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Pas de record d’invincibilité. A la 15e levée, l’ASVEL a flanché

Après 14 victoires d’affilée, Villeurbanne a chuté au Mans. Le record du genre demeure à Limoges. Les Villeurbannais étaient arrivés au Mans dans les meilleures conditions. Un jet privé les avait déposés sur le tarmac de l’aérodrome aux environs de midi et le bus officiel du MSB les avait ensuite pr

Après 14 victoires d’affilée, Villeurbanne a chuté au Mans. Le record du genre demeure à Limoges.

Les Villeurbannais étaient arrivés au Mans dans les meilleures conditions. Un jet privé les avait déposés sur le tarmac de l’aérodrome aux environs de midi et le bus officiel du MSB les avait ensuite pris en charge. Ils sortaient d’une belle et tranquille victoire en Euroleague sur l’ALBA Berlin. De quoi leur apporter un surplus de confiance même si à l’inverse, la série de quatre revers d’affilée dans la compétition européenne reine n’avait pas eu de conséquence sur leur comportement dans le championnat national.

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En plus, après 24 matches sans leur pivot Adreian Payne (2,08m), l’ASVEL était désormais au complet. Payne est athlétiquement un sacré loustic dans le contexte de la Jeep Elite et son association parfois sur le terrain d’Antarès avec Tonye Jekiri (2,13m) donnait des allures de tours infernales -avec le Belge Ismaël Bako (2,08m) en doublure- alors que Le Mans a sur certaines séquences aligné Jacques Alingue (2,01m) et DJ Stephens (1,95m) à l’intérieur sachant que le coach Elric Delord avait préféré le meneur Taurean Green au pivot JP Batista. D’ailleurs cette disproportionnalité s’est exprimée au rebond offensif avec 23 prises à 8 pour l’ASVEL ! De quoi bénéficier de secondes chances à la pelle.

On le sait : Villeurbanne est une équipe suréquipée à l’échelle de la Jeep Elite. Fin stratège, le coach Zvezdan Mitrovic pianote à merveille dans l’effectif sans froisser les égos et pour épargner les corps. Le 12e joueur, Rihards Lomazs bénéficie de près de 14 minutes de temps de jeu moyen. Si le meilleur joueur du lot, Tonye Jekiri a droit à 25’ en Euroleague, sa présence est réduite à 19’ en championnat où c’est Edwin Jackson qui est le plus sollicité (25’) et se retrouve le top marqueur (12,7 points). Au Mans (zéro point en 12’), il est apparu barbouillé et très loin de sa réputation. Charles Kahudi (1/5), Rihards Lomazs (0/4), Jordan Taylor (1/4) et encore Amine Noua (1/3) n’étaient pas non plus au mieux hier soir.

Avant ce duel, on avait observé que tous les chiffres de l’ASVEL n’étaient pas fracassants (6e au rebond, 9e à la réussite à trois-points, 11e aux interceptions) mais que sur l’essentiel, elle était bien présente (2e attaque, 2e défense et 1ère aux balles perdues… du bon côté du classement).

Le soir de l’ex-Villeurbannais Cliff Alexander

Les Le Mans-Villeurbanne sont toujours des moments spéciaux. Par manque de publicité et de références historiques, on oublie qu’il s’agit de la plus longue série du basket français. On en était hier à la 141e édition avec un avantage de 76 victoires pour l’ASVEL et un nul. Les Journées de Noël et quatre victoires d’affilée côté manceau ont fait que pour la première fois de la saison la salle Christian Baltzer était à guichets fermés. 6 035 spectateurs. Pour le MSB, il s’agissait d’un match de gala, sans obligation absolu de gagner pour une équipe qui était il y a un mois dans un état comateux. Pour l’ASVEL, c’était un match ordinaire dans un calendrier le plus indigeste jamais établi pour une équipe française.

