Aller au contenu

Le basket aux Philippines, Episode #1 : Match de PBA

Etant actuellement aux Philippines, j’ai décidé de vous faire vivre mon voyage à travers des rendez-vous que j’ai pu avoir avec la balle orange et ses admirateurs. Pour ce premier épisode je vous emmène à un match de Philippines Basketball Association. Global Port contre Blackwater Elite.

Etant actuellement aux Philippines, j’ai décidé de vous faire vivre mon voyage à travers des rendez-vous que j’ai pu avoir avec la balle orange et ses admirateurs. Pour ce premier épisode je vous emmène à un match de Philippines Basketball Association. Global Port contre Blackwater Elite.

Dimanche 17 septembre 2017

Il est 10 heures quand je me réveille. Il fait déjà une trentaine de degré sur Manille. Température classique pour cette période de l’année même si c’est la saison des pluies. J’allume la climatisation et je me remémore la soirée de la veille passée à Makati, quartier d’affaires de Metro-Manila où j’ai pu apprécier la gastronomie philippines (adobo, Lechón et Pancit Bihon) et observer les gratte-ciels de la capitale Philippines depuis un « rooftop ». Mais pas le temps de traînasser, j’ai rendez-vous avec Andie, un collègue, et sa famille pour aller voir jouer l’équipe d’une des stars locales, Terrence Romeo.

Il est 12 heures 30 quand, après avoir avalé un hamburger, je commande un Grab, application concurrente d’Uber bien présente en Asie du Sud-Est. Le chauffeur arrive rapidement et la conversation s’oriente très vite vers le sport numéro un ici, le basket-ball. Il me parle de l’équipe la plus populaire, Ginebra San Miguel mais également de l’équipe nationale, les « Gilas ». L’occasion pour moi de lui rappeler la victoire de l’équipe de France contre ces mêmes Gilas lors du « TQO » en juillet 2017 (93-84). L’occasion également de parler de l’Eurobasket 2017. Compétition bien étrangère aux habitants de « la Perle des mers d’Orient ».

Les équipes de PBA portent toutes le nom d’entreprises locales ou étrangères. Et donc par conséquent, ne représentent pas une ville ou un quartier donné

Il est 13 heures 45 quand j’arrive enfin à Antipolo, ville appartenant à la conurbation urbaine de « Metro-Manila ». J’y retrouve Andie et sa famille, motivée à l’idée d’assister à un match de PBA. Le trajet étant assez long, le trafic routier à Manille étant assez important, c’est l’occasion pour moi d’en apprendre un peu plus sur le fonctionnement de la Ligue Philippines. Très vite je comprends que le système est essentiellement calqué sur celui de la NBA, avec une draft de jeunes provenant des universités Philippines. Mais également d’« imports » (joueurs étrangers) provenant essentiellement des Etats-Unis, cette draft se déroule au mois d’août. Cependant, la différence majeure avec la ligue nord-américaine est que les équipes de PBA portent toutes le nom d’entreprises locales ou étrangères. Et donc par conséquent, ne représentent pas une ville ou un quartier donné. Enfin, il n’y a pas de saison régulière et de playoffs. Il y a trois compétitions qui se déroulent à différentes périodes de l’année, la « Governor’s Cup », la « Comissioner’s Cup » et enfin, la coupe des Philippines. La plus prestigieuse des trois conférences. L’équipe qui remporte les trois compétitions réalise le « Grand Slam ».

Il est 15 heures lorsque nous arrivons enfin à l’Yrena center, belle enceinte de 7 400 places juchée sur une colline accueillant des concerts et des matchs de basket-ball nationaux comme internationaux. A peine sortie du véhicule, quelques vendeurs ambulants nous proposent des places pour ce match de Governor’s Cup. Après les avoir gentiment congédiés, nous nous trouvons devant une queue assez importante d’amateurs de la balle orange, tous vêtus de maillots plus clinquants les uns comme les autres. Les maillots de Stephen Curry et de Lebron James se mêlent aux maillots de lycées, d’universités et des Gilas. Parmi cette masse hétéroclite, également composée de femmes, d’enfants et de grands-parents, je me distingue à double titre, ce qui explique sûrement les nombreux regards qui me dévisagent. En effet, je suis le seul Européen- barbu- mais je porte également le maillot de l’Iraklis Salonique, équipe sans doute inconnue ici à en juger par les questionnements suscités, en tagalog (la langue locale), sur le logo bleuté du maillot.

Terrence Romeo, le talentueux meneur de la sélection nationale, rentre sur le terrain. Personnage tantôt adulé par sa qualité de dribble et de tir, il est parfois détesté par certains observateurs le considérant trop égoïste, orgueilleux et trop nonchalant en défense

Après 15 minutes d’attente nous entrons finalement dans l’enceinte où sont accrochés sous un cadre les maillots de joueurs de PBA, parmi ceux-ci on retrouve également le maillot signé d’une star NBA des années 2000, le génial Gilbert Arenas. L’arène se remplit peu à peu et les vendeurs ambulants de hot-dogs et de pop-corn rencontrent un franc succès tandis que certains joueurs s’échauffent et d’autres discutent. Andie m’explique le passif qui lie certains depuis l’université ou depuis certaines saisons passées dans d’autres équipes. L’atmosphère se réchauffe d’un coup lorsque Terrence Romeo, le talentueux meneur de la sélection nationale, rentre sur le terrain. Personnage tantôt adulé par sa qualité de dribble et de tir, il est parfois détesté par certains observateurs le considérant trop égoïste, orgueilleux et trop nonchalant en défense. Romeo est un joueur qui divise et une personnalité publique qui fait la Une des médias et des publicités dans le pays. Il prend quelques tirs, discute avec des coéquipiers (en jaune) et des adversaires (en rouge), prend quelques photos avec des fans et retourne au vestiaire. Le match va bientôt débuter. Il a une saveur particulière car l’équipe qui le gagnera pourra accéder aux playoffs et nourrir des espoirs de remporter la coupe.

