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Interview Marion Ortis, l’une des deux femmes arbitres en Jeep Elite

L’Alsacienne Marion Ortis est l’une des deux femmes arbitres en Jeep Elite avec Audrey Secci. Elle n’a que 26 ans et l’ambition d’aller encore plus haut.

L’Alsacienne Marion Ortis est l’une des deux femmes arbitres en Jeep Elite avec Audrey Secci. Elle n’a que 26 ans et l’ambition d’aller encore plus haut.

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Lorsque comme à Trélazé, il y a huit équipes de garçons et que des arbitres hommes avec vous, vous sentez-vous différente ?

Non ! Je pars du principe que l’on est tous arbitres et que l’on ne tient pas rigueur du sexe.

Avez-vous l’impression d’être regardez différemment parce que vous êtes une jeune femme ?

Si, forcément. Je suis jeune et une femme et le regard est différent notamment de la part des spectateurs. « Ah ! Tiens, une femme, jeune… » Même si avec les années ça change car on est de plus en plus de femmes à être à haut niveau. Aussi les mentalités changent petit à petit.

Certains joueurs ou certains coaches cherchent-ils à vous déstabiliser davantage parce que vous êtes une femme ?

Etre une femme peut être une force dans le sens où il y a un respect qui est différent. Je pense qu’ils respectent davantage le fait qu’il y ait une femme en face d’eux.

Ça pousse moins les hommes à un conflit verbal que l’on peut parfois voir ?

Je ne dirais pas qu’il y en a moins mais peut-être avec davantage de retenue. Le vocabulaire choisi par les joueurs ou les coaches est différent par rapport aux hommes.

En professionnel, vous n’avez jamais été agressé verbalement ?

Non, même s’il y a des avertissements, ça reste courtois, poli. Ce n’est pas agressif et on ne se sent pas en danger.

Vous avez déclaré être l’objet de réflexions négatives de la part du public. Elles sont communes à tous les arbitres ou davantage sexistes ?

Ce sont des réflexions communes. L’arbitre a cette image négative. Avant, on disait « l’homme en gris ». On a changé de tenue donc ça a disparu mais je pense que l’arbitre sera toujours amené à être négativement jugé.

Vous entendez des critiques sur le terrain, vous en lisez sur les réseaux sociaux ?

Honnêtement, avec l’expérience et le niveau auquel on est, on fait abstraction de tout ça. Nous, on n’écrira rien sur les réseaux sociaux mais entre nous, on discute de beaucoup de choses, de l’environnement, des coaches. C’est ce qui nous enrichit et nous permet d’évoluer match après match.

C’est soft aujourd’hui l’atmosphère dans les salles en comparaison avec l’époque où les arbitres se faisaient insulter dans chaque salle, quand ils n’étaient pas attendus à la sortie des vestiaires par des supporters enragés ?

C’est bien contrôlé en France à ce niveau-là, au niveau de la sécurité aussi. A la fin d’un match tendu, il y a tout de suite la sécurité qui vient autour de nous et qui nous accompagne aux vestiaires. On est sécurisé par rapport à d’autres sports.

C’est aussi plus sécurisé au niveau professionnel que dans les divisions inférieures ?

C’est aussi pour ça que l’on a de moins en moins d’arbitres au bas niveau. Si on a de moins en moins de jeunes qui osent franchir le pas, c’est que tous les week-ends ils se font insulter, traiter de tous les noms.

Il y a une jeune fille de 15 ans qui récemment dans le Nord s’est fait agresser par le père d’un joueur…

Tatiana. Ça ne devrait jamais arriver. Il n’y a pas d’autre mot, c’est grave. Surtout de la part d’un parent lors d’un match de jeune.

Sans qu’il y ait eu passage à l’acte, ça vous est déjà arrivé de vous retrouver dans une situation comme celle-ci, de vous faire insulter ?

Non.

Vous dites que vous devez compenser votre petit gabarit par une attitude plus ferme, un langage corporel et verbal plus tranchant ?

(Sourire). Il faut être plus directif, plus ferme, peut-être plus rigide, ce qui n’est pas forcément positif. Tout dépend du caractère. Il y a des arbitres qui sont grands, qui ont physiquement des avantages par rapport à un petit arbitre, plus frêle. Il faut compenser par autre chose. C’est propre à chacun, il n’y a pas de règles définies par rapport à ça.

