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Tariq Kirksay (Fos/Mer): « J’en ai après les gens qui ont pris les décisions »

Si on ne peut affirmer que Tariq Kirksay a été le meilleur joueur sur le parquet de Fos-sur-Mer vendredi soir à l’occasion de la réception de Nantes (10 points, 7 rebonds, 9 passes décisives, 7 interceptions, 2 contres pour 27 d’évaluation), on peut en revanche assurer que les Provençaux auraient pe

Si on ne peut affirmer que Tariq Kirksay a été le meilleur joueur sur le parquet de Fos-sur-Mer vendredi soir à l’occasion de la réception de Nantes (10 points, 7 rebonds, 9 passes décisives, 7 interceptions, 2 contres pour 27 d’évaluation), on peut en revanche assurer que les Provençaux auraient perdu ce match si l’international français de 38 ans n’avait pu être aligné, comme c’est le cas depuis le début de la saison.

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Pour rappel, l’ailier aux 29 sélections en Equipe de France n’a pas pu obtenir de dérogation de la part de la LNB pour être qualifié en tant que JFL, ne pouvant justifier quatre années de formation sur le territoire hexagonal entre 12 et 21 ans. Pour obtenir cette dérogation, il aurait dû, selon la Ligue, faire la démarche au moment de la promulgation de cette nouvelle réglementation en 2009-2010. Considéré comme joueur français lors de son départ de Nancy en 2007, l’intéressé répond qu’il n’était pas en France à ce moment (il jouait à Séville en ACB) et qu’il n’a pas été informé par la Ligue de ce changement de statut et de la nécessité d’accomplir urgemment cette demande. Si les échanges ont été brouillons sur le plan juridique, sur le parquet, Tariq Kirksay a illuminé la Halle Parsemain de toute sa classe et son professionnalisme. Le joueur et son entraîneur Rémi Giuitta, sont revenus sur cet épisode.

Tariq Kirksay, on vous sent heureux d’avoir retrouvé les terrains ?

C’est sûr, ça fait longtemps que j’attends de pouvoir jouer avec ma nouvelle équipe. De m’entraîner tous les jours et de ne pas pouvoir jouer, ce n’est pas très drôle à vivre. Et de commencer comme ça, par un match de 50 minutes, c’est bien ! Je suis content d’avoir été là et d’avoir pu débuter comme ça.

Qu’est ce qui a fait la différence en faveur de Fos ?

On a joué avec notre cœur alors qu’on cherche toujours notre identité en ce début de saison. On a montré qu’on allait jamais lâcher l’affaire. Pour plusieurs des joueurs ici, l’entraîneur et les supporters, c’était aussi un match avec des allures de revanche par rapport à la défaite en Playoffs l’année dernière. On a joué à fond jusqu’à la fin. A -2 à trois secondes de la fin, on aurait pu baisser la tête, mais on ne s’est pas arrêté. On a trouvé le moyen de se relever avant de très bien finir ce match. C’est positif, c’est le signe qu’on est une vraie bonne équipe.

Personnellement on vous a vu en très grande forme, tel un jeune joueur, vous étiez même souvent le premier en contre-attaque …

Comme un jeune ? Non, je dirais que je n’ai pas fait quelque chose d’exceptionnel. J’ai joué comme je joue depuis toujours, rien n’a changé. C’est vous qui mettez l’âge en avant, moi je reste un joueur professionnel. J’ai mon âge et si je dois affronter un joueur de 18 ans, ça ne me pose pas de problème. J’essaie de jouer chaque possession à fond et de me donner à 200%.

« Je suis d’accord pour qu’on dise : ça c’est la règle et on reste comme ça, ça ne bouge pas. Mais quand tu fais des exceptions, ça devient compliqué »

Comment avez-vous vécu cette situation qui vous a empêché de jouer depuis votre arrivée ?

