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Oleksandr Proshuta (journaliste ukrainien) : « La situation de notre pays va très bientôt revenir à la normale »

Le 3 mars dernier, le journaliste ukrainien Oleksandr Proshuta a publié un long article (en anglais) sur la situation en Ukraine, principalement sous l’angle du basket, prédisant par ailleurs la « mort » de la VTB League et l’affaiblissement général des clubs russes. BasketEurope, qui a diffusé la t

Le 3 mars dernier, le journaliste ukrainien Oleksandr Proshuta a publié un long article (en anglais) sur la situation en Ukraine, principalement sous l’angle du basket, prédisant par ailleurs la « mort » de la VTB League et l’affaiblissement général des clubs russes. BasketEurope, qui a diffusé la traduction d’une partie de cet article, l’a contacté pour obtenir des précisions sur sa vision du basket en Ukraine, sur les conséquences de la guerre actuelle sur le basket, en Russie, en Ukraine et en Europe. Un entretien-fleuve avec un homme qui symbolise la détermination du peuple ukrainien à se battre pour sa liberté.

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Première chose, qui êtes-vous, quels sont vos liens avec le basket ?

Je suis journaliste. J’ai débuté comme reporter dans le football mais je suis passé au basket après l’Euro 2012. J’ai travaillé pour plusieurs sites Web, j’ai été rédacteur en chef de basket-planet.com, un site spécialisé sur le basket européen et ukrainien. J’ai aussi été commentateur, sur des matchs de NBA diffusés sur le site Megogo (il a des droits de diffusion pour la Russie et l’Ukraine) ainsi que sur des matchs du championnat ukrainien à Kyiv. Je suis en quelque sorte un ambassadeur média du basket ukrainien. Dans notre pays, nous n’avons pas beaucoup de journalistes spécialisés, particulièrement pouvant s’exprimer en anglais. Certains collègues me surnomment « Ukrainian Woj » (NDLR : « la source ukrainienne ») pour mes informations sur les transferts, les mouvements de coachs, etc. C’est quand même trop flatteur, je ne fais que transmettre des informations. J’ai aussi couvert des matchs, écrit des éditoriaux, décrit des joueurs, etc. En Ukraine, vous devez avoir plusieurs cordes à votre arc pour être considéré comme un bon journaliste et être correctement payé.

Nous avons que vous réalisiez un podcast et disposiez d’une chaîne YouTube. Sont-ils en anglais ou en ukrainien ? Combien de personnes vous y suivent ?

Je travaille sur un podcast appelé SportHub, une sorte de « compagnie de podcasts », qui a des canaux sur divers sujets (football, basket, NFL, cinéma, etc.) Avant le début de la guerre, nous avions quelque chose comme 5 000 abonnés à nos podcasts. Nous diffusons en russe, afin de toucher une audience plus large, la Russie étant le pays où nous étions le plus suivis. Mais je ne sais pas comment cela va évoluer – de nombreux Russes se sont déjà désinscrits. J’ai aussi participé à deux émissions sur YouTube. L’une s’est faite avec Pari-Match (la plateforme de paris la plus importante d’Ukraine), appelée Basket Room. Avec des confrères, nous y parlons du championnat ukrainien et du basket ukrainien de façon globale. Nous avons également diffusé en début d’année deux épisodes d’une émission appelée « Hour of Basketball », sponsorisée par des personnes en lien avec le BC Prometey, le champion d’Ukraine en titre. Il s’agissait d’une émission de type show TV, avec un timing serré, des temps de parole limités, etc. Les statistiques d’audience de ces deux émissions sur YouTube sont plutôt bonnes. Et les retours des téléspectateurs sont positifs, ils ont apprécié ces émissions. Avant ces émissions, il n’y avait rien de semblable en Ukraine, et il y avait une forte demande de ce type de contenu.

