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Rediff – De Cergy à Nanterre et de la Serbie à la NBA, l’éclatante trajectoire d’Adam Mokoka

Après trois saisons entre la Serbie, la NBA et la G-League, Adam Mokoka (1,96 m, 23 ans) est revenu en France, à Nanterre, en novembre dernier. Discret, travailleur et la tête sur les épaules, le Francilien réalise une saison pleine de promesses dans les Hauts-de-Seine. Son coach, son président et u

Après trois saisons entre la Serbie, la NBA et la G-League, Adam Mokoka (1,96 m, 23 ans) est revenu en France, à Nanterre, en novembre dernier. Discret, travailleur et la tête sur les épaules, le Francilien réalise une saison pleine de promesses dans les Hauts-de-Seine. Son coach, son président et un ancien coéquipier le racontent.

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Il n’a pas encore 24 ans mais Adam Mokoka a déjà vécu plusieurs vies. Formé à Gravelines, passé par la Serbie, les Etats-Unis, double champion d’Europe U16 et U18 avec les Bleuets de la génération 1998… le natif de Paris 19e a très vite franchi les étapes et s’est révélé auprès du grand public par son passage en NBA, dans la franchise mythique des Chicago Bulls. Le combo guard n’y a joué que 24 bribes de matches, dans une période d’incertitudes liée à la crise sanitaire, passant davantage de temps dans son antichambre, la G-League, chez les Windy City Bulls (10,9 points, 5,7 rebonds, 3,3 passes en 31 matches) puis les Austin Spurs (4 matches). L’horizon de la NBA bouché, le joueur originaire de Cergy, et plus précisément du quartier des Chênes, a choisi de revenir en Europe et s’est engagé à Nanterre. Un retour aux sources.

En l’espace de six mois, le jeune joueur a mis en évidence l’étendue de ses progrès depuis son départ de Gravelines en 2018, l’année où il avait élu meilleur jeune du championnat de France. Il figure aujourd’hui dans le top 20 des meilleurs joueurs français à l’évaluation en Betclic Elite, tournant à 11,2 points à 38,1 % aux tirs, 4,2 rebonds, 2,0 passes décisives et 0,8 interception pour 9,9 d’évaluation en 27 minutes sur 21 matches.

Adam Mokoka (Nanterre) débordant Kyle O’Quinn (Paris) (c) Thomas Savoja

« Adam cherchait une opportunité de se relancer avec un rôle plus important qu’aux Etats-Unis. Il a refusé des offres de l’étranger pour venir ici, ça prouve son envie, nous confiait le président nanterrien Frédéric Donnadieu, frère du coach Pascal, début décembre, au moment de l’arrivée d’Adam Mokoka pour remplacer le vice-champion du monde 2019 Patricio Garino. C’était aussi un geste symbolique pour le club de remplacer un joueur étranger par un joueur français, jeune de surcroit. Avoir un jeune joueur français de 23 ans plein de potentiel avec un profil adapté au championnat de France et qui, en plus, est un banlieusard donc parfaitement dans l’esprit du club, qui est un club de banlieue, ça a du sens. Je le connais depuis qu’il est en minimes quand il jouait à Cergy (Val-d’Oise), il avait déjà de grandes qualités. J’espère que son passage chez nous contribuera à le relancer sur le circuit européen et lui donnera en quelque sorte une seconde chance, car c’est dans l’ADN de ce club. »

Un défenseur hors-pair

Avec Adam Mokoka, Nanterre a ainsi saisi une chance de mettre en lumière un nouveau jeune prospect tricolore, comme le club a su le faire ces dernières années avec Adrien Moerman, Edwin Jackson, Evan Fournier, Mam Jaiteh, Mathias Lessort, Alpha Kaba, Isaïa Cordinier ou encore Victor Wembanyama… tous internationaux ou aux portes de l’équipe de France. « Adam Mokoka, Ismael Kamagate, Juhann Begarin… On a vraiment un vivier de qualité. Le basket français a cette densité et richesse de talents, ça ne peut que faire grimper le championnat. Adam est quelqu’un qui, à mon avis, va faire une très belle carrière », notait Pascal Donnadieu, coach de Nanterre à la double casquette d’assistant en équipe de France, après la rencontre face au Paris Basketball le 25 mars dernier.

À 23 ans, le chemin est encore long pour Adam Mokoka. « Sa marge de progression est évidente, il n’est pas encore au sommet de son art, selon le président de Nanterre. Il a déjà montré ses aptitudes physiques et défensives, il doit encore trouver le rythme offensif, c’est ça qui va prendre le plus de temps. » Car, effectivement, le joueur formé à Gravelines est avant tout un super défenseur sur porteur de balle, comme en témoigne Luka Asceric, arrière franco-serbe également passé par le Mega Bemax pendant plus de deux saisons, et qui a côtoyé Adam Mokoka en Serbie lors de l’exercice 2018-2019.