On ne peut pas arbitrer à ce niveau-là si on n’a pas de caractère ?

On est d’accord, il faut une certaine personnalité. On n’a pas tous la même mais chacun en a une.

Echangez-vous avec d’autres collègues femmes afin de comparer vos différentes expériences ?

Je dirais que le problème, la caractéristique, des femmes, c’est plus la confiance en soi si l’on compare avec les hommes qui ont un égo, plus de confiance en eux. C’est souvent de ça dont on parle durant nos échanges.

Ce n’est pas propre aux arbitres, ce sont les femmes en règle générale ?

Oui, je pense (sourire).

Chantal Jullien qui a arbitré au plus haut niveau mondial est-elle une référence pour vous ?

C’en est une parmi d’autres. J’ai aussi des références masculins. Ce n’est pas parce que c’est une femme que c’est ma référence numéro 1. Il y a des choses à prendre chez elle et aussi chez les hommes. Mais évidemment sa carrière nous fait rêver, elle est juste extraordinaire. Ça reste indéniablement la numéro 1.

Y a-t-il une vraie différence entre arbitrer les garçons et les filles ?

Oui. Rien que physiquement, de l’intensité, même si le niveau LFB ne cesse de progresser. Il atteint une dimension physique de plus en plus énorme. C’est comme le niveau Pro B qui augmente constamment. C’est un des meilleurs championnats en Europe. Mais en Jeep Elite c’est très costaud avec des gabarits que l’on ne voit pas forcément en Pro B où il y a des jeunes ou des joueurs en fin de carrière. C’est la dimension physique qui fait la différence.

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« Le fait d’évoluer dans un monde d’hommes, ce n’est pas forcément facile et courant. On n’est pas beaucoup de femmes à faire ce job-là »

Vous dites que votre père et votre copain sont fiers de vous voir évoluer dans un milieu masculin ?

Oui (sourire). C’est une fierté d’avoir quelqu’un à ce niveau-là autant en France qu’à l’international. Le fait d’évoluer dans un monde d’hommes, ce n’est pas forcément facile et courant. On n’est pas beaucoup de femmes à faire ce job-là.

D’où vous vient votre passion du basket ?

Mon père était dans le milieu du football et petite, je voulais faire du foot. J’ai eu un « stop » en me disant que ce n’était pas un sport que je pouvais faire car ce n’est pas assez féminin. Je me suis tournée vers le basket et c’est à l’âge de 16 ans que j’ai pris le sifflet et que la magie, on va dire, a fonctionné. Il fallait donner le week-end un coup de main au club pour les matches de jeunes. Ce qui m’a plu c’est d’être au plus près des joueurs et d’avoir ce rôle important pour le jeu.

Vous avez joué à quel niveau ?

En Pré-Nationale.

Vous vous êtes intéressée de bonne heure au basket national, international ?

C’est venu après.

Vous êtes passée en trois ans de la Départementale à la Pro B ? Vous avez senti tout de suite que vous étiez faite pour ça ?

Je ne dirais pas ça mais j’ai peut-être eu des prédispositions qui se sont déclarées plus vite que pour d’autres personnes. Mais le plus dur, c’est maintenant, de rester au plus haut niveau sur la durée, de confirmer. L’exemple, ce sont les arbitres de 45-50 ans qui sont en Pro A depuis 20 ans. Ça c’est quelque chose qui fait rêver d’être à ce niveau-là autant d’années, d’avoir confirmé, d’avoir de la notoriété. Que lorsque l’on rentre dans une salle on se dise « c’est bien, on va être arbitré par lui ». D’être reconnu. J’ai envie de performer. De ne pas être bon sur un seul match mais sur tous les matches.

Vous n’êtes encore que deux femmes actuellement en Jeep Elite ?

Oui, Audrey Secci et moi. Mais la relève arrive, il y a des jeunes derrière.

Vous aimez vous retrouvez uniquement avec des arbitres féminins à l’Open de la Ligue Féminine ou vous préférez qu’il n’y ait pas de notion de sexe ?

Cette limite entre masculin et féminin, je ne l’ai pas. On est tous arbitres. Après, que l’on se retrouve entre femmes, c’est bien. On a peut-être d’autres sujets de discussion entre nous. Mais s’il y avait des mecs ça ne me dérangerait absolument pas.

