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ITW Joffrey Lauvergne : « Au Zalgiris Kaunas, j’ai créé des liens que j’attendais de créer depuis le Partizan »

Vie en Lituanie au pays du basket, saison d’Euroleague tronquée par son opération à l’épaule, histoire en NBA pas forcément terminée… L’intérieur du Zalgiris Kaunas Joffrey Lauvergne (2,11 m, 30 ans) se livre sur ses attentes et ses ambitions futures.

Vie en Lituanie au pays du basket, saison d’Euroleague tronquée par son opération à l’épaule, histoire en NBA pas forcément terminée… L’intérieur du Zalgiris Kaunas Joffrey Lauvergne (2,11 m, 30 ans) se livre sur ses attentes et ses ambitions futures.

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Arrivé en 2020 en Lituanie, Joffrey Lauvergne sait qu’il n’est que de passage à Kaunas. Cela ne l’a pas empêché, six mois à peine après son arrivée, de prolonger avec le Zalgiris jusqu’à l’été 2023, là où il a noué des liens extra basket comme il n’avait jamais créé depuis la saison 2013-2014 avec le Partizan Belgrade, au sein d’un petit pays de 3 millions d’habitants et qui respire le basket.

La saison d’Euroleague ne s’est pas bien déroulée collectivement, le club terminant à la dernière place ex-aequo avec l’ASVEL (8-20), loin du bilan de la saison précédente (17-17). La faute, entre autres, à l’absence de son intérieur français, qui n’a pu disputer que 13 rencontres européennes (8,3 points, 3,4 rebonds en 15 minutes), soit son plus petit total de matches depuis 10 ans et son départ de Chalon-sur-Saône. Mais l’international tricolore ne perd pas espoir de remonter la pente, fort notamment de sa réathlétisation express à l’épaule, en France. Il se confie sur cet exercice en tous points particulier.

Vous avez été éloigné des terrains près de quatre mois, vous n’avez disputé que 13 matches d’Euroleague cette saison. Quel bilan dressez-vous de cet exercice ?
« C’était une saison compliquée pour le club. On a fait des bons matches, de bonnes prestations, durant le dernier mois et demi de compétition. Il faut en tirer du positif et rester optimiste pour la fin de saison en championnat. D’un point de vue individuel, je suis bien revenu après une longue blessure. Le terrain me manquait. J’ai eu de bonnes sensations, et je suis très heureux d’avoir pu rejouer une partie de la saison en Euroleague. »

Joffrey Lauvergne face à Vincent Poirier (Real Madrid) (c) Euroleague

Comment s’est déroulée votre opération à l’épaule, en France ? Ressentez-vous encore une quelconque gêne ?
« Je n’ai plus du tout de gêne. Juste après la reprise, on était au minimum du minimum du minimum de ce qu’on pouvait faire en termes de timing, je crois d’ailleurs que j’ai un record de reprise chez un sportif avec cette opération-là. Au début, il me manquait un peu de force, mais la douleur s’est estompée petit-à-petit. Aujourd’hui, ça fait environ deux mois que j’ai repris. Je peux dire que j’ai quasiment la force équivalente des deux côtés. Je suis content d’avoir pris cette décision de m’être fait opérer en France, à Lyon. Ils ont été super en termes de suivi, de réhabilitation. »

Pour la première fois depuis une dizaine d’années, vous avez donc passé plusieurs mois en France…
« Ah oui, je confirme, c’était la première fois où j’étais en France au repos complet, avec un bras en moins que je ne pouvais pas beaucoup bouger, sans être à droite à gauche pour visiter tout le monde. C’est vrai que j’ai bien profité de ma famille et de mes proches comme je n’avais pas pu le faire pendant des années. C’est un peu comme tout dans la vie : j’ai essayé de tirer le meilleur de la situation dans l’état où elle était. J’ai réussi à en faire un truc sympa (sourire). »

« Dans les salles, dans les rues, il y a des drapeaux de l’Ukraine. On le sent partout. C’est vraiment un sujet très important pour les Lituaniens »

Sur le plan collectif, est-ce vécu comme un drame national de figurer en queue de classement de l’Euroleague ?
« Je ne sais pas. Parce que je n’ai pas énormément d’échos hormis ceux de mes coéquipiers. Je ne lis pas la presse. C’est certain que c’est une saison difficile pour les gens, les fans. Après, j’essaie de mettre un peu de distance avec ça tout simplement parce que je suis malgré tout fier de ce que je fais dans l’implication, et surtout, j’ai envie de prendre du plaisir à jouer au basket. Ce que j’ai traversé personnellement cette saison, ça aide à relativiser. C’est mon état d’esprit général. J’ai envie de prendre du plaisir quoi qu’il se passe et de me contenter de faire le mieux que je peux. Le reste ne m’appartient pas forcément. »