C’est un peu dommage. J’ai commencé ici en France, en jouant comme Américain puis comme Français, j’ai joué avec l’Equipe de France, et là on veut que je termine comme Bosman. Ça change à chaque fois. Je ne comprends pas, je ne sais pas ce que veut cette ligue. La dernière fois je regardais le logo de la LNB, c’est bleu-blanc-rouge non ? C’est Ligue Nationale de Basket, pas une ligue de formation. Je suis un basketteur professionnel, que je joue comme Américain, comme Européen, comme Français, je reste professionnel. Ce que je peux contrôler, je le contrôle et je joue au basket. Mais cette histoire là… Je suis d’accord pour qu’on dise : ça c’est la règle et on reste comme ça, ça ne bouge pas. Mais quand tu fais des exceptions, ça devient compliqué. Qui a le droit de dire : finalement, toi tu peux jouer comme JFL même si tu ne rentres pas dans les règles, mais pas moi. Ça, ça me pose un problème. Si la règle est la même pour tout le monde, même pour moi alors que la réglementation a changé quand je n’étais plus en France, je dis OK et je ferme ma gueule, mais là, ce n’est pas le cas ! C’est autre chose.

Quel est votre sentiment aujourd’hui vis à vis de la Ligue ?

(Il réfléchit)…Ben, ce n’est pas la Ligue. La Ligue, c’est nous aussi, on en fait partie en tant que joueurs. J’en ai après les gens qui ont pris les décisions. C’est comme en politique, il y a ceux qui contrôlent et il y a la base. Moi je fais partie de la base. Quand j’ai commencé ici, chaque année le règlement changeait. Mais quelle est l’identité de cette ligue ? Chaque saison, les règlements changent !

Alain Béral, le président de la Ligue, était au premier match de Fos à Blois. Quels ont été ses mots lorsqu’il vous a croisé ? Avez vous pu échanger ?

Oui on s’est croisé, mais il m’a regardé comme un inconnu. Je peux le dire, vous trouvez ça normal ? Je ne veux pas mal parler de lui, il fait son job, chacun son job. C’est le business, on n’est pas des amis. Mais quand on fait le business, les règles doivent être les mêmes pour tout le monde, ce n’est pas : « toi tu n’es pas en règle mais tu peux jouer » et inversement. Ça ce n’est pas juste. Je ne suis pas content. On a un problème et je ne vais pas lâcher, parce que ce n’est pas normal. (Aux journalistes) Vous pensez que c’est normal ? Il faut dire quelque chose, parce qu’on fait tous partie de la Ligue, on travaille tous là. Si ça ne vient que de ma bouche…

Avez-vous regretté à un moment d’être revenu en France, de ne pas avoir reçu le soutien d’anciens internationaux ou de certaines personnes ?

Je n’ai pas de regrets. Je suis ici à Fos, je me sens toujours comme Français, c’est mon pays. Je fais mes affaires ici, je paie mes impôts ici, mes enfants sont nés ici, je suis Français, qu’est ce que je vais regretter ? Quand tu rentres chez toi tu éprouves un sentiment de regret ? Pourquoi veux-tu que je regrette quoi que ce soit ? Je suis content d’être ici avec mon équipe, je ne mélange pas tout. On travaille, on joue de façon professionnel, c’est notre responsabilité, et sur le terrain, je fais mon travail.

Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?

Je vis au jour le jour. Aujourd’hui on travaille pour gagner à l’avenir. On travaille à l’entraînement et aux matchs pour progresser dans le but de gagner. Nantes est venu gagner ici la saison passée en Playoffs, ce soir c’est nous qui sommes vainqueurs, on passe à la suite.

Rémi Giuitta : « Je suis scandalisé »

Rémi Giuitta, vous devez être satisfait de ce premier match de Tariq Kirksay sous ses nouvelles couleurs ?

