Aller au contenu

ITW Neno Asceric, auteur d’une saison de rêve avec Évreux : « L’argent, c’est important, mais ça ne fait pas tout »

Alors que les playoffs de Pro B pourraient rendre leur verdict samedi soir (match 2 de la finale entre Blois et Antibes à 17h), le coach Neno Asceric (56 ans) revient sur la saison historique d’Évreux, vainqueur de la Leaders Cup, qualifié pour les playoffs après une série de 11 victoires consécutiv

Alors que les playoffs de Pro B pourraient rendre leur verdict samedi soir (match 2 de la finale entre Blois et Antibes à 17h), le coach Neno Asceric (56 ans) revient sur la saison historique d’Évreux, vainqueur de la Leaders Cup, qualifié pour les playoffs après une série de 11 victoires consécutives et tombé contre Antibes en quarts, diminué par de nombreuses blessures.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Implanté en LNB depuis sa création en 1987, l’ALM Evreux fait partie de ces équipes qui ne sont jamais descendues en Nationale 1. Paradoxalement, le club n’a soulevé son premier titre que cette saison, sous les ordres de Neno Asceric, avec l’obtention de la Leaders Cup sur les terre nancéiennes. Le technicien serbo-autrichien – qui va prochainement demander la nationalité française – nous raconte cette saison des montagnes russes et comment gérer la prochaine, alors que la majeure partie de son effectif devrait être courtisée sans que l’ALM – 17e masse salariale de Pro B – ne puisse s’aligner financièrement.

Vous terminez la saison sur quatre défaites, dont deux en playoffs, après avoir battu le record du club avec 11 victoires d’affilée. Comment l’expliquez-vous ?
« C’est logique, très logique. Cette série historique de 11 victoires durant laquelle nous avons battu les meilleurs clubs de Pro B nous a coûté quelque part très cher en playoffs. Lors de notre 11e victoire, contre Saint-Chamond (le 3 mai), nous avons perdu quatre joueurs ! On a perdu Bangaly Fofana, Paolo Marinelli, Shekinah Munanga et Dimitri Radnic, et c’était 15 jours avant les playoffs… Ça signifie qu’on s’est entraînés deux semaines avec six joueurs pro, on a essayé de gérer les deux derniers matches de saison régulière tant bien que mal avant les playoffs. Shekinah a essayé de revenir mais il avait une belle déchirure abdominale, Bangaly n’est pas revenu avant le dernier match… J’ai essayé de remplacer Paolo par un joker médical mais nous n’avions pas les moyens pour ça. Il a finalement joué les derniers matches, mais fortement diminué. Et Dimitri avait un problème de pouce sur sa main forte… On a terminé la saison comme on l’avait commencé : avec beaucoup de blessures. Ces quatre dernières défaites, elles sont logiques. »

Ne vous dites-vous pas qu’il y avait tout de même de la place contre Antibes en quarts de finale ?
« Sans quatre joueurs… C’était trop. Quand bien même les six joueurs restants ont fait le boulot, ils ne pouvaient pas monter à plus de 100% sur cette période. Lors du match 1, on était devant pendant 35 minutes, on avait le niveau pour remporter le match mais on a manqué de fraicheur en fin de rencontre. On était vraiment diminués, et on a fini par leur donner ce premier match. Quant au deuxième, on a complètement lâché en deuxième mi-temps. Je trouve ça… logique quelque part, même si c’est dommage parce qu’avec la qualité de jeu que nous avons développé cette année, au complet, nous aurions pu aller jusqu’au bout sans aucun problème. »

