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Dossier : Pourquoi Blois, champion de Pro B, ne montera pas en Jeep ELITE

Tout au long de la saison, BasketEurope s’est fait l’écho du parcours sportif de l’ADA Blois* et à juste titre puisque le club du président Paul Seignolle a réalisé un exercice 2017-2018 exceptionnel à tout point de vue. Depuis bientôt un mois néanmoins, le quotidien L’Equipe a été le premier à aler

Tout au long de la saison, BasketEurope s’est fait l’écho du parcours sportif de l’ADA Blois* et à juste titre puisque le club du président Paul Seignolle a réalisé un exercice 2017-2018 exceptionnel à tout point de vue. Depuis bientôt un mois néanmoins, le quotidien L’Equipe a été le premier à alerter l’opinion public sur un point précis du règlement (l’obligation de disposer d’un agrément ministériel pour le centre de formation du club, une procédure administrative qui prend 6 à 8 mois) qui invaliderait la montée de Blois en cas de titre de champion de France de Pro B, synonyme d’accession directe à la Jeep Elite. Et de la théorie à la pratique, il n’y a qu’un pas puisque le club de l’ADA a officiellement été sacré champion de France de Pro B après sa victoire contre Saint-Chamond samedi soir dans son nouvel écrin du Jeu de Paume.

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A cette occasion, BasketEurope a sollicité les acteurs principaux de ce dossier et donné la parole à cinq haut représentants de clubs de LNB pour y voir plus clair. Avec pour résultat, la conclusion (un poil hâtive certes) présente dans le titre. Au lendemain du sacre de champion, c’est en effet un long combat administratif qui se profile pour l’ADA Blois, en attendant le premier avis officiel qui sera délivré à l’issue du comité directeur de la Ligue fin juin. A noter que Blois n’est pas le seul club dans ce cas puisque Saint-Chamond et Denain, en lice pour les Playoffs d’accession, ne disposent pas non plus de centre de formation agréé. Avec la victoire de l’un de ces clubs en finale des Playoffs d’accession, la LNB, si elle reste fidèle à son règlement, se retrouverait alors dans une situation inédite, avec deux montées acquises sportivement mais invalidées de fait pour ce point de règlement.

Retrouvez l’intégralité des entretiens livrés avec Djilali Méziane, directeur des opérations sportives de la LNB, Julien Monclar manager général de l’ADA Blois, ainsi que les points de vue de Yann Boisson, manager général de l’AS Monaco, Vincent Fontaine, responsable des Opérations Sportives d’Orléans, Pierre Bonneau, directeur sportif et commercial de Boulazac, Jean-Charles Bregeon, directeur Général du Sluc Nancy, Wilfried Duchemin , Manager général de Lille.

NB : tous les entretiens ont été réalisés vendredi et samedi.

Djilali Méziane, directeur des opérations sportives de la LNB : « Les clubs connaissent les règles du jeu »

Djilali Méziane, les positions se sont-elles rapprochées entre la LNB et le club de Blois depuis le mois dernier ? Est-ce qu’il y a du nouveau ?

Aujourd’hui, il n’y a pas de nouveauté. La situation reste identique, à savoir que sportivement le club de Blois peut accéder à la Jeep ELITE en étant champion de Pro B à l’issue de la saison régulière et aura le titre de champion de France. On sera demain soir (hier soir NDLR) avec le président à Blois pour remettre le trophée de champion de France de Pro B. Ensuite, il y aura une demande au niveau de la commission financière, la DNCCG, pour que le club puisse proposer un budget Jeep ELITE. Ça c’est une première étude. On étudiera ensuite les circonstances administratives et on leur demandera de fournir un agrément du centre de formation. Je sais qu’a priori, ils ont fait une demande auprès de la fédération, assez tardivement, pour qu’il soit visité. On attendra les retours de la direction technique nationale de basket et de la Direction Régionale de la Jeunesse et Sport là dessus puis le ministère des Sports en dernier lieu. A ce jour, je ne suis pas capable de vous dire, si le club aura un centre de formation agréé avant la date du 30 juin. Ce qui est sûr, c’est qu’ils en ont fait une demande, tardive.

Aucune dérogation ne peut être possible ? Dans la mesure ou c’est une question de timing ? Il est question de trois mois de retard ?