A l’inverse, lorsque Paulius Jankunas prend sa retraite, c’est un événement national en Lituanie ?
« Complètement. Lors du dernier match d’Euroleague, l’Etoile Rouge n’avait plus rien à jouer, on n’avait plus rien à jouer non plus entre guillemets, et pourtant la salle était remplie comme elle n’a jamais été remplie cette année. Cela vous situe l’événement. Tout le monde adore Paulius, je crois que je n’ai jamais entendu quelqu’un dire du mal de lui. Ce match s’est en plus très bien fini. J’ai trouvé son dernier match parfait parce qu’on termine sur une victoire, dans un match où il joue bien… C’était une combinaison de choses qui font que c’était vraiment une fête. »

Le Zalgiris Kaunas a joué avec un maillot aux couleurs de l’Ukraine (c) Euroleague

Ce même match avait commencé par un autre « événement », lorsque les joueurs de l’Étoile Rouge de Belgrade ont refusé de tenir la bannière « Stop War ». Comment cela a-t-il été vécu en Lituanie ?
« (Longue respiration). L’une de mes passions, c’est l’histoire. Je comprends d’autant plus l’histoire de ces deux pays parce j’ai vécu, j’ai été bien et j’ai passé du temps dans chacun d’eux. Les avis ne convergent pas. Ça reste de la politique… Moi, en tant que Français, je suis un peu plus neutre, ça m’impacte moins. Après, je sais que les deux pays ont des positions et des points de vue diamétralement différents du fait de leur histoire, ce sont des choses qui, au regard de l’histoire, s’entendent. À partir de là, mon point de vue n’est pas le plus intéressant sur le sujet. »

Ressentez-vous malgré tout une hostilité, voire de la peur, vis-à-vis de la Russie en Lituanie ?
« Bien sûr. Les gens ont peur, c’est la première chose. Malheureusement, ça dure en Ukraine. Alors que beaucoup de gens, y compris en Lituanie, pensaient que ça allait être plus rapide. J’ai l’impression que les Lituaniens ont le sentiment d’avoir moins le couteau sous la gorge qu’il y a un mois, cela n’empêche que les gens en parlent beaucoup. Dans les salles, dans les rues, il y a des drapeaux de l’Ukraine. On le sent partout. C’est vraiment un sujet très important pour eux. »

« Aujourd’hui, est-ce que j’ai tiré un trait définitif sur la NBA ? Je ne sais pas. L’avenir me le dira. Pour le moment, j’ai encore une saison de contrat dans un endroit où les gens m’apprécient pour ce que je suis »

Vous êtes en Lituanie depuis 2020. Comment est la vie à Kaunas ?
« Globalement, j’apprécie la ville. Je suis surtout tombé l’année dernière dans une équipe où il faisait tellement bon vivre que j’ai décidé de prolonger extrêmement tôt, dès le mois de janvier. Les conditions dans lesquelles ont est traité sont excellentes. On voyage tout le temps en avion privé, les déplacements les plus lointains en Lituanie sont à deux heures et demi donc on est tout le temps à la maison, c’est très agréable. Et surtout, je me suis fait des potes. Il y a des équipes avec lesquelles tu crées plus de liens que d’autres, et ici la bande de Lituaniens me convient bien. »

Comment sont les fans vis-à-vis de ceux de Belgrade ou des villes NBA que vous avez fréquenté ?
« C’est difficile de comparer car, malheureusement, la saison dernière, il n’y a eu que les deux premiers matches de la saison avant que les stades soient en capacité limitée. C’était lock down partout. Et cette année, d’après ce que j’ai pu comprendre en discutant avec les gens du club, c’est un peu les mêmes histoires que ce que j’ai pu entendre en France par rapport à la vente de tickets. Les gens ont pris l’habitude de regarder les matches à la télé, ils n’ont pas très envie de porter les masques… Tout ça combiné au manque de résultats, ça fait que ce n’est pas l’année où les fans se sont le plus déplacés. Malgré tout, il y a régulièrement 10 000 personnes. Tout le monde suit le basket ici, c’est le sport numéro un, et de très très loin. Tout le monde suit. La petite dame de 75 ans qui ne parle pas un mot d’anglais, elle te reconnait dans la rue. C’est agréable. »

