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ITW Alain Béral, président de la LNB : « Ce n’est pas possible de continuer à 18 équipes »

Alain Béral, 68 ans, l’a annoncé : c’est sa dernière saison à la présidence de la Ligue Nationale de Basket. Le moment de faire un tour d’horizon de la situation du basket pro.

Alain Béral, 68 ans, l’a annoncé : c’est sa dernière saison à la présidence de la Ligue Nationale de Basket. Le moment de faire un tour d’horizon de la situation du basket pro.

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À la fin de la saison, vous n’allez pas vous présenter à votre propre succession. Pourquoi ?
« Ça fera douze ans en juin 2023, ça fera un beau bail. Il y a un moment où il faut passer la main car on s’épuise un petit peu. On a passé pas mal de crises, les dernières ont été épuisantes pour beaucoup de personnes, pas que pour moi. Douze ans en n’étant pas tout le temps là puisque j’ai une activité professionnelle, c’est très compliqué pour être très efficace. Je pense qu’il faut rafraîchir tout ça. »

Vous allez abandonner vos autres mandats comme à la Basketball Champions League ?
« A priori, oui, bien sûr, car ce n’est pas moi qui suis à la BCL, c’est la LNB et son président, et à l’ULEB, c’est pareil. Tout va ensemble. A moins que la FIBA me réclame en tant que personnalité qualifiée, mais je ne serai plus dans le basket. »

Vous vous retirez complètement du basket ?
« A priori, oui (rires). Sauf en tant que spectateur, bien sûr. »

Vous êtes à la retraite ?
« J’ai l’âge, mais je suis en activité, je suis toujours vice-président de KFC. »

Qui vous a amené à faire de Fabrice Jouhaud* le directeur général de la LNB à la place de Michel Mimran ?
« On l’a sollicité. Pour l’instant, il n’est pas directeur général. Comme il était au ministère, il a le devoir de passer par la Haute Autorité de la Transparence. Pour l’instant, il travaille avec nous en tant que mission extérieure pour gérer des groupes de travail avec des présidents pour projeter la ligue sur cinq ans. Je souhaiterais qu’il devienne directeur général. Je le connais depuis longtemps. Je l’ai rencontré quand il était à L’Equipe. Il a un parcours dans le commercial, dans le journalisme, dans le partenariat, un beau parcours dans la communication à la FIFA en Suisse. Et puis, il a un parcours structurant au cabinet de la ministre des sports. Comme vous le savez, on est dans le milieu de la délégation d’une fédération, ce sont des choses importantes pour pouvoir conduire sans regarder sans cesse autour pour savoir ce qui se passe, et surtout aller plus vite, avoir à la fois une bonne connaissance du milieu et du sport. Surtout, c’est un passionné de basket. »

Son contrat ira simplement jusqu’à la fin de votre propre mandat ?
« Oui. C’est une volonté exprimée et acceptée. Ce n’est pas une hypothèque. Je veux que celui ou celle qui me remplacera soit libre de s’entourer de qui il ou elle voudra. »

Media day de la LNB (LNB)

« La fédération a clairement dit qu’elle se réservait le droit de ne pas renouveler – ce n’est pas pareil – la délégation qui lie la ligue à la fédé si ces aspects stratégiques n’étaient pas pris en compte »