Photo DR

Le club de Prometey s’est installé en République Tchèque, avant de se retirer de toutes compétitions (NDLR : l’interview a été réalisée avant l’annonce du retrait de Prometey). D’autres clubs ukrainiens se sont-ils eux aussi délocalisés ?

Non, Prometey a été le seul club à se relocaliser dans un autre pays avant son arrêt des compétitions. Dans les autres clubs, les joueurs étrangers ont été libérés avant le début de la guerre. Aujourd’hui, certaines équipes laissent également partir leurs joueurs ukrainiens, ceux qui veulent partir d’Ukraine alors que l’état de guerre actuel interdit à tout homme entre 18 et 60 ans de quitter le pays. Prometey essayait de continuer sa superbe saison en BCL mais les circonstances en ont décidé autrement. Je comprends parfaitement cette décision. D’un simple point de vue basketballistique, il est très dommage de ne pas avoir pu finir la saison avec ce groupe, mais c’est évidemment tout à fait compréhensible.

Quelle est la réaction des joueurs et joueuses ukrainiens face à la situation actuelle ? Et comment réagissent les anciennes gloires du basket ukrainien comme Artur Drozdov, Kyrylo Fesenko, Vitaly Potapenko ou Sacha Volkov ?

Les joueurs actuels ont posté des histoires sur Instagram ou d’autres réseaux sociaux pour exprimer leur opposition à l’invasion russe. Inutile de dire que je suis fier d’eux. En ce qui concerne nos anciens grands joueurs, seul Kyrylo Fesenko s’est exprimé de manière nette. Il a toujours été très libre dans ses propos, ce n’est donc pas une surprise. Pour sa part, Vitaly Potapenko a quitté l’Ukraine pour les États-Unis il y a 25 ans et n’a pas gardé de liens avec le pays, ne s’identifiant même plus comme Ukrainien. Quant à Artur Drozdov, il n’est pas une personnalité connue dans le pays. En ce qui concerne Sacha Volkov, l’histoire est intéressante. J’ai lu un article disant que des terroristes avaient détruit sa maison familiale près de Chernigiv. Mais je n’ai jamais lu de commentaires de sa part. Ce qui ne m’étonne guère : il est l’exemple type du joueur soviétique, il a de nombreux amis en Russie et un poste à la FIBA Europe. Il cherche donc à éviter les problèmes. En fait, de nos joueurs historiques, seuls Slava Medvedenko et Sergiy Lischuk se sont exprimés avec force sur le conflit, dès le début. Je les respecte profondément. Quant à nos joueurs NBA d’aujourd’hui, Svi Mikhailuik et Alex Len, il leur a fallu deux jours pour réagir. Leur silence semblait étrange, mais ils ont fini par prendre position.

Beaucoup de joueurs étrangers ont quitté l’Ukraine. Certains autres y sont-ils encore ? Si oui, quels sont leurs sentiments ?

Il n’y a plus aucun joueur étranger en Ukraine, ils sont tous partis. Les clubs ont effectué un énorme travail pour les aider à rejoindre des endroits plus sûrs. Le dernier à partir a été Maurice Creek, un joueur du MBC Mykolaiv, qui a eu du mal pour quitter le pays mais a finalement réussi. La plupart de ces joueurs ont exprimé leur peur, l’incertitude planant du fait de la guerre.

Photo DR

Des joueurs ukrainiens sont-il allés se battre ?

Je n’en suis pas sûr. Je n’ai pas entendu parler de cela pour les joueurs en activité. Mais beaucoup d’entre-eux aident à divers niveaux, en donnant de l’argent, en collectant de la nourriture et des biens pour l’armée ou la population. En revanche, je n’ai pas entendu parler de joueur en activité ou récemment retraité qui ait rejoint l’armée.

Dans votre article, vous évoquez le fait que le niveau du championnat ukrainien a considérablement chuté après les événements de 2014 (NDLR : année où la Russie a annexé la Crimée et envahi des régions de l’est de l’Ukraine, dont le Donbass). Quelles ont été les raisons de cette chute ? Économiques certainement, mais y en a-t-il eu d’autres ?

