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Frédéric Mazéas (Skweek) avant Mersin - Bourges : « Les Berruyères ont tout à gagner »

Vainqueur du match 2 de son quart de finale au Prado, Bourges s'est offert une belle avec en ligne de mire une qualification pour le Final Four de l’Euroleague féminine. Frédéric Mazéas, journaliste-commentateur pour Skweek, nous présente les enjeux de cet épilogue, qui aura lieu mercredi après-midi (17h) en Turquie, à Mersin.

Depuis le début de la saison, Skweek diffuse les rencontres des clubs français en Euroleague féminine, en plus de l’Euroleague masculine et des clubs français en Eurocup. Cette semaine, la plateforme se met sur son trente-et-un avec le dénouement du quart de finale d’Euroleague entre Bourges et Mersin et de la demi-finale d'Eurocup entre Villeneuve-D’Ascq et l’ASVEL. Deux matches cruciaux commentés par Frédéric Mazeas, journaliste-commentateur, et sa consultante Isabelle Yacoubou.

Quelle analyse faites-vous des deux premiers matches de cette série ?
« Le fait d’avoir emmené cette série au match 3 est une bonne nouvelle. On aurait pu se dire que le trio américain de Mersin représentait une force supérieure en talent. Raison pour laquelle le coach Olivier Lafargue a beaucoup insisté sur l’aspect collectif. C’est ce qu’on a vu sur les deux matches. Au premier (défaite 84-56), Bourges n’a pas réussi à réagir avec cette force collective et a coulé sur la fin. Au deuxième (victoire 76-75), les Berruyères l’ont retrouvée et ont maîtrisé leur sujet. On a eu deux matches diamétralement opposés. Le troisième sera à coup sûr disputé, avec l’aléa d’un très très long voyage jusqu’à Mersin et les 13 heures de voyage pour Bourges, avec une escale à Istanbul. Ce sont des conditions bien différentes de celles des Turques qui ont voyagé en France en avion privé par exemple.

Le consultant Ali Traoré et le journaliste Frédéric Mazéas au Prado lors du match 2 © Bourges

Quelles sont les forces et faiblesses de Mersin selon vous ?
Principalement la défense. Ou l’envie de défendre en tout cas, car sur le match 2, on sentait que, dès que Bourges voulait se projeter vers l’avant, les Turques ne faisaient pas assez d’efforts pour revenir. C’est un peu fort mais il y a peut-être eu un peu de suffisance, un péché d’orgueil de la part des joueuses de Mersin. Elles ont attendu pour se mettre au niveau d’intensité de Bourges et se sont peut-être dit qu’elles allaient compter sur leurs individualités pour faire la différence. C’est leur force : elles ont certes perdu DeWanna Bonner mais il reste Tiffany Hayes, qui a été très forte en fin du match 2 - Bourges n’a jamais su l’arrêter, à peine la freiner -, Chelsea Gray… Ce sont des joueuses de top niveau.

La profondeur de banc de Bourges est-elle plus importante que celle des Turques, qui se reposent principalement sur leurs joueuses américaines ?
Par rapport à la densité de Bourges, c’est peut-être une faiblesse, oui. Mais les joueuses de complément connaissent leur rôle et peuvent faire la différence en bout de chaîne, notamment Goksen Fitik à 3-points. Dans cette équipe, il faut choisir le poison : accepter de laisser une Américaine marquer 20-30 points ou cibler les joueuses du banc, qui sont quand même redoutables. Au Prado, elles ont mis les points quand il fallait, ça ne s’est pas joué sur ça.

« On peut estimer les chances de victoires de Bourges à 30-40 % »

Le coach

Olivier Lafargue

évoquait l’attente importante autour de Mersin, qui aura la tâche de conclure dans le costume de favori. La pression, elle est sur les épaules de Turques maintenant…
Oui, la maxime « tout à gagner » convient très bien aux Berruyères. Tout le monde sera contre elles, les pronostics seront contre elles. Sur toute la saison d’Euroleague, Bourges a eu beaucoup de up and downs, mais les derniers matches à Polkowice, Fenerbahçe, Mersin - match 1 excepté - étaient plutôt bons. Je ne sais pas à combien on peut estimer les chances de victoires de Bourges, peut-être 30-40 %. Mersin aura l’avantage du terrain, partira en favori, et il faudra se nourrir de cette pression.