(c) LNB / IS

Vous étiez lanterne rouge mi-décembre et vous terminez tout de même 5e de la saison régulière, fort de 11 victoires de rang et d’un premier titre en Leaders Cup. Vous ne pouviez pas rêver d’un meilleur scénario ?
« C’est sûr, il faut en être très contents. On a fait une saison exceptionnelle. On termine même 4e ex-aequo avec Blois. Sans ces blessures malheureuses en fin de saison, et même en début parce qu’on perd 5-6 matches avec un effectif réduit, à-1, à -2, on aurait même pu terminer 3e de saison régulière et qui sait, monter en Betclic Elite. C’est comme ça, c’est le sport. Mais il ne faut pas minimiser cette très belle saison, et ces résultats acquis malgré la 17e masse salariale du championnat (600 000 euros) ! Quand nous étions derniers, nous n’avons jamais paniqué, on a su rester calmes. On a gagné la Leaders Cup avec la manière, en allant gagner à Nancy devant 6 000 supporters. Ce titre rentre dans l’histoire du club, et il faut le voir comme ça. Je suis très heureux pour le club et les joueurs parce qu’on a fait quelque chose d’historique. »

Diriez-vous que c’est la plus belle saison de votre carrière en tant que coach ?
« En France, j’ai aussi connu une très belle saison avec Lille (en 2017) quand on a terminé 3e avec l’équipe la plus jeune de la division. Mais comme cette année, il nous avait manqué plusieurs joueurs en playoffs et ce n’était pas passé. Mais à Lille, on n’avait pas gagné la Leaders Cup, donc on peut dire que cette saison est la plus heureuse que j’ai connu en France. Mais j’avais aussi connu de très beaux titres et très belles saisons à l’étranger, en Autriche (champion en 2011), au Mexique, en Hongrie, en Ligue Adriatique… »

« Il y a autre chose chez les petits budgets : l’envie, l’enthousiasme, et ça c’est transmis par les joueurs et l’entraîneur. Les meilleurs coachs sont ceux qui sont capables de s’adapter à toutes les situations et de tirer le maximum de chacun, peu importe les moyens. »

Saint-Chamond, Saint-Quentin, Evreux, Vichy-Clermont… Les petits budgets ont encore une fois montré qu’en Pro B, l’argent ne dictait pas toujours les résultats sportifs ?
« L’argent, c’est important, mais ça ne fait pas tout. Nous, on avait l’avant-dernière masse salariale, et encore on n’a pas tout utilisé. Après, il faut avoir un peu de chance avec un petit budget. Si tu te trompes sur plusieurs joueurs, tu n’as pas les moyens de réagir. Et aussi, il ne faut pas avoir trop de blessures. Bien sûr, les plus gros budgets ont de meilleures structures, de meilleures conditions de déplacement, plus de flexibilité, c’est comme ça. Mais il y a autre chose chez les petits budgets : l’envie, l’enthousiasme, la gnaque, et ça c’est transmis par les joueurs et l’entraîneur. A mon avis, les meilleurs coachs sont ceux qui sont capables de s’adapter à toutes les situations et de tirer le maximum du potentiel de chacun, peu importe les moyens. C’est ce qu’on a fait à Evreux au niveau de l’argent et du style de jeu. C’est essentiel, et ça fait la différence au niveau des résultats. »

Quel est votre regard sur le jeune Armel Traoré, qui appartient à Monaco et qui vous a rejoint en cours de saison ?
« Armel, c’est un très bon garçon, déjà humainement. J’étais déjà intéressé pour le recruter à sa sortie de l’INSEP en mai 2021, mais il avait opté pour le projet de Monaco. Il n’a pas beaucoup joué là-bas, et le départ d’Antoine Wallez, qui était JFL, a ravivé notre intérêt pour lui, parce que ce n’était pas simple de trouver un JFL en cours de saison. À mon avis, cette expérience ici était très bien pour lui, parce il a eu du temps de jeu, et aussi très bien pour nous car nous avions besoin d’un joueur avec de l’envie, des qualités athlétiques, du dynamisme et de l’énergie. Maintenant, c’est un garçon qui doit encore continuer à travailler au niveau du basket. Je suis certain qu’il continuera sa progression comme il l’a fait ici en continuant de centrer son travail sur le basket. »

« Après une saison comme celle-ci, j’aimerais garder toute l’équipe. Malheureusement, nos moyens ne nous le permettent pas »