Nous nous sommes retrouvés dans une situation économique terrible. L’Ukraine n’était pas prête à gérer ces événements. Les régions de Donetsk et Lugansk étaient des moteurs de l’économie ukrainienne, et elles n’étaient plus là pour nous. Puis la guerre est arrivée. L’Ukraine a dû reconstruire son armée tout en faisant face aux énormes problèmes économiques liés à la mauvaise gestion des précédents gouvernements, liée à une corruption galopante. Le basket n’était évidemment pas une priorité à ce moment. En outre, le BC Donetsk et Azovmash, les deux principaux clubs ukrainiens, ont disparu avec la guerre. Et quatre ou cinq clubs dépendaient du même sponsor, qui a perdu beaucoup d’argent à cette époque et a quitté le basket. De plus, les joueurs n’avaient pas envie de venir en Ukraine, avec la guerre. Tout cela a contribué à cette dégringolade.

Qu’ont fait les clubs ukrainiens pour se redresser après 2014 ? Est-ce lié au redressement de l’économie ukrainienne ?

L’économie ukrainienne s’est redressée lentement mais sûrement, après 2014, grâce à l’aide internationale et aux bonnes décisions du gouvernement. Avec une économie en meilleure santé, les ressources budgétaires ont augmenté et il y a de nouveau eu de l’argent dans le basket. Mikhailo Brodskiy, un ancien politicien de premier plan devenu président de la fédération ukrainienne de basket, a fait d’énormes efforts pour attirer à nouveau des entreprises dans le basket, avec succès. Et il a aussi contribué à ce que des collectivités locales soutiennent les clubs. Avec ces soutiens public et privé, les clubs ont pu se reconstruire sur des fondations solides. Ils ont ainsi pu proposer un niveau de jeu intéressant, attirant à nouveau le public et les sponsors. En résumé, le redressement du basket ukrainien s’est effectué grâce à la combinaison de plusieurs facteurs : l’excellent travail de la Fédération, la bonne santé de l’économie du pays, la stabilisation de la sécurité – tout cela ayant permis d’attirer à nouveau, après trois ou quatre ans, des étrangers de bon niveau.

Et dans le futur, lorsque cette terrible guerre sera finie, que devront faire les clubs ukrainiens – et la globalité de l’économie ukrainienne – pour se redresser à nouveau ?

Globalement, la même chose qu’après 2014 : structurer les clubs, payer les salaires en temps et en heure, créer un éco-système fiable autour des joueurs afin qu’ils se concentrent sur leur travail. Pour en arriver là, il faudra bien sûr que l’économie globale du pays soit stabilisée, que des entreprises s’intéressent au basket, qu’il y ait un développement sur et en dehors du parquet. Je crois sincèrement que la situation de notre pays va très bientôt revenir à la normale. Mais, sans joueurs étrangers de haut niveau, le redressement du basket va prendre du temps. Nos clubs avaient noué de nombreux contacts au cours des dernières années, avaient acquis une bonne réputation dans le milieu. De ce fait, les seules conditions nécessaires au redressement du basket ukrainien sont de pouvoir payer les joueurs en temps et en heure et garantir leur sécurité.

Selon ce que vous évoquiez dans votre article, combien de temps faudra-t-il pour que les équipes russes -et l’équipe nationale de Russie- disparaissent de la scène internationale ?

Je pense que cela ira très vite. Sans leurs stars étrangères et les énormes budgets étatiques, les clubs russes ne sont rien. La question la plus importante est : quand ces clubs seront-ils autorisés à revenir dans le concert continental ? J’espère que ce sera dans plusieurs années, ça ne peut pas être moins. Cela étant, je n’ai pas une grande confiance dans la FIBA, l’Euroleague ou les autres institutions du basket. Je n’ai pas l’impression qu’elles aient des principes très rigides.