Aviez-vous été contrit que la majorité des clubs refusent la réduction à 16 clubs, ce qui était l’une des mesures les plus importantes ?
« Je me suis battu contre ça, je l’ai dit clairement. Il n’y a pas eu de langue de bois sur le sujet. Je pense que c’est nécessaire à deux niveaux. Le premier, c’est une histoire de professionnalisation, sachant que le passage à 16 sera accompagné de toutes façons d’autres choses qui ont été peut-être oubliées. La Pro B passe à 20 afin de continuer à avoir une couverture totale du territoire, ce qui est important pour nous. D’autant que l’on a la chance d’avoir une Pro B qui fait très bien son travail. Il y a une identité de jeu qui est différente de celle de l’élite, et ceux qui descendent en Pro B peuvent le raconter mieux que moi car ils sont surpris. C’est un championnat qui remplit les salles, et qui permet de continuer à avoir une assise française bien répartie. Un peu moins dans le Sud-Ouest mais avec La Rochelle, ça s’arrange.
Le point numéro 2, c’est que compte tenu des fenêtres, du 3×3, des problèmes de calendrier avec l’Euroleague, l’Eurocup, la BCL… ce n’est pas possible de continuer à 18. Ça n’a rien à voir avec le professionnalisme mais avec le mitage du calendrier par toutes sortes de choses qui n’existaient pas il y a six/huit ans, et qui sont arrivées les unes après les autres. Et je ne parle pas du Covid qui a été une catastrophe pour nous. Tout ça fait que c’est quasiment impossible de gérer un calendrier avec 18 clubs professionnels entre fin septembre et au plus tard les 20-22 juin. On ne pouvait pas commencer avant puisque le championnat d’Europe vient de finir. D’ailleurs, cette réforme avait été votée. Dans le plan stratégique, c’était la plus structurante et elle ne devait pas être remise en cause. Ce qui m’a profondément contrit, c’est que non seulement elle a été remise en cause mais avec une clause qui disait « on en reparle dans deux ans ». Donc la fédération s’est fâchée, en disant « des choses ont été votées sur lesquelles nous avons travaillé, nous, fédération, et sur lesquelles nous étions d’accord, et on n’accepte pas que ce qui a été voté en 2018 soit repoussé sans arrêt et quelque fois même avorté. » Donc, il y a eu une nouvelle discussion et, le 27 juin, un nouveau vote qui cette fois-ci a confirmé que non seulement ça sera appliqué mais plus jamais repoussé à partir du 1er juillet 2025. »

Il y a eu une menace de la part de la fédération de retirer à la Ligue sa délégation ?
« Oui. La fédération a clairement dit qu’elle se réservait le droit de ne pas renouveler – ce n’est pas pareil – la délégation qui lie la ligue à la fédé si ces aspects stratégiques n’étaient pas pris en compte, qui avaient été dûment approuvés puis retardés à cause de la Covid, mais sans jamais avoir dans l’esprit de les arrêter. »

Hugo Besson, de retour en France, à Boulogne-Levallois, après un passage dans la ligue australienne.

« Nous nous sommes posé la question de savoir si nous devions ou pas faire une société commerciale »

Fabrice Jouhaud coordonne donc des commissions qui ont été formées avec les mesures qui avaient été votées mais retardées à cause de la Covid ?
« Il y a plusieurs choses là-dedans. Il y a d’une part le fait que nous nous sommes posé la question de savoir si nous devions ou pas faire une société commerciale. Un groupe de travail est là-dessus. Une société commerciale, c’est une société qui a un investisseur privé, une filiale, qui gère tous les sujets de télévision, de marketing, de sponsoring. Toutes les recettes liées aux droits de télévision, aux droits digitaux, au sponsoring. Le football est en train de mettre ça en place sachant que la loi date seulement de mars 2022. En Europe, il y a la BCL qui est dans ce schéma. Dans le cadre de ce groupe, on est justement en train de voir ce qui existe réellement en Europe. On est en train de se poser la question de savoir si on doit le faire. Et si on doit le faire, on le fera. Il y a donc 23 mesures et un groupe de travail réfléchit pour savoir s’il y a d’autres choses à faire pour les cinq ans à venir. On est revenu sur l’étude faite par IPSOS en 2016-17, avec les 5 000 répondants sur le basket, en se disant « voilà ce que l’on nous a dit à l’époque. Est-ce que les 23 propositions mises en œuvre seront suffisantes ou est-ce qu’il faut aller plus loin dans la stratégie dans les cinq ans à venir ? ». Un troisième groupe travaille jusqu’à la fin de l’année en se posant la question de savoir si le système de formation des jeunes que l’on a aujourd’hui est bon ou pas. Il va en même temps chercher à sortir des propositions sur la façon de les conserver un peu plus longtemps. »

Vous sentez une menace aujourd’hui avec notamment la ligue australienne et le programme Overtime ?
« Oui. Et après la NBA. Toutes les pistes sont évoquées. C’est quelque chose sur laquelle on travaille beaucoup. Et puis un groupe travaille pour pouvoir établir une nouvelle convention avec la fédé, qui devra être signée avant le 31 décembre. Tout cela est actif depuis le 25 août. Il y aura donc des annonces et peut-être des renoncements avant le 31 décembre pour pouvoir avoir une mise en place soit au premier semestre, soit au 1er juin 2023. »

