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ITW Guillaume Blot, fondateur de Viziball : « Le basket européen tarde à incorporer de nouveaux éléments autour de la stat avancée… »

Lancé en 2019, Viziball s’est vu accorder la confiance de la Basketball Champions League pour « apporter des statistiques avancées innovantes à la compétition jusqu’en 2026 ». Mais alors, en quoi est-ce que cela consiste et qu’est-ce que cela représente vraiment pour le basket européen ? Explication

Lancé en 2019, Viziball s’est vu accorder la confiance de la Basketball Champions League pour « apporter des statistiques avancées innovantes à la compétition jusqu’en 2026 ». Mais alors, en quoi est-ce que cela consiste et qu’est-ce que cela représente vraiment pour le basket européen ? Explications signées Guillaume Blot, fondateur de ce projet.

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Là où les États-Unis et les Américains baignent, depuis plusieurs années déjà, dans un basket où règnent des statistiques en tout genre, parfois utiles, souvent tirées par les cheveux, l’Europe peine à évoluer sur ce plan. Un constat que Guillaume Blot a dressé il y a trois années de cela. Guillaume Blot, c’est un parcours universitaire, une quinzaine d’années d’expérience en tant que développeur de solutions logicielles, un doctorat dans le domaine de la data mais aussi et surtout, un mordu de données et un amateur de basket. De ce savant mélange est né Viziball, en 2019, afin d’apporter à une large audience des statistiques avancées en lien avec le basket.

Trois ans après la création de ce projet, c’est la Basketball Champions League qui a décidé de se positionner afin de profiter et, par la même occasion, de mettre en avant les services de Viziball. Mais alors, la culture de la stat ferait-elle désormais pleinement partie de l’évolution du basket européen ? Une chose est sûre, cette collaboration est un premier pas de géant pour les différentes parties, entre un engouement grandissant chez les fans et une reconnaissance naissante pour le savoir-faire de la start-up française, le tout autour d’un univers qui ne peut qu’apporter une approche moderne du basket européen. Guillaume Blot, fondateur, raconte et explique ce monde aux apparences néanmoins complexes.

Guillaume Blot, fondateur de Viziball

Comment l’idée de créer Viziball vous est-elle venue ?

Tout part de la start-up « Data Nostra », que j’ai fondée en 2018 et qui est experte dans la récupération, l’analyse et l’exploitation des données, de manière générale. Comme le but était pour nous de mettre en avant des projets d’innovation, qui répondent à des problématiques nouvelles, on avait besoin d’un projet vitrine pour pouvoir montrer notre savoir-faire.  À côté de ça, mon sport favori, depuis tout petit, c’est le basket, que j’ai pratiqué à un niveau amateur. Je ne vais pas dire que je suis un passionné, je ne suis pas du genre à me lever en pleine nuit pour regarder des matchs, mais je m’y suis toujours intéressé. Et j’avais remarqué, depuis un moment, qu’il y avait un décalage entre ce que pouvait proposer la data-visualisation de nos jours, l’engouement autour des stats et ce qui était fait au niveau du basket, à savoir une analyse des statistiques encore très “archaïque”, avec des tableaux de stats vraiment basiques, sans aucune mise en valeur… On a donc fait une petite étude à ce moment-là. Et on s’est dit qu’on allait faire d’une pierre deux coups en proposant nos services à la communauté basket tout en mettant en avant le savoir-faire de notre entreprise. Aujourd’hui, sept personnes travaillent sur ce projet, qu’on a appelé Viziball : trois sur l’aspect technique et quatre sur la partie analyse et communication.

Si vous deviez définir ce que propose Viziball, que diriez-vous ?

Viziball est un outil d’analyse de matchs de basket et de performances liées à ces matchs, que ce soit sur le plan individuel ou collectif. Notre objectif, c’est avant tout de répondre aux besoins et aux attentes de différents publics et donc, de simplifier, par l’intermédiaire de la data-visualisation, des statistiques avancées qui peuvent paraître complexes au premier abord.  On essaie donc de permettre à un utilisateur lambda de comprendre des statistiques avancées en un seul coup d’œil. Plutôt que de lui faire apprendre et comprendre des formules imbuvables, on va lui montrer des graphiques, avec des formes et des couleurs qui ont un sens, et il va réussir à avoir une vue d’ensemble sur une rencontre ou sur la performance d’un joueur par exemple. Mais bien sûr, on essaie aussi d’apporter une analyse plus poussée pour des férus de stats avancées. Dans tous les cas, on essaie de vulgariser le tout, par la mise à disposition d’un glossaire, mais surtout par la manière dont on va présenter ces stats.

Ici, une « spider chart » comparative de l’apport de David Holston (JDA Dijon) et de John Roberson (SIG Strasbourg) en Basketball Champions League, sur différents critères : les points marqués, le jeu créé, l’agressivité offensive et défensive…

Comment ça fonctionne, ces statistiques avancées ?