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Vous avez également dit que la VTB League était « morte ». Est-ce parce qu’il ne va plus y avoir que des clubs russes -plus un du Belarus et un autre du Kazakhstan ? Parce que le niveau va baisser ? En conséquence d’une chute de l’économie ?

Un peu de tout cela. La banque VTB est soumise à de très fortes sanctions, je pense qu’elle n’aura plus les moyens de sponsoriser le championnat comme elle le faisait jusqu’à maintenant. Quant aux clubs russes, ils dépendent totalement de compagnies liées au gouvernement et de subsides de l’État. L’économie russe va plonger, il n’y aura donc plus de ressources pour les soit-disant « projets sociaux » dont le basket fait partie. Il y a aussi, bien sûr, l’aspect géopolitique : la VTB League a été créée comme une version moderne du championnat soviétique, autour de trois pays de base, la Russie, l’Ukraine et la Lituanie, avec en complément un club d’Estonie, un de Lettonie, etc. Les club ukrainiens ont quitté ce championnat en 2014, les Lituaniens ont suivi. Dès ce moment, le projet politique de la VTB League, la recréation d’un championnat soviétique, s’était transformé en échec. Aujourd’hui, les clubs lettons, estoniens et polonais ont également quitté le championnat. Il n’y reste plus que les clubs russes, Tsmoki Minsk (Belarus) et Astana (Kazakhstan). Cette compétition n’a plus rien d’international, c’est juste un championnat russe.

Vous avez également prédit que de jeunes joueurs russes allaient partir dans d’autre pays et en prendre la nationalité. Pensez-vous qu’ils seront nombreux ? Est-ce que de jeunes Ukrainiens en ont fait de même en 2014 ?

Je ne pense pas qu’il y en ait tant que ça, mais il y en aura. J’ai suivi Egor Demin, l’un des jeunes joueurs les plus talentueux de sa génération. Il joue aujourd’hui pour l’académie du Real Madrid et je ne serais pas surpris qu’il prenne la nationalité espagnole. Cela va surtout dépendre de ses parents. En Ukraine, il y a eu plusieurs cas de ce genre, en 2014. La Russie a facilité l’obtention de passeports russes aux habitants des régions de Donetsk, Lugansk et de Crimée. De nombreux joueurs, principalement des jeunes, sont partis en Russie, y ont obtenu leur passeport russe et y jouent. Des coachs m’ont dit que pratiquement toute la génération 1999-2000 du centre de formation du BC Donetsk était partie en Russie, des jeunes très talentueux. Mais aucun de ceux qui sont partis en Russie n’atteindront le niveau d’Issuf Sanon (NDLR : ou Yusuf Sanon, arrière ukrainien de 22 ans évoluant au BC Dnipro et considéré comme le plus grand espoir du pays), qui est de la même génération. Parmi les principaux exemples de joueurs ukrainiens partis, il y a ceux d’Andrey Martyuk et de Joel Bolomboy. Le premier est de Dnipro, il est parti avec ses parents à Krasnodar à cause de la guerre et il est devenu l’une des étoiles montantes du Lokomotiv Kouban, jouant désormais pour l’équipe nationale russe. De son côté, Joel Bolomboy est né à Donetsk puis est allé aux États-Unis, devenant un joueur NCAA de bon niveau. Les sélectionneurs ukrainiens l’ont découvert en 2014, invité au camp de préparation à la Coupe du monde, mais il n’a pas joué en compétition officielle. Plus tard, il a choisi la Russie parce que le CSKA Moscou lui a fait une belle offre, il a donc obtenu un passeport russe. Il aurait pu jouer pour l’Ukraine s’il l’avait voulu, mais il a décidé de le faire pour la Russie.

Une autre de vos prévisions est que les joueurs étrangers qui iront en Russie dans les prochaines années seront de faible niveau. Pensez-vous que des joueurs étrangers iront vraiment jouer en Russie dans le futur, quel que soit leur niveau ? La plupart des joueurs des pays de l’Europe de l’Est ne voudront probablement pas jouer en Russie, ne croyez-vous pas ?

