Jean-Pierre Siutat, président de la FFBB, sur l’absence de Marine Johannès : « On sait qu’on se fera taper dessus, mais on assume »

Dans Le Parisien ce jeudi, le président de la Fédération française de basket (FFBB) Jean-Pierre Siutat a apporté son soutien au staff de l’équipe de France féminine, qui a pris la décision de se passer de Marine Johannès à l’EuroBasket (15-25 juin en Slovénie).

Silencieux ces derniers jours, le président de la Fédération française de basket a montré son soutien à l’encadrement de l’équipe de France féminine, qui a décidé d’écarter Marine Johannès pour le prochain Euro. Jean-Pierre Siutat s’est livré dans les colonnes du Parisien. La joueuse de l’ASVEL n’avait pas été retenue par le staff des Bleues pour disputer championnat d’Europe en raison de sa volonté de signer son contrat avec New York Liberty en WNBA. Extraits.

A propos de ses rapports tendus avec la joueuse :

« J’ai entendu dire que j’avais esquivé Marine (Johannès) lors de la remise du trophée de champion de France avec l’ASVEL lundi soir. Ce n’est pas le cas. Il n’y a aucun problème entre Marine et moi. Je suis allé la voir dans les vestiaires où j’ai passé une demi-heure avec elle. Je l’ai eue tous les jours au téléphone depuis, j’ai même échangé avec sa coach à New York, Sandy Brondello, que je connais bien, pour tenter d’arranger la situation. Marine est attachée à l’équipe de France et on est attaché à elle. En revanche, il y a un problème d’objectif.
Au lendemain des Jeux de Tokyo en 2021, la Fédération a fixé comme une ambition d’aller chercher des médailles aux Jeux de Paris. C’est un objectif fort. On ne peut pas nous le reprocher. Pour décrocher ces médailles, on a fait du championnat d’Europe 2023 une étape incontournable. Il sera très relevé car il permettra aux équipes de se qualifier pour le TQO. Une médaille aura plus de valeur qu’un Euro traditionnel. Pour qu’on puisse être compétitif et aller chercher un résultat, il faut qu’on puisse se préparer correctement. La Serbie a eu 60 jours de préparation, l’Espagne est déjà au complet. On a prévenu les joueuses depuis des mois qu’elles devaient être disponibles pour cette compétition. »

A propos du calendrier lié à son contrat en WNBA :

« Une fois que Marine est aux Etats-Unis, elle devait y rester jusqu’à 15 jours avant le début de l’Euro, c’est l’accord sectoriel entre la FIBA et la WNBA. On ne peut pas faire autrement. Elle serait donc rentrée le 1er ou le 2 juin. Avec le décalage horaire, on n’aurait pas pris le risque de la faire jouer dans la foulée et, après, on a une coupure de quelques jours. Elle aurait donc débuté sa préparation le 7 juin et, le 14 juin, on est sur site. C’était trop compliqué pour le staff. L’Euro sert aussi de préparation pour les Jeux Olympiques qui seront à la maison. Si on n’est pas concerné par ça, c’est un problème. Ce n’est pas sur une compétition quelconque. On cherche à former un groupe en peu de temps parce qu’on veut réussir quelque chose de grand à la maison. Marine une compétitrice. Elle va jouer dans une très belle équipe à New York et elle y va pour gagner le titre WNBA. Elle n’est jamais rassasiée de basket, c’est une vraie joueuse, elle pensait sans doute pouvoir faire les deux… Mais ce n’est pas possible cette année. C’est son choix. Les règles sont explicites et ont été données suffisamment tôt. »

Sur la différence entre les règles pour les filles et les garçons vis-à-vis des Etats-Unis :

« Les garçons ont 28 jours de préparation avant une échéance internationale. L’accord entre la FIBA et la NBA pour les garçons, c’est 28 jours. On peut faire des choses en 28 jours. Le contrat entre la FIBA et la WNBA, c’est 15 jours… Il faut respecter le basket féminin ! La WNBA veut s’étendre et met la pression sur les joueuses. Ils veulent réduire la durée de l’Euroleague féminine pour récupérer les joueuses encore plus tôt. On se bat mais c’est difficile. La situation n’est pas simple. L’année prochaine, si les joueuses partent en WNBA, elles ne seront libérées que 15 jours avant les Jeux. C’est le nouveau cadre international depuis cette année. C’est pour ça qu’on leur a demandé de ne pas y aller… On comprend que les joueuses veuillent aller en WNBA mais… allez-y après l’Euro ! »

Sur le soutien de Tony Parker et Nicolas Batum à Marine Johannès :

« On s’est revu avec Tony. On a passé une soirée ensemble depuis. Il est dans son rôle (de président de l’ASVEL), je n’ai aucun problème avec ça. Je respecte ce qu’il dit. C’est normal qu’il prenne la défense de sa joueuse. Il a cette double culture franco-américaine aussi. Même chose avec Nicolas Batum. Ce qu’ils disent est sensé mais on a une règle de conduite qu’on a annoncée aux joueuses en février. Les choses sont claires. On sait qu’on se fera taper dessus, mais on assume d’imposer les règles. »

Photo : Jean-Pierre Siutat (FFBB)