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Rediff – Dušan Ivković, le pape du basket yougoslave

Qui était Dušan Ivković, décédé en septembre dernier ? L’un des plus grands noms du basket européen. La référence des coaches en Yougoslavie et en Serbie. Durant l’été, la rédaction de Basket Europe vous propose de relire une sélection de quelques uns de nos articles premium. Pour les lire, mais aus

Qui était Dušan Ivković, décédé en septembre dernier ? L’un des plus grands noms du basket européen. La référence des coaches en Yougoslavie et en Serbie.

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À son enterrement, à Belgrade, en septembre dernier, il y avait un parterre de personnalités du basket, Vlade Divac, Žarko Paspalj, Predrag Danilović, Željko Obradović, Dino Radja, Jure Zdovc, Nikola Pekovic et encore les Grecs Vassilis Spanoulis et Dimitris Itoudis. Un autre hommage solennel lui a été rendu à la Chambre de l’Assemblée nationale de la République de Serbie, avec le président de la République, Aleksandar Vučić, le président du Parlement, Ivica Dacic, et le ministre de la Jeunesse et des Sports Vanja Udovicic. Cela situe la hauteur du personnage dans la vie politique serbe. Là encore, ses pairs les plus prestigieux faisaient partie de l’assemblée, du président de la fédération de basket-ball, Predrag Danilovic à Dragan Kicanovic, en passant par Svetislav Pesic, Bozidar Maljkovic, Dejan Bodiroga, le Russe Sergueï Panov, et Zeljko Obradovic, lequel avait été l’ancien élève de Dušan Duda Ivković, qui était le parrain de son fils.

« Je n’ai rien à ajouter sur la biographie de Dušan Ivković. Beaucoup ici la connaissent incomparablement mieux que moi…, » a déclaré Aleksandar Vučić. « En tant que président de la Serbie, je suis fier que la Serbie ait eu un tel homme. » Et s’adressant à sa famille : « Soyez fier de votre père et de votre mari, tout comme nous tous en Serbie serons fiers de tout ce qu’il a fait et de son excellent travail. La Serbie ne l’oubliera pas et puisse-t-il avoir la gloire éternelle. »  « Je suis ici en tant que président de l’Association de basket-ball, mais je dois souligner que cette Association ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans Dušan Ivković, » a ajouté Predrag Danilović. « Aussi, l’histoire du basket serbe, yougoslave et européen est inconcevable sans son nom. Pendant un demi-siècle, il a travaillé dans le basket auquel il a tout donné. Après tout, il a un jour souligné que le basket-ball ne faisait pas partie de sa vie, mais était sa vie. »

Photo : Avec Dusko Vujosevic, à droite.

Un colombophile

Dušan Ivković est décédé à Belgrade à l’âge de 78 ans suite à de la présence d’eau dans les poumons et de l’herpès. Une autre légende serbe, le coach, Dusko Vujosevic, vu brièvement à Limoges, a révélé à la télévision que Duda avait contracté l’infection des pigeons, qui étaient sa grande passion. « Tout ce qu’il a fait, il l’a fait de manière monumentale, que ce soit ce dévouement aux pigeons, à l’équipe nationale, à l’organisation des entraîneurs … Nous sommes moins forts quand nous nous retrouvons sans une personne de cette stature. »

Oui, Dušan Ivković était colombophile, et beaucoup prétendent que cette passion était chez lui encore plus forte que celle pour le basket-ball. Il a affirmé que la relation homme-pigeon est très similaire à la relation entraîneur-joueur. « Mon père m’a dit que ceux qui regardent les pigeons sont toujours dans les nuages. Que cela mène à des problèmes avec l’école et des choses comme ça. Et c’est pourquoi il était contre. J’étais aussi contre que mes fils accordent autant d’attention aux pigeons, mais enfant, je pensais différemment. Les pigeons ont été avec moi toute ma vie, j’élève des haut-volants serbes, et dans chaque contrat que j’ai signé, il y avait une clause pour faire de la place aux pigeons dans ma maison. Malheureusement, c’était impossible seulement à Moscou, il fait trop froid », avait-il confié.