Et si tous les Villeurbannais ont été applaudis à la présentation, avec un bonus pour les anciens Manceaux Antoine Diot et Charles Kahudi, le MSB n’était pas intimidé par l’adversaire et a mordu à pleines dents dans le match à l’image de l’ancien Villeurbannais Cliff Alexander auteur de 8 des 9 premiers points de son équipe plus un contre monumental sur Charles Kahudi. Non, le prestige de l’ASVEL ne faisait peur à personne y compris à Madame Audrey Cessi qui infligeait à Zvezdan Mitrovic une technique après 1’45 de jeu ! A la question de savoir s’il avait eu droit à une telle réplique en Jeep Elite depuis le début de saison, Antoine Diot a été clair :

« Non. L’intensité qu’a mis Le Mans ce soir était assez impressionnante. On a mis un petit temps à s’adapter. On a essayé de répondre au maximum. C’est sûr que c’est une équipe très physique dans notre championnat. »

Les Manceaux ont mis tout ce qu’ils avaient dans le ventre sur le parquet. Ça n’étonne pas de la part d’Antoine Eito (17 points à 4/9 à trois-points). C’est moins dans les habitudes de Cliff Alexander, que l’on a connu invisible ou désemparé sur plusieurs matches, et qui hier soir a réalisé trois poster-dunks sur la tête des big men adversaires et totalisé 20 points à 10/11 aux tirs en 21 minutes.

« On a analysé la défense de l’ASVEL et on savait qu’en jouant un peu précis, dans la manière d’attaquer notamment les pick and roll, et aussi sur les sorties d’écran, on savait que l’on pourrait trouver Cliff qui est forcément une grosse cible. Ça a très bien marché », a constaté le coach Elric Delord.

Elric Delord n’est pas un inconnu entre Saône et Rhône puisqu’il a été assistant-coach à l’ASVEL durant six saisons. Il s’occupait notamment de la vidéo et on peut en conclure que le jeu de son désormais adversaire n’a pas de secrets pour lui.

« Tout le monde connaît l’ASVEL », répond il. « Les trois-quarts des joueurs, ça fait des années qu’ils évoluent dans le championnat de France. Ils connaissent l’ASVEL aussi bien que moi. Ce n’est pas un aussi gros avantage que ça pour moi. Par contre c’est très difficile de jouer contre eux. Tout le monde a essayé. Parfois c’est passé près. Je le redis, c’est exceptionnel ce qu’ils font. Et on a réussi, nous, à nous élever le temps de 40 minutes à ce niveau-là. »

Si sur un match l’élève a dépassé le maître, celui-ci en avait sans doute une forme de fierté au fond de lui.

« Je tiens à féliciter mon ami Elric », a d’ailleurs dit Coach Z. « C’est le gars que j’avais avec moi l’année dernière. C’est un gars talentueux. Je suis heureux pour lui mais bien sûr pas heureux d’avoir perdu le match. Ils ont mis beaucoup d’énergie et de motivation partout sur le terrain. »
Photo: David Lighty (Euroleague)

Très intense

Jusqu’ici, l’ASVEL était parvenu 14 fois à faire le nécessaire pour écarter l’opposition. Rarement en les désarçonnant (le plus gros écart, +25 face au Portel et Nanterre), souvent avec le minimum syndical (8 fois avec une marge de 10 points et moins et un +1 heureux face à Strasbourg en début de saison). Mais pas besoin de brûler de l’énergie pour rien. C’est ça la maîtrise des équipes de première catégorie.

D’ailleurs hier soir, l’ASVEL n’a jamais semblé paniqué, et par une série de quatre trois-points dans le troisième quart-temps et toujours ces fameuses deuxièmes chances au rebond off, elle donna l’impression d’attendre que son rival donne des signes de faiblesse pour revenir. Ce n’est jamais arrivé. Même lorsque Terry Tarpey (cheville), provisoirement, et Brandon Taylor (pied), définitivement, ont été écartés du terrain, les Villeurbannais ne sont pas complètement revenus. Sans doute leur a t-il manqué ce petit supplément d’âme que l’on ne peut avoir 68 fois dans la saison playoffs non compris. L’écart maximal a été de 12 points et ensuite le minimal de 4. Obi Emegano a été le joueur du money time et DJ Stephens a effectué un vol aérien pour mettre un fatidique 2+1 avant de réussir pour le spectacle un alley oop puis un rebond défensif en touchant le plafond d’Antarès. Antoine Eito pouvait se frapper le torse et le public crier « ici, c’est Le Mans ! », l’invincibilité villeurbannaise était enterrée. Elric Delord n’avait pu qu’à faire une accolade affectueuse à tous les joueurs qu’il avait encore avec lui il y a quelques mois.

« On a fait ce que l’on pouvait mais j’ai rapidement su que dans nos attitudes, notre façon de courir, de défendre et d’aller chercher les rebonds, nous n’étions pas à notre meilleur », résumait Zvezdan Mitrovic. « Ce n’est pas évident de répéter les mêmes efforts à chaque match quand tu les enchaînes comme nous avec l’Euroleague. On est tombé dans des travers individualistes dont nous n’avons pas l’habitude. »

Sûr qu’Antoine Diot n’avait pas la banane lors de la conférence d’après-match.

