Aller au contenu

[REDIFF] Interview (2) – Michel Mimran (Directeur Général de la LNB): « J’affirme que le basket est un produit dont le rapport qualité /prix et l’un des meilleurs de l’univers du sport business »

La suite de l’interview de Michel Mimran, le Directeur Général de la Ligue Nationale de Basket. La première partie est à lire ICI.

La suite de l’interview de Michel Mimran, le Directeur Général de la Ligue Nationale de Basket. La première partie est à lire ICI.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Parlons maintenant de la ressource principale de la Ligue Nationale. Avez-vous un bon espoir de récupérer une partie des 5 millions d’euros que RMC vous doit sur le dernier contrat ? Est-ce vital pour l’équilibre financier de la ligue en tant qu’entité ?

A-t-on bon espoir de récupérer la totalité de la somme ? Question difficile, qui va dépendre des discussions qui sont en train de reprendre avec notre diffuseur, après quasiment deux mois sans réel contact. La saison a été interrompue par un cas de force majeure, et nous avons déjà joué plus des deux tiers de cette saison. Il est donc évident que nous sommes fondés à attendre de notre diffuseur une exécution du contrat sur ces bases. Et statuer ensemble sur un accord pour la fin de cette saison, qui est la dernière de notre contrat. Discuter, c’est la première étape. Nous arrivons enfin à reprendre le dialogue et une réunion est prévue avant la fin du mois de mai.

Et donc un non-paiement mettrait-il en péril la ligue ?

Ce n’est évidemment pas envisageable, sur quelque plan que l’on se situe. Nous sommes entre entreprises et personnes responsables. Chacun défend ses intérêts, dans le respect des relations, des faits, et du droit.

Où en sont actuellement vos relations avec vos sponsors ?

Les choses s’éclaircissent. Tout le monde a été secoué en mars, les décisions n’étaient pas simples à prendre. Avril a apporté un peu de visibilité, et de nécessité de trouver des solutions. Mai va être le mois des décisions. Nos partenaires ont subi comme nous la chute dramatique de leurs ressources, mais les contrats seront respectés, et lus et exécutés au regard de la situation. Nous dialoguons, nous nous adaptons, donc nous tombons ou tomberons d’accord. Certains contrats arrivent à échéance à la fin de la saison, et chaque partenaire prendra la décision de continuer l’aventure avec nous en cette période critique pour le sport pro, ou pas. Le terme « partenaire » va prendre tout son sens. Ce que le basket pro offre à ses sponsors en termes d’implantation, de visibilité, d’activation est très significatif, pour des montants qui sont très raisonnables dans l’univers du sponsoring. J’affirme que le basket est un produit dont le rapport qualité /prix et l’un des meilleurs de l’univers du sport business. Mon job va être, en m’appuyant sur le service sponsoring de la Ligue et son agence, de le faire savoir encore plus, de convaincre des entreprises que dans « le monde d’après » que tout le monde appelle de ses vœux, le basket a des vertus incontestables de proximité, d’authenticité, de solidarité et d’enracinement qui font écho aux valeurs que tout le monde redécouvre à la faveur de cette crise. Nous avons besoin de nos partenaires, ils ont besoin de nous pour affirmer plus fort leur adhésion à ces valeurs.

Photo: Tonye Jekiri (ASVEL) à la Leaders Cup.
« Et, oui, il y a des diffuseurs qui ont de l’appétit. Il faut être raisonnablement optimiste. Des choses vont changer »

La Ligue est en renégociation de son contrat TV. Cette crise sanitaire vous met-elle des bâtons dans les roues ?

Je ne vais pas dire que la crise sanitaire facilite les choses mais on travaille beaucoup sur « que sera demain une bonne diffusion, un bon contrat, une bonne relation avec un diffuseur, et surtout qu’est-ce qui serait bon pour les clubs, pour les amateurs de basket ? » Qu’est-ce qui se passe aujourd’hui sur le paysage audiovisuel en terme de basket ? C’est un sport très populaire avec énormément de licenciés, un maillage territorial très fort, mais des diffusions télé pas à la hauteur au sens quantitatif. La question c’est comment peut-on faire pour voir du basket à un niveau conforme à la demande ?

Vous conservez vos options : une chaîne payante, des ouvertures en clair et la création d’une OTT en complément comparable au League Pass NBA ?