Le club a reçu, comme l’ensemble des clubs de Pro B qui n’ont pas de centres de formations agréés un document émanant de la DTBN courant août leur indiquant les éléments à suivre pour pouvoir agréer un centre de formation. Donc ça, ils ne l’ont pas fait et ils assumeront, entre guillemets, les conséquences de ce non dépôt de dossier dans les délais qui leur aurait permis d’avoir un centre de formation agréé. Encore faut-il, au delà de la demande, qu’il y ait un lancement des moyens, c’est à dire la capacité d’accueil des joueurs, des ressources humaines techniques dont a besoin un centre de formation pour pouvoir fonctionner. Et ça, je ne suis sûr qu’ils l’aient eu au courant de l’année et même aujourd’hui ou au moment de leur demande. Il ne s’agit pas juste d’une demande tardive. Il faut pouvoir avoir les moyens de justifier de la capacité d’avoir un centre de formation agrée. Pas juste de remplir un dossier.

Concrètement, cette demande tardive remonte à quand ? Janvier ?

Non, c’est plus tardif que ça, mars-avril, au plus tôt.

Les clubs de Pro B qui ne disposent pas de centres de formations ont-ils des contraintes d’ordre financier ? Que dit le règlement ?

La réglementation est assez simple. Aujourd’hui, un club de Pro B n’a pas d’obligation d’avoir un centre de formation agréé. Voilà le postulat de départ. Seuls ceux qui veulent faire de la formation en ont un. A partir de là, soit vous avez la volonté de faire de la formation et du coup vous déposer un dossier d’agrément et à la fin de l’année vous avez un centre de formation agréé parce que vous entraînez des gamins, vous disposez d’un lieu d’accueil et que vous faites signer des conventions avec des lycées ou des Fac. Pour le reste, il y a deux types de club. Ceux qui ne veulent pas du tout faire de formation, car ils estiment que ce n’est pas leur rôle et que ce n’est pas dans leur ADN. A ces clubs, on dit : ok vous ne faites pas de formation mais vous en bénéficiez indirectement puisque lorsque vous recrutez un joueur, forcément il a été formé par quelqu’un. Donc on a mis en place ce qu’on appelle une « contribution formation » à savoir une indemnité qui est redistribuée à l’ensemble des clubs qui disposent d’un centre de formation agréé et qui font jouer des jeunes de moins de 23 ans. Cette « contribution formation » s’élève à hauteur de 100 000 euros. 100 000 euros, c’est à peu près le coup de revient en moyenne d’un centre de formation agréé de Pro B. Le budget moyen tourne autour des 150 000 euros et les subventions des régions tournent autour de 50 000 euros. Ce qui fait un delta de 100 000 euros. Ensuite, l’autre cas de figure concerne les clubs qui ne sont pas aptes à faire de la formation mais plutôt de la post-formation, c’est à dire d’avoir dans leur effectif des jeunes sortis des centres de formation et qui ont entre 21 et 23 ans. On leur laisse la possibilité de pouvoir réduire cette « contribution formation » parce qu’on part du principe que s’ils mettent un gamin dans leur effectif JFL et âgé de moins de 23 ans, ils font un peu de post-formation et peuvent réduire cette contribution. Si vous en avez un, vous économisez 25 000 euros et vous pouvez aller jusqu’à 4 au maximum pour atteindre 100 000. Mais nous, on n’oblige personne à faire de la formation en Pro B. On peut prendre l’exemple de Vichy il y a quelques années qui nous avait signifié être prêt à faire de la post-formation pour deux joueurs maximum et donc de payer la contribution formation à hauteur de 50 000 euros en mettant l’accent sur deux jeunes joueurs qu’ils avaient décidé d’intégrer à leur effectif, et en estimant donc qu’ils n’étaient pas capables de le faire pour 4. A ce titre, Poitiers et Hyères-Toulon avaient reçu une indemnité de 15 000 euros parce qu’ils faisaient, eux, jouer de jeunes joueurs, à savoir des JFL de moins de 23 ans. C’est un cercle vertueux dans lequel on a décidé d’aller sans rien imposer. En revanche, les clubs qui ont pour projet de monter en Jeep Elite, ceux là n’ont pas le choix. Il faut qu’ils aient anticipé. On ne peut pas attendre un accident sportif pour décréter qu’on n’est capable de faire de la formation.

Vous estimez qu’il peut y avoir un recours ou une dérogation pour que Blois puisse s’en sortir ?