Tout le monde a vu son niveau de jeu. Il a deux entraînements dans les jambes, il a joué 45 minutes, il a 38 ans… il respire le basket ! Tout simplement. Il fait tout juste. Sincèrement, je n’ai jamais eu un joueur de ce niveau de QI Basket, d’analyse, de justesse. Tout ce qu’il fait est juste, et ça aide énormément l’équipe. On le savait. Tu n’es pas international, tu ne gagnes pas la Ligue des Champions en jouant 30 minutes dans le meilleur championnat européen qu’est l’ACB sans avoir ce niveau là. Quand on le voit en vidéo, on ne se rend pas toujours compte de l’impact qu’il peut avoir dans le jeu. Ce soir, il ne met « que » dix points, mais il n’y a pas que ça, je pense notamment à ses deux contres consécutifs sur la planche pour éviter qu’on parte à -15. Il fait toujours le bon choix et pour nous c’est une vraie plus-value. Il apporte cette intelligence, cet altruisme, c’est un patron, un meneur de jeu dans sa tête, il peut jouer à tous les postes, ça a toujours été comme ça, c’est un basketteur formidable. Il va beaucoup apporter à l’équipe, il va rendre les autres meilleurs, au delà de son impact direct. En tout cas on est content qu’il soit là avec nous, même comme Bosman.

Quel est votre sentiment aujourd’hui après ces deux mois de bataille juridique avec la LNB et la FFBB ?

Je suis scandalisé par le comportement de nos instances. Aussi bien sur le fond que sur la forme, je trouve ça décevant. Car comme l’a très bien dit Tariq, sa démarche initiale n’est pas d’avoir des passe-droits sur les JFL, mais d’avoir droit, au même titre que d’autres, à une dérogation pour ceux qui n’ont pas eu quatre années de formation en France entre 12 et 21 ans. Que je sache, Shaun Fein, qui a joué chez moi, n’a pas eu quatre années de formation en France entre 12 et 21 ans. La liste est très longue, je ne vais pas tous les citer. Nombreux sont les joueurs qui ont bénéficié de ce type de dérogation, parce qu’il leur manquait une année ou parce qu’ils étaient Français et présents en 2009-2010, et qu’au moment du changement de la règle, pour ne pas les écarter, on a fait en sorte qu’ils conservent leur statut. Je pense à des joueurs formidables comme Jimmal Ball qui ont fait les joies de la LNB et qui ont mérité d’avoir ces dérogations parce qu’ils étaient fidèles à ce championnat. Personnellement, j’estime qu’un joueur comme Tariq, qui a joué six ans en LNB, qui a joué comme Français pour le club de Nancy, qui en plus a eu 29 sélections avec le maillot bleu, même si ce n’est pas un critère et que ça n’a pas de valeur, contrairement à l’Espagne par exemple, aurait pu bénéficier d’une dérogation au même titre que d’autres, à cas similaire.

Vous pensiez que le processus serait aussi laborieux ?

Sincèrement, on était persuadés, au vu de tous ces critères là, qu’il n’y aurait pas de problématique pour qu’il en bénéficie. Malheureusement il y a eu un refus de la Ligue en première instance, et une confirmation du refus en seconde instance de la part de la chambre d’appel de la FFBB. C’est assez décevant, alors qu’on accueille quand même en Pro B un international français qui vient de gagner la Ligue des Champions. Alors certes, il a signé à Fos-sur-Mer. J’espère que là n’est pas le problème. J’espère.

« Ses recours vont être le CNOSF, le tribunal administratif… Mais ce sont des recours qui vont prendre plus de temps, et moi j’avais besoin d’un joueur »

C’est à dire ?

