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[REDIFF] Antoine Diot (LDLC ASVEL): Le retour du fils prodige

Au Media Day de la Ligue Nationale de Basket, Antoine Diot a été le représentant des 18 clubs de Jeep Elite le plus sollicité, obligé de répondre plusieurs fois aux mêmes questions portant sur son retour en France, l’ASVEL, l’Euroleague, sa forme physique. La France est heureuse de revoir son ancien

Au Media Day de la Ligue Nationale de Basket, Antoine Diot a été le représentant des 18 clubs de Jeep Elite le plus sollicité, obligé de répondre plusieurs fois aux mêmes questions portant sur son retour en France, l’ASVEL, l’Euroleague, sa forme physique. La France est heureuse de revoir son ancien jeune prodige, élu MVP d’un Euro U16, patron de cette génération « 88-89 » qui a brillé dans plusieurs compétitions, champion d’Europe en 2013 en Slovénie, et également présent lors des campagnes 2009 (argent à l’Euro) et 2014 (bronze à la Coupe du monde), MVP français de la Pro A en 2014, celui dont on pouvait faire l’héritier de Tony Parker à la mène, dans un style forcément différent. Un patron, un cœur vaillant, rapide en contre-attaque, bon shooteur à trois-points sous la pression, un QI basket élevé avec l’œil du lynx pour réaliser la passe au plus que parfait. Et puis patatras… Après une vilaine blessure au dos à l’époque du Mans, de multiples coups durs sont survenus en Espagne le conduisant à emprunter un tunnel sans fin entre 2017 et 2018: 444 jours sans jouer… La Coupe du monde, elle lui est forcément passée sous le nez et comme n’importe quel quidam le Bressan de naissance a assisté à la télé à la montée des Bleus sur la troisième marche du podium.

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« J’ai vécu presque tous les matches quand mon fils me laissait l’opportunité de les regarder. Bien évidemment très fier des gars parce que c’est quelque chose d’incroyable, une troisième place à un championnat du monde. C’est très beau. Maintenant je mentirai en disant que ça ne m’a rien fait de ne pas être dans l’équipe. L’équipe de France c’est un petit peu ma vie aussi donc j’aurais eu envie de participer à cette compétition mais j’ai fait deux ans sans jouer. Je pense être quelqu’un de plutôt intelligent donc à aucun moment je n’ai cru que je pouvais y participer. Il faut se rendre à l’évidence. Et puis ça n’aurait pas été judicieux pour moi de me relancer là-dedans car je ne sais pas si j’aurais été capable physiquement d’encaisser le truc et de toute façon l’équipe n’avait pas forcément besoin de moi. Regardez ce qu’on fait Andrew (Albicy) et Frank (Ntilikina), ils ont été exceptionnels sur la compétition. Le groupe était très bon, une aventure incroyable et c’est totalement mérité. »
Photo: FIBA

Quand le corps défaille

Il faut se remémorer la première infortune qui a frappé Antoine Diot, alors qu’il était au Mans, qu’il avait 22 ans, et que son équipier Alain Koffi était lui aussi mal en point. Des douleurs dorsales paralysantes qu’il ne savait pas trop comment soigner et qui ne lui ont permis de ne jouer que 4 matches lors de la saison 2011-12. Il fut un temps où l’on pouvait se poser la question de savoir si sa carrière si prometteuse n’allait pas être tuée dans l’œuf. Finalement, la meilleure solution fut radicale, l’opération d’une hernie discale. Les premières semaines, il les passa chez ses parents à Bourg-en-Bresse obligé de se tenir soit debout, soit allongé, et retrouvant sa chambre d’enfance.

« Les posters que j’ai dans ma chambre datent de l’équipe de France en jeune. J’en ai de pratiquement toutes les équipes et on avait de sacrées gueules de gamin ! On a bien changé quand même, je me rends compte que j’ai quelques sacrées photos dossier », confiait-il alors à Basket News.

Ce fut ensuite la résurrection à Paris et Strasbourg et quatre ans de contrat offert par Valence. A la clé, un trophée de champion d’Espagne (2017) et une EuroCup (2019), deux belles premières saisons (17-18’ de temps de jeu moyen) mais ensuite encore de dures épreuves à endurer.

