Aller au contenu

Rediff – Mam Jaiteh : « Quand tu réussis à performer dans des championnats différents, il y a de quoi être encore plus fier »

Animé par un nouveau statut, Mam Jaiteh (2,08 m, 27 ans) est revenu en force chez les Bleus, au point de bousculer la hiérarchie établie. Entretien avec le MVP de la saison d’Eurocup. Durant l’été, la rédaction de Basket Europe vous propose de relire une sélection de quelques uns de nos articles pre

Animé par un nouveau statut, Mam Jaiteh (2,08 m, 27 ans) est revenu en force chez les Bleus, au point de bousculer la hiérarchie établie. Entretien avec le MVP de la saison d’Eurocup.

Durant l’été, la rédaction de Basket Europe vous propose de relire une sélection de quelques uns de nos articles premium. Pour les lire, mais aussi découvrir plus de 2 000 autres contenus de qualité (guide de la saison, dossier salaires, interviews, analyses, séries et dossiers), abonnez-vous !

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Mouhammadou « Mam » Jaiteh a franchi plusieurs échelons depuis qu’il a quitté Limoges et la France en 2018. Ses différents séjours à l’étranger (Turin, Saratov, Gaziantep puis la Virtus Bologne) lui ont fait un bien fou, et il concrétise les immenses espoirs placés en lui quand il a commencé sa carrière professionnelle au SOM Boulogne. A l’époque, il avait décroché le trophée de MVP français de la Pro B, à seulement 19 ans.

Cette saison a été celle de la consécration avec la Virtus Bologne : la victoire en Eurocup synonyme de qualification à l’Euroleague, et pour Mam le trophée de MVP de la saison régulière suite à ses performances XXL. Dans une véritable all-stars team, il a réussi à cumuler une moyenne de 12,8 points à 71,1 % de réussite à 2-points, et 7,5 rebonds pour une évaluation de 18,1 – la 5e de la compétition – sur seulement 22 minutes.

A 20 ans, Mam Jaiteh était déjà en équipe de France, sur le bout du bout du banc, mais il a eu ensuite des sélections par saccades et il n’en totalise aujourd’hui que 28. Ce sont les fenêtres internationales qui lui ont permis de remettre le pied à l’étrier. Il s’est ainsi fendu sur quatre matches de qualifications à la Coupe du monde, de 10,8 points à… 83,3 % de réussite aux tirs, 3 rebonds et 12,3 d’évaluation.

Au-delà des deux fenêtres estivales réservées aux qualifications à la Coupe du monde 2023, se profile l’EuroBasket en Allemagne, en septembre. Mam est un vrai postulant aux Bleus, mais déboulonner le trio Rudy Gobert – Moustapha Fall – Vincent Poirier est un véritable tour de force. Dans son histoire, l’équipe de France a souffert de sa pénurie de big men. Elle est aujourd’hui dans une période d’abondance.

« Il y a quelques années, il y avait des craintes d’effectif vis-à-vis des Etats-Unis, et c’est de moins en moins le cas »

Ces deux matches contre le Monténégro et la Hongrie sont-ils un moyen pour vous de montrer les progrès accomplis sur ces dernières années dans l’optique d’avoir votre place dans l’équipe pour le championnat d’Europe ?
Je prends ces deux matches comme une opportunité. Je suis vraiment heureux de pouvoir être là. Mon but, c’est de rester dans ma lignée et d’être le plus efficace possible pour pouvoir aider l’équipe à gagner ces deux matches-là. Après, ce qui va en découler, je n’y pense pas trop, je veux faire les choses étape par étape.

Depuis toujours en équipe de France, rien n’est acquis pour vous, vous êtes habitué à devoir gagner votre place ?
Oui. Je pense que de toutes façons, peu de choses sont acquises dans la vie. Mais que ce soit acquis ou pas, ce n’est pas quelque chose qui va influer sur mon approche du match et ce que je compte faire. Je reste focalisé sur le fait qu’il faut que j’aide au maximum l’équipe, être le plus productif sur ce que je peux apporter, et ensuite, on verra. Je ne me projette pas sur ce qui est acquis ou pas acquis.

Vous avez certainement suivi l’équipe de France, notamment aux Jeux Olympiques de Tokyo, lorsque vous n’étiez pas avec. Qu’en avez-vous pensé ?
Déjà, je suis vraiment fier de tous ces résultats de ces dernières années de l’équipe de France. Quelque part, ça a bénéficié à tout le monde. C’est une fierté de voir la France avec tout le talent que l’on a qui réussit de plus en plus à concrétiser ça. A nous maintenant, à chaque été, à chaque fenêtre, de jouer sur cette continuité.

