et de les mettre en pratique. Nous, on verse de l’eau sur le parquet et les jeunes, ce sont les éponges. Le travail, la réussite, elle est commune au club comme au garçon. »

Venu de Toulouges (Pyrénées-Orientales) à 16 ans pour l’école des meneurs, le Catalan a progressé chaque année jusqu’à obtenir un premier contrat professionnel dans son club formateur. Et a été appelé par Vincent Collet en qualité de partenaire d’entraînement en équipe de France lors des fenêtres internationales de novembre. « Quand on voit un jeune qui arrive en U18, qui progresse chaque année, à qui on fait signer un contrat professionnel longue durée, qui tient la route en Elite puis en coupe d’Europe, avec des performances relativement stables, et qui devient même partenaire d’entraînement en équipe de France, tout en ayant une très grande marge de progression… Bien sûr qu’on est heureux ! », se félicite le directeur sportif.

Les meneurs-arrières du centre de formation de la JL Bourg
Quelques autres anciens : Théo Rey (2000), Johan Randriamananjara (2000), Tom Dary-Sagnes (2001), Bastien Manissol (2002)
Les espoirs actuels : Corentin Falcoz (2002), Hugo Cosse (2002), Elian Benitez (2003), Noah Palmer (2003)
Les meneurs-arrières de demain : Victor Maury (2004), Valentin Mariller (2004), Theo Audry (2005), Anatole Humeau (2005), Léon Sifferlin (2006)

Aujourd’hui, deux espoirs de la Jeu – actuellement 4e du championnat espoir – nés en 2002 et venus dans l’Ain notamment pour l’école des meneurs, figurent parfois sur la feuille de match de l’équipe fanion : Corentin Falcoz et Hugo Cosse. Le premier, venu tout droit de Chambéry, domine chez les espoirs (19,5 points, 5,7 rebonds en 33 minutes) et a inscrit ses premiers points en Eurocup ce mardi contre Bursaspor. « Corentin a un bras exceptionnel. C’est un vrai arrière shooteur qui a le sens du jeu », plaide Fred Sarre. Le second, également poste 2 mais moins scoreur que son partenaire, a lui aussi joué quelques poignées de minutes chez les pros. D’abord repéré par la JL lors d’une détection, le Breton avait intégré l’INSEP le temps d’une saison avant de filer au centre de formation de Bourg. « Hugo suit une vraie évolution. C’est assurément un garçon qui pourra rendre des services dans le monde professionnel », poursuit le directeur sportif. Les deux ont encore d’énormes progrès à faire, autant physiquement que techniquement, mais ils sont aujourd’hui sur la voie royale pour imiter le trio Benitez-Desseignet-Prost.

Idem pour la génération suivante, composée d’Elian Benitez (2003, frère d’Hugo) et Victor Maury (2004), deux meneurs développés depuis plusieurs années au sein du club, et avec des caractéristiques bien différentes. « Ils sont dans la lignée de ce qu’on cherchait comme profils parce que différents l’un de l’autre. L’un est plus scoreur, l’autre est plus organisateur, et ça nous va bien », détaille Fred Sarre. Ajoutez à ce contingent de jeunes prometteurs Noah Palmer (2003, fils de Crawford, davantage utilisé à l’aile), ou encore Valentin Marillier (2004), Theo Audry (2005), Anatole Humeau (2005) et Léon Sifferlin (2006), et vous y trouverez peut-être d’autres futurs joueurs pros.

Le Z-Square, l’aboutissement d’un projet XXL

Par son école des meneurs-arrières de plus en plus prometteuse, Bourg entend bien continuer à cultiver sa différence. « La JL essaie d’être identitaire. On veut avoir cette identité de meneurs tous profils dans notre centre de formation. Ça ne veut pas dire qu’on ne veut pas d’intérieurs ni d’ailiers, ça veut dire qu’on veut garder cette filière de formation qui nous parait essentielle pour la performance à haut niveau. On continue à travailler pour essayer de trouver les meneurs que l’on amènera demain au haut niveau à travers notre équipe. Tant qu’on pourra, on essaiera d’amener des passerelles des espoirs vers l’équipe professionnelle, détaille le directeur sportif, qui dénote toutefois… Comme on prend des joueurs qui n’ont pas de caractéristiques physiques extraordinaires d’un premier abord, on ne les voit peut-être pas. Mais ce sont des jeunes qui peuvent arriver, à terme, à faire leur trou par leurs qualités de basketteur. »

Des jeunes qui seront prochainement accueillis au Z-Square (nom en hommage à Zack Wright et Zachery Peacock), un nouveau bâtiment qui accueillera des bureaux mais surtout, dès février prochain, des logements flambants neufs en face d’Ekinox pour les U21 de la Jeu. Une nouvelle infrastructure supplémentaire qui doit permettre de renforcer l’image de la JL auprès des jeunes espoirs tricolores et qui symbolise la suite logique à l’évolution de son école des meneurs. Une étape de plus dans la structuration d’un club qui n’est pas prêt de cesser d’innover.

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À Bourg-en-Bresse, on forme des basketteurs et non des athlètes, on pense à long terme et non aux résultats immédiats.… « Ici, on cultive sa différence », ne cesse de répéter son président Julien Desbottes, année après année. Difficile de donner tort à un club avec des moyens financiers et résultats sportifs en hausse depuis plusieurs saisons, et dont les joueurs et dirigeants s’inscrivent sur la durée. C’est sur cette vision que la JL a lancé, alors que son équipe fanion était encore en Pro B, la première école des meneurs – ou école des meneurs-arrières – de France.

« On voulait une différenciation dans l’approche de la découverte de jeunes joueurs, explique le directeur sportif Fred Sarre. Quand je suis arrivé en tant qu’entraîneur après Limoges, il nous semblait important, avec Julien Desbottes (président) et Christian Diot (responsable initial du projet), dans le développement du club, dans une période où les clubs cherchaient toujours des grands gabarits, des joueurs toujours plus athlétiques, de spécialiser notre centre de formation sur des meneurs et arrières. Même si on n’est pas de grande taille, on peut avoir des qualités pour jouer à haut niveau, parce que tout ne repose pas que sur le physique. Il y a aussi des qualités techniques, d’intelligence de jeu, de leadership, la maîtrise des rythmes, le relais du coach… Ces rôles sont souvent attribués aux meneurs de jeu ou aux arrières. Et surtout,

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Photo d’ouverture : Hugo Benitez (Jacques Cormarèche)

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