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Gabby Williams, l’heure de l’épanouissement

Son entrée tonitruante en Coupe du monde face à l’Australie prouve que Gabby Williams (1,80 m, 26 ans) est désormais la leader des Bleues.

Son entrée tonitruante en Coupe du monde face à l’Australie prouve que Gabby Williams (1,80 m, 26 ans) est désormais la leader des Bleues.

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En mai 2021, Gabby Williams était arrivée sur la pointe des baskets en équipe de France, à la place d’une autre Franco-Américaine, Bria Hartley, qui venait de se tordre le genou en WNBA. A l’Euro franco-espagnol et aux Jeux Olympiques japonais, on l’avait senti sur la retenue. Elle était efficace, mais semblait en avoir beaucoup plus sous la pédale. La jeune femme n’a rien d’une arrogante, un qualificatif qui peut définir pas mal de ses compatriotes… américaines, elle n’était pas là en terrain conquis.

Quand on lui a demandé si elle escomptait prendre le leadership au sein d’une équipe de France sérieusement rajeunie en raison d’une cascade de forfaits, elle avait répondu juste avant la Coupe du monde : « J’essaie. Je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup. Même en anglais avec mes équipes, je ne parle pas beaucoup. J’aime bien dire que c’est mon jeu qui parle. Je ne me sens pas toujours à l’aise pour le faire, mais avec une équipe aussi jeune, il faut que je me force. Moi aussi, je vais grandir pendant cette Coupe du monde. Il faut que je retrouve mon rythme avec cette équipe, ce style de jeu. Ça va aller vite, je pense. »

Ça oui, malgré le fait qu’elle n’a commencé sa préparation avec les Bleues que sur la fin, elle s’est tout de suite imposée comme la leader des deux côtés du terrain. Face à l’Australie, la native du Nevada a marqué 12 des 14 premiers points français, et conclu le match en beauté avec un tir arc-en-ciel de sept mètres et une passe au cordeau à Marième Badiane. C’est elle qui a donné confiance aux jeunes. Plus que d’hurler, donner l’exemple, c’est ça être un leader.

Jamais de vacances

Gabrielle Lisa Williams est l’une des meilleures joueuses d’Europe, toutes nationalités confondues. Très athlétique, avec des jambes et des bras qui bougent dans tous les sens, c’est tout d’abord une experte en défense. Elle avait remporté le trophée correspondant de l’AAC en 2017, alors qu’elle portait le jersey de la prestigieuse université de Connecticut, et elle a obtenu la même distinction en Euroleague en 2021, finissant deuxième l’année suivante. Plus encore, elle a été reconnue comme la MVP du Final Four une fois que son équipe de Sopron eut remporté l’épreuve.

En WNBA, elle n’a pas tout à fait le même statut. Mais, après une année complètement consacrée à l’équipe de France – une nouvelle preuve de son investissement -, elle a réussi à gagner sa place dans le starting five du Seattle Storm de la légende Sue Bird. Et après un démarrage laborieux au niveau de l’adresse, elle a tourné en 26 minutes à 6,8 points (44,4 % aux shoots), 5,0 rebonds, 3,1 passes et 1,5 interception. Des stats très complètes pour celle qui n’est pas une shooteuse pure. En fait, cette arrière-ailière, à qui il est arrivé de jouer meneuse au Chicago Sky, est si polyvalente que le jour où elle met ses shoots, elle est vraiment irrésistible.

Gabby Williams est si batailleuse que ça lui arrive d’y laisser des plumes. Elle a, par exemple, été victime d’une commotion cérébrale cet été et elle fait remarquer qu’elle a encore une bosse à la tête. Elle est aussi incroyablement endurante. Elle est l’une de ses joueuses qui enchaînent championnat domestique/Euroleague-WNBA-équipe nationale. Elle n’a pas eu le temps de couper entre la fin de sa saison en WNBA, qui s’est terminée en demi-finale, perdue 1-3 contre les Las Vegas Aces, qu’il lui a fallu rallier l’Australie. Et une fois la lumière de la Coupe du monde éteinte, elle devra prendre ses quartiers à Lyon. L’ASVEL l’attend avec impatience. Jamais de vraies vacances. Un rythme que n’aurait pas renié Stakhanov. « J’ai l’habitude ! Ne pas avoir de vacances, il n’y a rien de nouveau pour moi. Je me sens bien physiquement, mentalement. Ça fait du bien mentalement de rejoindre les filles, de retrouver tout le monde, de mettre le maillot de l’équipe de France. Je suis contente d’être ici après la déception de la demi-finale en WNBA. Ça fait du bien de se changer les idées. »

