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Olivier Bourgain (Directeur Sportif Limoges CSP) : « Aujourd’hui, les supporters sont persuadés qu’on va aller en finale »

Voici la deuxième partie de l’interview du directeur sportif de Limoges, Olivier Bourgain. Il nous fait voyager au cœur du CSP, évoquant le cas du pivot Samardo Samuels, l’envie du club d’embaucher des jeunes talents français, la disparition de son ami Frédéric Forte, le staff technique et médical,

Voici la deuxième partie de l’interview du directeur sportif de Limoges, Olivier Bourgain. Il nous fait voyager au cœur du CSP, évoquant le cas du pivot Samardo Samuels, l’envie du club d’embaucher des jeunes talents français, la disparition de son ami Frédéric Forte, le staff technique et médical, la préférence de jouer l’Eurocup plutôt que la Champions League, et bien sûr la demi-finale de playoffs qui commence ce soir à Monaco.

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Pour recruter Samado Samuels dont on savait que c’était un fort joueur mais qui avait aussi des casseroles, vous avez recoupé les sources ?

Pour Samardo Samuels, je n’ai pas regardé tant d’images que ça parce que son problème n’est pas le sportif. Est-ce que Samardo Samuels est un grand joueur de basket ? Même ses plus grands détracteurs vont dire « oui ». Sauf que le problème, c’est faut-il lui faire confiance après deux années de pagaille dans sa vie ? Personne dans mon entourage, mon réseau, m’a dit « prends le ! » C’est la première fois de ma vie que ça m’arrive et c’est ce que je lui ai dit quand je l’ai eu au téléphone : « Sam, tu me poses un vrai problème ». En général pour un recrutement, on passe beaucoup de temps au téléphone, on essaie de regrouper les infos, on appelle les anciens coachs, les anciens coéquipiers, toutes les personnes qui ont pu graviter autour du joueur. Donc parfois il y a forcément du 50/50 ou 60/40. Là, ça a été 100/0. « Ne prend pas Samardo Samuels. » Je l’ai appelé pendant quinze jours. Le coach l’a appelé. Et je n’ai pas trouvé un tueur en série en face de moi. J’ai trouvé un mec à l’écoute qui m’a dit dix fois « j’ai besoin d’une main tendue. » Après, il faut être courageux pour la tendre.

Et visiblement ça se passe très bien ?

C’est nickel. Parce qu’ici, il trouve un groupe, un club qui ne le jugent pas. C’est comme une personne qui vient avec un casier judiciaire assez lourd et du jour au lendemain, il devient vierge. Il n’a pas un traitement particulier. On a mis ça en place, il sait très bien qu’il est cadré mais pas plus que Dru Joyce. Il n’a pas de bracelet électronique ici ! C’est une personne comme les autres et c’est une personne charmante avec un cœur extraordinaire. Mais dans la vie, il a eu des problèmes mais qui n’en a pas eu, qui n’a jamais fait des conneries ? Qu’on me le montre, je n’en connais pas autour de moi. Je l’ai appelé tous les jours pendant quinze jours, je le faisais chier et il a jamais pété les plombs. J’ai eu pourtant des mots assez durs et il s’est toujours bien comporté. C’est un compétiteur, c’est un champion. Tu ne passes pas un an à Barcelone, deux ans à Milan, trois ans à Cleveland si tu en n’es pas un. C’est un joueur qui a gagné des millions de dollars. Aujourd’hui, il vient pour le SMIC, pour redorer son blason. C’est un mec qui est content d’être là, il est tranquille, souriant, il est dans son monde. Il m’a demandé quelle voiture il allait avoir. Ça ne lui allait pas, alors il m’a dit qu’il allait prendre sa voiture. Il est arrivé en Porsche. Ça ne pose pas de problème. Il faut juste dire aux joueurs que ce n’est pas le club qui paye (rires). J’aime ce mec, vraiment.

« On a investi dans des bains froids dans le TNG qui est un appareil de kiné qui vaut 30 000 euros. Notre kiné, Xavier Dumélié, a une vision qui est avant-gardiste par rapport à son métier »

Vous avez préféré prendre des jeunes talents français, comme William Howard, Axel Bouteille ou même Mam Jaiteh, plutôt que des joueurs confirmés, ou c’est juste le marché qui a décidé ?

