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ITW Jean-Denys Choulet, coach Roanne : « L’idée de passer à 16 clubs est une aberration totale » (1/2)

A deux tiers de la saison régulière de Betclic Elite, Roanne est plus proche des playoffs que du maintien. La Chorale le doit notamment à son coach Jean-Denys Choulet, qui a encore une fois réussi son recrutement. L’entraîneur de 63 ans se livre sur l’assemblage de cette saison, mais aussi sa vision

A deux tiers de la saison régulière de Betclic Elite, Roanne est plus proche des playoffs que du maintien. La Chorale le doit notamment à son coach Jean-Denys Choulet, qui a encore une fois réussi son recrutement. L’entraîneur de 63 ans se livre sur l’assemblage de cette saison, mais aussi sa vision actuelle de la ligue et de ses dirigeants ou encore des petites villes et petits budgets, qu’il défend si fièrement. Première partie.

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Le maintien de la Chorale semble plus accessible cette année que les deux précédentes. Quelles en sont les raisons selon vous ?
« Déjà, on n’est pas trop mal, mais la saison n’est pas terminée, il faut en être conscients. Je suis revenu au club en 2020 avec le président de l’époque, Emmanuel Brochot, parce que ça n’allait pas super bien à ce moment-là. On a essayé de remettre un peu de rigueur, de remettre l’église au milieu du village comme on dit. L’équipe constituée par les dirigeants précédents était composée essentiellement de joueurs de Pro B, et d’Américains peu référencés, c’était forcément compliqué de se maintenir avec ce type de joueurs. Il n’y a qu’à voir ceux qui étaient chez nous avant, et ce qu’ils font maintenant, ça veut bien dire quelque part qu’il y a peut-être eu des erreurs de casting… Il a fallu « faire un peu de ménage » de façon à reconstituer une équipe compétitive, avec tous les risques que cela comporte. Et on ne peut pas dire que ce soit magnifique mais on a fait beaucoup de paris sur des jeunes joueurs et des joueurs peu connus, et c’est déjà pas mal. Mais, encore une fois, rien n’est fait et ce serait trop tôt de se dire maintenant que la saison était accomplie, il y a encore beaucoup de matches à gagner. A ce jour, nous ne sommes pas encore maintenus. »

Malgré tout, vous êtes 10e de Betclic Elite après deux tiers du championnat. Croyez-vous que cette équipe est capable d’accrocher les playoffs ?
« Oui, je le pense, si on est capable de proposer mentalement la même chose à l’extérieur qu’à domicile, même si les deux dernières défaites à l’extérieur, à Cholet (80-76) et au Portel (70-65), étaient effectivement courtes et discutables. En tout cas, on n’a pas la même intensité à domicile qu’à l’extérieur. À Cholet et au Portel, on joue dans des salles très chaudes à ce moment-là, ils méritent leurs victoires. On voit bien que si on n’est pas au niveau à 200 % dans la motivation, c’est plus compliqué, on n’a pas une grande marge. On a une masse salariale parmi les dernières du championnat, et on essaie avec le président actuel de tout faire pour l’augmenter de façon à avoir plus de sécurité les années à venir. »

« On a effectivement l’impression que les Cholet, les Chalon, les Roanne… ça dérange un peu quelque part »

« Les petites villes dont on ne veut plus bientôt dans le basket français sont capables de faire des résultats » et « Les paysans ont gagné trois fois à Paris » sont des mots que vous avez prononcés dernièrement. Pensez-vous vraiment que les Roannais sont considérés comme des paysans ?
« Les paysans, c’était une boutade. Cela faisait référence à Gilles Moretton (NDLR : ancien président de l’ASVEL de 2001 à 2014) qui nous avait traités à l’époque de paysans. D’ailleurs, ils avaient été accueillis par les supporters avec des chapeaux en paille et des bottes de foin quand ils étaient venus jouer ici (rires). Cette citation, c’était plus sur le ton de la boutade car il n’y avait rien de méchant. Mais, en tout cas, force est de constater que nos grandes instances dirigeantes et bien pensantes pensent qu’il ne faut que des grandes villes dans les basket avec des aéroports et entre guillemets que « le sportif n’a plus grand chose à prouver ». Moi, je suis absolument contre le passage à 16 clubs dans l’Elite, et contre exclure les petites villes, qui n’ont peut-être pas les infrastructures des grosses, mais qui ont au moins un avantage, c’est que quand vous venez dans la salle, vous avez 5 000 personnes et pas 350. »

La Chorale de Roanne, version 2021-2022 (c) Chorale

Pourquoi êtes-vous opposé au fait de passer à 16 clubs à l’issue de la saison 2022-2023 ?
« L’idée de passer à 16 clubs est une aberration totale. Le président de la Ligue pense que c’est ce qu’il faut faire, pas moi. Et je pense qu’on est beaucoup de coachs et de présidents à penser le contraire. »

