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[REDIFF] Interview (3) – Mehdy Mary (coach Limoges): « Beaublanc c’est exceptionnel. On s’y sent poussé, soutenu »

Le Limoges CSP a fait appel à quantité de coaches de renom, de Borislav Maljkovic à Dule Vujosevic en passant par Panayotis Yannakis mais après l’Espagnol Alfred Julbe, obligé de jeter l’éponge en raison de résultats jugés insuffisants, c’est un inconnu du grand public, Mehdy Mary, 40 ans, qui a pri

Le Limoges CSP a fait appel à quantité de coaches de renom, de Borislav Maljkovic à Dule Vujosevic en passant par Panayotis Yannakis mais après l’Espagnol Alfred Julbe, obligé de jeter l’éponge en raison de résultats jugés insuffisants, c’est un inconnu du grand public, Mehdy Mary, 40 ans, qui a pris le relais. Même si sa notoriété reste à construire, l’ancien assistant-coach qui a fait ses armes dans le championnat espoir, possède un parcours via l’Espagne qui mérite d’être mis en lumière et propose des réflexions intéressantes y compris sur la pandémie de coronavirus que nous vivons.

Voici la troisième des trois parties de l’interview.

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Quand on vous a proposé de remplacer Alfred Julbe à la tête du CSP, par quelles sensations avez-vous été animées ? Vous vous êtes dit que c’était la chance de votre vie ? C’est le club le plus prestigieux de France et aussi être coach à Limoges c’est un peu comme être un cowboy lors d’un rodéo. Peu ne sont pas tombés de leur cheval. C’est quelque chose qui vous préoccupe ?

C’était une situation un peu de crise. Il y avait trois descentes et on ne voulait pas en faire partie. C’était extrêmement tendu, beaucoup de nervosité en interne. Après, la question ne s’est pas réellement posée. Quand un mercredi soir on m’a informé qu’Alfred Julbe était démis de ses fonctions et que l’on me demandait de reprendre, je n’ai pas eu à me poser la question de savoir si c’était dangereux. Mon métier est une passion, c’est quelque chose qui m’anime, ce côté management des individus, ce côté technico-tactique. Je passe des heures à regarder des matches, à échanger avec mes assistants, à réfléchir au contenu, à la démarche pédagogique pour que l’on avance tous ensemble. Je me suis dit que le challenge me semblait réaliste, il correspondait à ce que je suis, à mes attentes. Il n’y avait pas à se poser la question du risque ou pas. D’ailleurs j’ai accepté sans conditions, je me suis engagé uniquement jusqu’à la fin de la saison. Je viens de prolonger pour les deux prochaines saisons mais en aucun cas c’était convenu.

Photo: Vince Sanford (Eurocupbasketball)
« Quand je dépose mes enfants à la Maternelle, la maîtresse me dit « bravo pour samedi ! »

Comme vous y aviez déjà fait un passage, vous connaissiez très bien le milieu ambiant de Limoges, la pression qui est supérieure à celle des autres clubs en France, un intérêt aussi supérieur ?

Je préfère que vous disiez un intérêt. Il est exceptionnel. Beaublanc c’est exceptionnel. On s’y sent poussé, soutenu. La passion qu’ont les Limougeauds pour le CSP est quelque chose qui est exaltant. Jouer à Beaublanc quand on est joueur ou entraîneur c’est top. Bien sûr il y a la pression mais on fait ce métier là pour ça, pour ces moments où il y a une vraie complicité, une vraie proximité entre le public et les joueurs et les entraîneurs. J’ai des anecdotes en pagaille. Quand je dépose mes enfants à la Maternelle, la maîtresse me dit « bravo pour samedi ! ». La pharmacienne qui me dit, « je n’ai pas ce médicament-là mais ne vous inquiétez pas, je vais m’en occuper. On sera toujours là pour vous soutenir. » Et je ne vous parle pas des supporters. Quand je vais en ville, j’en croise quatre ou cinq. Ma femme me disait qu’elle est toujours impressionnée par le nombre de fanions du CSP accrochés au rétroviseur intérieur des voitures, qu’elle en voit en permanence. Elle a l’impression qu’il y en a un une voiture sur deux (…) Un match sur deux voire plus le club communique le jeudi ou le vendredi pour dire qu’il n’y a plus que des places debout. La salle est blindée tout le temps. Et après c’est l’ambiance, les gens, l’architecture de la salle, le passé avec les bannières accrochées avec les titres.

Les étrangers doivent être surpris de voir l’entraînement qui est ouvert au public en début de saison avec 2 500 personnes ?

On les briefe avant !

C’est un véritable entraînement ou comme vous savez que vous êtes observés, c’est tout de même différent ?

Avec le fait que les gens applaudissent, poussent les joueurs, etc, ça ressemble plus à un scrimmage (NDLR : un match d’entraînement organisé entre joueurs de la même équipe ou contre une autre équipe) qu’à un entraînement mais c’est un vrai quand même car c’est ce que les gens veulent voir. La particularité à Limoges c’est qu’ils ont eu l’habitude de l’Euroleague, de voir ces matches-là pour les gagner, et ils ont envie de voir des choses qui ressemblent à du basket. Ce n’est pas un concours de dunks c’est quelque chose qui s’apparente à un entraînement.