L’amour de Dušan Ivković et de son frère pour le basket-ball a été contrarié comme il l’a raconté plus tard. «Nous avions 13 ou 14 ans. Mon père, docteur en droit, nous surveillait toujours derrière un grand arbre et disait à ma mère : « Écoute, je ne comprends pas ce qu’ils font là avec le ballon, en sautant comme des singes ». Son idée était que ses fils grandiraient en tant que combattants, gladiateurs. Pour lui, il incombait aux hommes de jouer au football, de faire de la boxe ou de la lutte. Alors personne ne voyait dans le basket le spectacle super-athlétique qu’il est devenu aujourd’hui. On nous a dit que c’était un jeu pour les filles et les gays. Donc, mes amis des clubs de football et de boxe nous le disaient aussi. Et regardez ce qui se passe maintenant : ce sont les basketteurs qui sont un exemple d’endurcissement physique et psychologique. Le basket m’a attiré au premier regard. »

Photo : Avec Dragan Kicanovic, à gauche.

Avec la paire Kicanovic-Dalipagic

D’une façon générale, Duda n’a pas été élevé avec une cuillère en argent dans la bouche. Son père était docteur en droit, mais sa philosophie ne correspondait pas au régime communiste du Maréchal Tito, aussi il s’est lancé dans l’apiculture. Ce sont les abeilles qui ont nourri la famille Ivković. «J’ai résumé l’histoire de notre famille dans les armoiries, sur lesquelles j’ai appliqué des nids d’abeilles en forme de panier de basket, une abeille et des pigeons, que j’ai élevés avec mon frère Slobodan. Soit dit en passant, il était non seulement le meilleur entraîneur de basket-ball de ma vie, mais aussi un talent universel : il dessinait, chantait, jouait. »

Son père lui a interdit la pratique de la boxe, mais pas du basket. Quand il est entré à la Faculté des Mines et de Géologie, il a participé à la création d’une équipe universitaire, avec laquelle il a joué jusqu’à Londres et au Moyen-Orient. A l’époque, en Serbie, le basket-ball se pratiquait exclusivement à l’extérieur. « J’étais moi-même un joueur moyen, pas une star, mais je me suis progressivement impliqué dans le processus. J’ai d’abord travaillé dans l’équipe de jeunes, puis j’ai dirigé le Partizan, où j’ai travaillé avec deux des meilleurs joueurs de l’époque (Dragan Kicanovic et Drazen Dalipagic) … Je suis une personne très heureuse, j’ai pu travailler avec tant de grands joueurs de différentes générations. Et après cela, j’ai dirigé l’équipe nationale yougoslave. Autrement dit, j’ai monté les escaliers et je me suis entraîné à tous les niveaux. »

Après avoir servi dans l’armée, il s’est occupé de l’équipe de jeunes du club Radnicki, où son frère aîné a entraîné également, et la troisième année, il a remporté le championnat yougoslave de la catégorie. « J’ai beaucoup appris de Slobodan, même si nous sommes complètement différents. C’est un romantique, et je suis un réaliste. » Sa carrière était lancée. Il s’est retrouvé ainsi head coach au Partizan Belgrade. Dès 1979, à 36 ans, il a gagné trois trophées : le championnat yougoslave, la Coupe nationale, et la Coupe Korac (C3). A l’occasion du dixième anniversaire de la mort de Radivoj Korac, l’organisation de la finale fut confiée à Belgrade, et face aux Italiens de Rieti, Dragan Kicanovic a planté 41 points. « Ensuite, Kicanovic m’a supplié d’être le témoin de son mariage, mais je lui ai rappelé que j’étais son entraîneur et je lui ai conseillé de choisir l’un de ses coéquipiers. »

Duda rêvait de remporter la Coupe des Champions (C1) avec le retour de Dalipagic, qui était démobilisé, mais il n’a jamais résolu le problème de leur jalousie mutuelle avec Kicanovic. Ivkovic a avoué qu’à 36 ans, il n’avait pas assez d’expérience pour réconcilier les deux meilleurs basketteurs yougoslaves : « Kicanovic est allé à l’armée pour voir si l’équipe pouvait se débrouiller sans lui et Dalipagic en tête, mais au début de la saison, Drazen a abandonné en raison d’une blessure. »

Photo : FIBA

Un amoureux de la Grèce

La Grèce marque plusieurs étapes dans le voyage au long cours du serbe : Aris et PAOK Salonique, Panionios, AEK Athènes, et Olympiakos par deux fois. « J’ai visité la Grèce pour la première fois en 1980. Puis je suis devenu l’entraîneur d’Aris. J’ai déménagé là-bas uniquement parce que mon fils avait des problèmes des voies respiratoires. Les médecins lui ont recommandé de changer de climat. » Il ajoutait : « les Grecs sont nos amis et j’ai beaucoup de bons souvenirs de ce pays. Comment puis-je oublier que Sava Grozdanović, l’entraîneur de volley-ball, et moi sommes venus ouvrir la voie dans ce pays. Comme nous sommes tous les deux de la Croix-Rouge à Belgrade, nous avons plaisanté en disant que « les croisés sont arrivés » ! Je suis tombé amoureux des gens, des coutumes, en particulier de la musique grecque, et de nombreux chanteurs célèbres de Terzis, de Marinella à Remos, sont devenus de bons amis. »