Cela risque d’accélérer la perte des petites villes dans le basket français ?
« Ça va y contribuer. Vous savez très bien que les villes des petites agglomérations ont obligatoirement moins de budget que les grosses, et ce même si on se rattrape avec la billetterie et les spectateurs. On ne peut pas prétendre à la même enveloppe financière que des villes comme Strasbourg ou Paris. C’est évident que ça va accélérer ce processus, et je n’en vois pas l’intérêt après deux années de Covid. J’espère que ça ne passera pas, et que les présidents prendront conscience que ce n’est pas la chose à faire en ce moment. Mais on a effectivement l’impression que les Cholet, les Chalon, les Roanne, ça dérange un peu quelque part. »

« On n’est pas les rois du monde. Ce n’est certainement pas le meilleur recrutement de ma carrière mais c’est un recrutement qui me satisfait, qui satisfait les Roannais, et qui fonctionne pas trop mal »

Hormis l’exception Sylvain Francisco, la Chorale, comme d’autres clubs, vit énormément sur ses joueurs étrangers depuis plusieurs saisons. Ne trouvez-vous pas que ça contraste avec l’image des petites villes ?
« Déjà, c’est un travail de plusieurs années, moi je ne suis là que depuis deux saisons. A l’époque, on avait Marc-Antoine Pellin qui était meneur titulaire en 2007 de l’équipe qui a été championne de France, on a eu Adrien Moerman, on voit la carrière qu’il a faite. Après, je n’ai pas été à Roanne pendant longtemps, donc je ne peux pas parler pour les autres. Mais il y a une chose simple qu’il faut bien comprendre, surtout pour les petites villes, c’est qu’il est beaucoup moins cher de prendre un joueur américain compétitif qu’un joueur formé localement. Vous comprenez tout de suite pourquoi il y a plus de joueurs étrangers dans les petits budgets et petites villes. Pour nous, malheureusement, les joueurs français sont souvent hors de prix. »

Au-delà de cette saison, quels sont les Américains dont vous êtes le plus fier d’avoir déniché ? Ceux de cette saison font-ils partie du top ?
« Jusqu’au top, peut-être pas. Et je n’en ai pas déniché tant que ça, Johnny (Berhanemeskel) fait une saison exceptionnelle mais il était déjà à Nanterre la saison d’avant donc je n’ai rien déniché du tout. Peut-être révélé, plutôt. Loren Jackson est aussi une bonne trouvaille, certainement l’un des meilleurs rapports qualité-prix du championnat cette saison. Après, ce n’est peut-être pas du niveau d’un Jerry McCullough (NDLR : 20,3 points, 6,2 passes avec Gravelines en 1997-98), d’un Terrell McIntyre (18,9 points, 5,6 passes avec Gravelines en 1999-2000) ou d’un Dee Spencer (20,6 points, 6,1 rebonds avec Roanne en 2006-2007). Cela reste malgré tout un très bon joueur, tout comme le sera JaKeenan Gant avec un peu plus d’expérience. On n’est pas les rois du monde, ce n’est certainement pas le meilleur recrutement de ma carrière, mais c’est un recrutement qui me satisfait, qui satisfait les Roannais, et qui fonctionne pas trop mal. »

Que vous-êtes vous dit au moment du recrutement de Johnny Berhanemeskel, qui jusqu’ici n’avait pas montré autant en Elite ?
« Pour vous, oui, mais pour moi, Johnny cadrait vraiment dans ce que je voulais faire. J’avais un joueur davantage scoreur, Ronald March, on peut d’ailleurs aussi en parler car il est passé en Inde, au Luxembourg, en Suisse, en Pro B et c’est l’un des meilleurs marqueurs du championnat. Et, pour moi, Ronald est plus un scoreur qu’un shooteur. Je voulais lui joindre un shooteur plutôt qu’un scoreur, c’est pour cette raison que j’ai choisi Johnny, qui est un excellent shooteur. Dans notre style de jeu, j’espérais et je savais qu’il pourrait s’exprimer. Et c’est en plus humainement un gars extra. C’est quelqu’un de discret et calme, toujours prêt à aider l’équipe. En dehors du terrain, on ne l’entend pas parler, il fait sa vie tranquille. Il ne fait pas de bruit, pas de vague, pas d’accident, pas de conneries. »

« Je suis désormais le doyen des coachs, et je trouve que l’arbitrage ne va pas en s’améliorant »