Dans quel état sont les finances de la ligue après ces périodes de Covid et l’arrêt des ressources en matière de télévision ? C’est un gros manque à gagner ?
« Oui. On s’est recalibré. On n’a pas perdu d’argent l’an dernier, on n’en perdra pas cette année. En tant que chef d’entreprise, je suis de ceux qui savent que les périodes après-crises sont plus difficiles que les périodes de crise car il faut toujours se rétablir. Tout ce qui a été fait dans le passé n’a pas été abîmé par le passé récent et le présent. À la fin du mois de juin, on sort indemne de cette période de crise. On a piloté en prenant des précautions et des réserves, mais sans tirer sur les réserves passées. On est toujours à la recherche d’un local à acheter et on a les moyens de le faire. »

Les fameux Tokens des éphémères propriétaires américains de l’Elan Béarnais

« J’ai très mal vécu quand j’ai senti que ça dérapait et que l’on ne m’écoutait pas »

En tant que président de la ligue et ancien président de l’Elan Béarnais, comment avez-vous ressenti le passage fugace des Américains de CGG, qui s’est avéré être une farce?
« Tout d’abord, j’étais très circonspect à leur arrivée et je l’ai dit à qui je devais le dire. Mais, on est en liberté et quand une entreprise est à vendre, on n’a pas à se préoccuper de savoir à qui elle est vendue. J’ai très mal vécu quand j’ai senti que ça dérapait et que l’on ne m’écoutait pas. J’ai senti arriver la dérive. Pierre Seillant (NDLR : le président emblématique) était abattu. Pour lui, c’est toute sa vie qui s’écroulait. J’ai donc été soulagé d’une issue que l’on avait souhaité, mais comme c’est le contrôle de gestion et les avocats qui se sont occupés de ça, on a regardé de l’extérieur. Oui, j’ai été très meurtri par ça comme à l’époque la ligue avait été très meurtrie par ce qui se passait à Limoges. On n’aime pas voir des têtes de pont qui sont malmenés par des gens qui souhaitent faire quelque chose d’autre que du basket. »

Le Paris Basketball vous paraît prendre le bon chemin qui mène à en faire un club majeur dans la capitale ?
« Là, je m’en suis occupé depuis le début des choses. Ça a duré trois ans d’audit pour savoir qui c’était, etc. Aujourd’hui, on arrive dans un système où il aura sa salle, il sera résident, prioritaire. Le marketing qui est fait est le bon. La marque est importante, la preuve, ils sont engagés en Eurocup alors qu’ils sont 15e du championnat parce que c’est Paris. »

On est bien d’accord à ce sujet que la ligue n’est pas responsable de la qualification du Paris Basketball en Eurocup ?
« Nous, on avait dit non, le 15e ne peut pas être en Eurocup ! Mais, oui, ils sont bien engagés dans le processus. »

Lorsque vous ne serez plus président de la Ligue, vous continuerez à aller les voir jouer ?
« Quand je serai à Paris, sûrement, et à Boulogne aussi. »

Fabrice Jouhaud

*Le nom de Jouhaud est connu dans le basket car Jean-François Jouhaud fut le directeur du centre de formation du Limoges CSP jusqu’en 2016. Son fils Fabrice, 52 ans, a donc été bercé dans le basket. Après des études d’histoire, au centre de formation des journalistes, et un diplôme de Sciences Po Paris, il est devenu directeur de la rédaction du quotidien L’Equipe, et de L’Equipe 21. Il a ensuite pris le poste de directeur de la communication à la FIFA avant d’entrer au ministère des sports où il était directeur de cabinet.

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À la fin de la saison, vous n’allez pas vous présenter à votre propre succession. Pourquoi ?
« Ça fera douze ans en juin 2023, ça fera un beau bail. Il y a un moment où il faut passer la main car on s’épuise un petit peu. On a passé pas mal de crises, les dernières ont été épuisantes pour beaucoup de personnes, pas que pour moi. Douze ans en n’étant pas tout le temps là puisque j’ai une activité professionnelle, c’est très compliqué pour être très efficace. Je pense qu’il faut rafraîchir tout ça. »

Vous vous retirez complètement du basket ?
« A priori, oui (rires). Sauf en tant que spectateur, bien sûr. »

Vous êtes à la retraite ?
« J’ai l’âge, mais je suis en activité, je suis toujours vice-président de KFC. »

Qui vous a amené à faire de Fabrice Jouhaud* le directeur général de la LNB à la place de Michel Mimran ?
« Pour l’instant…

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Photo : LNB

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