C’est un choix et ça va continuer comme ça. Je l’ai dit quand je suis arrivé : « je veux faire de Limoges le plus beau terrain de jeu pour les meilleurs JFL de la Jeep Elite. » Quand je dis « les meilleurs » je m’entends, ce sont « les jeunes joueurs ». Et je considère que Mam Jaiteh c’est un très jeune joueur. William Howard, Axel Bouteille, ce sont de jeunes joueurs et l’année prochaine, il y aura encore de jeunes joueurs. Je veux des JFL forts. C’est une priorité. J’ai un coach, Kyle Milling, qui a une grande qualité, il est de culture franco-américaine. C’est un véritable plus, et en plus il adore la formation, les jeunes joueurs. Evidemment je voulais ce type de qualité dans l’entraîneur que j’allais choisir. Je n’allais pas imposer à un coach une méthodologie qui ne lui correspondait pas. Derrière, on a rajouté Franck Kuhn qui est le préparateur de l’équipe de France. François Perronet, qui a été head coach en Euroleague (NDLR : à Orléans). C’est un personnage sévère mais l’amalgame des trois est magique. Et l’année prochaine on va avoir Yacine (Aouadi) qui est un développeur individuel, sa spécialité c’est le travail individuel et il s’est déjà occupé de Jean-Baptiste Maille. Je prétends que l’on est en avance de cinq ans sur la plupart des équipes.

C’est ce que vous avez mis en évidence pour séduire la perle Sekou Doumbouya ?

On n’a pas triché avec Sekou. On lui a montré nos vision du basket. Il y a un an, on ne parlait pas de Sekou Doumbouya à Limoges. Limoges n’a jamais été un club qui faisait de la formation. Ce n’était pas une priorité parce que Limoges avait les moyens d’acheter les meilleurs joueurs français. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Déjà à Boulogne, je faisais un terrain de jeu pour les jeunes joueurs français et on est monté, on a réussi comme ça. Au bout de dix ans, j’ai dit à Fred que j’étais d’accord pour venir mais avec ma méthodologie. Il m’a dit, « tu es directeur sportif, ta politique sportive est propre à toi. Tu fais ce que tu veux. » Et moi, je lui ai dit, « ce sont les jeunes joueurs, les JFL c’est important. »

Limoges avait été en effet précurseur pour les centres de formation, au milieu des années 80, mais effectivement ensuite le club n’a fait qu’acheter des joueurs. Frédéric Forte voulait que vous ayez un centre de formation développé, vous deviez acheter un immeuble. Où ça en est ?

On veut avoir un terrain pour y construire un immeuble pour y mettre le centre de formation mais c’est quelque chose que je ne contrôle pas. C’est Youri Verieras (NDLR : le président du Directoire) avec Jean-Léonard Picot (NDLR : le président du Conseil de Surveillance), qui s’en occupent avec la mairie.  Mais par contre la politique est déjà en place. L’année prochaine, c’est Franck Kuhn qui va reprendre l’équipe espoir. Il aura donc une double casquette avec celle de préparateur physique de l’équipe A. On a déjà récupéré l’été dernier Timothée Bazile et cette année, on va encore recruter deux ou trois jeunes de très bonne qualité. Ce ne sont pas des promesses de campagne, on est parti dans la formation à Limoges. On va structurer le club dès cet été pour accélérer le processus. Je voudrais dire aussi que l’on ne peut pas avoir autant de bons joueurs sans un staff médical archi compétent. On a un ostéo, trois kinés, un médecin du sport. On a investi dans des bains froids dans le TNG qui est un appareil de kiné qui vaut 30 000 euros. Notre kiné, Xavier Dumélié, a une vision qui est avant-gardiste par rapport à son métier. Il est plus dans la prévention que dans l’action. A chaque arrivée le joueur passe devant ses ordinateurs, fait ses tests médicaux très poussés. Le TMG, c’est un appareil de kiné, il y en a deux en France, un au Paris Saint-Germain et un à Limoges. Un exemple : au premier entraînement, JB Maille s’est fait les croisés. Sept mois après il était sur le terrain. Ça c’est un fait marquant. Qui a aujourd’hui en France, un kiné principal qui est salarié, deux kinés qui travaillent avec lui au quotidien ? Le jour des matchs à domicile, il y a trois kinés dans le vestiaire plus un ostéo pour tout ce qui est manipulation, récupération, prévention. Comment peut-on demander à un agent de récupérer des pépites françaises et ne pas lui donner le meilleur sur le plan médical ? C’est comme de conduire une Formule 1 et quand tu rentres au stand, la voiture n’est pas réparée. Ça sert à quoi ? En France, on met quasiment tout sur le sportif, sur les joueurs.

