La vie de Michael Brooks a dérapé deux fois en cinq ans. Une première fois dans la douleur, en NBA. Une deuxième fois dans la douceur, à Limoges. La NBA a trop longtemps oublié ce joueur qu’on croyait cassé. C’est Limoges qui l’a retrouvé. Au top niveau. Brooks aujourd’hui, c’est un joueur tout neuf dans une vie toute neuve…
Cette semaine, place à quatre joueurs américains, qui ont fait la gloire du Limoges CSP dans les années 80-90 et dont Liliane Trévisan avait brossé le portrait à l’époque pour le mensuel Maxi-Basket. Clarence Kea (lundi), Michael Brooks (mardi), Don Collins (mercredi) et Michael Young (jeudi).
A Tel-Aviv, dans l’antre du Maccabi, les égarements des officiels lui avaient valu de quitter le combat prématurément pour une cinquième faute parfaitement fantaisiste. Du coup, on avait vu les 2,01 m de Michael Brooks terminer le match à quatre pattes, rampant fiévreusement le long du banc limougeaud en hurlant des encouragements aux petits camarades…
A Limoges, face à Den Helder, Brooks n’a pas terminé le match à quatre pattes. Den Helder, si. Car cette fois, les 2,01 m du n°8 limougeaud étaient bel et bien dépliés sur le terrain. Sur le terrain et au-dessus de tout le monde. Une vraie déferlante. C’est peu dire que ce soir-là, Michael Brooks a survolé le match. Il a fait voir toute l’étendue de sa polyvalence, et un registre de jeu, cultivé entre college-NBA-équipe nationale US, qui l’avait fait passer là-bas de deuxième arrière à intérieur, en passant par toutes les variantes de l’ailier. Bref, il a été partout, tentaculaire, percutant, inévitable. Comme ses stats qu’on vous ressort rien que pour le plaisir : 23 points, 10 sur 16 aux tirs (62% de réussite), 3 sur 5 aux lancers francs, 17 rebonds, 4 contres, 5 interceptions, 3 dunks bien saignants,3 passes,3 fautes personnelles… Ah oui, on oublierait presque, une balle perdue. Et le tout en 27 petites minutes de jeu… Jouer en face de Brooks ce soir-là, ça donnait plutôt envie de tout remballer et d’aller se reconvertir dans le commerce des bicyclettes aux Pays-Bas. C’est moins fatigant, et surtout, ça va moins vite. On ne sait pas si c’est ce que va faire Tito Cooper, mais il avait l’air bien atteint en quittant les vestiaires, répondant d’un geste vaguement las à la simple évocation du nom de Brooks, dans le style « qu’on ne me parle plus jamais de ce mec-là… »
Pourtant, il y en a des choses à dire sur Michael Anthony Brooks. Ne serait-ce que parce que, quand ce vrai-faux pivot est arrivé à Limoges, on avait là-bas comme ailleurs, quelques doutes à son sujet. Doutes sur ses qualités physiques (ce genou était-il vraiment guéri ?), ses facultés d’adaptation, au basket français, à une
Article paru dans Maxi-Basket en février 1990
Photo d’ouverture : Maxi-Basket