En conférence de presse, vous prenez parfois des positions fortes, comme sur l’arbitrage. Avez-vous des retours de bâtons ?
« Tout le temps. De toute façon, ça ne sert plus à rien d’en débattre car les gens vous le font payer derrière… Moi, j’ai milité et j’ai dit qu’il était absolument anormal qu’en France, les joueurs professionnels qui s’entraînent a minima quatre heures par jour se fassent arbitrer par des gens qui ne sont pas professionnels. Ce n’était pas pour attaquer les arbitres, c’était justement pour expliquer qu’il fallait essayer de tendre vers un arbitrage professionnel. Après, on me dit que les arbitres travaillent beaucoup, on m’a répondu que les arbitres travaillaient douze heures par semaine, très bien. Mais les coachs, on travaille six heures par jour, donc on peut encore discuter… Ce n’est pas extrêmement important. Le principal problème, c’est que derrière, je l’ai payé. Certains ont voulu « se venger » et j’ai ramassé. Mais ce n’est pas grave, ça ne me dérange pas. Je ne crois pas du tout que les arbitres soient malhonnêtes, je pense simplement qu’ils ont parfois du retard à l’allumage et surtout un manque de cohérence dans le jugement et dans le traitement. Sasa Obradovic ne prend pas de rapport à Nanterre, et moi je prends un rapport parce que j’ai soi-disant regardé méchamment l’arbitre à la fin d’un match. Je suis passé en commission de discipline parce que j’ai « regardé méchamment »… Peut-être que si je n’avais pas dit que les arbitres ne travaillaient pas assez, je n’aurais pas eu ce rapport-là. Ça n’empêche pas que je suis désormais le doyen des coachs, et je trouve que l’arbitrage ne va pas en s’améliorant. »

Que manque-t-il aujourd’hui pour améliorer cette situation selon vous ?
« Déjà, il faudrait qu’il y ait plus de basketteurs dans les instances dirigeantes de la ligue. Ça serait bien. Il faut compter le nombre d’anciens basketteurs à la Ligue, ça ne fait pas beaucoup… Plus généralement, on manque de personnalités du basket dans la Ligue Nationale. Des gens qui sont des connaisseurs de basket, comme Jacques Monclar, feraient un bien énorme. Concernant les arbitres, je pense qu’ils devraient travailler beaucoup plus avec les clubs. Il n’y a rien de gratuit, vous avez des choses quand vous travaillez, en particulier quand on est petit. Nous, on travaille plus que les autres mais c’est une obligation, et en plus ça me correspond bien. Mais, quand on demande à avoir des arbitres pour des scrimmages (match d’entraînement) pour travailler, on n’a pratiquement jamais personne. Jamais un arbitre ne vient travailler avec les clubs. Je suis évidemment demandeur, parce que regarder des matches et se faire une idée, c’est bien, mais ça ne suffit pas. Il faudrait un dialogue et un contact plus important. Par exemple, à Cholet, on est à -2, Yoan Makoundou fait un marcher énorme, l’arbitre ne siffle pas, il va péter un dunk ou un lay-up facile… Des erreurs, il y en a eu tout le match, ce n’est pas plus d’un côté que de l’autre. Mais c’est une erreur flagrante qui a une incidence directe sur le résultat du match. Simplement, les arbitres doivent être très bons pendant 38 minutes et excellents pendant 2 minutes quand le match se tient. Quand ça se joue à une possession, il n’y a pas d’autre choix que d’être excellent. Quand trois arbitres ne voient pas un marcher énorme en fin de rencontre et que le coach le voit, c’est quand même qu’il y a un problème. »

A suivre vendredi.

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Le maintien de la Chorale semble plus accessible cette année que les deux précédentes. Quelles en sont les raisons selon vous ?
« Déjà, on n’est pas trop mal, mais la saison n’est pas terminée, il faut en être conscients. Je suis revenu au club en 2020 avec le président de l’époque, Emmanuel Brochot, parce que ça n’allait pas super bien à ce moment-là. On a essayé de remettre un peu de rigueur, de remettre l’église au milieu du village comme on dit. L’équipe constituée par les dirigeants précédents était composée essentiellement de joueurs de Pro B, et d’Américains peu référencés, c’était forcément compliqué de se maintenir avec ce type de joueurs. Il n’y a qu’à voir ceux qui étaient chez nous avant, et ce qu’ils font maintenant, ça veut bien dire quelque part qu’il y a peut-être eu des erreurs de casting… Il a fallu « faire un peu de ménage » de façon à reconstituer une équipe compétitive, avec tous les risques que cela comporte. Et on ne peut pas dire que ce soit magnifique mais on a fait beaucoup de paris sur des jeunes joueurs et des joueurs peu connus, et c’est déjà pas mal. Mais, encore une fois, rien n’est fait et ce serait trop tôt de se dire maintenant que la saison était accomplie, il y a encore beaucoup de matches à gagner. A ce jour, nous ne sommes pas encore maintenus. »

Malgré tout, vous êtes 10e de Betclic Elite après deux tiers du championnat. Croyez-vous que cette équipe est capable d’accrocher les playoffs ?
« Oui, je le pense, si on est capable de…

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Photo : Jean-Denys Choulet (Chorale Roanne)

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