Quelles seront les clés du match 3 ?
J’ai presque envie de dire que cette belle dépend plus de Bourges que de Mersin. Est-ce que les Tangos seront capables d’agresser ces Turques de la même manière, avec énormément de drives pendant 40 minutes ? Peut-on trouver un peu plus de jeu intérieur ? Il y avait tellement peu de choses à jeter sur le match 2, finalement, que cela va être difficile à refaire. C’est tout l’enjeu. Bourges a récupéré Alix Duchet et Endy Miyem. C’est un petit boost nécessaire. Finalement, ça fait tard dans la saison pour être au complet, mais ça arrive. C’est le moment.

https://www.basketeurope.com/livenews-fr/657654/olivier-lafargue-coach-bourges-jouer-cette-belle-en-turquie-face-a-leurs-ultras-ne-nous-fait-pas-peur/


Villeneuve d’Ascq - ASVEL : « Un match à gros suspens »

Au vu du match aller (victoire de l’ASVEL 84-80), l’ESBVA a-t-elle les armes pour se frayer une place en finale de l’Eurocup ?
Oui, remonter 4 points sur un match, c’est un écart minime. Si une équipe passe au travers pendant 5-6 minutes, ça peut être fatal. Comme Lyon a profité de son public jeudi dernier, Villeneuve-d’Ascq peut le faire aussi. Malgré tout, il y a 4 victoires à 0 pour l’ASVEL cette année, ça refroidit un peu. Cela dit, et Marine Johannès nous l’a rappelé : jouer une équipe plusieurs fois n’est jamais simple. On l’a ressenti déjà sur le match aller, Villeneuve-D’Ascq n’avait pas de pression. Les joueuses de Rachid Meziane ont joué libéré. Même à l’extérieur, elles ont montré beaucoup de coeur. Elles ont fait preuve de patience, elles ont systématiquement trouvé les joueuses qui avaient la main chaude, que ce soit Kennedy Burke ou Kamiah Smalls. Elles ont fait un excellent match - qui était d’ailleurs d’une très grande qualité, au même titre que le match entre Bourges et Mersin. Il n’y a pas de raison qu’elles ne soient pas au niveau sur le match retour, chez elles. Je me dis que, quoi qu’il arrive, on va encore avoir un match à gros suspens. C’est un peu cliché mais tout est possible.

Serait-ce un échec pour l’ASVEL et son armada d’internationales de ne pas rejoindre la finale ?
Le mot échec est un peu fort car, dans le sport, on peut toujours passer au travers. Ce serait une déception car les Lyonnaises sont sur une lancée incroyable avec 15 victoires consécutives toutes compétitions confondues. Si tu perds et que tu laisses passer la finale après cette magnifique série, la déception sera d’autant plus grande. Mais l’ASVEL réalise globalement une excellente saison. Elles sont leaders du championnat de France, qualifiées pour la finale de la Coupe de France. L’Eurocup est un vrai gros bonus mais, en cas d’élimination, leur saison ne serait pas terminée pour autant. »

Quel dispositif pour Villeneuve-D’Ascq - ASVEL ?
Outre Mersin - Bourges, Skweek diffusera aussi ce jeudi (20h) la demi-finale retour de l’Eurocup entre deux clubs français : Villeneuve-d’Ascq et Lyon. Elle sera commentée depuis le Palacium, avec une prise d’antenne 20 minutes avant le début de la rencontre, des réactions et un plateau en après-match. À noter que la finale de l’Eurocup féminine - prévue les 5 et 12 avril, et qui concernera donc un club français - sera diffusée gratuitement, en clair, sur la plateforme Skweek.

Le regard de Frédéric Mazéas sur la première saison de Skweek :
« Sur Skweek, on arrive déjà quasiment à la fin de notre première saison. C’était dense. Mais on a une équipe extrêmement motivée, qui donne beaucoup pour mettre en valeur le basket français et européen. Certes, c’est derrière un paywall - abonnement - mais il y a en aussi beaucoup sur les réseaux sociaux, avec notamment de gros résumés de matches, des reportages, des interviews en accès gratuit. On essaie d’être le plus complets possibles avec les moyens qu’on a, qui sont bons. Il faut aussi souligner que les clubs jouent le jeu. On ne peut pas faire 34 matches d’Euroleague masculine avec des insides, des interviews, des sujets sans que les clubs ne t’aident un peu, ne serait-ce qu’en mettant à disposition des gens pour répondre. C’est agréable de travailler avec des clubs qui te donnent à manger, même s’il y a encore à faire de manière générale en ce qui concerne la médiatisation. En tout cas, il va y avoir le pic de la saison avec les phases finales d’Euroleague et d’Eurocup, masculine et féminine, ces prochaines semaines. Le meilleur arrive ! »

Photo : Bourges (FIBA)

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