Passer à l’Aris n’était pas une promotion. A l’époque, la ligue yougoslave était la plus forte d’Europe, alors qu’à l’Aris, il s’est retrouvé dans une salle d’entraînement sans vestiaires et avec Michalis Romanidis, 15 ans, dans le cinq de départ. « Vous n’auriez pas dû venir ici, mon ami », a asséné l’arbitre Kostas Dima à Ivković. « Vous perdrez contre tout le monde de 50 points. »

Le jumelage entre la rigueur du Serbe et le tempérament j’en-foutiste des basketteurs grecs d’alors n’allait pas de soi. Les Grecs le considéraient comme un tyran et lui ne concevait pas d’avoir à faire à des joueurs trop paresseux pour assister aux entraînements du matin. « Je ne pouvais pas le supporter. Il était nécessaire de peaufiner la tactique et la technique individuelle. Au fil du temps, les joueurs ont réalisé les avantages du travail d’entraînement, et je pense qu’à Aris, nous avons réussi à créer quelque chose de nouveau pour la réalité grecque. »

La star de l’Aris était l’Américain aux origines grecques, Nikos Galis. Ivkovic l’appréciait, mais à cause d’une élection à la présidence du club, une guerre froide a commencé à l’Aris. L’une des parties a cherché à freiner les résultats de l’équipe, afin que la direction en place ne soit pas réélue. Dans le cadre de cette campagne, de mauvaises langues ont dit à Galis qu’Ivkovic le taillait dans son dos, à savoir : « Avec Galis, Aris ne sera jamais champion ! ». Nikos Galis en a été offensé, Aris a terminé deuxième du championnat et Dušan Ivković est retourné en Yougoslavie.

Neuf ans plus tard, Ivković est revenu à Salonique, mais au PAOK cette fois. C’est la guerre qui le fit quitter son pays. Au PAOK, il eut à faire avec deux stars problématiques. Panayotis Fassoulas et ses 2,13 m n’aimaient pas trop s’entraîner, sinon, de l’avis de Duda, il aurait joué en NBA et serait devenu le meilleur joueur grec de tous les temps. L’autre était le champion NBA avec les Chicago Bulls, Cliff Levingston, qui a créé le chaos dans le vestiaire et… la salle à manger.

Après une lourde défaite à Peristeri, Dušan Ivković a mis l’Américain en vacances forcées pour trois semaines.Le président du PAOK, Nikos Vezirtzis, a plaidé : « coach, ne le faites pas. Mettez-le simplement sur le banc. » « Mais je ne le punis pas. Je ne fais que rendre l’équipe plus forte. » Après les vacances, Cliff Levingston a aidé le PAOK à atteindre les playoffs de l’Euroleague 92-93 et à éliminer Pau-Orthez en quarts de finale.  « Notre employé cachait les bouteilles de Coca-Cola pour Levingston quand il a recommencé à jouer. Cet excentrique de Cliff a affirmé qu’il ne pouvait pas jouer sans roter. C’est de la foutaise ! «

Dušan Ivković a effectué un intermède à Panionios, inspiré par la perspective de travailler avec le jeune centre américain Ed Stokes et l’arrière-vedette Panayotis Yannakis. Mais quand il est arrivé dans la banlieue d’Athènes, Stokes était déjà à Stefanel Milan et Yannakis au Panathinaikos. Mais même avec un roster plus modeste et des retards de salaire, Ivkovic a amené l’équipe en Euroleague pour la deuxième année et a entendu l’entraîneur d’Atlanta Mike Fratello, qui est passé quelques jours en Grèce, affirmer : « Je suis allé à Barcelone et à Madrid, mais je n’ai jamais vu un tel jeu d’équipe nulle part, comme à Panionios. »

A Olympiakos, Duda a gagné sa première Euroleague. Pourtant le début de la saison 96-97 avait été cauchemardesque : blessures, maladies, provocations de la presse, conflit avec l’ailier Willy Anderson, défaite face à la pire équipe du championnat… Après cela, Dusan a permis aux joueurs d’emmener leurs femmes au tournoi de Noël à Madrid, et plus tard Olympiakos a battu le CSKA dans le match décisif pour atteindre les playoffs de l’Euroleague. « Avant le match, le speaker a parlé d’empoisonnement, d’eau empoisonnée, etc. », a révélé Ivković. « Je comprenais le russe et j’étais furieux. J’ai dit au commissaire du match que ce type parlait mal de mon équipe, que je ne laisserais personne faire ça. »