Aujourd’hui, il suffit juste de lire les règlements. Au niveau de la Ligue, on appliquera nos textes et uniquement nos textes, parce que vous comprenez bien que quand un texte prévoit que si vous n’avez pas de centre formation agréé, vous ne pouvez pas monter et qu’il est prévu qu’on repêche le 17e de Jeep ELITE, vous comprendrez bien que le 17e de Jeep ELITE connaît aussi bien le règlement. Donner une dérogation à un club pour contourner le règlement nous mettrait en situation délicate vis-à-vis du 17e de Jeep ELITE voire de l’ensemble des clubs de Jeep ELITE. Donc on aura plutôt tendance à appliquer le règlement. Ensuite, toutes les décisions du comité directeur sont susceptibles d’appel devant la Fédération, et au CNOSF si besoin.

La décision définitive sera rendue fin juin ?

Tout à fait, à l’issue du comité directeur du mois de juin qui doit avoir lieu le 25 ou 26 juin.

C’est malheureux de devoir attendre si longtemps surtout lorsqu’un titre et une accession sont en jeu…

Mais Blois fêtera le titre, ce samedi soir ou le vendredi suivant si c’est le cas. Ils auront leur titre de champion de France de Pro B, personne ne va leur enlever, il sera acquis. Ensuite, ce sera des démarches administratives, comme ça peut l’être vis à vis d’un club qui serait en difficulté financière dans l’optique d’une accession à la Jeep ELITE. Si vous avez un club de Pro B qui ne bénéficie pas d’une situation nette positive et qui souhaite monter en Jeep ELITE, il risque d’avoir des problèmes avec la DNCCG pour monter un budget avec la capacité de le justifier et de voir sa montée invalidée. Vous avez des procédures qui peuvent même mener jusqu’à mi-juillet, fin juillet. On a déjà eu des cas où on a, par exemple, repêché Quimper à l’époque, à la date du 2-3 août alors que le club de Besançon n’avait plus les moyens économiques pour vivre.

A la différence près que dans le cas d’un problème financier, la dynamique d’une montée en première division peut permettre localement de débloquer le budget nécessaire. Là avec ce défaut d’agrément, il y a moins de recours…

Effectivement, mais Blois a déjà eu un problème en passant de Nationale 1 à la Pro B puisqu’ils n’avaient pas pu évoluer dans leur salle historique. Ils avaient été obligés de déménager. Donc, ce sont des éléments qu’ils connaissent. Ils connaissent les réglementations, comme l’ensemble des clubs d’ailleurs. Et pour info, il faudra vérifier mais il me semble que le club de Caen, promu en Pro B cette saison, a fait la demande d’un centre de formation agréé au moment de leur accession, dossier qui a été déposé en septembre. Donc ce sont des conditions qui sont loin d’être impossibles à remplir. Donc un club qui accède en Pro B est capable s’il en a la volonté de déposer un dossier pour obtenir un centre de formation agréé à la fin de la saison après vérification. Donc si Caen, un club promu, est capable de le faire dès sa première année, comment Blois qui est là depuis deux saisons, ait autant tardé ? Ils auront à répondre à ce genre de questions…

Y-a-t-il eu des précédents du même genre ?

On a déjà fait des communications l’année dernière et il y a trois ans sur ce sujet. En 2013-2014, le club de Denain a accédé à la finale des Playoffs d’accession contre Antibes alors qu’il ne bénéficiait pas d’un centre de formation agréé et ne pouvait donc pas monter. Et l’année dernière, tous les clubs de Pro B ont reçu le même courrier au sujet de Charleville-Mézières qui était en Playoffs. Ils pouvaient potentiellement remporter les Playoffs et accéder à la Jeep Elite, mais comme il n’y avait pas de centre de formation, ils n’auraient pas pu. Donc ce sont des situations déjà connues préalablement et sur lesquelles les clubs sont déjà alertés. Cette réglementation date de 2011-2012, elle n’est pas nouvelle non plus.

En voilà une mauvaise nouvelle pour Blois, et du coup une bonne pour le 17e de Jeep Elite…

Après, il faut prendre en compte l’ensemble des éléments. Si un club de Pro B ne fait pas de formation, il dégage un budget théorique de 150 000 euros qu’il peut mettre sur son effectif pour avoir de meilleurs résultats pendant que d’autres enlèvent ce budget de leur effectif pour faire de la formation. Il faut trouver un juste équilibre et celui qu’on a trouvé c’est qu’un club peut faire une très belle saison comme ça a été le cas la saison dernière avec Charleville en assumant de ne pas avoir de centre de formation et donc de ne pas accéder à la Jeep ELITE pour des raisons administratives même s’ils avaient rempli le contrat sportivement. Les clubs connaissent les règles du jeu (…). C’est compliqué pour une ligue professionnelle de changer son règlement en cours de route ou de ne pas l’appliquer.

