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Basket Europe Tour : étape numéro six, Zagreb !

Après avoir parcouru les rues ensoleillées de Madrid et Barcelone, (re)découvert le patrimoine gastronomique italien et dévoré des yeux la belle Ljubljana, je m’apprête à vous emmener dans la capitale croate, Zagreb. Avant-garde de la langue et de la culture croate, c’est le centre administratif du

Après avoir parcouru les rues ensoleillées de Madrid et Barcelone, (re)découvert le patrimoine gastronomique italien et dévoré des yeux la belle Ljubljana, je m’apprête à vous emmener dans la capitale croate, Zagreb. Avant-garde de la langue et de la culture croate, c’est le centre administratif du pays. Charmeuse, vivante et accueillante je vous emmène dans l’antre du Cibona et du Cedevita Zagreb.

Il est aux alentours de 17h lorsque j’arrive à la gare d’autobus de Zagreb. Nous avons environ 20 minutes de marche, ma valise cassée et moi, pour rejoindre l’auberge de jeunesse qui sera notre repère pour ces quelques jours. Après avoir traîné la gardienne de mes effets jusqu’à l’auberge, je range celle-ci dans le dortoir et je file découvrir cette ville pleine de promesses.

Ma visite se porte tout de suite vers le parc Zrinjevac, à deux rues de mon auberge, c’est un des plus beaux parcs de la ville. Officiellement appelé Nikola Zrinski le Leonidas local, ce parc est bordé du musée d’archéologie de la ville de Zagreb et du pavillon des arts croates. Un lieu idéal pour qui veut se ressourcer dans la capitale croate. Qui plus est à la mi-septembre, où chaque année se déroule le Food and film festival, un événement incroyable pour découvrir la richesse culinaire des Balkans. C’est donc tout naturellement que je suis resté une bonne demi-heure à humer les délicieux parfums qui m’environnaient. Puis, caméra et Kürtőskalács en main (sorte de brioche caramélisée de forme cylindrique, cuite à la broche et enrobée de cannelle), je me dirige vers le centre de la ville.

Et notamment la Place Ban Jelačić, place centrale de Zagreb. Elle est nommée en l’honneur du Ban Josip Jelačić, militaire et comte croate, dont une statue équestre trône fièrement sur la place. La place est située juste en dessous de la ville haute, ce qui lui donne un statut central et explique le nombre incroyable de manifestations qui se déroulent ici. La manifestation de ce jour est un magnifique marché eco-responsable. L’endroit est animé et les exposants bavards, c’est donc tout naturellement que j’ose goûter toute sorte de spécialités végétariennse et me sensibilisent à de nouvelles pratiques de consommation.

Une fois mon petit tour terminé je décide de monter vers la ville haute. Au nord-est de la place Ban Jelačić j’aperçois la cathédrale de la ville et je décide de m’y rendre. Plusieurs fois détruite, reconstruite et réaménagée, aujourd’hui elle se refait une beauté, ce qui me permet uniquement d’imaginer la tour jumelle couverte pour cause de ravalement. Puis je me perds avec plaisir dans les rues étroites de Kaptol jusqu’à arriver à l’église Saint Marc, une Eglise médiévale ornée de tuiles colorées. En sortant de ce lieu incontournable, je décide d’aller parcourir des yeux la ville depuis le belvédère situé non loin.

Une fois cette petite balade terminée je décide de diner au « Food and film festival », là-bas je rencontre Mario, francophile et bavard. Il me présente le Balkan Burger que je décide de commander. Appelé Pljeskavica (prononcez Pliss-ka-vee-tsa) ici, il s’agit d’un hamburger avec un pain à pita tartiné d’une préparation à l’aubergine, des oignons, des tomates, de la salade et un steak composé d’un mélange d’agneau et de bœuf. La bière étant offerte avec, me voilà installé, prêt à déguster mon délicieux repas face à « Paris can wait », un film portant sur l’art de vivre à la française. Heureux et ému par un si beau film, je décide d’aller me coucher pour être prêt le lendemain à découvrir un des plus grands clubs du basket croate, le Cibona Zagreb.

