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Edito – Une C1 fermée ? Levée de boucliers au foot ! Et au basket ?

Le débat fait rage dans le monde du sport européen au sujet du projet de Super League de foot poussés par les quelques clubs les plus riches. Vincent Duluc, le célèbre éditorialiste de L’Equipe, a pris clairement position contre le principe d’une ligue fermée. Un principe pourtant accepté en basket.

Le débat fait rage dans le monde du sport européen au sujet du projet de Super League de foot poussés par les quelques clubs les plus riches. Vincent Duluc, le célèbre éditorialiste de L’Equipe, a pris clairement position contre le principe d’une ligue fermée. Un principe pourtant accepté en basket. Pourquoi ?

Foncez lire d’édito de notre confrère Vincent Duluc dans L’Equipe d’aujourd’hui*. Tout est dit. « Le football est confisqué par une caste ». Le modèle pyramidal du sport européen au « mérite » remplacé par le « lobby » et la « dictature » des plus grands clubs et de leur « avidité » au sein d’une ligue fermée. Aujourd’hui, le monde du football se mobilise très majoritairement pour la défense de ce modèle.

En basket ?

Alors que l’Euroleague a déjà mis en place la Super League dont rêve les puissants du football, dans l’opinion publique générale autour de notre sport, ce constat ne soulève pas la même levée de boucliers. Une sorte d’acceptation résignée existe. Evidemment, l’Euroleague a pris son envol en 2000, face à une fédération internationale qui n’a pas senti venir le danger et qui n’avait alors pas le dynamisme ni la vision de proposer autre chose.

Mais vingt ans plus tard, quel est le bilan ? Les dangers que font peser les 11 clubs détenteurs d’une licence A en Euroleague sur l’organisation du basket européen sont désormais bien connus : guerre du calendrier avec les ligues nationales (l’Euroleague lorgne sur le créneau des droits télés du week-end), avec les équipes nationales pour les fenêtres qualificatives aux grandes compétitions. Partout en Europe, des acteurs de premier plan comme Jean-Pierre Siutat ou Alain Béral ou le président de la fédération espagnole, Jorge Garbajosa, dénoncent les dangers de l’attitude de l’Euroleague qui fait cavalier seul pour ses intérêts en tous domaines. Et tout ça pour quoi ?

En football, à défaut d’être acceptable, l’avidité des plus grands clubs est au moins compréhensible. Les revenus générés par la C1 sont énormes. En basket, ils n’existent pas.

Il n’y a pas d’intérêt économique à jouer en Euroleague. Le Khimki Moscou cette saison est en cessation de paiement. Il vient grossir les rangs des clubs qui ont explosé en cours de vol ces dix dernières années et ont été définitivement rayés de la carte. Tout ça pour quelques années de participation en Euroleague, où il faut dépenser mais sans rentrées en retour. Le modèle n’est pas viable.

Par exemple, Tony Parker a déclaré récemment que si l’ASVEL devient détentrice d’une licence A, ses droits télés liés à sa participation en Euroleague vont passer de 500 000 euros annuels à 1,5 million ou 2 millions d’euros par an. Soit.

Un puits sans fond

Mais depuis trois saisons, combien l’ASVEL a-t-elle dépensé pour obtenir cette licence ? Et quid des investissements ensuite à faire pour bien figurer dans cette compétition ? Et l’investissement pour la nouvelle salle ? Il faut prendre Parker et Nicolas Batum et leurs associés au sérieux quand ils disent qu’ils en sont de leur poche. C’est tout à leur honneur.

Contrairement au foot, l’Euroleague est une machine à créer du déficit. Chaque année, le Barca et le Real perdent environ 30 millions d’euros pour ne citer qu’eux. La section foot, elle-même endettée dans des proportions colossales, éponge ensuite la « petite » dette de la section basket. Partout en Europe les grands clubs fonctionnent grâce à des mécènes de nature diverse. Sans l’intelligence de TP à s’associer à l’OL, combien de temps aurait tenu seul l’ASVEL ? Tony Parker a trouvé son mécène en la personne de Jean-Michel Aulas. Tant mieux pour l’ASVEL et le basket français si le patron de l’OL est prêt à perdre de l’argent pour soulever des trophées en basket, alors que cela devient beaucoup plus difficile et coûteux à faire en football.

Mais comment accepter alors les dangers et la mainmise de quelques clubs sur le basket européen, ce qui est aujourd’hui dénoncé haut et fort dans le football, alors même que le motif du crime – l’argent – n’existe même pas dans le basket ? Le débat dans le football fait ressortir chaque jour un peu plus l’absurdité de la situation dans le basket.

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