Il y a énormément de joueurs sur le marché. Je suis sûr à 100 % qu’il y aura des joueurs n’ayant pas de connaissance politique et n’ayant rien à faire de l’opinion publique qui iront y jouer. Pour le reste, je pense comme vous que « la plupart » des joueurs des pays de l’Est ne voudront pas aller en Russie. Mais ! Mais vous trouverez toujours l’un ou l’autre prêt à y aller, même pour un salaire moindre. En premier lieu, des Serbes, pays qui se déclare « frère » de la Russie. Et peut-être d’autres de diverses nationalités. Sans oublier, bien sûr, des joueurs américains, il y en a tellement !

Vous avez également affirmé que l’Euroleague devait se réformer. Qu’est-ce qui vous fait penser que l’Euroleague peut disparaître ? Et à quoi devrait ressembler une « bonne » Euroleague, pour vous ?

Pour être honnête, je n’ai pas trop l’esprit à ce sujet. Mais vous pouvez voir, dans de nombreux articles ou fils Twitter, à quel point l’Euroleague est un échec économique, qui engloutit l’argent des investisseurs. Peut-être que des changements de gouvernance apporteront d’autres changements et une dynamique positive. Mais je ne suis sûr de rien. Actuellement, les clubs russes, tout particulièrement le CSKA Moscou, pèsent un poids trop important dans la structure de l’Euroleague. Et il est impossible de prévoir quel est leur futur immédiat et à plus long terme. C’est pour cela que je parlais d’une possible disparition de l’Euroleague. Mais, une nouvelle fois, mes pensées actuelles ne sont pas sur ce sujet.

Vous avez dit que Gazprom donnait de l’argent à certaines personnes. Parliez-vous de dirigeants de l’Euroleague ?

Non, pas officiellement. Gazprom a acheté des wild cards pour des clubs, ils ont sponsorisé l’Euroleague. Et le fait que Gazprom puisse devenir le sponsor majeur de l’Euroleague provoque des grincements de dents depuis plusieurs années, et cela ne s’est pas fait. Pourtant, les Russes ont fait les efforts financiers pour que cela se produise. C’est ça que je voulais dire.

Pour finir, comment voyez-vous la situation évoluer en Ukraine ? La population aide l’armée à combattre les Russes, mais pensez-vous qu’ils puissent résister à l’armée russe ?

Vous doutez du fait que les Ukrainiens puissent résister ? Si c’était le cas, nous n’en serions pas au dixième jour de la guerre (NDLR : treizième jour en ce 8 mars) et plusieurs de nos grandes villes seraient déjà occupées, ou peut-être l’intégralité du pays. Je n’ai aucun doute sur le fait que l’Ukraine va gagner cette guerre, c’est juste une question de temps. Mais le point le plus important, c’est de voir à quel niveau de destructions, de meurtres et de souffrances les russes vont parvenir. Ils vont continuer à bombarder des édifices civils, des écoles, des églises, ils vont continuer à tuer des civils innocents. Mais j’espère que nous allons rapidement les arrêter. Et notre peuple le fera.

Photo d’ouverture : Oleksandr Proshuta (Photo DR)

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Première chose, qui êtes-vous, quels sont vos liens avec le basket ?

Je suis journaliste. J’ai débuté comme reporter dans le football mais je suis passé au basket après l’Euro 2012. J’ai travaillé pour plusieurs sites Web, j’ai été rédacteur en chef de basket-planet.com, un site spécialisé sur le basket européen et ukrainien. J’ai aussi été commentateur, sur des matchs de NBA diffusés sur le site Megogo (il a des droits de diffusion pour la Russie et l’Ukraine) ainsi que sur des matchs du championnat ukrainien à Kyiv. Je suis en quelque sorte un ambassadeur média du basket ukrainien. Dans notre pays, nous n’avons pas beaucoup de journalistes spécialisés, particulièrement pouvant s’exprimer en anglais. Certains collègues me surnomment « Ukrainian Woj » (NDLR : « la source ukrainienne ») pour mes informations sur les transferts, les mouvements de coachs, etc. C’est quand même trop flatteur, je ne fais que transmettre des informations. J’ai aussi couvert des matchs, écrit des éditoriaux, décrit des joueurs, etc. En Ukraine, vous devez avoir plusieurs cordes à votre arc pour être considéré comme un bon journaliste et être correctement payé.