Tout le monde peut avoir cette ambition. Tout cela doit être travaillé avec le diffuseur principal. Oui, il faut que le basket soit numériquement encore plus accessible, pour permettre une accession à tous les matches et pourquoi pas à la Pro B par le numérique. Il faut déjà qu’il y ait une bonne production d’images que ce soit pour la télé ou le numérique. Le clair est un objectif que tout le monde peut avoir et il dépend de la nature de la relation que l’on peut avoir le diffuseur payant car lui peu dire : je paye, je suis l’argentier, je veux bien qu’il y ait du clair mais attention ! Il faut donc que ça se passe en bonne coordination et en bonne intelligence. Il faut que le diffuseur puisse se dire : j’y ai également intérêt.

Vous souhaitez ainsi augmenter le niveau qualitatif de captation de Keemotion, avoir une caméra supplémentaire, des commentaires ?

On va vers une amélioration car je veux déjà que les matches de Pro B soient mieux captés. Cela pose la question des captations bien sûr, et aussi des commentaires. Ça peut également aider un diffuseur pour son offre numérique. Tout cela est un système vertueux.

Et donc la crise sanitaire n’a pas réduit l’appétit des chaînes avec lesquelles vous étiez en contact ?

Les discussions ne sont pas rompues, elles sont ralenties, et sont en train de reprendre. Lorsque je suis arrivé à la ligue, j’aurais pu dire que fin avril je serai très avancé alors que je suis évidemment moins avancé que ce que l’on pouvait espérer. Je me mets à la place des gens avec qui l’on discute, j’imagine qu’ils ont d’autres problèmes à régler en ce moment. Tout le monde est à la fois sur une prise de décision à court terme et en même temps obligé de penser au moyen terme. Le long terme, je pense que c’est de la science-fiction. Mais le moyen terme, c’est-à-dire la rentrée, je pense que les gens s’y remettent maintenant. J’ai eu des confs call en visio pendant le confinement avec des diffuseurs. Ce n’est pas stoppé. Et, oui, il y a des diffuseurs qui ont de l’appétit. Il faut être raisonnablement optimiste. Des choses vont changer.

« la Ligue doit travailler à une meilleure visibilité du basket dans les médias, notamment TV et digital »

Comparativement à il y a 20 ou 30 ans, le championnat de France a beaucoup perdu de terrain vis-à-vis des médias généralistes. Avez-vous un plan de reconquête à ce sujet et n’est-il pas lié à l’exposition télévisuelle ?

Il y a une volonté à la Ligue de renouveler un certain nombre de choses, de poursuivre la structuration du basket pro, et d’augmenter son impact, son audience, sa santé économique. Dans cette vision, la Ligue doit travailler à une meilleure visibilité du basket dans les médias, notamment TV et digital. Ça demande aussi de la part de la ligue un effort de story telling (NDLR : Le storytelling est le fait de raconter une histoire à des fins de communication) sur ce qui se passe dans le championnat de France, mettre en avant le niveau de la compétition, ses stars, les grandes rivalités. Un championnat, c’est une histoire qui dure une saison et ce n’est pas uniquement la succession des matches, c’est une aventure de certains qui vont bien, d’autres qui vont moins bien mais qui essaient de se rattraper, ce sont des hommes, des décisions. C’est une aventure. Je viens d’un univers, le football, où cette chose-là, le story telling, est obsédante. Les médias y contribuent beaucoup mais les clubs, les ligues, les fédérations, tout le monde participe à ce story telling en comprenant bien qu’il faut qu’il se passe quelque chose en dehors des matches. Le match est en quelque sorte le point de départ du story telling et la conclusion de ce que l’on a dit avant. On manque de cette narration et il faut qu’on la travaille.

Il y a par exemple de votre part à la ligue la volonté de mettre en avant une demi-douzaine de matches dans une saison avec les « Special Games » ?

Il y a tout ce que le digital permet. On maîtrise ça. Il faut que l’on donne beaucoup plus d’impact à nos médias digitaux pour également contribuer à ce story telling. Il faut que l’on rapproche les fans, qu’ils deviennent eux-mêmes de meilleurs ambassadeurs, qu’il y ait plus de viralité. En fait, c’est une énorme roue qu’il faut que l’on arrive à faire bouger, pour la mettre en mouvement puis la faire accélérer. On ne peut pas dire qu’on va tout renverser en six mois. Cela passe par plein de choses : une meilleure puissance digitale, une meilleure visibilité télé, une meilleure narration du championnat, une mise en avant de nos stars, les relations avec la NBA -les nouveaux et anciens joueurs, les Français là-bas- c’est une chose plutôt positive. Il se passe quelque chose dans le basket français qui mérite qu’on en parle plus. Le football restera le sport numéro 1 mais si l’on regarde comment se sont croisées les courbes entre le rugby et le basket, c’est la preuve que les choses peuvent évoluer.