Tout a (re)commencé avec des douleurs au genou après l’Euro 2017 et en essayant de nouveau différents traitements insalutaires, le mal s’est prolongé jusqu’à une arthroscopie.

« On te met une caméra dans le genou. C’est là que le chirurgien a vu que le cartilage était endommagé. Pour faire simple, il a gratté la partie qui était mauvaise et il a fait en sorte que l’os se régénère. Souvent, on parle de cinq, six, sept mois d’arrêt, mais dans mon cas ça a été plus long », a-t-il indiqué à Basket Le Mag.

Seulement ce n’était pas la fin des souffrances. Le mollet et l’ischio l’ont de nouveau mis sur la touche et il a fallu attendre le 11 décembre dernier pour qu’il réapparaisse à la surface. Conséquences : après une année blanche, Antoine Diot n’a joué que 14 matches de saison régulière de ligue espagnole avec un temps de jeu qui a fondu à 9’ en moyenne et un pourcentage de réussite tombé à 21,4% pour 3,1 points et 2,6 passes, les statisticiens espagnols n’étant pas généreux dans ce domaine.

« J’ai les mêmes questions maintenant qu’après mon opération au dos. As-tu cru que c’était la fin de ta carrière ? Crois-tu que tu vas pouvoir revenir ? Crois-tu pouvoir enchaîner les matches ? J’ai eu cette expérience malheureuse avec mon dos, j’ai eu cette expérience malheureuse avec mon genou, mais je ne suis pas le seul à avoir connu des grosses blessures de longues durées dans le basket. Maintenant je me sens bien physiquement, à moi de montrer que j’ai retrouvé mon niveau, que tout va bien, de montrer que je suis le même joueur que j’étais avant. Pas exactement le même car on évolue, j’ai encore appris. C’est ce que j’avais dit avec ma blessure au dos. J’ai beaucoup appris sur moi et sur mes capacités durant cette période de non activité. J’espère que ce sera le cas de nouveau avec cette blessure, d’en sortir grandi. »

Même si aucune statistique ne permet de l’affirmer noir sur blanc, il est évident que le nombre de graves blessures n’a cessé d’augmenter au fil des décennies, les corps des basketteurs étant poussés jusqu’à l’extrémité de leur résistance.

« Ça va avec l’évolution du basket. Le basket est beaucoup plus rapide, beaucoup plus physique. Ce sont des avions de chasse, les mecs, donc forcément les impacts sont beaucoup plus importants. On joue de plus en plus. Nando (De Colo) a fait l’année dernière une saison NBA, 80 et quelques matches. Tout ça fait que l’on a plus de blessures mais après on a plus de connaissances scientifiques pour les soigner, plus de récupération. Oui, on en parle quelque fois aves les coéquipiers. Il est arrivé à Rafa Martinez pratiquement la même chose que moi au niveau du genou. On compare, on se dit « ah ! tiens, qu’est-ce que tu ressens. aujourd’hui ? »  Ça fait partie de la vie du basketteur et il faut vivre avec. »

Alors, de quel Antoine Diot, l’ASVEL a-t-elle hérité ? Comment se sent-il en cet automne de retrouvaille avec le basket français ?

« Très bien. J’enchaîne les semaines d’entraînement et les matches sans aucun problème. Je touche du bois et de la peau de singe mais tout va bien pour le moment physiquement. »
Photo: Valencia Basket

Une chaîne de montagne

C’est un secret d’enfance qu’Edwin Jackson livrait dans Maxi-Basket en 2010 à propos de sa complicité avec Antoine Diot :

« Quand on était à l’INSEP, on a fait un pacte pour se dire qu’un jour, on jouerait au moins une année ensemble dans la même équipe. Je ne sais pas quand ça arrivera, quand on se sera fait un nom., qu’on pourra négocier le fait de vouloir jouer ensemble, mais on veut ça. En plus, je sais qu’en jouant avec Antoine, pour moi, ça signifie quasiment faire une bonne saison. Il me connaît par cœur sur le terrain. Il peut me faire des passes les yeux fermés, il n’y a pas de souci. Il sait comment j’aime jouer les contre-attaques, les sorties d’écrans, je sais comment il joue lui. A mon avis, ce serait vraiment l’apothéose. »