Dans la série, « le poids du passé à Limoges », vous n’avez pas apprécié les commentaires de Bozidar Maljkovic qui dans L’Equipe a jugé votre recrutement des étrangers calamiteux ?

Déjà, il parlait de la saison précédente puisqu’il dit avoir parlé avec Fred (Forte) et pour parler avec Fred aujourd’hui, on sait où il faut être. Personnellement, je trouve ça tellement petit par rapport à ce grand personnage. C’est une personne qui a marqué l’histoire du club et je respecterai toujours ça. Mais quand Fred l’a appelé pour l’aider à construire l’équipe, je connais sa réponse puisque Fred m’en avait parlé. Dire ça aujourd’hui, je trouve ça gratuit et offensant pour les supporters, les joueurs et le nouveau staff. Ce sont des paroles graves, qui font de la peine aux gens en place aujourd’hui, aux passionnés. Je trouve que c’était maladroit.

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« Même des gens qui lui crachaient à la tronche sont venus pleurer sur son cercueil. Alors imaginez les gens qui l’aiment profondément. Pendant trois mois, j’étais incapable de travailler »

C’est le décès de Frédéric Forte qui a affecté l’équipe au point de lui faire rater le début de l’année 2018 et qui explique cette incapacité de gagner à l’extérieur pendant très longtemps ?

On avait commencé l’année de manière très forte et on avait déjà un contre coup, on était moins bien. Et puis sa disparition a secoué le basket français. Alors quand vous êtes secoué à 800km, imaginez ce que ça a fait à Limoges. Après, c’est du cas par cas mais évidemment qu’il y a eu une incidence vis-à-vis de nos mauvais résultats. Comment ne pas être affecté ? Même des gens qui lui crachaient à la tronche sont venus pleurer sur son cercueil. Alors imaginez les gens qui l’aiment profondément. Pendant trois mois, j’étais incapable de travailler. J’étais là physiquement mais intellectuellement… (Il hésite) J’y suis encore. Aujourd’hui, on essaye de vivre normalement mais quand on perd son meilleur ami, son organe vital, c’est compliqué de vivre, tout simplement.

Vous vous êtes retrouvé en première ligne, du fait de vos fonctions mais aussi du fait d’être justement son ami. Ça n’a pas dû être facile à gérer tous les jours, notamment en répondant toujours aux mêmes questions ?

Je l’ai fait pendant quinze jours après son décès uniquement parce que j’avais la prétention de croire que j’étais légitime à ça parce que j’étais son meilleur ami et j’étais la personne qui le connaissait le mieux. J’ai tellement vu de conneries dites sur lui que je me suis dit, autant que ce soit moi qui les dise car au moins je suis légitime. Post mortem, les gens adorent tout le monde mais il faut savoir que de son vivant, ici, il était attaqué de partout. J’ai ouvert ma gueule pour dire « stop ! Arrêtez de parler d’une personne que vous ne connaissez pas ». Et pour revenir à la question, oui, on a été ébranlé. Moi évidemment mais pas que. L’équipe a été ébranlée, les coachs ont été ébranlées, l’ensemble du Limoges CSP a été ébranlé. Et je peux dire qu’ aujourd’hui encore c’est une épreuve de pouvoir continuer et à performer. Je pense que la saison est inespérée. Notre objectif était uniquement de faire les playoffs la première année après deux ans de non-playoffs. On fait le top 16 de l’Eurocup, on finit quatrième et on est en demi-finale. Les objectifs sont véritablement réussis et plus que ça. Et la saison n’est pas finie !

« Et si tout se passe bien peut-être qu’un jour on aura une équipe pour gagner l’Eurocup, mais aujourd’hui ce n’est pas le cas. On est en reconstruction »

Jusqu’au match à Dijon, l’équipe avait une vraie défaillance à l’extérieur. Par manque de caractère ? Ou à l’inverse l’équipe est sublimée à Beaublanc, ce qui explique qu’elle est devenue quasi-invincible ?