Photo: Jerry Boutsiele (Eurocupbasketball)
« On a déjà commencé sur quelques joueurs avec mes adjoints et maintenant on va être de plus en plus dans le recrutement »

Vous n’êtes pas un coach qui donne du temps de jeu en fonction du salaire comme ça peut l’être en NBA ? Tout le monde est sur un pied d’égalité au départ ?

Complètement. J’essaye d’expliquer à tout le monde quel est le cadre de travail, quelles sont mes attentes pour tous, que tout le monde respecte le cadre qui est défini ensemble par rapport au comportement à avoir, l’engagement défensif est valable pour tout le monde, la volonté de jouer juste, c’est-à-dire de prendre la bonne décision, de tirer ou pas, c’est pour tout le monde. Personne n’a le droit de s’affranchir de ça. Après, le reste est dépendant des compétences individuelles. Par exemple, on va demander des choses différentes à Nicolas Lang et Hugo Invernizzi qu’à Benoît Mbala et Jerry Boutsiele. Je vais ajuster mes attentes en lien avec les compétences des individus et j’essaye de le faire de manière la plus claire possible. C’est-à-dire que souvent les tensions arrivent dans une entreprise, dans un groupe, lorsque « je ne sais pas ce que le supérieur hiérarchique, en l’occurrence l’entraîneur, attend de moi ». Quand je recrute un joueur et qu’il arrive, je lui explique les compétences pour lesquelles je l’ai recruté et on est d’accord ou pas. C’est comme une négociation, il y a une discussion, et à la fin quand on a trouvé un accord, les deux parties s’engagent à rester dans cet accord-là. A partir du moment où le respect du cadre de travail, l’impact défensif et la volonté de jouer juste sont respectés, avec les compétences spécifiques du joueur, ils sont évalués sur ça. C’est écrit, c’est affiché dans le vestiaire. Tous les joueurs ont un premier entretien individuel qui est une discussion et après le deuxième, ils ressortent avec une feuille. Et après tous les joueurs voient quelles sont les attentes de leurs coéquipiers. Je l’explique à tout le monde. Ce que j’attends de lui c’est ça. C’est notre feuille de route à laquelle je ne déroge jamais.

Ludovic Beyhurst dû bien coller à sa feuille de route ? Il a apporté énormément de tonus à votre équipe ?

On a bien matché. C’est-à-dire que ce que j’attendais de lui c’est quelles sont ses compétences et le fait que ça soit passé comme ça l’a incité à poursuivre dans cette voie-là. Ludo a certes constitué un apport quand il est arrivé et je suis plutôt satisfait de ce joueur-là mais il y en a d’autres.

Actuellement, malgré le confinement, êtes-vous déjà en train de préparer la prochaine saison ou tout est figé ?

On la prépare tous les jours. Il y a un avant, un pendant et un après. On est dans le pendant mais il faut avoir au minimum un coup d’avance, anticiper l’avenir. Quel sera notre effectif la saison prochaine ? On essaye de réfléchir à l’organisation du jeu avec l’effectif de la saison prochaine, du staff.

Pascal Donnadieu disait que vous n’aurez pas l’excuse de dire que vous n’avez pas eu de temps pour scouter ?

C’est sûr que là, on a du temps. Habituellement durant la saison, on a le match du week-end à préparer. J’ai aussi tendance à regarder mes entraînements en vidéo et on a aussi les matches des adversaires. Mais là je suis plus dans la réflexion de définir là où on veut aller, quels sont les projets de jeu, les compétences nécessaires pour attendre ça et parmi les joueurs que l’on a lesquels correspondent et ce que l’on va chercher. On a déjà commencé sur quelques joueurs avec mes adjoints et maintenant on va être de plus en plus dans le recrutement.

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Quand on vous a proposé de remplacer Alfred Julbe à la tête du CSP, par quelles sensations avez-vous été animées ? Vous vous êtes dit que c’était la chance de votre vie ? C’est le club le plus prestigieux de France et aussi être coach à Limoges c’est un peu comme être un cowboy lors d’un rodéo. Peu ne sont pas tombés de leur cheval. C’est quelque chose qui vous préoccupe ?

C’était une situation un peu de crise. Il y avait trois descentes et on ne voulait pas en faire partie. C’était extrêmement tendu, beaucoup de nervosité en interne. Après, la question ne s’est pas réellement posée. Quand un mercredi soir on m’a informé qu’Alfred Julbe était démis de ses fonctions et que l’on me demandait de reprendre, je n’ai pas eu à me poser la question de savoir si c’était dangereux. Mon métier est une passion, c’est quelque chose qui m’anime, ce côté management des individus, ce côté technico-tactique. Je passe des heures à regarder des matches, à échanger avec mes assistants, à réfléchir au contenu, à la démarche pédagogique pour que l’on avance tous ensemble. Je me suis dit que le challenge me semblait réaliste, il correspondait à ce que je suis, à mes attentes. Il n’y avait pas à se poser la question du risque ou pas. D’ailleurs j’ai accepté sans conditions, je me suis engagé uniquement jusqu’à la fin de la saison. Je viens de prolonger pour les deux prochaines saisons mais en aucun cas c’était convenu.

Photo: Vince Sanford (Eurocupbasketball)
« Quand je dépose mes enfants à la Maternelle, la maîtresse me dit « bravo pour samedi ! »

Comme vous y aviez déjà fait un passage, vous connaissiez très bien le milieu ambiant de Limoges, la pression qui est supérieure à celle des autres clubs en France, un intérêt aussi supérieur ?

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Photo d’ouverture: Nicolas Lang (Eurocupbasketball)

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