Le vœu a été exaucé avec le club qui est celui du président Tony Parker et de Nicolas Batum, le directeur des opérations basket, un autre pilier de la génération 88-89 avec qui Antoine a joué un temps au Mans. Si l’ASVEL n’avait pas obtenu une wild card pour deux ans en attendant une adhésion définitive à l’Euroleague, les copains d’enfance se seraient-ils retrouvés entre Saône et Rhône ?

« Je ne sais pas. J’ai eu quelques propositions en Espagne. De d’autres clubs français aussi. Je me serai posé la question mais bien évidemment l’Euroleague est un gros plus dans ma signature à l’ASVEL. Le projet est aussi important avec le rapprochement avec l’OL. Il y a beaucoup de choses qui font que l’on sent que c’est un club qui est sur une phase ascendante. Le projet sportif m’a parlé et c’est pour ça que j’ai signé. Le championnat français au niveau du budget est bien inférieur au championnat espagnol mais je ne suis pas quelqu’un qui recherche forcément l’argent. C’est le projet sportif qui m’a parlé. »

Les Villeurbannais se sont attaqués à une véritable chaîne de montagne : 34 matches de Jeep Elite et autant d’Euroleague plus les playoffs nationaux et la Leaders Cup -probables- et les playoffs européens -beaucoup plus incertains. Un programme herculéen qui ne laissera aucun répit et probablement quelques bosses. Il suffit de consulter les rosters des équipes d’Euroleague pour avoir la certitude que l’opposition y est XXL et que l’ASVEL est une naine à cette échelle.

« Ça va être très difficile », reconnaît Antoine Diot. « On va manquer d’expérience mais il faut que l’on apprenne de cette compétition. Il faut jouer notre jeu. Ne pas se dire, « hou la ! là ! Aujourd’hui on joue le CSKA ou Madrid. Il n’y a pas d’objectifs prédéfinis. On veut juste essayer de gagner quelques matches. On ne se met aucune limite. On sait que ce sera dur mais sur une bonne dynamique, on ne sait jamais, on peut peut-être faire de belles choses. Il faut être ambitieux dans la vie, ne pas se cacher derrière le fait que l’on soit jeune dans la compétition et que l’on ait moins de budget. »

Pour leur première sortie face à l’Olympiakos, les Villeurbannais ont exaucé  les espoirs de leur meneur de jeu et sont même allés au-delà en torpillant le navire grec, 82-63. Antoine Diot a été impeccable avec 8 points et 5 passes. Prometteur.

A un confrère qui lui demandait si l’ASVEL pouvait tout écraser sur son passage en Jeep Elite à la façon du mammouth PSG, Antoine Diot répliquait par une prudence évidente :

« Oui, on a le plus gros budget mais la comparaison n’est pas valable. On l’a vu quand on a connu notre première défaite à Strasbourg en Coupe de France. Si on ne met pas notre bleu de chauffe et que l’on ne cravache pas chaque week-end, on peut aller au-delà de grandes désillusions en Jeep Elite. Tout le monde peut battre tout le monde. Ça a toujours été comme ça : quand tu joues l’Euroleague, tu as une cible sur la tête. Il va falloir être prêt à ce que les mecs nous sautent à la gorge tous les week-ends. »

Villeurbanne peut-il se retrouver pour autant dans la position inconfortable d’Herbalife Gran Canaria qui engagé comme novice en Euroleague (14e sur 16 avec 8 victoires en 30 matches) a lourdement payé ses efforts en championnat (12e sur 18 avec 14 victoires en 34 matches), au point un moment d’être menacé par la relégation ? Cela semble très peu probable : Villeurbanne ne trouve pas en Jeep Elite l’adversité qui existe en liga Endesa et son bon départ (4 victoires en autant de matches) lui a déjà permis d’engranger des points précieux pour l’hiver. Parions que l’ASVEL sera incluse dans le top 8 national et qu’elle pourra libérer toute sa puissance en playoffs une fois déchargée de ses contraintes européennes.