Julien Monclar, manager général de l’ADA Blois : « Il y aura un centre de formation à Blois la saison prochaine »

Julien Monclar, quel est votre état d’esprit vis à vis de l’éventuelle montée du club en Jeep Elite ?

A l’heure qu’il est, je pense avant tout à être champion de France (entretien réalisé hier avant le match). Les joueurs sont aussi dans cet état d’esprit là. Il y a un match à gagner, on a deux chances pour le faire, à commencer par celui de Saint-Chamond, un adversaire difficile. C’est ce qui compte et à cet instant, il n’y a rien d’autre que ça.

Vous comprenez tout de même qu’on puisse vous poser la question étant donné que tous les voyants sont au vert pour le titre de champion de France de Pro B ?

Ça viendra dans un second temps tout ça. On a expliqué la situation via un communiqué il y a quelques temps. Le cas échéant on pourra y revenir. Mais je confirme qu’on a fait ce qu’on avait à faire et que l’année prochaine, à Blois, il y aura un centre de formation. Quoiqu’il advienne, quelle que soit la division dans laquelle le club évoluera. Aujourd’hui, ça va forcément être un cas pratique un peu particulier à traiter pour les instances et pas simplement la Ligue. Un agrément de centre de formation, c’est avant tout un agrément ministériel dans lequel la fédération française intervient, mais le décisionnaire, c’est le ministère. Après il y a l’interprétation et la lecture qu’on peut avoir des règlements de la LNB, ça c’est autre chose. Honnêtement, on a fait ce qu’on avait à faire, on a envoyé nos documents aux uns et aux autres… Chaque chose en son temps. Je comprends que ça pose des questions, mais nous on veut vivre les instants pleinement parce que ce sont des choses qui sont rares. Il n’y a pas beaucoup de saisons où on gagne, où on a l’opportunité de jouer un titre et encore moins de le gagner. C’est encore plus vrai pour un club jeune qui vient d’arriver en pro. Il faut savoir aussi profiter de l’instant pour vivre les choses pleinement. Aujourd’hui on ne joue pas pour la saison 2018-2019, on joue pour essayer d’être champion de France de Pro B.

Malgré tout, on pense à la répercussion que pourrait avoir ce point de règlement en vue de la montée en Jeep Elite, vis à vis des supporters notamment du public qui s’est pris au jeu dans cette aventure. Lorsqu’on voit par exemple les médias environnants parler de « match de la montée »…

Les médias sont au courant, on a envoyé un communiqué il y a trois semaines exposant la situation. Et puis on verra bien après. Ce n’est pas le match de la montée mais ce n’est jamais le match de la montée, c’est le match du titre. Même si vous êtes un observateur, vous connaissez bien tout ça et vous savez comme moi qu’on n’a pas de problème de contrôle de gestion ou de choses de ce genre, et c’est pareil dans toutes les divisions.

C’est un autre aspect qui conditionne effectivement la montée…

Un aspect réglementaire. Quand on arrive dans une division au dessus il y a des aspects réglementaires. Nous, je vous rassure, au contrôle de gestion, on a candidaté au label de la LNB et on va peut-être devenir le premier club labellisé avec un label Bronze à n’avoir jamais joué en Jeep Elite, avec seulement deux ans en Pro B dont une dans un gymnase. Le club a une très bonne image auprès de la ligue, qui reconnaît son savoir-faire. Sur le cas particulier du centre de formation, ce serait très très long d’en parler, je ne peux pas vous l’évoquer maintenant. Le communiqué a résumé l’ensemble des points. Le reste, les implications et le pourquoi du comment, si le règlement est juste ou pas, tout ça ce sont des polémiques et on n’a pas vocation à les alimenter. Par contre, ce n’est pas nous qui décidons. Aujourd’hui, vous me demandez si l’ADA Blois sera en Jeep ELITE ou en Pro B, je n’en sais rien, même si on gagne ce soir.

La question serait plutôt de savoir si vous êtes prêt à user des recours en vigueur pour accéder à la Jeep Elite malgré ce point de règlement en votre défaveur ?