Pour vous, l’attachement à un maillot comme ceux du Partizan et du Zalgiris est-il plus important que d’appartenir à une franchise NBA ?
« Pour moi, oui, évidemment. Le Partizan, c’était il y a 10 ans, j’ai l’impression que c’était hier. Ce club de Zalgiris… Ici, je suis en train de créer des liens que j’attendais de créer avec un autre club depuis le Partizan, parce que c’est ma manière de voir les choses et de me sentir part de quelque chose. »

https://www.youtube.com/watch?v=P1NEd77FRqk

Sur le terrain, dans quel style de jeu se sentez-vous le mieux, européen ou NBA ?
« Bonne question. Les deux ont des styles de jeu très différents, des systèmes et des visions fondamentalement différentes, sur et en dehors du terrain. Je trouve des côtés avantageux dans les deux situations. Après, par rapport à la vie extra-basket et la mentalité, l’Euroleague me convient peut-être mieux, quand bien même il y a d’autres avantages à jouer en NBA, comme les vacances, les conditions dans lesquelles on joue, et qui ne sont bien évidemment pas les mêmes partout en Europe. La vie au Zalgiris ressemble à celle de la NBA, on a un staff complet, des avions privés en permanence. Après, ce n’est pas partout le cas en Europe. Quand on met tout ça dans la balance, il y a du positif des deux côtés. »

A 30 ans, vous êtes sous contrat jusqu’en 2023 mais retourner en NBA est-il toujours une perspective ?
« Je ne sais pas. L’année dernière, il y a beaucoup de choses qui se sont passées à merveille à Kaunas : superbes saison collective, individuelle, tout faisait que je se sentais qu’il fallait continuer. J’avais deux ans de contrat garanti. À l’arrivée, quand on met les choses dans la balance… Il y aurait fallu que je trouve au moins aussi long et au moins aussi bien, ce qui rajoutait une contrainte par rapport à la NBA. Aujourd’hui, est-ce que j’ai tiré un trait définitif sur la NBA ? Je ne sais pas. L’avenir me le dira. Pour le moment, j’ai encore une saison de contrat dans un endroit où les gens m’apprécient pour ce que je suis, et où je me dis que, malheureusement ou heureusement, on fait une saison où on gagne 18 matches l’an dernier, cette année seulement 8, ce qui signifie que la concurrence est rude. Mais le fait qu’on est fait une mauvaise saison collectivement cette année en Euroleague ne me fait pas avoir de doute par rapport à la suite de ma carrière ici, ni quant à la capacité du club à redresse la barre dès la saison prochaine. »

« A Chalon, c’est la première fois que je gagnais des titres. Ce sont des choses importantes dans le début d’une carrière parce que rapidement, on se dit que si on est capables d’arriver en finale une fois, on est capable de le refaire »

Lorsque Emmanuel Macron a effectué une visite en Lituanie, le président lituanien Gitanas Nauseda vous a demandé d’être présent. Cela veut dire qu’il vous connaissait, et pas le président français, c’est ça ?
« C’est vrai. Après, la France reste un plus grand pays, où le basket a moins d’importance, c’est comme ça, ce n’est pas la même culture. Cela dit, même si j’ai un attachement tout particulier à ce club du Zalgiris, je ne reste qu’un invité. Comparé à d’autres joueurs, mon temps est compté ici, en quelque sorte. Ce n’est pas comme mes coéquipiers qui sont nés à Kaunas, qui jouent ici depuis 20 ans et qui resteront dans le club après leur carrière de joueur. Ça a des côtés sympa. Après, j’aime bien aussi la tranquillité que je peux avoir en France, je sais que je peux être tranquille, contrairement à mes coéquipiers lituaniens chez eux en Lituanie (rires) »

Vous intéressez-vous à la culture lituanienne ?
« La culture lituanienne, ça me va bien. Je ne viens pas de Paris ni de Lyon, moi je viens d’un petit village. Une ville comme Kaunas avec 330 000 habitants, ça me parait une grande ville quand même, et ça me convient ! Après, j’ai tellement voyagé et vu d’autres choses que je me rends compte que c’est ni Chicago ni Istanbul, mais j’y trouve mon compte. Je suis ici ponctuellement pour le basket, et j’ai trouvé un endroit où la vision du basket et des choses fait que je suis heureux et satisfait. »