En un, il y a le niveau général de la Jeep Elite. A deux ou trois journées de la fin, il y avait encore beaucoup de prétendants pour les playoffs. Gagner à l’extérieur, c’est compliqué. Donc le niveau de forme de l’équipe a été un moment « down » par rapport à son début de saison. Et évidemment il y a l’apport de Beaublanc. C’est quinze points d’avance. Cette année, on n’a que deux défaites en Jeep Elite. C’est donc une saison à domicile qui est réussie. C’est vrai que les supporters notamment les Ultras Green mettent une pression pour tout le monde qu’évidemment c’est un avantage.

Justement, comme on parle de supporters, vous savez comme moi qu’à Limoges, on ne va pas se contenter d’une demi-finale ?

Quand vous parliez des traits marqués de Kyle Milling, c’est pour tous. Aujourd’hui, les supporters sont persuadés qu’on va aller en finale parce que c’est le club le plus titré de France. Ils parlent de 2018 mais aussi des années 90, de 1993. A jamais les premiers. Ils n’ont pas en tête la différence entre 1993 et 2018 à propos des moyens financiers des clubs européens par rapport à Limoges. Même si à l’époque Limoges était le petit poucet du Final Four, il n’y avait pas un tel écart. Entre Limoges qui a 6M€ de budget et le Barça, le Real ou Moscou, c’est multiplié par dix ! Ils ont 40-50M€ et on ne sait pas tout. On a joué Krashnodar en Eurocup, c’est entre 30 et 40M€. Ce sont des joueurs à un million de dollars alors qu’en France, il n’y a pas un joueur qui fait 400 000€. De ça, ils s’en fichent.

Est-ce possible de leur faire comprendre que pour Limoges c’est aujourd’hui quasi impossible d’aller en Euroleague ?

Limoges est allé il n’y a pas longtemps en Euroleague…

En 2018, c’est devenu quasi fermé…

Peux-tu jouer en Euroleague aujourd’hui et y performer avec 8M€ ? la réponse est non. Et même avec 10, c’est compliqué. Et 10, c’est ce que l’ASVEL, Strasbourg et Monaco ont. Ces équipes-là peuvent-elles jouer en Euroleague ? Je ne pense pas. A moins de 20M€, tu restes chez toi.

Maintenant que vous êtes qualifié pour une Coupe d’Europe, vous préférez l’Eurocup comme la saison dernière où vous avez eu une invitation ou la Champions League ? Avez-vous malgré tout l’espoir de faire un jour l’Euroleague ou non ? Est-ce possible d’en rêver encore quand on est un club français comme Limoges ?

Est-ce que déjà un club français peut gagner l’Eurocup ?

Strasbourg a été en finale en 2016, donc c’est possible.

Cette année, le vainqueur c’est Darussafaka. Vous voulez que l’on fasse l’effectif de Darussafaka ? En saison régulière, on peut battre Darussafaka mais c’est compliqué. Pour répondre à la question, on privilégiera l’Eurocup à la BCL. Youri Verieras et Manuel Diaz (NDLR : le président et un des trois membres du Directoire avec Stéphane Ostrowski) ont été reçus à Barcelone par l’Euroleague pour faire une réunion de travail et on leur a dit qu’on voulait clairement refaire l’Eurocup. Mais notre challenge avec Kyle (Milling) était de qualifier le CSP sportivement alors que l’année dernière, on était invité. En étant quatrième de la saison régulière et demi-finaliste des playoffs, on est légitime pour l’Eurocup et on irait leur dire non ?

Qu’est-ce qui vous plait en Eurocup vis-à-vis de la BCL ?

L’organisation, le niveau de l’arbitrage sont parfaits et le niveau sportif est de très haut niveau. Ce n’est pas faire injure à la BCL que de dire que c’est supérieur.

Et la possibilité de permettre à son vainqueur de rejoindre l’Euroleague la saison suivante, ça fait partie malgré tout de ses intérêts ?

Non. Je ne dis pas que c’est impossible parce qu’il y a rien d’impossible dans le sport mais il faudra quelques années de travail, de structuration, pour étoffer un budget, essayer d’avoir des jeunes joueurs que tu vas former avant qu’ils partent en Euroleague et que tu peux utiliser à moindre coup pendant un an ou deux. Et si tout se passe bien peut-être qu’un jour on aura une équipe pour gagner l’Eurocup, mais aujourd’hui ce n’est pas le cas. On est en reconstruction.

Fin mars, vous avez battu Monaco, 82-74. On peut prendre cette victoire comme référence ?