On veut faire valoir notre travail. On a envie d’être là où on mérite. C’est normal. On n’est pas des va t’en guerre, on n’est pas des belliqueux, on essaie de ne pas verser dans la polémique stérile et on veut voir un peu plus loin que le bout de notre nez, ce qui a toujours été notre état d’esprit et ça ne changera pas même si on gagnait un titre aujourd’hui, encore faut-il le gagner déjà. Concernant la stratégie éventuelle à mettre en place, il y a des réflexions à avoir. Aujourd’hui, que voulez-vous que la Ligue fasse ? Ils ont un règlement, ils ont écrit des choses. Que ce soit bien, pas bien, valable, pas valable, peu importe, aujourd’hui c’est écrit. Ils ne peuvent pas dire « comme c’est Blois qui est en position éventuellement de remporter le championnat, nos règlements ne sont plus valables ». C’est normal. Par contre, il peut y avoir un cas particulier qui se présente, comme il s’est présenté avec le club de Monaco en 2014-2015. C’est la seule équipe qui est montée de N1 à Jeep Elite aussi vite (en ne restant qu’un an en Pro B). Je pense qu’on aura le temps d’y revenir ultérieurement. La saison sportive n’est pas encore terminée, d’autant qu’on rencontre un club comme Saint-Chamond qui sera en Playoffs et qui peut tout à fait se retrouver dans un cas de figure similaire en cas de succès en Playoffs. Aujourd’hui je le redis, et ce n’est pas du flanc : l’objectif c’est d’être champion de Pro B. On a fait une saison, les équipes ont bossé dur toute l’année, c’est long, c’est beaucoup de matchs, beaucoup d’entraînements, beaucoup de temps passé ensemble, ce n’est pas pour parler de la saison prochaine aujourd’hui.

Yann Boisson (GM AS Monaco) : « Un budget qui n’a pas été dégagé »

Joint par BasketEurope après les indications de Julien Monclar, Yann Boisson, manager général de l’AS Monaco Basket en 2014-2015 et toujours au club aujourd’hui, a confirmé que la demande d’agrément avait été faite dans les délais à savoir dès l’arrivée du club monégasque en Pro B en 2014-2015. Un seul détail change par rapport au règlement du fait que Monaco n’évolue pas sur le territoire français, ce n’est pas le Ministère des Sports en France qui valide cet agrément. « Nous sommes assimilés centre de formation agréé du fait que le club n’évolue pas en France, mais c’est la même valeur ».

De plus, la volonté du club avait par ailleurs été clairement affichée en ce sens et ce dès l’accession en Pro B acquise, à savoir dès mai 2014.

« Blois aurait dû faire ça dès son arrivée en Pro B comme nous l’avions fait, a également déclaré Yann Boisson. Ils peuvent dire qu’ils ont été pris de court pour la montée. C’est effectivement un budget qui n’a pas été dégagé, il y a deux clubs en France qui ne sont pas loin du million d’euros pour faire fonctionner leurs centres de formations. La moyenne, c’est entre 400 et 500 000 (en Jeep ELITE). En Pro B, ça doit tourner autour des 150 000 euros avec les déplacements, le salaire du coach, la structure administrative, les logements, la scolarité. La subtilité c’est qu’en Pro B, ce n’est pas obligatoire d’en avoir un. (…) Blois est un très bon club, que je connais bien depuis l’époque d’Etienne Preira, ça remonte un peu, aux années 80. Mais ça a toujours été un très bon club, qui a navigué autour de ce niveau, jamais loin de monter en Nationale 1 à l’époque. Ça fait longtemps qu’ils existent à ce niveau. (…) Au sujet de la montée, je me garderais bien de vous donner un avis. Je ne fais partie ni de la Ligue, ni du club de Blois ».

Vincent Fontaine, responsable des Opérations Sportives d’Orléans : « Tout le monde connaissait le règlement »