Serez-vous toujours aux commandes d’Evreux la saison prochaine ?
« Je suis sous contrat jusqu’en 2023. J’avais une clause de sortie en cas d’intérêt en Betclic Elite mais il n’y a pas eu beaucoup de mouvement donc il ne s’est rien passé. Je vais donc très probablement rester à Evreux une saison de plus. »

Pas mal de clubs sont actifs sur le marché des transferts depuis la fin de la saison régulière de Pro B mais Evreux n’a rien communiqué officiellement. Où en est le recrutement ?
« C’est toujours la même problématique qu’on vient d’évoquer par rapport à la masse salariale. Après une saison comme celle-ci, j’aimerais garder toute l’équipe. Malheureusement, nos moyens ne nous le permettent pas puisque la cote de bon nombre de nos joueurs a augmenté, et ils seront bien sûr courtisés et mieux payés ailleurs. Comme chaque année, il va falloir rebâtir l’équipe, reconstruire à zéro. Je ne vais pas mentir, ce n’est pas facile, ça pose des problèmes. Avec un peu plus de moyens, ce serait possible de conserver 5 à 6 joueurs d’une année sur l’autre pour avoir un socle solide. Ce ne sera probablement pas le cas la saison prochaine. »

(c) LNB/IS

Vous disposez quand même de trois joueurs sous contrat par rapport à la saison dernière : Shekinah Munanga, Tommy Ghezala et Thibault Daval-Braquet…
« C’est vrai, mais on peut presque dire que nous n’avons que deux joueurs de cette saison sous contrat puisque Thibault (Daval-Braquet) n’a pas joué du tout. Il ne s’est même pas entraîné avec nous puisqu’il a rechuté au premier entrainement. Je ne sais pas vraiment ce que je peux attendre précisément de lui la saison prochaine. Pour le reste des joueurs, on verra si nous sommes capables d’en garder au moins un, sinon nous n’aurons que d’autres choix que de reconstruire à zéro. J’espère pouvoir travailler avec des jeunes, et pourquoi pas donner à certains une chance d’évoluer à un plus haut niveau et progresser. C’est comme cela qu’on arrivera peut-être à faire de nouveaux résultats la saison prochaine. »

Le budget (1,7 million d’euros) et la masse salariale (600 000 euros) d’Evreux vont-ils augmenter la saison prochaine ?
« Cela ne va pas augmenter, ce devrait être plus ou moins le même budget, et surtout la même masse salariale. Je n’ai pas plus d’informations au moment où l’on se parle. »

Dans une précédente entrevue, vous nous aviez raconté que vous vous étiez préparé toute votre vie à coacher au plus haut niveau. Après une saison comme la vôtre, ça ne vous donne pas envie d’aller voir plus haut ?
« Vous savez, je sais que je me suis préparé toute ma vie pour coacher au plus haut niveau, français mais aussi européen. J’ai passé tous mes diplômes, j’ai participé à des dizaines et dizaines de clinics, j’ai beaucoup d’expérience. Mais ça ne fait pas tout : il y a aussi les opportunités. A l’époque où je coachais en Ligue Adriatique (en 2012-2013), il y avait trois équipes en Euroleague, il y avait un niveau exceptionnel, mon équipe a joué la coupe d’Europe. Avec la sélection autrichienne, on a joué contre les meilleures équipes nationales européennes. Mais c’est vrai qu’en France, je n’ai jamais eu cette opportunité de coacher en Pro A. Peut-être que mon profil ou mon style ne convient pas, je ne sais pas. Si ça arrive un jour, c’est très bien. Si ça n’arrive pas, je reste très heureux d’être sur un terrain de basket, y compris en Pro B où le niveau est très relevé.