Pour calculer l’intégralité de nos statistiques avancées (NDLR : à noter que Viziball, c’est une base de plus de 30 000 matchs NBA notamment, depuis la saison 1996-1997), on a juste besoin d’avoir accès aux statistiques de bases (points, rebonds, passes décisives…), au plus/minus et au play-by-play (le séquentiel d’un match). C’est notre matière première et ça se trouve assez facilement. Avec ça, on peut calculer nous-mêmes nos statistiques avancées. C’est tout automatisé parce que c’est notre expertise, donc c’est assez rapide. Si on a dix matchs à traiter un jour, ça se fait en une dizaine de minutes. Il faut savoir que 90 à 95% des formules que l’on utilise sont reconnues dans le monde de la stat avancée. Parce que développer une nouvelle statistique prend énormément de temps. On a quelques stats dites “expérimentales”, qui sont indiquées comme telles sur notre site, qu’on ne met pas forcément en avant à cause du fait qu’elles ne soient pas forcément reconnues mais qui sont extrêmement intéressantes. Par exemple, on en a une qui s’appelle “clutchness”, qui ne s’applique qu’au dernier quart-temps. Ça va pondérer chaque action en fonction du temps qu’il reste et de l’écart entre les deux équipes. Si un joueur prend un rebond offensif dans les dernières secondes alors qu’il y a égalité, ça n’aura pas du tout le même poids que s’il le prend plus tôt et qu’il y a quinze points d’écart. Ça donne une idée de quel joueur peut être vraiment clutch sur le long terme. Et souvent, ce ne sont pas ceux qui ont la hype d’avoir mis un panier au buzzer parce qu’ils ont peut-être perdu trois ou quatre ballons avant par exemple…

Il y a des dizaines de types de stats avancées mises en avant sur votre site. Laquelle est selon vous la plus parlante et pourquoi ?

On a une stat qui s’appelle le PIE* (Player Impact Estimate), qui est reconnue dans le monde de la stat avancée et qui va résumer de manière plus générale l’impact d’un joueur sur la rencontre. Ça s’apparente à l’évaluation, mais sous forme de proportion. C’est-à-dire qu’en additionnant tous les PIE des joueurs d’une équipe sur un match, on obtient 100%. Ça permet d’analyser plus en profondeur l’impact d’un joueur. Il peut avoir deux fois la même ligne de stats en deux matchs, mais avoir un PIE totalement différent en fonction de l’apport de ses coéquipiers ou de la physionomie de la rencontre par exemple. Quand je l’explique comme ça, ça peut encore être un peu complexe. Mais sur notre site, on peut visualiser ce PIE sous la forme de plusieurs cercles, plus ou moins gros. En fait, il n’y a presque même pas besoin de savoir ce qu’est précisément le PIE, il y a juste besoin de savoir que, plus un joueur a performé, plus son cercle est gros, et inversement. Une image vaut mieux que mille mots, comme on dit.

Graphique du match entre Galatasaray et Dijon. Le plus gros des cercles dijonnais (en bleu) est celui de David Holston, qui est donc le joueur de la JDA avec le plus gros impact sur cette rencontre, avec près de 18%.

En regardant les stats avancées d’une rencontre, on peut donc comprendre à peu près tout ce qu’il faut savoir à propos de cette rencontre ?

Pas vraiment. En tout cas, ce n’est pas notre crédo. On apporte simplement un outil d’aide à la décision, une analyse supplémentaire. Mais la stat est là pour être pondérée derrière, pas pour remplacer une analyse complète d’une rencontre.  N’importe quel coach dira que les stats, c’est super, mais que ça ne fait pas tout. Il y a des joueurs qui n’ont pas forcément des stats flamboyantes mais qu’il est impossible d’enlever d’une rotation. Tout ça parce qu’il y a certaines choses qui ne sont pas visibles dans les stats, même les plus avancées possibles, comme l’aspect défensif par exemple.

Plus globalement, quelle place prennent les stats dans le basket actuel selon vous ?

Sur certains points, j’ai l’impression que le basket européen tarde à incorporer ces nouveaux éléments autour de la stat. Mon hypothèse, c’est qu’il y a un facteur économique. Ça peut coûter cher d’apporter ces nouvelles technologies. Les clubs NBA ont des services dédiés aux stats. Chaque franchise a comme une petite start-up pour ça. En Europe, on n’a pas les mêmes moyens donc on bricole un peu, avec ce qu’on a, et ça reste très basique. Et c’est là qu’on peut apporter quelque chose, avec Viziball, un outil clé en main, presque totalement automatisé.  Après, il y a peut-être un facteur culturel aussi. Pour reparler du continent américain, on sait qu’il y a là-bas une culture de la stat depuis des années déjà. Mais ici, c’est en train de changer, avec les nouvelles générations qui sont demandeuses de ce genre de technologies, d’analyses plus poussées etc. C’est aussi pour ça qu’il faut leur mettre à disposition des stats pertinentes, pour les faire adhérer à ça. Mais l’engouement est grandissant, c’est une certitude.