« Sportivement il n’y a rien à redire sur le parcours de Blois. Maintenant il y a effectivement un règlement, et ce dernier fait qu’ils ne peuvent pas monter sans centre de formation agréé. Cette volonté de former des joueurs pros est importante et Blois est un club pro depuis deux saisons maintenant. La logique, selon les règlements, serait que la montée soit invalidée, mais ce n’est pas à nous de décider. Pour nous ça ne changera rien puisque c’est le 17e de Jeep ELITE qui serait repêché. Le règlement pourrait aussi évoluer en récompensant le 2e de Pro B ou le finaliste des Playoffs dans ce cas de figure, on peut aussi voir ça comme ça. Le règlement est comme ça, tout le monde le connaissait en début de saison, eux comme nous et les autres. C’est vrai que ça surprend, et Blois ne s’attendait peut-être pas à finir premier, même si l’objectif est toujours de réussir la meilleure performance. Le cas aurait peut-être été différent si Blois venait de monter en Pro B 2017-2018 et non l’année d’avant. Je crois qu’ils ont déposé un dossier, que le processus est en cours. Mais bien sûr qu’un centre de formation a un certain coût et que cet argent a pu servir à d’autres fins. Je n’ai rien contre Blois et je serais content pour eux s’ils étaient amenés à être champions et à monter ».

Pierre Bonneau, directeur sportif et commercial de Boulazac : « Très compliqué d’avoir un centre de formation agréé en très peu de temps »

« Le sujet est délicat, dans la mesure où déjà on est samedi et que sportivement on a toujours notre destin entre nos mains (NDLR: l’interview a eu lieu avant la défaite du BBD à Pau). A l’heure qu’il est, on peut toujours être maintenu. Voilà pour le premier point. Sur l’extra-sportif et l’histoire de Blois, tout ce que l’on sait, c’est que la Ligue nous a envoyé des courriers il n’y a pas longtemps précisant qu’il y avait un règlement et que le 17e de Jeep ELITE serait repêché en cas d’invalidation de la montée de Blois. Il y a un règlement en Pro B par rapport à l’accession en Jeep ELITE, on s’en tiendra à ça si ça devait être le cas. Mais je ne travaille pas pour le club de Blois. Je crois savoir qu’aujourd’hui, ils n’ont pas de centre de formation. J’imagine qu’ils doivent travailler pour en avoir un. Je sais aussi qu’il y a des dates à respecter, que c’est très compliqué d’avoir un centre de formation agréé en très peu de temps. C’est tout ce qu’on peut dire à l’heure qu’il est (…) On reste attentif à cette information, et si la Ligue venait à dire « Blois n’est pas qualifié pour la Jeep Elite, on repêche le 17e » et si ça devait être nous, ce que je ne souhaite pas, on respecterait bien évidemment le règlement de la Ligue. Comme, j’imagine, Blois le respectera sans passer au delà. La Ligue dépend de la Fédération qui dépend du Ministère. J’espère que Blois ne passera pas outre ses délégations pour taper très haut afin d’avoir cet agrément de centre de formation dans les temps. (…) J’imagine que tous les supporters, les collectivités, les partenaires sont au courant de cette problématique. Accessoirement, c’est quand même leur deuxième saison en Pro B, c’est pas comme s’ils étaient promus cette année. Ils ont fait le choix de ne pas mettre d’argent sur le centre de formation, ce qui est quand même un choix et une somme d’argent qui au lieu d’aller sur la formation des jeunes peut aller sur des contrats de joueurs professionnels. Est ce qu’il y a de l’équité en Pro B ? Je vous laisse juger par rapport à ça ».

Jean-Charles Bregeon, directeur Général du Sluc Nancy : « L’esprit et la règle »