Après avoir passé la journée à capturer avec ma caméra les plus beaux profils de cette magnifique ville, c’est vers 18 heures que d’un pas affirmé je m’élance en direction de la tour Cibona où se trouve le musée Drazen Petrovic. Collée à la salle qui porte le même nom, c’est ici que l’équipe bleue évolue à domicile. A 19 heures, j’ai rendez-vous avec Iva, mon contact au club de la capitale. Déjà à l’extérieur de la salle, les graffitis en disent long sur l’époque dorée du club. Les années 1980 où il remporta deux coupes des clubs champions en 1985 et 1986 et une coupe Korac en 1972. Terminant finaliste en 1980 et 1988. Tandis qu’en 1982 et 1987 le club remporta la Coupe des Coupes. Des graffitis des coupes remportées et de Drazen Petrovic se dressent autour de la salle, avertissant le visiteur qu’ici plus qu’ailleurs le basket est important.

Tel Barrès devant la colline de Sion, je prends conscience qu’ « il est des lieux où souffle l’esprit ». L’esprit basket de cet endroit est impressionnant, il vous fait frissonner et vous comprenez qu’en tant que fan de basket vous êtes au bon endroit. Une fois une entrée dérobée passée, je rejoins Iva, mon contact. Dans le hall principal et les escaliers, de magnifiques dessins des gloires passés du club transportent le visiteur vers une époque glorieuse.

Iva, enjouée à l’idée de me faire découvrir le club pour lequel elle travaille, décide de commencer par la visite par les bureaux du club. Les fanions de nombreux clubs étrangers sont représentés et témoignent des nombreuses rencontres disputées par le Cibona les deux siècles derniers. Puis nous passons à la salle des trophées. La pièce d’une taille importante ne peut pas mettre en valeur tous les trophées qu’elle contient. Nombreux sont ceux qui se trouvent par terre sur un tapis tandis que certains sont collés les uns aux autres. Je fais donc connaissance de très près avec une coupe Adriatique, une coupe Saporta ou encore une coupe des coupes des clubs champions. Ce moment magique à la découverte des différents honneurs du club et de ses membres revêt des airs de retour dans le passé. Les noms prestigieux s’enchainent sous mes yeux, Korać, CSP Limoges, Partizan, Etoile Rouge, FC Barcelone, Krešimir Ćosić, Zalgiris Kaunas, Virtus Bologne et j’en passe.

Puis nous remontons pour nous retrouver dans la rangée la plus haute de la Dražen Petrović Basketball Hall. Construite en 1987, puis renommée à son nom lors du décès du champion, elle a une capacité de 4 500 places en configuration basket. Tout comme Petrović, les maillots retirés de Mihovil Nakić et Andro Knego sont fièrement abrités par un dôme monumental. Bouche bée d’émerveillement, je me laisse guider par Iva dans l’antre du loup (le nouveau logo du club), les pros terminent leur entraînement tandis que les espoirs du club azur se préparent au leur.

Je profite de ce ballet de joueurs pour capturer quelques images de l’arène puis interviewer le coach du club, Ivan Velić, qui ne parle pas anglais, Iva me fait donc la traduction. Une interview agréable dans laquelle transparaît la collusion entre le basket et la discipline yougoslave. Puis, les espoirs passant, je décide d’interviewer une des nouvelles perles du club, Karlo Uljarević. Lorsque je l’interroge sur « l’identité basket » de son pays, le jeune homme évoque le « balkanic spirit » que possèdent les joueurs ex-yougoslaves.

Il est suivi par son coach, Ante Samac, homme dans la fleur de l’âge charismatique et bavard. Nous en venons à discuter des viviers de joueurs du jeune continent. Il me concède que la France possède un vivier impressionnant de joueurs de talent qui s’exportent très bien, notamment en NBA. Puis nous revenons à discuter du « balkanic spirit » évoqué par son joueur :

« La caractéristique principale des joueurs yougoslaves est qu’ils sont prêts à tout donner sur un terrain. Si tu vas à la guerre, il vaut mieux prendre des Yougoslaves avec toi, Serbes, Croates, Bosniens, etc. Ils te suivront jusqu’au bout » ! Ça a le mérite d’être clair, puis nous venons à parler de nos parcours respectifs et de ce qui m’a poussé à me lancer dans pareille entreprise. Puis forcément vient le temps des comparaisons, et question à laquelle je ne peux couper, mon cinq majeur idéal actuel. Ma réponse fut immédiate : « Sergio Llull, quand tu le regardes jouer, il est extraordinaire, complet et il défend » ! Pas étonnant quand on regarde les performances sur les dernières années du Monsieur. La réponse d’Ante me surpris, lui préférait choisir le classieux serbe Milos Teodosić. Je lui réponds immédiatement qu’il ne défend pas assez à mon goût. Puis le coach me laissa avec une phrase courte mais efficace : « si tu marques 20-25 points et que tu délivres une dizaine de passes décisives, peu importe que tu ne défendes pas ».