Ce renversement s’est produit avec la création du top 14 et au moment où le rugby a bouté le basket français de Canal+ au milieu des années 90 ?

Oui mais il faut comprendre pourquoi et comment il l’a fait. Il y a eu aussi le Stade Français… C’est ça que j’appelle le story telling. Mais il y a des histoires aujourd’hui, à l’ASVEL, à Dijon, partout. Il faut que la ligue ne soit pas seulement l’organisatrice des compétitions mais également la narratrice de ces compétitions.

Le chantier du numérique c’est 6 millions d’euros sur trois ans à répartir entre la ligue et les clubs ?

Il y a des lignes au budget parce qu’il y a des équipements digitaux, il faut que les clubs aient des applications, que la ligue en ait une plus belle, je l’ai souvent dit. On est un sport spectaculaire, tout le monde nous compare à la NBA, il faut que sur le plan digital et même technique, on supporte la comparaison. Mais indépendamment de ça, il y a des choses qui ne se chiffrent pas économiquement : poster plus, poster mieux, mettre un peu plus d’énergie et de main d’œuvre sur tout ça. Il faut qu’il y ait une volonté très forte et après on verra qu’elle se manifestera dans les budgets. Mon job aujourd’hui est d’écrire cette stratégie, de faire que la volonté soit là, de mettre les budgets en face, mais il y a plein de choses qui peuvent se faire sans que l’impact budgétaire soit considérable. C’est la force du digital.

Il faut un relais dans chaque club ?

C’est déjà souvent le cas.  Avec une chose : le digital est un outil natif chez les jeunes et il y en a énormément qui arrivent sur le marché et qui sont très compétents. Il y a eu récemment des arrivées à la ligue, ça se voit et beaucoup de gens nous en font la remarque sur les réseaux sociaux. C’est vrai aussi dans les clubs. Ce n’est pas l’investissement le plus coûteux pour un club que tout d’un coup faire exploser sa stratégie digitale parce qu’avec une personne motivée, souvent jeune, on arrive tout de suite à remarquer une grosse différence.

C’est effectivement devenu très créatif dans plusieurs clubs en très peu de temps mais malheureusement le basket français est toujours comparé à la NBA mais aussi à des ligues qui proposent des images de très grande qualité, Euroleague, Eurocup, BCL, ligue espagnole, etc, et forcément quand à côté il y a des images Keemotion de qualité très moyenne, ça ne passe pas ?

Je sais et je suis tout à fait d’accord. La production d’image de la ligue c’est la garantie d’avoir une stratégie digitale qui tient ses promesses. Ça ne sert à rien que j’écrive une stratégie avec mon équipe digitale si les images ne sont pas là. Je n’ai rien à rajouter à ce que vous venez de dire, c’est totalement juste.

Photo: Antoine Diot (Villeurbanne) au All-Star Game.
« On peut très bien comprendre que la crise nous amène parfois à appuyer sur le bouton « pause » pour ces mesures, le temps de sortir de cette situation »

Il y a près de deux ans, l’Assemblée Générale de la LNB a voté 23 résolutions constituant le Plan Stratégique pour les cinq prochaines années. Celles-ci sont-elles remises en question en raison de la crise sanitaire ?

Très bonne question. C’est très simple : il faudrait être irresponsable pour ne pas mesurer l’impact qu’à la crise, sanitaire, économique, sportive sur le plan stratégique. Et donc on a réuni un groupe de travail qui s’est repenché sur toutes les mesures du plan, pour mesurer l’impact de la crise sur leur mise en œuvre. Une grande partie d’entre elles peuvent continuer à se développer parce que ce sont avant tout des mesures de volonté, de réflexion, de mise sur pied de nouvelles procédures, de nouvelles compétences et donc ne sont impactées qu’à la marge. Par ailleurs, Il y a quelques mesures qui sont impactées significativement, et il faut que l’on décide si on les suspend momentanément ou pas. Logiquement, il n’y a aucune raison pour qu’une mesure soit définitivement abandonnée. Aucune.  En revanche, on peut très bien comprendre que la crise nous amène parfois à appuyer sur le bouton « pause » pour ces mesures, le temps de sortir de cette situation. C’est l’Assemblée Générale qui en décidera.

Le rapprochement entre l’OL et l’ASVEL doit vous ravir ?