Il y a le fond du dossier, mais il y a aussi la forme. Et sur la forme, je suis tout autant déçu. Tariq a introduit une demande le 23 août. La ligue a mis 33 jours pour lui répondre… 33 jours. C’est aussi simple que ça. A la limite, sur le fond, ils sont dans leur bon droit de refuser une dérogation selon les dossiers, je ne suis pas juriste, ils ont le droit d’avoir une analyse différente. Mais 33 jours pour répondre à un international, je ne trouve pas ça super. Une réponse plus rapide nous aurait permis d’avoir le joueur plus tôt, pour la Leader’s Cup et notre premier match à Blois. En tant que coach, je ne regrette pas qu’il soit non JFL même si j’aurais préféré qu’il le soit. Mais j’ai construit mon équipe avec deux joueurs étrangers… On entend tout le temps des débats au sein de la Ligue qui disent qu’on ne fait pas assez jouer les JFL Français. Je fais une équipe avec deux étrangers ! Ce que je voulais c’était Tariq Kirksay, pas un Bosman, un JFL, un Cotonou ou un Américain. Ce que je voulais, c’était un bon joueur de basket, qu’il soit Américain, Français ou Espagnol, j’en ai rien à taper. Tariq a été qualifié comme Bosman. Si on avait eu la réponse il y a un mois on l’aurait qualifié en Bosman il y a un mois, tout simplement. J’ai encore une place pour accueillir un NJFL aujourd’hui, donc là n’est pas le problème. Le fond du problème n’était pas là. Pour moi, c’est plus la forme qui a été décevante dans le traitement du dossier, ou du moins tout autant.

A quel moment avez-vous décidé d’abandonner les autres recours ? Après le match de Blois ?

Les recours n’ont pas été abandonnés. On a essuyé un refus en première instance puis en chambre d’appel. Mais Tariq ne compte pas lâcher. Il en fait une affaire personnelle, en disant : « Je ne veux être considéré autrement que comme JFL ». Sincèrement, il ne savait même pas que cette règle existait. Il va faire valoir ses droits. Ses recours vont être le CNOSF, le tribunal administratif… Mais ce sont des recours qui vont prendre plus de temps, et moi j’avais besoin d’un joueur. Ce qu’on voulait, c’était savoir quel était son statut. Je ne pouvais pas le mettre sur le terrain sans connaître son statut. A partir du moment où il mettait un pied sur le terrain, il conservait son statut toute l’année. On est resté donc pendant deux mois dans l’attente d’une décision définitive. Dans l’intérêt de mon club et mon intérêt personnel de coach, je préfère avoir le droit à deux jokers « universels ». Aujourd’hui il s’avère que Xavier Gaillou est blessé. Et si jamais c’est grave… Je connais la liste des meneurs JFL disponibles sur le marché, elle est très maigre, et tant mieux quelque part ! Mais à un moment donné, si j’ai besoin d’un joueur, c’est quand même plus facile de le trouver dans le monde entier qu’à Fos ou en France. Ça m’aurait laissé une possibilité plus large de rebondir pour pouvoir gérer des soucis comme celui qu’on a vécu ce soir. On n’a pas signé Tariq en se disant que ça allait passer à 100%. Il y avait une incertitude, il nous semblait assez évident qu’elle allait être dissipée. La vie continue.

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Tariq Kirksay, on vous sent heureux d’avoir retrouvé les terrains ?

C’est sûr, ça fait longtemps que j’attends de pouvoir jouer avec ma nouvelle équipe. De m’entraîner tous les jours et de ne pas pouvoir jouer, ce n’est pas très drôle à vivre. Et de commencer comme ça, par un match de 50 minutes, c’est bien ! Je suis content d’avoir été là et d’avoir pu débuter comme ça.

Qu’est ce qui a fait la différence en faveur de Fos ?

On a joué avec notre cœur alors qu’on cherche toujours notre identité en ce début de saison. On a montré qu’on allait jamais lâcher l’affaire. Pour plusieurs des joueurs ici, l’entraîneur et les supporters, c’était aussi un match avec des allures de revanche par rapport à la défaite en Playoffs l’année dernière. On a joué à fond jusqu’à la fin. A -2 à trois secondes de la fin, on aurait pu baisser la tête, mais on ne s’est pas arrêté. On a trouvé le moyen de se relever avant de très bien finir ce match. C’est positif, c’est le signe qu’on est une vraie bonne équipe.

Personnellement on vous a vu en très grande forme, tel un jeune joueur, vous étiez même souvent le premier en contre-attaque …

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