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Kendra et Valentin Chery, une histoire de famille

La réussite d’un frère et d’une sœur au niveau de l’élite, c’est très rare. C’est celle des Chery, Kendra de Basket Landes (1,88 m, 21 ans) et Valentin du Mans (2,02 m, 25 ans).

La réussite d’un frère et d’une sœur au niveau de l’élite, c’est très rare. C’est celle des Chery, Kendra de Basket Landes (1,88 m, 21 ans) et Valentin du Mans (2,02 m, 25 ans).

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L’un est né à Saint-Priest-en-Jarez, à côté de Saint-Etienne, et l’autre aux Abymes, mais les deux ont profondément la fibre guadeloupéenne. « Depuis que je suis né, j’y vais tous les étés. Avant pendant deux mois et maintenant deux semaines. J’ai grandi avec la culture. A la maison, pendant toute notre enfance, nos parents nous parlaient en créole et je le parle couramment. Je voyais mes grands-parents, ma famille, tous les ans. Je connais toute la Guadeloupe. Je me sens Guadeloupéen », confirme Valentin.

D’ailleurs, le frère et la soeur portent le numéro 97 sur leurs maillots. « C’est pour représenter la Guadeloupe et la Martinique. Avant j’avais le numéro 11 et il a été pris et ma mère m’a dit de prendre le 97 pour représenter les Antilles et depuis je l’ai gardé, » révèle Kendra, qui a été chaperonnée par l’ancienne internationale Marielle Amant, originaire de la Martinique, lorsqu’elle est arrivée toute jeunette à Roche-Vendée. « C’est une personne avec qui j’ai tout de suite eu un bon feeling. J’allais beaucoup vers elle pour lui poser des questions. Elle m’a bien accompagnée, conseillée. C’était l’une des plus expérimentées de l’équipe. »

Les deux Chery ont été initiés à la balle orange par leurs parents. Le père Hubert a joué pour Monaco dans l’élite comme joueur du banc et aussi en NM1 et NM2 à Andrézieux, Cambrai et Calais. La mère France-Lyse en NF1 à Feurs. Ils jouaient tous ensemble l’été à la Guadeloupe avec aussi les cousins. Pas toujours facile pour une fille de se mesurer à des garçons grands et costauds. « C’est vrai que la dimension physique apporte une difficulté énorme », reconnaît Kendra. Mais c’est comme ça que l’on s’endurcit.

Photo : FIBA
Photo : MSB

« Beaucoup de choses ne sont pas dans les stats, comme en défense, une petite aide par ci, par là »

Pourtant, Valentin n’est pas venu au basket par vocation. Son premier amour fut le foot. Il y a joué de 4 à 14 ans. « J’ai arrêté le foot car il prenait dans le Nord-Pas-de-Calais les 30 premiers par catégorie d’âge pour partir en détection soit à Lens, soit à Lille, pour voir si on avait le niveau pour entrer dans le centre de formation. J’ai dû faire ça en tout cinq ou six fois, j’ai été dans les trois derniers, mais je n’ai pas été pris. Ça m’a un peu saoulé, j’ai arrêté, et j’ai commencé le basket. »

-C’est rare des footballeurs de deux mètres ?

–J’étais grand mais j’étais bon ! (rires) Comme toute ma famille en faisait, j’ai été orienté vers le basket mais je préférais le foot ! J’ai commencé ma première année de basket à 15 ans mais je suis resté en sports-études foot au cas où si je n’aimais pas le basket. J’ai fait les deux en même temps à Calais. »

Mais Valentin avait des aptitudes pour la balle au panier et il y a consacré finalement tout son temps. Une année en minimes départementale, puis les cadets régions et les cadets France. Deux ans de basket et, hop !, il a intégré un centre de formation. Recalé à celui du BCM Gravelines, il a accédé à celui du Portel. « J’ai appris beaucoup de choses au foot et ça m’a servi. Mes qualités athlétiques viennent aussi du football, je cours assez vite, j’ai un bon cardio. Les qualités que j’ai au basket sont venus avec l’apprentissage, avec mon père, ma mère et ma sœur, toutes les petits tips qu’ils m’ont donné au début. »