C’est évidemment une bonne chose que des investisseurs s’intéressent au basket. Le niveau monte, et l’excellente nouvelle c’est que plusieurs équipes sont dans le haut du panier. La compétition est ouverte, c’est une nécessité pour le public, les partenaires et les médias. Le fait que des investisseurs s’intéressent au sport professionnel est normal. Notre souhait c’est évidemment que beaucoup d’investisseurs s’intéressent au basket, pour augmenter le niveau de compétitivité du basket français, que les médias s’intéressent encore plus à notre discipline, que les fans s’enflamment.

Cela fait-il partie de vos missions qu’il y ait un club du plus haut niveau possible à Paris ?

C’est le souhait je pense de tout le monde que le Basket se développe encore plus dans les grandes métropoles françaises. Ça répondrait à beaucoup de questions, aux remarques que l’on s’est faites sur la visibilité, l’impact, l’intérêt des médias pour le basket, etc. C’est vrai pour Paris et d’autres grandes villes de France. Tout le monde sait par exemple que la Bretagne est une terre de basket. Il y a aussi de grandes villes dans le sud qui gagneraient à être représentées dans l’élite. Ça intéresserait les médias, c’est certain, ça alimenterait le story telling dont je parle. Ce n’est pas dans ma feuille de route explicitement car c’est aux clubs de se développer, il faut qu’ils se structurent, qu’ils méritent sportivement leur place dans l’élite, mais je ne vois pas qui pourrait s’opposer à une idée d’une Jeep Elite avec un peu plus de grandes métropoles françaises.

x

[armelse]

Parlons maintenant de la ressource principale de la Ligue Nationale. Avez-vous un bon espoir de récupérer une partie des 5 millions d’euros que RMC vous doit sur le dernier contrat ? Est-ce vital pour l’équilibre financier de la ligue en tant qu’entité ?

A-t-on bon espoir de récupérer la totalité de la somme ? Question difficile, qui va dépendre des discussions qui sont en train de reprendre avec notre diffuseur, après quasiment deux mois sans réel contact. La saison a été interrompue par un cas de force majeure, et nous avons déjà joué plus des deux tiers de cette saison. Il est donc évident que nous sommes fondés à attendre de notre diffuseur une exécution du contrat sur ces bases. Et statuer ensemble sur un accord pour la fin de cette saison, qui est la dernière de notre contrat. Discuter, c’est la première étape. Nous arrivons enfin à reprendre le dialogue et une réunion est prévue avant la fin du mois de mai.

Et donc un non-paiement mettrait-il en péril la ligue ?

Ce n’est évidemment pas envisageable, sur quelque plan que l’on se situe. Nous sommes entre entreprises et personnes responsables. Chacun défend ses intérêts, dans le respect des relations, des faits, et du droit.

Où en sont actuellement vos relations avec vos sponsors ?

Les choses s’éclaircissent. Tout le monde a été secoué en mars, les décisions n’étaient pas simples à prendre. Avril a apporté un peu de visibilité, et de nécessité de trouver des solutions. Mai va être le mois des décisions. Nos partenaires ont subi comme nous la chute dramatique de leurs ressources, mais les contrats seront respectés, et lus et exécutés au regard de la situation. Nous dialoguons, nous nous adaptons, donc nous tombons ou tomberons d’accord. Certains contrats arrivent à échéance à la fin de la saison, et chaque partenaire prendra la décision de continuer l’aventure avec nous en cette période critique pour le sport pro, ou pas. Le terme « partenaire » va prendre tout son sens. Ce que le basket pro offre à ses sponsors en termes d’implantation, de visibilité, d’activation est très significatif, pour des montants qui sont très raisonnables dans l’univers du sponsoring. J’affirme que le basket est un produit dont le rapport qualité /prix et l’un des meilleurs de l’univers du sport business. Mon job va être, en m’appuyant sur le service sponsoring de la Ligue et son agence, de le faire savoir encore plus, de convaincre des entreprises que dans « le monde d’après » que tout le monde appelle de ses vœux, le Basket a des vertus incontestables de proximité, d’authenticité, de solidarité et d’enracinement qui font écho aux valeurs que tout le monde redécouvre à la faveur de cette crise. Nous avons besoin de nos partenaires, ils ont besoin de nous pour affirmer plus fort leur adhésion à ces valeurs.

Photo: Tonye Jekiri (ASVEL) à la Leaders Cup.
« Et, oui, il y a des diffuseurs qui ont de l’appétit. Il faut être raisonnablement optimiste. Des choses vont changer »

La Ligue est en renégociation de son contrat TV. Cette crise sanitaire vous met-elle des bâtons dans les roues ?

[/arm_restrict_content]
[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Ouverture: Axel Julien (Dijon) au All-Star Game

Photos: LNB/Hervé Bellenger

Commentaires

Fil d'actualité