« Les deux équipes ont mis de l’intensité, ça s’est vu. Le Mans a fait un très bon match. Nous, on n’a pas été en réussite comme d’habitude en attaque et on n’a pas réussi à imposer notre défense comme on le fait généralement. Il faut donner du crédit à cette équipe du Mans (…) On connaissait leur défense. On n’a pas réussi à trouver les solutions du moins tout de suite. C’est ce qui les a mis confiance notamment en début de match. On n’a pas été adroit en plus de ça. On n’a pas été surpris par leur jeu, on savait que c’était une très belle équipe et que ça allait être très dur (…) On peut dire la fatigue, on peut dire x ou y, tu peux donner beaucoup d’excuses et si tu rejoues le match demain peut-être qu’il y a trois, quatre tirs qui rentrent en plus et qui changent le match. Il n’y a pas une raison particulière. »

Elric Delord se disait fier de ses joueurs face à une telle équipe et d’avoir évité les fameux moments faibles qui peuvent plomber en 3-4 minutes tout un match.

« C’était la clé sur ce match-là. Sur les derniers matches, l’ASVEL fait de gros éclats sur le troisième quart-temps… Je pense qu’ils accumulent de la fatigue depuis un moment et ils arrivent toujours à retrouver des ressources fortes sur le troisième quart-temps alors que nous parfois sur le troisième quart-temps, on n’est pas à la rue mais on n’est pas aussi intense ou aussi concentré. Et là ils l’ont été sur 40 minutes. Ils ont réussi à le faire. C’est cool. »
Photo: Edwin Jackson (Euroleague)

Quatre matches d’ici le 5 janvier

Quelle conséquences pour l’ASVEL ?

Déjà, avec 14 victoires pour débuter la saison elle n’a pas fait qu’égaliser la génération 2000-01 et elle est loin du record du Limoges de 1989-90. Ce record était-il devenu une obsession, voire paralysant ?

« Non car on sera observé quoiqu’il arrive », a répondu Antoine Diot. « Ce record, on voulait aller le chercher. On voulait que cette série dure le plus longtemps possible. Ça s’arrête ce soir mais ce n’est pas la fin du monde. Notre saison ne s’arrête pas ce soir, on n’est pas éliminé du championnat de France. Maintenant notre réaction va être importante. »

Est-ce un simple accident dû à la fatigue où est-ce l’annonce de lendemains sinon qui déchantent du moins plus laborieux en Jeep Elite ?

« L’avenir nous le dira. Tout le monde voulait à Lyon que l’on reste invaincu le plus longtemps possible, nous compris évidemment. Il y avait ce record qui était juste là. Mais ça reste une défaite, ce n’est pas très grave. Je pense qu’en décembre, on a eu un calendrier très difficile, même s’il ne faut pas se chercher des excuses. Maintenant ça reste une défaite contre une très belle équipe qui est dans une très belle dynamique. On est toujours premier de la ligue. On a un match contre Khimki qui s’annonce rude, à nous de rebondir. On sait que l’objectif numéro un du club c’est le championnat. Il faut être présent à tous les matches. La pression, on en a quoi qu’il arrive. On essaye de donner le maximum sur le terrain chaque soir sans calculer. On ne peut pas dire que l’on a pris Le Mans à la légère ce soir. Ils ont fait une très bonne partie et nous un peu moins bien. Et voilà. »

Cet échec de l’ASVEL ne rend t-il pas finalement service à la Jeep Elite ? Il prouve que son équipe phare quand bien même très compétitive en Euroleague n’est pas à l’abri d’un faux-pas, que les autres ont de la ressources. Y compris Le Mans, une équipe qui, il y a un mois -cela paraît si loin-, était relégable. C’est plus flatteur que pour la LKL, la ligue lituanienne, qui voit le Zalgiris Kaunas à 15 victoires en autant de journées alors qu’il est patraque en Euroleague.