Adam Mokoka sous le maillot du Mega Bemax (c) ABA League
« Adam est arrivé en Serbie à l’été 2018. On s’est très vite rapprochés car j’étais le seul à parler français dans l’équipe avec Kostja Mushidi (passé par le centre de formation de Strasbourg). Dès le début, on a accroché. Après une semaine là-bas, il commençait déjà à blaguer en serbe. Il s’est adapté très vite à l’environnement, à la charge de travail… J’étais venu à Mega pour jouer poste 2-1, Adam au poste 2. Le meneur principal étant blessé, j’ai été surtout utilisé à la mène et il a tout de suite eu vocation à défendre sur le poste 1. Dès le début, son activité défensive sur le porteur de balle m’a impressionnée. Même à 20 ans, sa défense était déjà de très haut niveau. De tous les joueurs contre qui j’ai joué, il est certainement dans le top des défenseurs sur l’homme. Pour l’anecdote, on avait joué cette saison-là contre l’Olimpija Ljubljana. A l’époque, il y avait Scottie Reynolds à la mène (actuellement au Champagne Basket). Ce match-là, Adam l’a harcelé à chaque seconde, Reynolds avait perdu je ne sais combien de ballons (quatre) dont au moins deux pour 8 secondes sur la montée de balle. Quelques matches plus tard, il s’était fait couper. Entre nous, on blaguait un peu car on se disait qu’Adam lui devait de l’argent (rires). »Luka Asceric, coéquipier d’Adam Mokoka au Mega Bemax

Une force défensive qu’il doit à « un physique hors normes », selon Luka Asceric. « Il possède un physique quasiment naturel. A Mega, il bossait sur la même charge de travail qu’un autre joueur, et il prenait naturellement plus vite. Son corps est taillé pour le très haut niveau. Ses mouvement latéraux, sa rapidité d’exécution… Il a également travaillé énormément sur son shoot, qui est devenu l’un de ses points forts. » Livré à lui-même, dans un pays étranger, et confronté à une autre culture, Adam Mokoka a combiné travail individuel et fondamentaux en Serbie. De quoi intéresser les scouts NBA à cette époque, alors qu’il évoluait dans un club réputé pour sortir chaque année de nombreux jeunes prospects. C’est notamment grâce à son étiquette de 3&D qu’Adam Mokoka a eu l’opportunité de rejoindre les Etats-Unis, bien que n’ayant pas été sélectionné à la draft 2019. « Ce rôle, c’est ma porte d’entrée en NBA et je le sais. Mais je ne veux pas m’y cantonner sur le long terme, avait livré l’intéressé à Basket USA il y a deux ans. Je travaille énormément sur d’autres aspects. Je me définirais plus comme un combo guard et je veux montrer que je suis capable d’être un joueur complet et polyvalent. »

« Le rêve d’Adam de jouer en NBA était tellement grand que, quand il a eu l’opportunité d’y jouer, c’était difficile de refuser »

Adam Mokoka n’a eu que partiellement l’occasion de le montrer en NBA, où il s’est contenté d’une vingtaine de rencontres dans un rôle sporadique pendant deux saisons. Une performance unique l’a malgré tout propulsé sur le devant de la scène, le 7 février 2020, quand il a inscrit 15 points à 100 % de réussite en 5 minutes et 4 secondes face aux Pelicans. Une première depuis l’instauration de la règle des 24 secondes… en 1954, récompensée de quelques « MVP, MVP » dans les gradins du United Center. « C’était énorme. Ma mère était juste en face de moi lorsque je tirais mes lancers, et je la regardais en entendant cela. C’était une sensation inimaginable. Avoir tous les fans derrière soi alors que personne ne me connaissait et que j’étais un petit jeune étranger était vraiment énorme », avait-il expliqué au Quotidien du Sport. Sauf que, cette sortie ne fut jamais suivie d’effets dans un collectif des Bulls hiérarchisé et dans une période où le confinement – qu’il a passé avec son ami Frank Ntilikina à New York -, survenu quelques semaines plus tard, l’a empêché de réussir à se faire une place à temps plein dans l’effectif. Pas anodin quand l’intéressé expliquait que le plus dur aux Etats-Unis était de « trouver de la stabilité personnelle ».

Un an et demi plus tard, Adam Mokoka quittait logiquement la NBA – et la G-League – pour revenir en grandes pompes sur le marché européen. Un mal pour un bien pour son entraîneur actuel. « Comme beaucoup de joueurs, le rêve d’Adam de jouer en NBA était tellement grand que, quand il a eu l’opportunité d’y jouer, c’était difficile de refuser. D’autant que, dans son cas, il a quand même eu quelques minutes à Chicago à un moment donné. Après, quand il a vu que l’horizon était bouché, il a eu la lucidité de revenir, comme l’a fait Guerschon (Yabusele) par exemple, et je trouve ça très bien. Au bout de 2-3 saisons, il ne faut pas que nos talents s’enterrent, je n’en vois pas l’intérêt. Quitte à repartir un jour en NBA, voire jouer en Euroleague ou une autre coupe d’Europe… Ce ne sont pas des compétitions désagréables non plus. Comme d’autres joueurs français, Adam a une intensité, des qualités athlétiques exceptionnelles. Mon travail est de développer sa lecture de jeu, son QI basket, et j’y crois car c’est un garçon très à l’écoute, ce n’est pas un mec qui pense tout maîtriser. Il a une éthique de travail très intéressante… et la tête bien faite. » C’est aussi un jeune homme très discret, dans la vie comme dans les médias, un travailleur de l’ombre, qui a « bon fond ».