Nous avons vu que vous réalisiez un podcast et disposiez d’une chaîne YouTube. Sont-ils en anglais ou en ukrainien ? Combien de personnes vous y suivent ?

Je travaille sur un podcast appelé SportHub, une sorte de « compagnie de podcasts », qui a des canaux sur divers sujets (football, basket, NFL, cinéma, etc.). Avant le début de la guerre, nous avions quelque chose comme 5 000 abonnés à nos podcasts. Nous diffusons en russe, afin de toucher une audience plus large, la Russie étant le pays où nous étions le plus suivis. Mais je ne sais pas comment cela va évoluer – de nombreux Russes se sont déjà désinscrits. J’ai aussi participé à deux émissions sur YouTube. L’une s’est faite avec Pari-Match (la plateforme de paris la plus importante d’Ukraine), appelée Basket Room. Avec des confrères, nous y parlons du championnat ukrainien et du basket ukrainien de façon globale.Nous avons également diffusé en début d’année deux épisodes d’une émission appelée « Hour of Basketball », sponsorisée par des personnes en lien avec le BC Prometey, le champion d’Ukraine en titre. Il s’agissait d’une émission de type show TV, avec un timing serré, des temps de parole limités, etc. Les statistiques d’audience de ces deux émissions sur YouTube sont plutôt bonnes. Et les retours des téléspectateurs sont positifs, ils ont apprécié ces émissions. Avant ces émissions, il n’y avait rien de semblable en Ukraine, et il y avait une forte demande de ce type de contenu.

Photo DR

Le club de Prometey s’est installé en République Tchèque, avant de se retirer de toutes compétitions (NDLR : l’interview a été réalisée avant l’annonce du retrait de Prometey). D’autres clubs ukrainiens se sont-ils eux aussi délocalisés ?

Non, Prometey a été le seul club à se relocaliser dans un autre pays avant son arrêt des compétitions. Dans les autres clubs, les joueurs étrangers ont été libérés avant le début de la guerre. Aujourd’hui, certaines équipes laissent également partir leurs joueurs ukrainiens, ceux qui veulent partir d’Ukraine alors que l’état de guerre actuel interdit à tout homme entre 18 et 60 ans de quitter le pays. Prometey essayait de continuer sa superbe saison en BCL mais les circonstances en ont décidé autrement. Je comprends parfaitement cette décision. D’un simple point de vue basketballistique, il est très dommage de ne pas avoir pu finir la saison avec ce groupe, mais c’est évidemment tout à fait compréhensible.

Quelle est la réaction des joueurs et joueuses ukrainiens face à la situation actuelle ? Et comment réagissent les anciennes gloires du basket ukrainien comme Artur Drozdov, Kyrylo Fesenko, Vitaly Potapenko ou Sacha Volkov ?

Les joueurs actuels ont posté des histoires sur Instagram ou d’autres réseaux sociaux pour exprimer leur opposition à l’invasion russe. Inutile de dire que je suis fier d’eux. En ce qui concerne nos anciens grands joueurs, seul Kyrylo Fesenko s’est exprimé de manière nette. Il a toujours été très libre dans ses propos, ce n’est donc pas une surprise. Pour sa part, Vitaly Potapenko a quitté l’Ukraine pour les États-Unis il y a 25 ans et n’a pas gardé de liens avec le pays, ne s’identifiant même plus comme Ukrainien. Quant à Artur Drozdov, il n’est pas

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