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Patrick Comninos (DG de la Basketball Champions League): « Notre devoir est de promouvoir et renforcer les ligues nationales »

Deux semaines avant le Final 4 qui aura lieu les 3 et 5 mai à Anvers en Belgique, le patron de la Basketball Champions League s’est confié au podcast Coast to Coast pour faire le point sur la saison 2018-19 en cours, le développement, la croissance et les perspectives de sa compétition.

Deux semaines avant le Final 4 qui aura lieu les 3 et 5 mai à Anvers en Belgique, le patron de la Basketball Champions League s’est confié au podcast Coast to Coast pour faire le point sur la saison 2018-19 en cours, le développement, la croissance et les perspectives de sa compétition.

On imagine que vous êtes en pleine préparation du Final Four de la BCL ?

Toute notre concentration est tournée vers le Final Four. Nous avons une affiche magnifique avec quatre équipes représentant quatre pays, Italie, Allemagne, Espagne et l’équipe hôte de Belgique. Anvers est une très belle destination pour nous, mais également une sorte de pari. Pour notre troisième édition du Final Four, nous n’avons pas choisi un pays de forte tradition basket, comme nous l’avions fait en 2017 avec l’Espagne ou en 2018 avec la Grèce. Le basket est important en Belgique mais il ne s’agit pas du sport numéro 1 ou 2. Mais si nous parvenons à remplir le palais des sports qui a une capacité de 17 500 places, le pari de montrer que notre événement permet de générer de l’intérêt et de mobiliser des fans sera réussi. C’est très excitant pour nous.

Quel impact peut avoir le parcours d’Anvers et maintenant l’accueil du Final Four de la Basketball Champions League sur le basket à Anvers et en Belgique ?

Une partie de notre ADN, c’est de développer et de faire grandir le basket en Europe, de pousser des clubs. On le fait en accord avec les fédérations, les clubs et les ligues qui sont nos actionnaires. Et là, on est parfaitement dans notre mission. On veut donner l’opportunité aux gens de voir des matches de qualité, cela peut inciter les fans à regarder les matches de la ligue belge, les clubs belges. Anvers est le premier club belge de notre courte histoire à atteindre les playoffs de la compétition. Donc pour eux, d’atteindre le Final Four, c’est une très belle histoire de Petit Poucet qui terrasse les gros.

Vous avez travaillé à l’UEFA, quel a été le challenge le plus difficile auquel vous avez fait face depuis que vous avez pris les rênes de la BCL ?

Le challenge le plus important vient du fait qu’on opère pour le basket dans un environnement européen très fragmenté. On manque de transparence dans les modes de qualifications aux coupes d’Europe, le fait que plusieurs entités organisent des compétitions à cet échelon, avec différentes philosophies, différentes stratégies, tout cela a créé de la confusion chez les fans, les sponsors, les décideurs audiovisuels. C’est quelque chose qui doit changer. J’espère que dans les années à venir, ce sera le cas. La part de marché globale des compétitions européennes en basket, en raison de cette situation, est significativement plus faible que ce qu’elle devrait être d’après sa valeur réelle. L’impact économique et marketing devrait être bien meilleur. Le basket mérite beaucoup mieux. Tout le monde devrait travailler à résoudre ce problème. En football, ils ont été capables de développer un produit au sein de la même maison avec une façon de faire très claire. Tout le monde sait que le champion d’un grand championnat se qualifie automatiquement pour la phase de poule de la Champions League, le second va en qualifications, etc… Cette évidence et cette transparence permet à tout le monde de bien comprendre les enjeux et le système et surtout, cela permet de valoriser grandement les ligues nationales puisque les premières places sur le terrain constitue la porte d’entrée vers la meilleure ligue européenne. En basket, c’est différent et c’est un challenge d’expliquer ce qu’on essaye de mettre en place avec la BCL dans ce contexte et pourquoi on veut le faire. Mais nous avons démontré les valeurs qui sont au cœur de notre action, notre envie de récompenser les clubs uniquement à partir de leurs résultats sur le terrain, notre envie d’être inclusif – nous avions 15 pays représentés en saison régulière cette saison, plus de 100 clubs qui ont participé ces troiq dernières années. Nous sommes confiants dans le fait d’aller dans la bonne direction et de travailler de la bonne façon.

Il s’agit de la troisième saison de la BCL, les joueurs parlent du niveau qui monte sur le terrain. Quels sont vos observations en termes de croissance pour votre ligue ?

C’est un plaisir d’entendre ce genre de commentaires de la part des joueurs, des dirigeants, des clubs qui participent à notre compétition. Ces dernières saisons, nous avons été rejoints par de nombreux clubs avec un grand passé, une grande histoire, une grande tradition de basket. Bologne, Bamberg, deux des quatre clubs qualifiés pour le Final Four. Mais aussi l’Hapoel Jerusalem qui a longtemps évolué en Euroleague. Ces clubs amènent leur expérience et un haut niveau de compétitivité et cela élève certainement le niveau. Et puis nous invitons les clubs à partir de leurs résultats en ligue nationale donc, cela veut dire que nous essayons d’attirer les meilleurs et cela se traduit évidemment par un niveau qui grimpe sur le terrain. Après, on constate également une progression du niveau de promotion, de notoriété de nos clubs, de nos joueurs, notamment sur les réseaux sociaux où un travail formidable est mené en termes d’engagement, de visibilité, de promotion. Tout cela nous permet d’être la ligue de basket européen la plus présente sur les réseaux sociaux. Nous avons pratiquement 2 millions de followers sur Facebook. Tout cela nous permet d’être compétitif et aussi de promouvoir notre compétition au plus haut niveau. Je sais que les joueurs apprécient ce travail.

Au début de l’aventure de la BCL, il y a eu de nombreux doutes à propos de cette compétition. Comment voyez-vous les choses trois ans après ?

C’était il y a trois ans et il me semble que des siècles ont passé ! Je comprends les doutes au départ. Ce n’est pas tous les jours qu’une ligue européenne entièrement nouvelle sort de terre. C’est très rare. Donc, cela engendre toujours du scepticisme. Et puis, par le passé, la FIBA avait déjà tenté de lancer de nouvelles compétitions, sans grand succès. On a ressenti des appréhensions. Est-ce que cela sera à nouveau un feu d’artifice ou est-ce durable ? Trois ans plus tard, on a prouvé qu’on est là pour de bon, qu’on va grandir et qu’on est là pour modifier le paysage du basket européen de club européen. On est assuré de continuer à grandir et à se développer dans les années à venir. Nous sommes encore très jeunes, trois ans, ce n’est rien, et nous sommes engagés dans un marathon, pas un sprint. Et on agit en conséquence. Le plus important, c’est de conserver nos valeurs. Avant notre arrivée, la compétition européenne était dominée par des relations interpersonnelles : tu me plais, tu es qualifié. Si je ne t’aime pas, tu n’es pas invité pendant un an ou deux. Très arbitraire. Nous sommes arrivés avec des principes clairs de qualification, de fonctionnement. Les résultats sportifs dans les ligues nationales constituent la clé pour nous. Les ligues sont nos actionnaires et notre devoir est de les promouvoir et de les renforcer. Nous avons une approche méritocratique. C’est notre ADN. Et de plus en plus en clubs et de ligues commencent à le comprendre. On voit désormais des clubs dans les ligues nationales qui se battent pour la cinquième ou la sixième place de leur championnat parce qu’ils veulent avoir une chance de nous rejoindre la saison prochaine. Cela amène de l’enjeu et de l’intérêt à des fins de saisons en ligue domestique qui n’en n’ont pas toujours eu.

Photo: FIBA

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