« Je pense qu’il n’y a aucune équipe qui commence contre l’ASVEL en se disant « on va en prendre trente ». Toutes les équipes, les joueurs, les staffs, les compétiteurs y vont et se disent que sur un malentendu ça peut marcher », commente Elric Delord. « Quand on a joué de grosses équipes avec l’ASVEL en Eurocup, tout le monde était convaincu à 300% qu’on pouvait les battre. On l’a fait ce soir, c’est fantastique ! C’est la beauté de ce métier et demain je ne penserai qu’à Pau. » Quant à ses joueurs dans le vestiaire… « Ils étaient tous très heureux, satisfaits de ce qu’ils sont capables de produire. J’insiste là-dessus : au-delà de la victoire ! Même si on était devant sur l’ensemble du match, que l’on semblait avoir une certaine maîtrise, au final ça se joue à pas grand-chose. Ils sont concentrés sur leur propre performance. Ils ont été au bout d’eux-mêmes. J’espère juste ne pas avoir perdu deux joueurs ce soir », ajoutait-il en référence aux blessures de Terry Tarpey et Brandon Taylor.

Quant à l’ASVEL, il lui reste encore quatre matches d’ici le 5 janvier : le Khimki Moscou, le 26, le BCM Gravelines, le 28, le Real Madrid, le 3 janvier, et Monaco le 5 janvier. Et en bonus les all-stars ont rendez-vous à Paris le 29, sans avoir le temps de prendre part aux media day et à l’entraînement de la veille. Une lessiveuse.

Le Limoges de 1990 a toujours le record

Le record du nombre de victoires pour démarrer une saison LNB reste donc à Limoges. 23 de suite pour l’équipe de 1989-90 qui a fait mieux que celle qui fut championne d’Europe en 1993 et qui s’arrêta à 18.

Celle de 1990 était coachée par Michet Gomez et connue pour son run and gun. Elle tourna à la moyenne effarante de 104,9 points en moyenne ! Elle possédait quelques uns des piliers de l’équipe de France de l’époque (Richard Dacoury, Valéry Demory, Georges Vestris, Stéphane Ostrowski qui établit une moyenne de 22,2 points), un naturalisé haut de gamme (Ken Dancy) et une paire d’Américains de légende (Michael Brooks et Don Collins). Elle était impériale dans les contre-attaques et savait aussi défendre.

C’est Orthez qui mis fin à son invincibilité sur un score fleuve, 115-101. Une autre époque. Ce fut son seul accroc car le CSP remporta 29 victoires en 30 journées. Il fut champion de France, gagna le Tournoi des As, mais rata son premier Final Four de la C1 à Saragosse. Michel Gomez annonça son départ en plein tournoi pour… Orthez.

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En plus, après 24 matches sans leur pivot Adreian Payne (2,08m), l’ASVEL était désormais au complet. Payne est athlétiquement un sacré loustic dans le contexte de la Jeep Elite et son association parfois sur le terrain d’Antarès avec Tonye Jekiri (2,13m) donnait des allures de tours infernales -avec le Belge Ismaël Bako (2,08m) en doublure- alors que Le Mans a sur certaines séquences aligné Jacques Alingue (2,01m) et DJ Stephens (1,95m) à l’intérieur sachant que le coach Elric Delord avait préféré le meneur Taurean Green au pivot JP Batista. D’ailleurs cette disproportionnalité s’est exprimée au rebond offensif avec 23 prises à 8 pour l’ASVEL ! De quoi bénéficier de secondes chances à la pelle.

On le sait : Villeurbanne est une équipe suréquipée à l’échelle de la Jeep Elite. Fin stratège, le coach Zvezdan Mitrovic pianote à merveille dans l’effectif sans froisser les égos et pour épargner les corps. Le 12e joueur, Rihards Lomazs bénéficie de près de 14 minutes de temps de jeu moyen. Si le meilleur joueur du lot, Tonye Jekiri a droit à 25’ en Euroleague, sa présence est réduite à 19’ en championnat où c’est Edwin Jackson qui est le plus sollicité (25’) et se retrouve le top marqueur (12,7 points). Au Mans (zéro point en 12’), il est apparu barbouillé et très loin de sa réputation. Charles Kahudi (1/5), Rihards Lomazs (0/4), Jordan Taylor (1/4) et encore Amine Noua (1/3) n’étaient pas non plus au mieux hier soir.

Avant ce duel, on avait observé que tous les chiffres de l’ASVEL n’étaient pas fracassants (6e au rebond, 9e à la réussite à trois-points, 11e aux interceptions) mais que sur l’essentiel, elle était bien présente (2e attaque, 2e défense et 1ère aux balles perdues… du bon côté du classement).

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