« Il va falloir être très attentif, » prévient toutefois Antoine Diot. « Si tu gagnes en Euroleague, tu n’es pas champion pour autant en Jeep Elite. Et a contrario, si on se prend 20 points dans la musette, il ne faudra pas de dire « Hou là, là, c’est la fin du monde ! » Le lendemain du match, il faudra mettre ça de côté et repartir de l’avant. »

A double ration de matches, les grands moyens. Le staff villeurbannais a concocté un roster de quinze joueurs. Là aussi une nouveauté pour un club français même si Monaco a déjà marqué cette tendance.

« Il faut le prendre comme un avantage. Si on veut être une équipe de très haut niveau, il faut être une équipe de 15. Par contre c’est un vrai apprentissage. Je l’ai connu à Valence et c’est pour ça que je dis que c’est difficile. Quand je suis arrivé à Valence, j’étais dans le confort de la Jeep Elite, j’avais mes minutes à Strasbourg, je savais que j’allais jouer. Alors que là, il faut que tu te montres en trois minutes et si tu sors après trois minutes alors qu’elles ont été bonnes, il faut fermer ta gueule parce que ce sont les choix du coach. Et s’il te laisse 20 minutes sur le banc avant de te faire jouer 3 minutes, il faut être prêt mentalement. Il faut prendre ça en compte mais c’est un gros avantage car on va pouvoir mettre beaucoup de rythme et de toutes façons avec la saison que l’on a, on peut difficilement faire autrement. »

Ainsi, au poste de meneur, Antoine Diot se retrouve t-il aux côtés de l’Américain Jordan Taylor, bon passeur, excellent la saison dernière avec Limoges, et Théo Maledon, le Mozart du basket français.

« Il est impressionnant de mental et d’envie. Il a faim, » dit-il à son sujet. « C’est le premier à la salle, il est toujours en salle de muscu, c’est le dernier à partir. J’espère lui apporter un peu de mon expérience. C’est indéniablement un futur grand. Ce qu’il fait à 18 ans c’est assez incroyable. C’est un jeune qui a la tête sur les épaules, qui est bosseur. Il faut qu’il apprenne encore mais c’est normal. »
Photo: Infinity Nine Media

Pourquoi pas un retour en bleu

Antoine Diot aura 31 ans en janvier prochain, l’âge de la totale maturité. Si cette fois son corps ne défaille plus, pourquoi ne pas envisager un retour en bleu. L’été prochain, ce sont les JO de Tokyo.

« Bien sûr mais encore une fois c’est prématuré. Quand j’enchainais les saisons, je ne parlais déjà pas de l’équipe de France l’été parce que je pense qu’il faut être focus sur la saison avec son club. Et là je vais encore moins me « concentrer » sur l’équipe de France. Je vais essayer de faire une belle saison avec l’ASVEL que ce soit en Euroleague et en Jeep Elite et après on verra. Même si tu fais une bonne saison dans ton club, il y a une concurrence qui est assez rude notamment sur le poste de meneur mais bien évidemment, si je retrouve mon niveau, et je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas le cas, je postulerai. Je suis quelqu’un d’assez ambitieux qui ne se pose pas de limites. Si Vincent (Collet) fait appel à moi à la fin de l’année, ça veut dire que j’aurai fait une belle saison et je répondrai présent. S’il ne fait pas appel à moi, je ferai autre chose de mon été. Les JO, j’en ai déjà connu un avec Rio, je sais ce que ça représente et de toutes façons pour moi l’équipe de France représente beaucoup. »

Photo: Antoine Diot et Edwin Jackson (LNB)

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« J’ai vécu presque tous les matches quand mon fils me laissait l’opportunité de les regarder. Bien évidemment très fier des gars parce que c’est quelque chose d’incroyable, une troisième place à un championnat du monde. C’est très beau. Maintenant je mentirai en disant que ça ne m’a rien fait de ne pas être dans l’équipe. L’équipe de France c’est un petit peu ma vie aussi donc j’aurais eu envie de participer à cette compétition mais

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