Pas la peine de lui demander si elle se sent à l’aise au sein du groupe. Gabby Williams est une fille souriante, enjouée, qu’il vous plairait d’avoir comme copine, et pour qui la France est vraiment sa seconde patrie. Elle a fait tellement de progrès en français qu’elle a même chopé cette expression qui caractérise les nouvelles générations, le « du coup ».« Heureusement, j’ai fait les deux fenêtres en février et novembre. Du coup, je connais déjà les filles, les systèmes. Du coup, ce n’est pas aussi difficile qu’avant. J’ai fait beaucoup de sélections avec l’équipe de France. J’ai plutôt progressé en français (rires). Je suis plutôt à l’aise. Je connais bien les filles. »

Quand on lui a demandé comment elle évaluait cette équipe refondue, Marine Johannes n’avait pas encore hissé le drapeau blanc, mais Gabby sentait bien le coup venir. « Il faut jouer ensemble, ça va prendre du temps. Elles vont prendre de l’expérience. J’espère que l’on va provoquer une petite surprise dans ce tournoi. Comme on est jeune, on n’a pas beaucoup de pression. On va essayer de profiter et quand tu joues comme ça, les bonnes choses arrivent. »

D’où pour elle une conséquence logique que toute personne neutre, donc hors supporters inconditionnels, considérait comme farfelue… « L’objectif, c’est d’être médaillé, bien sûr. Ce n’est pas si facile mais comme on n’a pas l’expérience, il faut que l’on kiffe, que l’on prenne plaisir. Et comme ça je pense que l’on peut trouver le momentum et faire de bonnes choses. Oui, on est jeune, mais on va progresser, on va prendre de l’expérience. On va grandir mais il faut qu’on le fasse dans le même sens. »

100% Française

On lui a demandé si elle connaissait Terry Tarpey, le héros de l’EuroBasket. Elle a répondu :
– Je sais qu’il est Franco-Américain, mais je ne le connais pas. Je crois qu’il est né en France, non ?
– À Poissy.
– C’est cool de voir un autre Franco-Américain.

Et puis, Gabby en a profité pour argumenter à propos de son propre cas :
– En fait, je ne comprends pas la règle pour les naturalisés de la FIBA parce que nous, on est Français, on n’est pas des naturalisés. On est Franco-Américains. On n’est pas des Américains avec un passeport.

Oui, c’est subtil le basket et les nationalités. Gabby Williams est Française par filiation (par sa mère et sa grand-mère), comme Bria Hartley et comme Terry Tarpey. Mais les parents de celui-ci lui ont fait faire un passeport quand il était gamin et il a pu prouver qu’il est Français de naissance. Pas Gabby Williams, qui paie pour tous ces naturalisé(e)s bidon qui polluent le basket européen. Et ça, Gabby, elle l’a en travers de la gorge car son investissement en bleu est sincère et profond.

Sa double culture lui permet, non seulement de répondre avec aisance aux journalistes australiens, mais aussi d’être connectée avec la WNBA. A un confrère qui lui a demandé son sentiment sur l’emprisonnement de Brittney Griner dans une geôle de Moscou, elle a répondu : « Elle est toujours présente dans ma tête. On a le même agent et j’essaie de lui écrire des lettres. On n’est pas vraiment proche mais on se connaît. Pour tout le monde en WNBA, c’est notre sœur. On pense fort à elle. On essaie de faire des choses, pour sa femme, sa famille, on parle avec les médias. A ce propos, merci de votre question… »

On vous le dit, Gabby Williams est une fille bien. Sa grand-mère peut être fière d’elle.

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En mai 2021, Gabby Williams était arrivée sur la pointe des baskets en équipe de France, à la place d’une autre Franco-Américaine, Bria Hartley, qui venait de se tordre le genou en WNBA. A l’Euro franco-espagnol et aux Jeux Olympiques japonais, on l’avait senti sur la retenue. Elle était efficace, mais semblait en avoir beaucoup plus sous la pédale. La jeune femme n’a rien d’une arrogante, un qualificatif qui peut définir pas mal de ses compatriotes… américaines, elle n’était pas là en terrain conquis.

Quand on lui a demandé si elle escomptait prendre le leadership au sein d’une équipe de France sérieusement rajeunie en raison d’une cascade de forfaits, elle avait répondu juste avant la Coupe du monde : « J’essaie. Je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup. Même en anglais avec mes équipes, je ne parle pas beaucoup. J’aime bien dire que c’est mon jeu qui parle

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Photos : Gabby Williams (FIBA)

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