Vous êtes adjointe responsable dans une résidence sociale. Vous arrivez à concilier les deux activités ?

​Ce n’est pas facile car on nous demande toujours plus, de travailler davantage. J’ai un boulot qui me permet de concilier travail et arbitrage mais c’est beaucoup d’investissement personnel, de congés pris, ça prend sur la vie privée. Ce sont des choix pas toujours faciles à faire.

Arbitrez-vous souvent au niveau international ?

J’ai eu beaucoup de matches de novembre à janvier. Là, il y a un peu de repos et on verra dans les mois à venir. Avant c’était pratiquement toutes les semaines. J’ai fait uniquement des femmes en Eurocup et Euroleague.

Vous avez assisté à une bagarre en Turquie lors d’un match d’Eurocup entre supporters de la même équipe ?

C’était l’année dernière à Hatay. Les supporters turcs se sont donnés à cœur joie pendant le match avec intervention des forces de l’ordre qui ont gentiment fait sortir tous ces spectateurs à l’extérieur pendant que le match se déroulait. On continuait sur le terrain mais on ne va pas vous mentir qu’il y avait un regard qui se perdait de temps en temps dans les tribunes pour voir ce qui s’y passait.

Que pensez-vous du fait qu’en Europe parfois il y a personne dans les salles pour des matches européens féminins ?

Il y a encore du boulot pour que le basket soit jugé à sa juste valeur. Vous faites des milliers de kilomètres, vous arrivez dans des salles, c’est 100 personnes, c’est dommage, alors que c’est de l’Eurocup et de l’Euroleague, et qu’en France, dans une salle comme Bourges, c’est pratiquement complet tout le temps.

Vous continuez à vous entraîner avec votre ancienne équipe de Berrwiller pour garder la forme ?

Ce n’est pas toujours facile car on a très peu de temps. Je ne dis pas que je fais souvent des entraînements mais j’aime beaucoup courir et j’ai beaucoup de facilités à aller courir toute seule. Mais c’est important d’avoir toujours un lien avec son club et de voir du basket. Dans mon club, il y a une équipe en N3 et une autre en Pré-Nationale et les matches sont soit le samedi soir ou le dimanche après-midi et moi quand j’ai un match le samedi soir, je rentre le dimanche en milieu d’après-midi. Ça laisse très peu de temps pour faire autre chose.

Quelles sont vos ambitions ? Arbitrer aux JO de Paris en 2024 c’est quelque part dans votre tête ?

Ça l’est, oui. Il y a Tokyo avant, ça serait hors normes. Il faut se fixer des objectifs sinon on ne peut pas avancer. En tous les cas, j’ai signé de nouveau pour deux ans avec la FIBA. C’est la France qui choisit ses arbitres internationaux. Après, on verra.

Vous savez si vous allez arbitrer uniquement des filles ou s’il y aura des garçons ?

Ça sera la surprise en début d’année. J’espère arbitrer des hommes. On verra.

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Lorsque comme à Trélazé, il y a huit équipes de garçons et que des arbitres hommes avec vous, vous sentez-vous différente ?

Non ! Je pars du principe que l’on est tous arbitres et que l’on ne tient pas rigueur du sexe.

Avez-vous l’impression d’être regardez différemment parce que vous êtes une jeune femme ?

Si, forcément. Je suis jeune et une femme et le regard est différent notamment de la part des spectateurs. « Ah ! Tiens, une femme, jeune… » Même si avec les années ça change car on est de plus en plus de femmes à être à haut niveau. Aussi les mentalités changent petit à petit.

Certains joueurs ou certains coaches cherchent-ils à vous déstabiliser davantage parce que vous êtes une femme ?

Etre une femme peut être une force dans le sens où il y a un respect qui est différent. Je pense qu’ils respectent davantage le fait qu’il y ait une femme en face d’eux.

Ça pousse moins les hommes à un conflit verbal que l’on peut parfois voir ?

Je ne dirais pas qu’il y en a moins mais peut-être avec davantage de retenue. Le vocabulaire choisi par les joueurs ou les coaches est différent par rapport aux hommes.

En professionnel, vous n’avez jamais été agressé verbalement ?

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