Après avoir été champion de France U17 avec l’ESSM Le Portel, il a été champion de France espoirs et gagné le Trophée du Futur avec le SLUC Nancy et un certain Williams Narace, qu’il a retrouvé plus tard au Mans. Et après la Lorraine, il a fait trois saisons de Pro B avec Paris. « J’ai quitté le Paris Basketball car le projet n’était pas associé avec moi. Ils ne m’ont pas proposé quelque chose et j’ai été voir ailleurs. » Il reconnaît avoir été flatté par une offre du club manceau. « Je ne m’y attendais pas. Il y avait quelques clubs de Pro B surtout et le MSB. J’ai parlé au coach et avec le président et ils voulaient vraiment m’avoir. Ça m’a fait plaisir qu’ils pensent que je possédais certaines qualités dont ils avaient besoin. »

Ce n’est pas en jetant un œil sur son dossier de statistiques que l’on voit l’intérêt d’enrôler Valentin Chery. C’est le prototype même du travailleur de l’ombre. Il partage d’ailleurs avec sa sœur Kendra la particularité de prendre presque autant de rebonds qu’il totalise de points. « Beaucoup de choses ne sont pas dans les stats, comme en défense, une petite aide par ci, par là. La voix, l’énergie que je mets sur le terrain. En attaque, les écrans posés qui démarquent les autres et qui donnent des shoots ouverts », plaide t-il. Un constat qui va dans le sens de celui de son coach Elric Delord (voir plus bas). Si on lui demande quelle a été son évolution depuis qu’il est arrivé au Mans à l’été 2021, il répond : « Surtout dans la compréhension du jeu. De la Pro B, à la Betclic Elite, c’est différent. Le jeu va plus vite. J’ai progressé aussi avec ou sans ballon avec des joueurs expérimentés. Je mets ça encore plus en pratique cette année et il faut que je continue à travailler car je suis encore loin de ce que je veux. »

Valentin se doit d’être chaud instantanément car il n’est pas sur le terrain pour des longues durées. « Je dois donner le maximum à l’équipe sur des séquences de 3, 5 ou 7 minutes pour qu’on soit dans la meilleure position possible. Rendre meilleur mes coéquipiers et me rendre meilleur aussi. Etre sur le terrain et gagner ! »

« Je suis la première Guadeloupéenne en équipe de France »

Valentin a été vice-champion d’Europe 3×3 U18 en 2015, mais il n’a pas été convoqué au dernier rassemblement des seniors et paraît avoir tiré un trait sur sa carrière dans cette nouvelle discipline olympique qui tend à se professionnaliser chez les garçons. « Ils commencent à faire des ligues fermées 3×3, des championnats de France 3×3. Il faut choisir si tu veux être un joueur de 3×3 ou de 5×5. Moi, je suis dans le 5×5 ! Donc ça se complique mais je suis content que le 3×3 devienne un sport de haut niveau. »

Aussi, dans la famille Chery, l’internationale avec un grand A, c’est Kendra, qui est apparue pour la première fois avec les Bleues pour un match de qualification à la Coupe du Monde, contre le Mali, en février dernier. Le tout dans la lignée de Marine Fauthoux et Iliana Rupert, ses copines de la classe 2001. « Quand je fais quelque chose, je reste très sérieuse, je suis exigeante avec moi-même et mes objectifs, et je ne réalise pas forcément les choses tout de suite. Mais ça représente quelque chose de fort pour moi car depuis toute petite je voulais aller en équipe de France. J’étais impatiente de découvrir ce qu’était le niveau international. J’ai ressenti beaucoup d’émotions. »

Kendra n’a pas lambiné car la combinaison de son talent et de circonstances favorables a fait qu’elle a poursuivi sa course lors de la Coupe du Monde en Australie, comme 10e joueuse, et pour les qualifications à l’Euro, en novembre. « Dès le début de saison dernière, j’avais comme objectif d’aller en équipe de France mais je ne m’attendais pas à ce que ça se passe dès février et dès cette Coupe du Monde. Mais une fois que j’ai été appelée, je me suis concentrée sur chaque jour pour essayer de faire de mon mieux », dit-elle. « Le point de départ de l’équipe de France, c’est en U15 quand on commence à nous apprendre ses valeurs. C’est ce qui nous guide pour la suite. »