On est convaincu d’avoir une équipe pour gagner des matchs contre Monaco ou Strasbourg. On l’a fait. Les playoffs et le championnat, ce sont deux compétitions complètement différentes. On voit que les quatre premiers de la Jeep Elite sont en demi-finales des playoffs et c’est la première fois depuis huit ans, mais il y aura encore des surprises. Evidemment que l’on respecte Monaco et sur le papier, ils sont largement favoris, mais en playoffs tout est possible. Je ne dis pas que notre saison est quasiment faite car on est des compétiteurs, des assoiffés de sang, mais on va aller tranquille à Monaco en espérant en gagner un sur deux. Et après il faudra jouer deux fois à Beaublanc. Mais le fait d’avoir battu Monaco à domicile ne donne en rien un excès de zèle ou de confiance car on sait que Monaco est une équipe très forte et chez elle, elle sera quasiment injouable mais on va jouer crânement notre chance.

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Pour recruter Samado Samuels dont on savait que c’était un fort joueur mais qui avait aussi des casseroles, vous avez recoupé les sources ?

Pour Samardo Samuels, je n’ai pas regardé tant d’images que ça parce que son problème n’est pas le sportif. Est-ce que Samardo Samuels est un grand joueur de basket ? Même ses plus grands détracteurs vont dire « oui ». Sauf que le problème, c’est faut-il lui faire confiance après deux années de pagaille dans sa vie ? Personne dans mon entourage, mon réseau m’a dit « prends le ! » C’est la première fois de ma vie que ça m’arrive et c’est ce que je lui ai dit quand je l’ai eu au téléphone : « Sam, tu me poses un vrai problème ». En général pour un recrutement, on passe beaucoup de temps au téléphone, on essaie de regrouper les infos, on appelle les anciens coachs, les anciens coéquipiers, toutes les personnes qui ont pu graviter autour du joueur. Donc parfois il y a forcément du 50/50 ou 60/40. Là, ça a été 100/0. « Ne prend pas Samardo Samuel. » Je l’ai appelé pendant quinze jours. Le coach l’a appelé. Et je n’ai pas trouvé un tueur en série en face de moi. J’ai trouvé un mec à l’écoute qui m’a dit dix fois « j’ai besoin d’une main tendue. » Après, il faut être courageux pour la tendre.

Et visiblement ça se passe très bien ?

C’est nickel. Parce qu’ici, il trouve un groupe, un club qui ne le jugent pas. C’est comme une personne qui vient avec un casier judiciaire assez lourd et du jour au lendemain, il devient vierge. Il n’a pas un traitement particulier. On a mis ça en place, il sait très bien qu’il est cadré mais pas plus que Dru Joyce. Il n’a pas de bracelet électronique ici ! C’est une personne comme les autres et c’est une personne charmante avec un cœur extraordinaire. Mais dans la vie il a eu des problèmes mais qui n’en a pas eu, qui n’a jamais fait des conneries ? Qu’on me le montre, je n’en connais pas autour de moi. Je l’ai appelé tous les jours pendant quinze jours, je le faisais chier et il a jamais pété les plombs. J’ai eu pourtant des mots assez durs et il s’est toujours bien comporté. C’est un compétiteur, c’est un champion. Tu ne passes pas un an à Barcelone, deux ans à Milan, trois ans à Cleveland si tu en n’es pas un. C’est un joueur qui a gagné des millions de dollars. Aujourd’hui, il vient pour le SMIC, pour redorer son blason. C’est un mec qui est content d’être là, il est tranquille, souriant, il est dans son monde. Il m’a demandé quelle voiture il allait avoir. Ça ne lui allait pas, alors il m’a dit qu’il allait prendre sa voiture. Il est arrivé en Porsche. Ça ne pose pas de problème. Il faut juste dire aux joueurs que ce n’est pas le club qui paye (rires). J’aime ce mec, vraiment.

« On a investi dans des bains froids dans le TNG qui est un appareil de kiné qui vaut 30 000 euros. Notre kiné, Xavier Dumélié, a une vision qui est avant-gardiste par rapport à son métier »

Vous avez préféré prendre des jeunes talents français, comme William Howard, Axel Bouteille ou même Mam Jaiteh, plutôt que des joueurs confirmés, ou c’est juste le marché qui a décidé ?

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Photos: Kenny Hayes (Eurocup), William Howard (Sébastien Grasset) et Jean-Frédéric Morency (Eurocup).

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