Joffrey Lauvergne (numéro 15) avec Nicolas Lang (numéro 9), l’année du triplé de Chalon (c) Charlotte Geoffray

L’Elan Chalon fête cette année les 10 ans de son triplé. Qu’est-ce que ça représente pour vous ?
« De beaux souvenirs avant tout. C’est la première fois que je gagnais des titres. Ce sont des choses importantes dans le début d’une carrière parce que rapidement, on se dit que si on est capables d’arriver en finale une fois, on est capable de le refaire. C’était une belle période avec Nico Lang, JBAM, des Rémy Delpon, des Dominique Juillot, Yves Duvernois qui est décédé depuis, plein d’autres personnes. J’ai énormément de bons souvenirs. J’étais retourné à Chalon quelques fois quand à l’époque où je jouais encore en NBA histoire de revoir les gens que j’avais apprécié. Depuis que je suis rentrée en Europe, je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner. Mais j’ai eu Rémy Delpon au téléphone dernièrement parce qu’il voulait m’envoyer quelque chose par rapport aux 10 ans… Je ne sais pas ce que c’est, j’ai fait livrer chez mon père, on verra quelle surprise on nous réserve ! (Rires) »

Regardez-vous les matches de votre sœur Joanne (Charnay) ?
« Je suis allé deux trois fois à Charnay quand j’étais en rééducation en France en début de saison, dont une fois avec Tony (Parker) car elle jouait contre l’ASVEL. Je suis très content que ma soeur joue pour la première fois en première division cette année. »

Et ceux de vos amis Léo Westermann et Axel Toupane, également des anciens du Zalgiris Kaunas ?
« Bien sûr, et pour d’autres raisons que le fait qu’ils soient passés par le Zalgiris. Le monde est quand même petit parce que Léo, c’est mon meilleur pote, et Axel, on a grandi ensemble dans le même village entre 7 et 12 ans. On s’est retrouvés à Denver en NBA. Ce sont des histoires magnifiques. Quand on était petits, on jouait toute la journée au basket chez lui et on allait dans notre club de campagne, et on s’est suivis. Il y avait une chance sur combien qu’on se suive comme ça ? J’aurais peut-être dû jouer à l’Euromillions (rires). C’est marrant aussi parce que Léo s’est lui aussi super bien entendu avec le groupe de Lituaniens à Kaunas. Et combien de fois je l’ai appelé quand il était avec ses coéquipiers ? Quand je suis moi-même arrivé ici, c’est presque comme si on se connaissait déjà parce que je leur avais déjà parlé via Léo. Ça n’a rendu mon intégration que plus rapide. »

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Arrivé en 2020 en Lituanie, Joffrey Lauvergne sait qu’il n’est que de passage à Kaunas. Cela ne l’a pas empêché, six mois à peine après son arrivée, de prolonger avec le Zalgiris jusqu’à l’été 2023, là où il a noué des liens extra basket comme il n’avait jamais créé depuis la saison 2013-2014 avec le Partizan Belgrade, au sein d’un petit pays de 3 millions d’habitants et qui respire le basket.

La saison d’Euroleague ne s’est pas bien déroulée collectivement, le club terminant à la dernière place ex-aequo avec l’ASVEL (8-20), loin du bilan de la saison précédente (17-17). La faute, entre autres, à l’absence de son intérieur français, qui n’a pu disputer que 13 rencontres européennes (8,3 points, 3,4 rebonds en 15 minutes), soit son plus petit total de matches depuis 10 ans et son départ de Chalon-sur-Saône. Mais l’international tricolore ne perd pas espoir de remonter la pente, fort notamment de sa réathlétisation express à l’épaule, en France. Il se confie sur cet exercice en tous points particulier.

Vous avez été éloigné des terrains près de quatre mois, vous n’avez disputé que 13 matches d’Euroleague cette saison. Quel bilan dressez-vous de cet exercice ?
« C’était une saison compliquée pour le club. On a fait des bons matches, de bonnes prestations, durant le dernier mois et demi de compétition. Il faut en tirer du positif et rester optimiste pour la fin de saison en championnat. D’un point de vue individuel, je suis bien revenu après une longue blessure. Le terrain me manquait. J’ai eu de bonnes sensations, et je suis très heureux d’avoir pu rejouer une partie de la saison en Euroleague. »

Sur le plan collectif, est-ce vécu comme un drame national de figurer en queue de classement de l’Euroleague ?
« C’est certain que c’est une saison difficile pour les gens, les fans…

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Photo : Joffrey Lauvergne (Euroleague)

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