Heureux de cet échange, Iva me dirige donc, vers Brandis Raley-Ross, très enthousiaste à l’idée de répondre à mes questions. C’est un solide gaillard de 1,91m pour 91 kg souriant et bavard. L’ancien de South Carolina University entame sa première année en Croatie après avoir parcouru nombre de pays d’Europe de l’Est comme le Monténégro, la Lituanie, l’Estonie ou encore la Grèce. Enchanté de faire ma connaissance, il laissa une trace indélébile dans ma mémoire en répondant la question :

« Quels joueurs prendrais-tu avec toi pour gagner un match du dimanche sur un playground ? »
Par : « Evident mes coéquipiers du Cibona, qui d’autres ? On essayerait de gagner ce match tous ensemble ! Let’s go Cibona ! »

D’ailleurs vous pourrez retrouver l’interview de cet attachant personnage dans une prochaine vidéo.

Heureux de cette rencontre, je me laisse porter par Iva dans les entrailles de la salle, laissant la place à l’équipe espoirs, il faut bien que les jeunes pousses s’entrainent ! Et croyez-moi, ils s’exécuteront avec application, conscient de l’héritage qu’ils portent sur leurs épaules en évoluant dans une salle comme celle-ci. Une fois la visite terminée, Iva, toujours prévenante à mon égard, m’accompagnera jusqu’à ma ligne de tramway.

Redescendu de mon petit nuage, je décide de rentrer déposer mes affaires pour me délester de mon matériel multimédia. Une fois ma douche prise je décide d’aller faire un tour rapide au « Food and film festival » pour manger et file me coucher. La journée du lendemain s’annonce incroyable.

En effet, aujourd’hui j’ai programmé une visite des locaux du Cedevita Zagreb, la visite du musée Drazen Petrovic et enfin d’aller « tâter le ballon » sur les playgrounds zagrébois.

Frais et dispo après une belle nuit, je prends au saut du lit le tramway pour me rendre à Novi Zagreb, au sud du fleuve Sava, que l’on retrouvera plus tard… Ce quartier diffère grandement de l’autre rive, plus ancienne. Depuis les années 2000, beaucoup de projets changent peu à peu le paysage de ce quartier. Gros commerces et tours s’élèvent désormais autour de l’Arena Zagreb et du musée d’art moderne. C’est là que le « KK Cedevita » s’entraine. Perdu parmi les grandes devantures et les entrepôts, j’interroge les passants pour leur demander l’entrée du centre d’entraînement du club orange.

Au bout de 15 minutes de recherches, c’est sous un beau soleil, transpirant et au pas de course que je découvre le centre d’entraînement de l’équipe dirigée par Sito Alonso. Je me présente à l’accueil et après quelques minutes, Igor, personnage souriant et bavard se présente à moi. Content de me recevoir, il me présente l’histoire du club. Un club jeune, qui a vu le jour en 1991. Un club jeune certes mais avec beaucoup d’ambition, comme l’illustrent les propos d’Igor :

« Nous disposons d’une trentaine de salles à Zagreb et nous donnons à environ 800 enfants une école de basket. Nos jeunes ont d’ailleurs eu de grands succès. Nous sommes champions de Croatie de U11 jusque U19 à l’exception des U15 qui sont vice-champions. C’est une base jeune que nous souhaitons conserver et faire fructifier. Nous recherchons constamment la stabilité dans le succès de nos équipes. Bien sûr, le succès de notre équipe première est notre principal objectif. Celle-ci a conquis de nombreux titres ces dernières années, mais notre objectif avoué est d’accrocher le titre de champion de la Ligue Adriatique ou d’Eurocoupe pour retourner en Euroligue ».