Et avant la finale victorieuse face au Barça, Dusan a annulé l’entraînement du matin et a emmené les joueurs se promener pour jeter des cailloux dans la mer. « J’étais sûr que la tactique avait déjà été mémorisée, et des répétitions supplémentaires ne feraient que faire du mal. Et je n’avais pas tort. »

Après deux saisons suivantes sans titres, Duda considérait son cycle au Pirée terminé et il est parti à l’AEK, avec qui il a remporté deux Coupes de Grèce et la Coupe des vainqueurs de coupe (C2). « Et j’ai décidé que ça suffisait : une nouvelle génération d’entraîneurs était arrivée, il était temps de prendre sa retraite. »

Après un transit par Moscou (CSKA et Dynamo), il est revenu au Pirée en 2010, contrairement à sa propre règle de ne jamais retourner sur les lieux de ses exploits. « J’y suis allé parce que je n’avais pas reçu de salaire dans l’équipe nationale serbe depuis un an, et j’ai même entendu le président de la fédération, Dragan Kapicic dire : « Frère, si je recevais une telle offre, je n’hésiterais pas une minute. ” »

Les frères Angelopoulos, proprios de l’Olympiakos, attirèrent Vassilis Spanoulis du Panathinaikos, et Dušan Ivković s’est souvenu avoir employé une méthode particulière à la mi-temps d’un match face au CSKA où son équipe comptait 14 points de retard. « Pendant la pause, j’ai crié sur Spanoulis », a-t-il admis. « Je voulais remonter le moral des autres gars. J’ai compris que nous n’avions que quelques chances sur cent de battre ce CSKA. Trois de nos Américains n’ont pas marqué un seul point dans ce match. L’âme grecque a joué un rôle décisif. » Ivković a remporté avec Olympiakos une deuxième Euroleague, quinze ans plus tard.

Photo : Avec Toni Kukoc.

Un rendez-vous raté avec les Denver Nuggets

Dušan Ivković aurait-il pu devenir le premier Européens head coach d’une franchise NBA ? Il avait reçu une offre du CSKA et des Denver Nuggets. « A New York, le directeur général des Nuggets, Kiki Vandeweghe, l’agent Bill Duffy et trois autres gars m’ont posé des questions toute la soirée », révéla t-il. « Nous nous sommes mis d’accord sur les conditions et que dans la première saison, je serai consultant, puis j’aurai encore deux ans de contrat. Avant de partir, Duffy m’a dit : « Sois prêt à signer le contrat demain matin. » Le lendemain, j’ai appris que les propriétaires du club étaient partis en vacances et j’ai dû patienter quelques jours. J’ai répondu : « d’accord, mais dans deux semaines, j’ai un rendez-vous avec le CSKA. » Les jours ont passé et j’ai signé un contrat avec le club de Moscou. »

En un an seulement, il a fait du CSKA l’un des meilleurs clubs d’Europe, améliorant non seulement l’équipe, mais aussi la vie dans le vestiaire et la discipline générale du club. « L’approche de Duda est profonde, approfondie. Il a construit un bâtiment fondamental, et Ettore Messina, qui l’a remplacé, a construit une architecture italienne élégante », a imagé le Russe Sergueï Panov.

A propos d’architecture, le coach serbe estimait qu’il fallait concilier autant que faire se peut, basket et art, culture en général. « Il me semble très important que les joueurs connaissent la culture, l’histoire du pays où ils évoluent. Quand je suis arrivé au CSKA, je voulais montrer aux joueurs la Russie. Nous avons voyagé ensemble à Saint-Pétersbourg, nous sommes allés à l’Ermitage, dans d’autres musées, nous avons visité des lieux historiques à Moscou. Je sais que les joueurs n’aiment pas particulièrement ça. Mais partout où nous allions, nous essayions d’aller dans les musées locaux et d’apprendre à connaître la culture. C’était normal pour le basket dans lequel j’ai grandi. Maintenant, les joueurs n’ont pas le temps d’étudier. Le basket-ball était autrefois qualifié de sport académique. Il était entendu que seules les personnes ayant fait des études supérieures y jouaient. Maintenant tout est différent : ils commencent à jouer très jeunes, les saisons sont très longues, il y a trop de matches. »

La finale de l’EuroBasket 1995

Sa plus grande frustration, Barcelone en 92

La plus éclatante réussite deDušan Ivković a été enregistrée avec l’équipe nationale de Yougoslavie, soit deux médailles d’argent olympiques (1988 et 92), une d’or au championnat du monde (1990), trois d’or (1989, 91 et 95) et une d’argent -avec la Serbie- aux championnats d’Europe.