Basketball Champions League x Viziball

Comment la collaboration avec la Basketball Champions League s’est-elle mise en place ?

Viziball, c’est avant tout un projet d’innovation, pensé sur le long terme. On a une autre activité avec Data Nostra, grâce à laquelle on a financé le projet jusqu’à maintenant. Et c’est la visibilité de ce projet vitrine qui nous finançait jusqu’à maintenant. Donc on a pris le temps de le construire au contact des professionnels du basket. On a eu beaucoup de retours de coachs de renom, comme Vincent Collet, qui était vraiment très intéressé et qui nous a donné de bons retours. Aujourd’hui, on est très ancrés dans la communauté basket. On a présenté notre outil à plusieurs ligues. On discutait beaucoup avec la LNB mais les étoiles n’étaient pas alignées à l’époque à cause du Covid et de l’arrêt des championnats. Et puis, quand tu présentes un projet innovant, c’est plus compliqué pour les ligues d’y adhérer et ça peut faire peur. Mais les discussions sont toujours en cours ! Au fil des discussions qu’on a pu avoir, on est tombé sur des personnes investies du côté de la Basketball Champions League, qui avaient à cœur d’apporter des stats avancées à leur communauté. Le courant est passé de suite. Eux avaient besoin de stats avancées et nous, on en avait. Ce qui a fait qu’on pouvait enrichir leur vision de ça et inversement parce qu’ils sont arrivés avec un vrai niveau d’expertise et des suggestions nouvelles. C’est vraiment gagnant-gagnant j’ai l’impression.

Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Énormément de choses ! C’est tout d’abord une vraie reconnaissance pour nous parce qu’on collabore avec le championnat européen de la FIBA. On est à cheval sur plein de pays, donc ça va nous apporter une visibilité à l’échelle européenne et on ne pouvait pas rêver mieux. C’est aussi la première collaboration qui va faire que Viziball va pouvoir être autonome. Parce qu’évidemment, une collaboration qui s’étale jusqu’en 2026, c’est économiquement conséquent pour une petite entreprise comme la nôtre. L’objectif maintenant, c’est évidemment de collaborer avec d’autres ligues. Parce que je pense qu’il y a des besoins et qu’on peut y répondre, facilement et rapidement. Donc pourquoi pas devenir l’un des acteurs principaux dans ce domaine !

*Pour les plus férus de mathématiques et pour plus de précision, voici la formule du PIE (Player Impact Estimate) : (PTS + FG + FT – FGA – FTA + DRB + (0.5 x ORB) + AST + STL + (0.5 x BLK) – PF – TO / (GamePTS + GameFG + GameFT – Game FGA – GameFTA + GameDRB + (0.5 x GameORB) + GameAST + GameSTL + (0.5 x GameBLK) – GamePF – GameTO)

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Là où les États-Unis et les Américains baignent dans un basket où règnent des statistiques en tout genre, parfois utiles, souvent tirées par les cheveux, l’Europe peine à évoluer sur ce plan. Un constat que Guillaume Blot a dressé il y a trois années de cela. Guillaume Blot, c’est un parcours universitaire, une quinzaine d’années d’expérience en tant que développeur de solutions logicielles, un doctorat dans le domaine de la data mais aussi et surtout, un mordu de données en tout genre et un amateur de basket. De ce savant mélange est né Viziball, en 2019, afin d’apporter à une large audience des statistiques avancées en lien avec le basket.

Trois ans après la création de ce projet, c’est la Basketball Champions League qui a décidé de se positionner afin de profiter et de mettre en avant les services de Viziball. La culture de la stat ferait-elle désormais pleinement partie de l’évolution du basket européen ? Une chose est sûre, cette collaboration est un premier pas de géant pour les différentes parties, entre un engouement grandissant chez les fans et une reconnaissance naissante pour le savoir-faire de la start-up française, le tout autour d’un univers qui ne peut qu’apporter une approche moderne du basket européen. Guillaume Blot, fondateur, raconte et explique ce monde aux apparences néanmoins complexes.

Comment l’idée de créer Viziball vous est-elle venue ?

Tout part de la start-up Data Nostra, que j’ai fondée en 2018 et qui est experte dans la récupération, l’analyse et l’exploitation des données, de manière générale. Le but étant pour nous de mettre en avant des projets d’innovation, qui répondent à des problématiques nouvelles, on avait besoin d’un projet vitrine pour pouvoir montrer notre savoir-faire.

À côté de ça, mon sport favori, depuis tout petit, c’est le basket, que j’ai pratiqué à un niveau amateur. Je ne vais pas dire que je suis un passionné, je ne suis pas du genre à me lever en pleine nuit pour regarder des matchs, mais je m’y suis toujours intéressé. Et j’avais remarqué, depuis un moment, qu’il y avait un décalage entre…

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Photo : Viziball

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