Ma motivation principale, ça reste l’amour de ce sport. Mon job de coach, ce n’est pas un travail, c’est ma passion. C’est un travail exceptionnel, il n’y a pas beaucoup de monde qui peut vivre de sa passion comme un coach. C’est cet enthousiasme qui me permet de progresser encore aujourd’hui en tant qu’homme et en tant qu’entraîneur. Tu ne peux pas progresser si tu n’as pas cette passion, cette capacité à t’adapter à toutes les situations. Ma philosophie ne changera jamais, mais le style de jeu que mon équipe produira dans le futur peut s’adapter en fonction des joueurs. C’est ça la richesse d’un coach. Jose Mourinho disait dans une interview : « La qualité d’un coach ne se mesure pas avec les titres qu’il a gagnés mais sur sa faculté à faire progresser ses joueurs et à en tirer le maximum de leur potentiel ». Je vois les choses comme ça. »

Vous avez les nationalités serbe et autrichienne. Avez-vous obtenu la nationalité française, que vous espériez avoir ?
« Pas encore, mais c’est un vrai souhait d’obtenir la nationalité française. Je vais très certainement entamer les démarches dès mon retour à Evreux, si possible en amont du mois de septembre prochain. »

.

.

[armelse]

Implanté en LNB depuis sa création en 1987, l’ALM Evreux fait partie de ces équipes qui ne sont jamais descendues en Nationale 1. Paradoxalement, le club n’a soulevé son premier titre que cette saison, sous les ordres de Neno Asceric, avec l’obtention de la Leaders Cup sur les terre nancéiennes. Le technicien serbo-autrichien – qui va prochainement demander la nationalité française – nous raconte cette saison des montagnes russes et comment gérer la prochaine, alors que la majeure partie de son effectif devrait être courtisée sans que l’ALM – 17e masse salariale de Pro B – ne puisse s’aligner financièrement.

Vous terminez la saison sur quatre défaites, dont deux en playoffs, après avoir battu le record du club avec 11 victoires d’affilée. Comment l’expliquez-vous ?
« C’est logique, très logique. Cette série historique de 11 victoires durant laquelle nous avons battu les meilleurs clubs de Pro B nous a coûté quelque part très cher en playoffs. Lors de notre 11e victoire, contre Saint-Chamond (le 3 mai), nous avons perdu quatre joueurs ! On a perdu Bangaly Fofana, Paolo Marinelli, Shekinah Munanga et Dimitri Radnic, et c’était 15 jours avant les playoffs… Ça signifie qu’on s’est entraînés deux semaines avec six joueurs pro, on a essayé de gérer les deux derniers matches de saison régulière tant bien que mal avant les playoffs… Ces quatre dernières défaites, elles sont logiques. »

Ne vous dites-vous pas qu’il y avait tout de même de la place contre Antibes en quarts de finale ?
« Sans quatre joueurs… C’était trop. Lors du match 1, on était devant pendant 35 minutes, on avait le niveau pour remporter le match mais on a manqué de fraicheur en fin de rencontre. On était vraiment diminués, et on a fini par leur donner ce premier match. Quant au deuxième, on a complètement lâché en deuxième mi-temps. Je trouve ça… logique quelque part, même si c’est dommage parce qu’avec la qualité de jeu que nous avons développé cette année, au complet, nous aurions pu aller jusqu’au bout sans aucun problème. »

(c) LNB / IS

Vous étiez lanterne rouge mi-décembre et vous terminez tout de même 5e de la saison régulière, fort de 11 victoires de rang et d’un premier titre en Leaders Cup. Vous ne pouviez pas rêver d’un meilleur scénario ?
« C’est sûr, il faut en être très contents. On a fait une saison exceptionnelle. On termine même 4e ex-aequo avec Blois. Sans ces blessures malheureuses en fin de saison, on aurait même pu terminer 3e de saison régulière et qui sait, monter en Betclic Elite. Mais il ne faut pas minimiser cette très belle saison, et ces résultats acquis malgré la 17e masse salariale du championnat (600 000 euros) ! Quand nous étions derniers, nous n’avons jamais paniqué, on a su rester calmes. On a gagné la Leaders Cup avec la manière, en allant gagner à Nancy devant 6 000 supporters. Ce titre…

[/arm_restrict_content] [arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Photo : Neno Asceric (LNB/IS)

Commentaires

Fil d'actualité