Le niveau n’a jamais été aussi fort, à commencer par le jeu intérieur. Quand vous avez commencé, ce n’était pas comme ça ?
Ce qui est bien, c’est qu’il y a un essor de joueurs en France. C’est un peu un cercle vertueux, ça pousse tout le monde vers le haut, à en faire davantage. Il y a quelques années, il y avait des craintes d’effectif vis-à-vis des Etats-Unis, et c’est de moins en moins le cas. Ça montre la mentalité, le niveau qu’il y a, et le travail qui est fait derrière.

« En terme d’atmosphère à Bologne, c’est vraiment spécial, surtout que l’on a eu une année avec beaucoup de victoires »

Vous avez énormément progressé au fil du temps. Quelle analyse portez-vous sur votre saison à la Virtus Bologne ? C’était un cap supplémentaire ?
C’est une continuité de plusieurs choses. C’est le résultat de beaucoup de travail et d’abnégation. Je suis très heureux de cette année. Cela a été une fierté, et ça m’incite à vouloir en faire plus pour être le plus efficace possible en tant que joueur.

Comment est le championnat italien vis-à-vis du français ou du turc ?
Chaque championnat a ses spécificités, ses normes, sa manière de jouer. Ce qui est bien, c’est que j’ai fait plusieurs championnats où ça s’est bien passé à chaque fois. J’ai fait aussi la Russie avant la Turquie. Il faut trouver le moyen de s’adapter, de comprendre le fonctionnement. Les demandes des coaches, des systèmes de jeu sont quand même assez différents. Quand tu réussis à performer dans des championnats différents, il y a de quoi être encore plus fier. Ça montre que ce n’est pas juste une année, mais que c’est vraiment toi.

L’ambiance à la Virtus est assez extraordinaire, les supporters ont l’air très chaud. C’est le maximum vis-à-vis de ce que vous avez vécu jusqu’ici ?
Clairement. J’ai vécu des ambiances vraiment chaudes à Limoges, mais en terme d’atmosphère à Bologne, c’est vraiment spécial surtout que l’on a eu une année avec beaucoup de victoires, ce qui a fait qu’il y a eu un vrai engouement, des salles pleines, une ambiance telle qu’on ne s’entendait pas sur le terrain. Je suis très content d’être dans un club qui a une fan base et des supporters incroyables.

Avez-vous appris l’italien ?
Pas vraiment. Mais disons que je peux comprendre quand les gens parlent, je ne sais pas trop comment ! Je me contente de ça.

(c) FIBA

Ils ont le culte des anciens joueurs à la Virtus, sachant qu’Antoine Rigaudeau et Manu Ginobili ont, par exemple, joué là-bas. Vous en entendez parler tout le temps de cet héritage ?
Tout le temps, non, mais quand on a joué contre Valence, Antoine Rigaudeau était là, et là tu vois qu’il est quasiment adulé. C’est un public qui a une très bonne mémoire, qui est très reconnaissant, et quand il donne, c’est de manière très forte, très passionnée. Maintenant, je suis au courant de la façon dont il l’appelle : le Roi. Respect à lui. Et ça prouve que les supporters n’ont pas la mémoire courte.

Ça fait du bien d’avoir un coéquipier français, Isaïa Cordinier, dans l’équipe ?
Oui, clairement. J’ai vécu trois années à l’étranger sans autres Français. Déjà en avoir un c’est bien, mais c’est mieux encore quand c’est un Français avec qui tu t’entends bien. Ça aurait pu être un Français avec qui tu as moins d’affinités, de feeling. Là, clairement, on se parle et on s’aide beaucoup. C’est très bien dans un environnement où la compétition est rude et les attentes élevées avec une direction très exigeante.

Lorsque vous étiez en Russie, vous vous sentiez isolé ?
Partout où je suis parti, c’était quand même assez difficile. Même à Turin, qui n’est pas loin de la France, ça l’était. A partir du moment où tu quittes la France, que tu es dans un autre pays avec une autre culture, que tu es étranger et que l’on attend de toi que tu performes, que tu ne connais personne là où tu arrives, c’est forcément difficile. Après, j’essaye au maximum de me concentrer sur le fait d’être à la salle, de performer et de trouver juste deux ou trois lieux où je peux manger. A partir de là, ça peut être n’importe où, je m’adapte dans n’importe quelle circonstance.

La cuisine italienne est l’une des meilleures du monde ?
La cuisine turque est très bonne aussi, la russe aussi. Chaque pays a sa bonne cuisine.