Igor, au club depuis de nombreuses années attire mon attention sur le fait que même si le club a une réputation de « fils de riches », notamment par rapport au voisin du Cibona, ses moyens sont modestes :

« Cedevita c’est le nom de notre sponsor principal. C’est une boisson vitaminée, tu mélanges la poudre à l’eau et hop ! C’est magique ! Goûte, c’est délicieux » ! dit-il en me tenant une bouteille de la fameuse boisson. « La marque Cedevita appartient à l’Atlantic Grupa, un immense groupe qui s’est développé dans toute l’ex-Yougoslavie dans les secteurs de l’agroalimentaire, pharmaceutique et de l’hygiène. C’est notre principal sponsor mais malgré ce qui est dit sur nous, notre budget est bien inférieur au gagnant de la Ligue Adriatique par exemple. Le Buducnost Podgorica a un budget de 4,5 millions et nous 2,5 millions. »

Nous continuons la visite : vitrine des trophées, infirmerie, salle des kinés et enfin terrain d’entraînement. Avant de rencontrer l’équipe, Igor me donne une information intéressante :

« Cette année nous avons deux équipes. L’équipe réserve, dirigée par Slaven Riac (ancienne star du basket croate, notamment passé par l’Elan Béarnais) qui participe au championnat et à la coupe de Croatie. Elle est composée de nos jeunes joueurs les plus prometteurs. Et l’équipe première, dirigée par Sito Alonso qui joue l’Eurocoupe et la Ligue Adriatique. Tu sais nous avons sorti des jeunes prometteurs de nos académies. Notamment deux Bosniens qui sont en NBA actuellement, Jusuf Nurkic (Portland Trail Blazers) et Dnazan Musa (Brooklyn Nets). Après bien sur, il y a Miro Bilan qui a beaucoup gagné avec le club et qui joue désormais chez toi, en France, à l’ASVEL ! »

En effet, Bilan est partout sur les murs du club. Des murs qui me mènent tout droit vers le terrain d’entraînement de l’équipe. Où j’aperçois le tout fraîchement champion de France, Justin Cobbs. Il s’entraine avec l’équipe première sous les cris de Sito Alonso. Le temps d’échanger avec Matej Mamić, ancien international croate et joueur de certaines grosses écuries européennes, que Sito Alonso nous rejoint pour discuter. C’est donc avec plaisir que je vais l’interviewer avec beaucoup d’émotions.

Une des plus belles interviews de cette aventure se termine, puis vient le temps de saluer le staff de l’équipe et de filer vers la vieille ville. Je m’arrête en route pour déguster un burger zagrébois et je file vers le monumental musée Drazen Petrović situé en face de la salle du Cibona Zagreb.

A peine arrivé, je dégaine ma caméra pour filmer cette riche exposition de maillots, médailles et autres souvenirs du champion parti bien trop tôt. Chaque détail, distinction et honneur y est exposé. Le musée est divisé par période chronologique Šibenka Šibenik, Cibona Zagreb, Real Madrid, Trail Blazers de Portland et enfin Nets du New Jersey. Impressionnant et bien documenté il permet d’avoir une belle idée du monument que représente Drazen pour les Croates et les amateurs de basket en général. Le gardien du musée me confia d’ailleurs que comme pour le 11 septembre 2001, « tout le monde se souvient ce qu’il faisait lors de l’annonce de la mort de Drazen ».

Encore tout émerveillé de cette visite je me dirige vers le stade du NK Zagreb aux alentours duquel on m’a indiqué un terrain où pratiquer le basket. Pourtant j’ai beau tourner et retourner la carte, demander aux passants et m’engager dans de longues rues, rien n’y fait, pas de terrain de basket à l’horizon. Ayant la ferme conviction de vouloir pratiquer le basket dans chaque ville je me tourne donc vers ma dernière option, un simple panier de basket dans le parc Opatinova niché entre les rues commerçantes à proximité de la cathédrale.

Fatigué mais heureux des rencontres faites ce jour, je décide donc d’aller chercher à manger puis me coucher. Le lendemain je m’envolerai vers Belgrade, la capitale serbe voisine. Un trajet qui risque d’être une épreuve compte tenu du fait que ma valise surchargée a deux roues inopérantes. Mais le but final de cet itinéraire est énorme !  A bientôt !

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