Il est 16h quand les joueurs rentrent sur le terrain, annoncés par un speaker chauffé à blanc malgré des tribunes clairsemées, remplies aux deux tiers. « Cela aurait été plein si Ginebra avait joué » me précise Andie. L’hymne national retentit, tout le monde se lève et se tourne vers le drapeau, la main sur le cœur puis l’échauffement se termine. Les joueurs sont fin prêts.

Le début du premier quart-temps est clairement à l’avantage de Global Port. Romeo donne beaucoup de rythme, fixant la défense et distillant des caviars à ses shooters dans les coins. Il sert également à merveille son pivot, Murphey Holloway (ancien joueur de Cholet), sur pick and roll. Blackwater Elite est maintenu à flot par son pivot dominant Henry Walker qui est au four et au moulin. Dissuadant tantôt les attaques adverses par son activité, tous les ballons passent par lui en attaque. Il est également très présent à travers un trash-talking permanent. Mobilisant ses partenaires et braillant sur ses adversaires il permet aux rouges de prendre l’avantage à la fin de la première période. 31-29 pour Blackwater à la fin du premier quart-temps.

Le deuxième quart-temps est clairement à l’avantage des rouges. Romeo apparaît de plus en plus tendu, nonchalant en défense, peu concerné pendant les temps morts, il se met à l’écart pendant ceux-ci. Son comportement de star lui vaudra une expulsion rapide, lorsque, répondant au trash-talking usant de Walker, il lui lance la balle dessus. La sanction tombe, exclusion immédiate. Romeo finira donc avec 13 points et 4 passes décisives. Les rouges en profitent donc pour prendre le large. Global Port choisit en effet de faire défendre sur Walker, Sean Anthony, allier assez fin à qui Walker rend 15 bons kilos et 10 centimètres. Très concerné et appliqué Anthony fait de son mieux. Et grâce à son envie et son activité en défense il offre des contre-attaques payantes à son meneur Stanley Pringle. Celui-ci ayant à cœur de faire oublier un vilain 2/15 lors de la précédente journée. 62-51 pour les rouges de Blackwater Elite.

Les deux clubs de supporters des équipes se font entendre. Ils sont essentiellement composés de salariées de l’entreprise, dominés par une dizaine de grands-mères surmotivées

Après une mi-temps marquée par des lancers de T-shirts et des chorégraphies impressionnantes de « dance crew » locaux, le match reprend avec un rythme plus soutenu. La défense en zone des rouges encourage les jaunes et blancs de Globalport à tirer tous azimuts. Cela réussit plutôt à l’équipe orpheline de son meneur titulaire, qui passe en même temps à une défense tout terrain permettant d’engranger des paniers faciles. Anthony, Pringle et Cardona profite d’une bonne réussite à mi-distance et à trois points pour diminuer l’écart tandis que Walker commence à fatiguer et donne davantage de fautes à l’équipe adverse. 92-77 pour les rouges.

Côté tribune, le public ressent bien les changements de temps forts entre les deux équipes en criant et en encourageant les protagonistes. Les Philippins ne sont pas très bavards, du moins sur le jeu, préférant davantage l’Entertainment des actions spectaculaires comme les dunks, les contres et les ballons sauvés en touche. Nous ne sommes clairement pas à Thessalonique niveau ambiance, mais les deux clubs de supporters des équipes se font entendre. Ils sont essentiellement composés de salariées de l’entreprise, dominés par une dizaine de grands-mères surmotivées. Ici on vient à la salle en famille mais on se donne à fond. En témoignent les larmes de certaines lors de l’éjection de Romeo.

Le dernier quart temps va être riche en intensité avec un Sean Anthony se dépouillant sur Walker avec une réussite limitée (Holloway aurait sûrement été une meilleure alternative pour empêcher le solide pivot de mettre autant de points). Globalport reviendra à 6 points avant de reprendre le bouillon. Notamment à cause de son meneur Pringle, qui craque totalement, perdant 3 ballons faciles et se faisant contrer une fois. Mais aussi face à la réussite au tir d’Allein Maliski qui finira à 22 points à 7/12 au tir pour définitivement réduire à néant les espoirs de Globalport qui dira adieu à leurs espoirs de playoffs. Score final : 118 à 107 pour les rouges.

Ce premier match a été une grande surprise pour moi. En effet, malgré un public limité et familial mais aussi des équipes qui ne défendent pas les couleurs d’un quartier ou d’une ville, le spectacle valait vraiment la peine, l’intensité sur le terrain se ressentant énormément dans les tribunes. Tandis que les différentes animations proposées lors des temps-morts étant d’une fraicheur appréciable. C’était une expérience inoubliable que je ne me priverais pas de réitérer. Je remercie également Andie et sa famille pour m’avoir accompagné à ce match et m’avoir davantage fait découvrir le basketball philippin.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Commentaires

Fil d'actualité