(c) FIBA

« Je suis passé par beaucoup de situations difficiles et beaucoup de remises en question »

Avoir le trophée de MVP de l’Eurocup, c’est un aboutissement, une reconnaissance ?
Oui. J’étais le premier Français et le premier joueur en Italie à avoir cette distinction. Je suis passé par beaucoup de situations difficiles et beaucoup de remises en question. Je ne pense pas avoir été en bas, mais j’ai dû faire face à des situations où j’étais presque à zéro, et me retrouver là maintenant, c’est la plus grande fierté. C’est un bon exemple de persévérance, de ne pas lâcher, de croire en soi.

Vous avez donc gagné le droit de jouer en Euroleague, mais vous n’êtes pas encore certain de rester à la Virtus ?
À l’heure actuelle, je me concentre sur l’équipe de France. J’essaye de ne pas être concentré sur mon avenir en club et je laisse mes agents travailler dessus, et puis on verra ce qu’il en est.

Vous allez aussi participer cet été à un camp organisé par Yacine Aouadi, qui est assistant coach à Limoges. C’est une façon de continuer à s’entretenir, à se perfectionner durant l’été ?
Ça ne s’arrête jamais ! En ce moment, il y a beaucoup de polémiques sur la durée des saisons. Nous aussi, on se sent beaucoup fatigués. Les équipes qui jouent deux compétitions par semaine se sentent exténuées à la fin de la saison, mais malgré tout ça fait partie du job. Les étés, entre les rendez-vous de l’équipe nationale, on essaie de trouver du temps pour continuer à s’améliorer. C’est comme ça que l’on maintient un certain niveau de performance. Quand on commence à se reposer sur ses lauriers, on progresse moins.

Avec la prochaine fenêtre à la fin août puis l’EuroBasket, ça réduit le temps de repos ?
Je vais avoir une semaine après les qualifs. Et ça sera mes vacances. C’est peu, mais ça fait partie des sacrifices quand on est sportif de haut niveau. On a des avantages et on a des inconvénients, comme tout métier, et il faut savoir assumer ça.

Vos genoux fatiguent un peu (après l’entraînement, ils sont enserrés dans des poches de glace) ?
Oh ! Mes genoux vont tenir ! Mon corps va tenir !

.

.

[armelse]

Mouhammadou « Mam » Jaiteh a franchi plusieurs échelons depuis qu’il a quitté Limoges et la France en 2018. Ses différents séjours à l’étranger (Turin, Saratov, Gaziantep puis la Virtus Bologne) lui ont fait un bien fou, et il concrétise les immenses espoirs placés en lui quand il a commencé sa carrière professionnelle au SOM Boulogne. A l’époque, il avait décroché le trophée de MVP français de la Pro B, à seulement 19 ans.

Cette saison a été celle de la consécration avec la Virtus Bologne : la victoire en Eurocup synonyme de qualification à l’Euroleague, et pour Mam le trophée de MVP de la saison régulière suite à ses performances XXL. Dans une véritable all-stars team, il a réussi à cumuler une moyenne de 12,8 points à 71,1 % de réussite à 2-points, et 7,5 rebonds pour une évaluation de 18,1 – la 5e de la compétition – sur seulement 22 minutes.

A 20 ans, Mam Jaiteh était déjà en équipe de France, sur le bout du bout du banc, mais il a eu ensuite des sélections par saccades et il n’en totalise aujourd’hui que 28. Ce sont les fenêtres internationales qui lui ont permis de remettre le pied à l’étrier. Il s’est ainsi fendu sur quatre matches de qualifications à la Coupe du monde, de 10,8 points à… 83,3 % de réussite aux tirs, 3 rebonds et 12,3 d’évaluation.

Au-delà des deux fenêtres estivales réservées aux qualifications à la Coupe du monde 2023, se profile l’EuroBasket en Allemagne, en septembre. Mam est un vrai postulant aux Bleus, mais déboulonner le trio Rudy Gobert – Moustapha Fall – Vincent Poirier est un véritable tour de force. Dans son histoire, l’équipe de France a souffert de sa pénurie de big men. Elle est aujourd’hui dans une période d’abondance.

(c) FIBA

Depuis toujours en équipe de France, rien n’est acquis pour vous, vous êtes habitué à devoir gagner votre place ?
Oui. Je pense que de toutes façons, peu de choses sont acquises dans la vie. Mais que ce soit acquis ou pas, ce n’est pas quelque chose qui va influer sur mon approche du match et ce que je compte faire. Je reste focalisé sur le fait qu’il faut que j’aide au maximum l’équipe, être le plus productif sur ce que je peux apporter, et ensuite, on verra. Je ne me projette pas sur…

[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Photo : Mam Jaiteh (FIBA)

Commentaires

Fil d'actualité