« Je vais vous faire une réponse de Normand, il y a du bon et du moins bon. Je comprends que ça puisse être dur à vivre pour le club de Blois, si tant est que ce soit leur ressenti. Effectivement, il y a des règles de fonctionnement au sujet du centre de formation. Je ne peux voir la question que par le prisme du Sluc. Nous, on est descendu de Jeep ELITE en Pro B, le centre de formation est certes géré par l’association, mais celle-ci, au nom du Sluc, a quand même eu le courage, le mérite et fait l’effort de maintenir le centre de formation et son fonctionnement malgré la situation du club et son retour en Pro B. De ce côté là, c’est vrai que c’est mieux si tout le monde respectait les règles qui sont mises en place, ça me semble évident. Je ne sais pas comment c’est vécu à Blois… Après, il y a l’esprit et la règle. La règle qui s’impose à tous et qui consiste à dire qu’il faut un centre de formation agréé pour monter en Jeep ELITE. Et puis il y a l’esprit, par rapport à un club comme Blois qui est un club neuf, dynamique, qui s’est doté d’une nouvelle salle et qui fait apparemment ce qu’il faut pour pérenniser son mode de fonctionnement. Blois est actuellement premier, Nancy 7e, je suis tout à fait lucide sur la qualité de leur parcours sportif, sur ce qu’ils ont mis en place, la qualité de la production de leur match. Aujourd’hui, si la saison s’arrêtait là, de ce que j’ai vu du championnat, de leur constance, ils méritent de monter en Jeep ELITE. Ce serait quand même dommage que leur travail sur le terrain avec la somme de travail au cours des entraînements, la montée en puissance de leur collectif et de leur projet avec la nouvelle salle, le staff avec Julien Monclar et le président, soient mis à mal pour un manque administratif. Mon avis, c’est qu’il faut les encourager à tout mettre en œuvre pour pouvoir être dans les clous. Maintenant, je suis aussi légaliste et d’autant plus vis à vis du Sluc, un club qui a fait le chemin en sens inverse, je suis reconnaissant envers le Sluc Basket et l’association d’avoir maintenu le centre de formation malgré la rétrogradation, ce qui n’est pas simple au vu de nos structures, comme c’est le cas pour les clubs qui ont fait l’effort de maintenir et même d’agrandir leur structure de fonctionnement pour le centre de formation. Quand je dis l’esprit, il faut reconnaître la qualité du parcours sportif de Blois. Maintenant si on veut respecter les règles et être légaliste par rapport à ce que veut mettre en place la Ligue avec le règlement sur le centre de formation et le grand programme de développement des jeunes joueurs, disons que je fais confiance au club de Blois pour trouver toutes les solutions à ce problème administratif pour qu’ils soient dans les clous, vis à vis des autres clubs qui font le travail, tout simplement . C’est tout le mal que je leur souhaite ».

Wilfried Duchemin , manager général de Lille : « Travaillons sur ce paradoxe »

« On peut être surpris parfois par la rapidité de la réussite sportive et que Blois, qui est un club qui monte en puissance à tous les niveaux que ce soit sportif ou extra-sportif, n’avait pas anticipé ce point. Ce n’est que leur deuxième saison en Pro B. Dans leur feuille de route, ils n’avaient peut-être pas encore prévu cette accession. Mais voilà le sportif décidé, et il a décidé d’aller un peu plus vite que prévu. Les personnes à la tête du club, et je pense notamment à mon homologue, ont déjà commencé à travailler sur leur centre de formation et sont entrain de faire bouger les choses pour obtenir l’agrément le plus rapidement possible. Je n’en sais rien, mais j’imagine qu’ils ont fait cette démarche. En tout cas j’espère pour eux car le club se construit bien et a rapidement obtenu le mérite sportif en atteignant la Jeep ELITE. Ce serait dommage de la louper pour des raisons d’agrément (…). Ce sera aux instances de décider. Ce que je pense, c’est qu’il faut tirer une leçon de tout ça dans la structuration de nos clubs, et que les clubs de N1 qui sont proches de monter ou qui vont monter la saison prochaine par exemple, aient eux aussi une obligation, sous les deux saisons maximum de Pro B, de respecter les règlements qui pourraient leur permettre d’accéder à la Jeep ELITE derrière. Un peu comme le passage en société. Lorsque vous êtes en association et que vous montez en Pro B, vous avez une dérogation d’un an pour passer en société anonyme. C’est ce qui est arrivé à Lille qui était encore sous la forme associatif et qui a eu un an pour passer en SASP ou SAS. Pour éviter ce genre de cas de figure. Monter un centre de formation, on le sait bien à Lille et moi d’autant plus puisque je viens d’Evreux, c’est du travail, ça prend du temps, c’est de la gestion de jeunes adultes et autres, on ne peut pas faire n’importe quoi. On éduque et on forme avant tout des personnes, des jeunes hommes avant de former des sportifs. La scolarité, l’hébergement, la restauration, sont des points importants et même prioritaires avant l’aspect sportif. On ne peut pas faire tout et n’importe quoi. Ça prend du temps, ça nécessite des structures et de les mettre en place ces structures. La réflexion qu’on devrait mener sur le sujet, c’est peut être de faire évoluer le règlement : vu qu’il est obligatoire d’avoir un centre de formation pour monter en Jeep ELITE, il faut obliger les clubs de Pro B, sous deux, trois ans maximum, à avoir un centre de formation. Car la potentialité peut se représenter. Une saison de Pro B, c’est long, c’est dur, il y a plein d’aléas, et quand vous en êtes là, que vous avez mérité de monter sportivement parce que vous êtes le premier de la saison régulière, je trouve ça dur. C’est hard de se voir refuser la montée pour un point de règlement extra sportif et notamment celui là, qui est lié à un paradoxe dans le règlement. Vous n’êtes pas obligés d’en avoir un en Pro B, mais pour la Jeep ELITE, c’est obligatoire. Il faudra en discuter pour ne pas que ça se représente. On peut le dire, je serais à la place de Blois, j’aurais un peu les boules (…). Je comprends, il y a des règlements, on les connaît. Il y a aussi le terrain et la beauté du sport. Blois travaille bien et a eu de bons résultats sportifs. Leur première place est plus que méritée et sur la durée de la saison aussi (…). Mon point de vue, c’est qu’on se mette autour d’une table pour revoir ce point et éviter de se retrouver dans la même situation. Car même en terme d’image, de voir le champion de Pro B ne pas monter, ce n’est pas top. En tout cas, c’est bien d’en parler, ça fera peut-être bouger les choses. A l’issue de la saison 2017-2018 et des Playoffs, vous pouvez effectivement avoir deux clubs qui auraient mérité leur montée, Blois à la première place et Saint-Chamond ou Denain (qui n’ont pas de centre de formation, NDLR) s’ils gagnaient les Playoffs, qui verraient leur montée être invalidée à cause de ce point de règlement malgré leur mérite sportif. Travaillons sur ce paradoxe. »