Avant l’EuroBasket de 1995, il a demandé à sa femme d’acheter des chemises et des cravates pour ses joueurs. En raison des sanctions internationales, la Yougoslavie avait perdu le droit non seulement d’accueillir la Coupe du monde de 1994, mais aussi d’y participer. Un an plus tard, les meilleurs joueurs du pays -Dejan Bodiroga, Predrag Danilovic…- n’ont pas pu se rassembler chez eux car ils avaient peur d’être enrôlés dans l’armée. Ils se sont entraînés en Grèce, à une époque où Ivkovic dirigeait Panionios. « Ma femme a d’abord été horrifiée : « Où puis-je trouver autant de chemises dans vos tailles ? » Et puis, épuisée, elle a couru dans tout Athènes et nous a quand même trouvé des vêtements convenables. Enfin, on ressemblait à une équipe », s’est souvenu Ivković.

En demi-finale, la Yougoslavie a battu l’équipe nationale grecque, et en finale, la plupart des vingt mille spectateurs ont soutenu avec force les Lituaniens. Ce fut probablement le match le plus intense, le plus beau, le plus émotionnel du basket européen. S’estimant brimés par l’arbitre américain, George Tolliver, les Lituaniens de Sarunas Marciulonis, qui fut à la fois le meilleur marqueur et le MVP du tournoi, et d’Arvidas Sabonis, ont refusé un moment de jouer, mais ils sont retournés sur le terrain par crainte de manquer les Jeux olympiques d’Atlanta. La Serbie a fini par avoir gain de cause, 96-90.

La plus grande frustration de Duda -et pas uniquement la sienne- était survenue trois ans auparavant. La NBA avait enfin été accueilli au sein du mouvement olympique, ce qui mettait fin à une longue supercherie. C’est ainsi que fut construite pour les JO de Barcelone en 1992 la Dream Team de Michael Jordan, Magic Johnson et Larry Bird. Seulement, boycottée par la communauté internationale, la Yougoslavie ne fut pas invitée au grand raout. « Je suis sûr que nous avons perdu la meilleure équipe de tous les temps. Il me semble que le basket a beaucoup perdu parce que la Dream Team n’a pas pu jouer avec la seule équipe qui pouvait les battre. Nous ne pouvons pas évaluer comment le match final entre nous aurait tourné. Cette équipe n’avait pas de véritable adversaire, et nous n’aurions connu le vrai niveau que dans un face-à-face. Bora Stankovic et David Stern (NDLR : le secrétaire-général de la Fédération Internationale et le Commissioner de la NBA d’alors) ont pris une décision très importante, et selon sa logique, on aurait dû voir ces deux équipes s’affronter en finale. »

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À son enterrement, à Belgrade, en septembre dernier, il y avait un parterre de personnalités du basket, Vlade Divac, Žarko Paspalj, Predrag Danilović, Željko Obradović, Dino Radja, Jure Zdovc, Nikola Pekovic et encore les Grecs Vassilis Spanoulis et Dimitris Itoudis. Un autre hommage solennel lui a été rendu à la Chambre de l’Assemblée nationale de la République de Serbie, avec le président de la République, Aleksandar Vučić, le président du Parlement, Ivica Dacic, et le ministre de la Jeunesse et des Sports Vanja Udovicic. Cela situe la hauteur du personnage dans la vie politique serbe. Là encore, ses pairs les plus prestigieux faisaient partie de l’assemblée, du président de la fédération de basket-ball, Predrag Danilovic à Dragan Kicanovic, en passant par Svetislav Pesic, Bozidar Maljkovic, Dejan Bodiroga, le Russe Sergueï Panov, et Zeljko Obradovic, lequel avait été l’ancien élève de Dušan Duda Ivković, qui était le parrain de son fils.

« Je n’ai rien à ajouter sur la biographie de Dušan Ivković. Beaucoup ici la connaissent incomparablement mieux que moi…, » a déclaré Aleksandar Vučić. « En tant que président de la Serbie, je suis fier que la Serbie ait eu un tel homme. » Et s’adressant à sa famille : « Soyez fier de votre père et de votre mari, tout comme nous tous en Serbie serons fiers de tout ce qu’il a fait et de son excellent travail. La Serbie

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Photo d’ouverture : Avec Vassilis Spanoulis

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