Quelques mois après son retour en France, l’arrière a somme toute retrouvé goût à la compétition. Le Francilien doit encore régler la mire, son déchet au tir extérieur étant encore important (27,0 % à 3-points, il tournait à 31,9 % lors de sa dernière année en Europe, en Serbie) et manque encore de maîtrise par séquences, mais l’investissement est là. « Tout n’est pas encore parfait, vous l’avez vu contre Paris quand il fait sa quatrième faute personnelle à 10 mètres du panier dans un moment faible… Il faut qu’il progresse là-dessus, qu’il arrive à gérer ce genre de situations, tempère Pascal Donnadieu. Mais je sais qu’il retrouve des sensations sur le terrain. Et ça, c’est parce qu’il joue. Quand les garçons ne jouent pas, c’est plus compliqué. Pour reprendre l’exemple de Guerschon (Yabusele), je me souviens de la première fois que je l’ai revu en équipe de France après la NBA, on voyait bien qu’il avait perdu des repères. » « Il faut que je gère la surpression que je peux mettre à mon vis-à-vis, acquiesçait Adam Mokoka après le match de Paris, contre qui il a pourtant réalisé une pointe à 19 points, sa meilleure perf’ offensive de la saison. Il faut que je choisisse mes moments et ne pas pénaliser l’équipe par mes fautes. Par moments, je ne suis pas satisfait de ce que je produis. Je me dis toujours que je pourrais être meilleur. »

L’équipe de France dans le viseur ?

Cette volonté de progresser en fait aujourd’hui, à 23 ans, un candidat légitime à l’équipe de France à court mais surtout à long terme. S’il ne fait pas encore partie officiellement du Team France, ce membre de la génération 1998 – comme Frank Ntilikina, Killian Tillie, Abdoulaye Ndoye, Enzo Goudou-Sinha, Neal Sako, Bathiste Tchouaffe, Digue Diawara ou Bastien Vautier – clame depuis toujours sa volonté de revêtir le maillot de la sélection nationale. « J’ai gagné des titres avec l’équipe de France jeunes en U16 et en U18. On est souvent en contact au sein de notre génération, que je considère comme des frères. La sélection, ce sera toujours un objectif pour moi, je veux y arriver. J’ai toujours cherché à représenter la France depuis tout petit. Je garde cet objectif en tête et je me tiens prêt à être appelé, pour n’importe quelle échéance. Bien sûr, il va falloir que je continue à travailler et que je sois performant en club, mais ça fait partie de mes objectifs », avait-il annoncé à Basket USA.

Adam Mokoka et la génération 1998 des Bleuets championne d’Europe U18 en 2016 (c) FIBA

Depuis plusieurs saisons, le sélectionneur Vincent Collet a pris l’habitude d’élargir le Team France, tant pour les fenêtres internationales que la préparation aux grandes compétitions, et ce dans le but de concerner un maximum de joueurs pour les JO de Paris 2024. Tout laisse à penser qu’Adam Mokoka, de retour en Europe, est un candidat légitime au processus de sélection, lui qui « rêve de disputer les JO à la maison ». En attendant un premier appel, il reste concentré sur sa saison à Nanterre… avant de viser plus haut ? Réponse dans les prochains mois.

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Il n’a pas encore 24 ans mais Adam Mokoka a déjà vécu plusieurs vies. Formé à Gravelines, passé par la Serbie, les Etats-Unis, double champion d’Europe U16 et U18 avec les Bleuets de la génération 1998… le natif de Paris 19e a très vite franchi les étapes et s’est révélé auprès du grand public par son passage en NBA, dans la franchise mythique des Chicago Bulls. Le combo guard n’y a joué que 24 bribes de matches, dans une période d’incertitudes liée à la crise sanitaire, passant davantage de temps dans son antichambre, la G-League. L’horizon de la NBA bouché, le joueur originaire de Cergy, et plus précisément du quartier des Chênes, a choisi de revenir en Europe et s’est engagé à Nanterre. Un retour aux sources.

En l’espace de six mois, le jeune joueur a mis en évidence l’étendue de ses progrès depuis son départ de Gravelines en 2018, l’année où il avait élu meilleur jeune du championnat de France. Il figure aujourd’hui dans le top 20 des meilleurs joueurs français à l’évaluation en Betclic Elite, tournant à 11,2 points à 38,1 % aux tirs, 4,2 rebonds, 2,0 passes décisives et 0,8 interception pour 9,9 d’évaluation en 27 minutes sur 21 matches.

Adam Mokoka (Nanterre) débordant Kyle O’Quinn (Paris) (c) Thomas Savoja

« Adam cherchait une opportunité de se relancer avec un rôle plus important qu’aux Etats-Unis. Il a refusé des offres de l’étranger pour venir ici…

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Photo : Adam Mokoka (Thomas Savoja)

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