Kendra nous fait une révélation. Si la Guadeloupe a fourni une constellation d’internationaux, de Jacques Cachemire aux frères Piétrus en passant par Jim Bilba et Michael Gelabale, c’est elle qui est la première Guadeloupéenne à revêtir le maillot bleu en senior. « Il y a eu des internationales en équipe de France jeunes et en A’, Elodie Naigre et Océane Monpierre, mais en seniors filles A, je suis la première. Lorsque j’ai été sélectionnée pour la première fois, un journaliste qui s’y connait en basket de Guadeloupe m’a dit ça. J’ai vérifié et c’était bien le cas. C’est une fierté, je trouve ça encourageant car j’aime bien représenter mon île. C’est un honneur de montrer que même si on vient de Guadeloupe on peut réussir en Métropole. »

Parallèlement, Kendra a été championne de France, elle a gagné la Coupe de France, elle joue l’Euroleague avec Basket Landes, et elle se fait désormais accompagner d’un préparateur mental. « J’ai une manière de fonctionner qui n’est peut-être pas la meilleure pour être performante au plus haut niveau, » reconnait-elle. « C’est pour ça que j’ai besoin d’être accompagné. Le mental, c’est essentiel dans la performance. On fait ça par téléphone. Au début, c’était programmé et maintenant c’est à une fréquence qui varie. »

Frère et sœur sont très proches. Ils communiquent à distance et continuent de jouer ensemble au basket l’été. « Comme on fait tous les deux du basket toute l’année, c’est quelque chose que l’on a mis inconsciemment le fait de parler de tout sauf de basket », confie Valentin.

Evidemment, ils suivent mutuellement leurs performances. « Obligé ! J’ai vu sa première victoire de la saison à Angers. Sinon, c’est compliqué. Déjà, elle est à Mont-de-Marsan, c’est à l’opposé et on joue en même temps. Quand on n’a qu’un jour de repos, on ne peut pas faire l’aller-retour dans la journée. J’étais à la finale de la coupe de France, c’était obligé sachant que c’était à Paris, à une heure d’ici. Le mot stressant n’est pas approprié, tu es content en fait de la voir jouer à ce niveau dans une salle comme ça pleine. J’étais content surtout qu’elle a mis des shoots décisifs, elle a fait beaucoup d’actions décisives dans ce match. »

-C’est une candidate sérieuse aux Jeux Olympiques de Paris 2024, lui fait-on remarquer.

Elle y sera !, répond t-il instantanément.

-Qui dit ça le frère ou le basketteur ?

Les deux ! (Rires). Il faut qu’elle continue de travailler, je crois en ses capacités. Elle est en bonne voie pour y être. Elle est en train de confirmer jour après jour. Elle le mérite !

La coïncidence -mais en est-ce une ?-, c’est que Valentin est le compagnon de la Mancelle d’origine, Alexia Chartereau, qui lors de sa dernière année à l’INSEP avait comme équipière Kendra. Alexia, qui avec ses activités avec l’ASVEL, a rarement l’occasion en saison de revenir au Mans. « On se comprend car on fait le même sport au même niveau. On comprend ce que l’autre traverse à chaque instant. »

Photo : MSB
Photo : FIBA

Kendra veut dunker en match !