Photo principale : Nguyen Photographies

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*https://basketeurope.com/livenews-fr/lnb/427355/special-salaires-pro-b-blois-avait-les-moyens-de-ses-ambitions/

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A cette occasion, BasketEurope a sollicité les acteurs principaux de ce dossier et donné la parole à cinq haut représentants de clubs de LNB pour y voir plus clair. Avec pour résultat, la conclusion (un poil hâtive certes) présente dans le titre. Au lendemain du sacre de champion, c’est en effet un long combat administratif qui se profile pour l’ADA Blois, en attendant le premier avis officiel qui sera délivré à l’issue du comité directeur de la Ligue fin juin. A noter que Blois n’est pas le seul club dans ce cas puisque Saint-Chamond et Denain, en lice pour les Playoffs d’accession, ne disposent pas non plus de centre de formation agréé. Avec la victoire de l’un de ces clubs en finale des Playoffs d’accession, la LNB, si elle reste fidèle à son règlement, se retrouverait alors dans une situation inédite, avec deux montées acquises sportivement mais invalidées de fait pour ce point point de règlement.

Retrouvez l’intégralité des entretiens livrés avec Djilali Méziane, directeur des opérations sportives de la LNB, Julien Monclar manager général de l’ADA Blois, ainsi que les points de vue de Yann Boisson, manager général de l’AS Monaco, Vincent Fontaine, responsable des Opérations Sportives d’Orléans, Pierre Bonneau, directeur sportif et commercial de Boulazac, Jean-Charles Bregeon, directeur Général du Sluc Nancy, Wilfried Duchemin , Manager général de Lille.

NB : tous les entretiens ont été réalisés vendredi et samedi.

Djilali Méziane, directeur des opérations sportives de la LNB : « Les clubs connaissent les règles du jeu »

Djilali Méziane, les positions se sont-elles rapprochées entre la LNB et le club de Blois depuis le mois dernier ? Est-ce qu’il y a du nouveau ?

Aujourd’hui, il n’y a pas de nouveauté. La situation reste identique, à savoir que sportivement le club de Blois peut accéder à la Jeep ELITE en étant champion de Pro B à l’issue de la saison régulière et aura le titre de champion de France. On sera demain soir (hier soir NDLR) avec le président à Blois pour remettre le trophée de champion de France de Pro B. Ensuite, il y aura une demande au niveau de la commission financière, la DNCCG, pour que le club puisse proposer un budget Jeep ELITE. Ça c’est une première étude. On étudiera ensuite les circonstances administratives et on leur demandera de fournir un agrément du centre de formation. Je sais qu’a priori, ils ont fait une demande auprès de la fédération, assez tardivement, pour qu’il soit visité. On attendra les retours de la direction technique nationale de basket et de la Direction Régionale de la Jeunesse et Sport là dessus puis le ministère des Sports en dernier lieu. A ce jour, je ne suis pas capable de vous dire, si le club aura un centre de formation agréé avant la date du 30 juin. Ce qui est sûr, c’est qu’ils en ont fait une demande, tardive.

Aucune dérogation ne peut être possible ? Dans la mesure ou c’est une question de timing ? Il est question de trois mois de retard ?

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