Kendra et Valentin ont eu le temps de créer ensemble 7-S-Poire dont les actions peuvent être vues sur un site Internet, Instagram et Facebook. Kendra explique : « On a envie de partager notre passion avec d’autres personnes. Tout le monde sur cette terre a des rêves à accomplir et on a envie d’être des sources d’inspiration pour montrer que peu importe les choses qui arrivent, ce que les autres peuvent dire, on peut accomplir ces rêves. C’est à destination des jeunes en particulier mais les adultes peuvent aussi être touchés. C’est au moment de l’adolescence que l’on fait des choix déterminants pour la suite de notre vie. On partage sur les réseaux sociaux, on essaie de faire des évènements, utiliser le sport pour promouvoir cette valeur de l’espoir, et on travaille sur des projets personnels qu’on n’a pas encore sortis. »

Kendra Chery a un autre objectif : dunker en match. Là aussi par atavisme. « J’ai envie de faire comme mon père et mon frère. J’y travaille et au moment voulu, ça sera là. Ce qui me manque c’est secret, je n’ai pas envie de partager, je veux garder le mystère (rires). Il ne me manque rien de spécial, juste le temps. »

Si on lui rappelle que la Lyonnaise Dominique Malonga est aussi dans la course, Kendra balaye la concurrence du revers de la main : « Souvent on dit, « il faut faire vite, il y a quelqu’un derrière nous », mais il y aura toujours quelqu’un avant et après nous. Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours voulu faire comme mon père et mon frère. Pour moi, c’est ça la motivation, prendre du plaisir, et peu importe si quelqu’un y arrive avant moi. Le plus important, ce n’est pas d’y arriver en premier mais d’y arriver tout court. »

L’avis du coach Elric Delord sur Valentin Chéry

« C’est un role player. Ce n’est pas un joueur qui a vocation à être un gros scoreur. Sauf que c’est un joueur qui a un impact. Dans le basket moderne, plus ça va, plus la statistique individuelle fait foi. Sauf que c’est une grosse connerie puisqu’il y a aussi des stats collectives. Et dans ces stats collectives, Valentin est l’un des joueurs qui a le plus d’impact positif sur l’équipe. Si je vous dis que ce sont Tres Tinkle, Terry Tarpey et Matt Morgan, ça ne surprend personne. Et le quatrième, c’est Valentin Chery.

C’est un joueur sous-côté, qui est important dans un collectif car il travaille, il fait des choses pour l’équipe, un travail de l’ombre. Mais, par exemple, quand il pose de bons écrans qui libèrent les shooteurs, ce n’est pas compté en écran décisif alors qu’il y aurait une passe décisive dans d’autres cas. C’est pour ça que malheureusement, il n’y a pas les stats individuelles qui mettent en valeur Valentin Chery, mais j’ai envie de dire que jusqu’à l’été dernier, il n’y avait aucune statistique individuelle qui mettait en valeur Terry Tarpey. C’est depuis son passage en équipe de France, où tout le monde a vu à quel point il est essentiel dans un collectif, que l’on a pu se rendre compte que la statistique individuelle c’est bien, mais ça ne met pas forcément le joueur au niveau qui est le sien. »

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L’un est né à Saint-Priest-en-Jarez, à côté de Saint-Etienne, et l’autre aux Abymes, mais les deux ont profondément la fibre guadeloupéenne. « Depuis que je suis né, j’y vais tous les étés. Avant pendant deux mois et maintenant deux semaines. J’ai grandi avec la culture. A la maison, pendant toute notre enfance, nos parents nous parlaient en créole et je le parle couramment. Je voyais mes grands-parents, ma famille, tous les ans. Je connais toute la Guadeloupe. Je me sens Guadeloupéen », confirme Valentin.

D’ailleurs, le frère et la soeur portent le numéro 97 sur leurs maillots. « C’est pour représenter la Guadeloupe et la Martinique. Avant j’avais le numéro 11 et il a été pris et ma mère m’a dit de prendre le 97 pour représenter les Antilles et depuis je l’ai gardé, » révèle Kendra, qui a été chaperonnée par l’ancienne internationale Marielle Amant, originaire de la Martinique, lorsqu’elle est arrivée toute jeunette à Roche-Vendée. « C’est une personne avec qui j’ai tout de suite eu un bon feeling. J’allais beaucoup vers elle pour lui poser des questions. Elle m’a bien accompagnée, conseillée. C’était l’une des plus expérimentées de l’équipe. »

Les deux Chery ont été initiés…

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Photo d’ouverture : 7-S-Poire

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