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Christophe Le Bouille (Président du Mans): « Depuis trois matches, ce qui se passe dans cette salle est extraordinaire »

Le Mans Sarthe Basket livre sa quatrième finale de Jeep Elite/Pro A en douze ans. Jusqu’à présent, les Manceaux en ont gagné une, en 2006. Un trophée qui s’ajoute aux trois du SC Moderne (1978, 79, 82). Son président Christophe Le Bouille nous parle de l’engouement spectaculaire du public pour son é

Le Mans Sarthe Basket livre sa quatrième finale de Jeep Elite/Pro A en douze ans. Jusqu’à présent, les Manceaux en ont gagné une, en 2006. Un trophée qui s’ajoute aux trois du SC Moderne (1978, 79, 82). Son président Christophe Le Bouille nous parle de l’engouement spectaculaire du public pour son équipe cette saison et aussi de la place de son club dans le paysage du basket professionnel français.

L’interview est en deux parties.

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Que se serait-il passé si vous aviez reçu les deux premiers matches de la finale, aujourd’hui mercredi et vendredi, soit en pleine semaine des 24 Heure du Mans qui ont attiré 260 000 personnes l’année dernière sachant que Antarès est située à l’intérieur du circuit ?

On avait évidemment anticipé cette hypothèse que Limoges se qualifie contre Monaco. On avait envisagé de changer les jours de match. Pas possible pour la ligue. En plus, ça ne solutionnait pas grand-chose. On pouvait jouer le mardi sans soucis d’accès mais le jeudi c’était le même problème. On a envisagé d’aller jouer ailleurs, à Angers, à Blois. On avait pris des contacts et obtenu des accords de principe pour des mises à disposition de salles mais j’ai reculé car ça ne me paraissait pas raisonnable en 48h ou 72h de gérer tout le barnum des finales, la billetterie, le cahier des charges terrain, les supporters, etc.

Vous l’aviez déjà fait une fois ?

Tout à fait. Pour une demi-finale contre Villeurbanne à la salle Jean-Bouin d’Angers, que l’on avait gagné. On avait cette solution sous le coude. Après, la solution qui nous paraissait la plus pratique était d’inverser l’ordre des matches avec le club de Limoges donc de jouer 1 et 2 là-bas et 3, 4 et 5 si besoin au Mans. J’ai appelé Youri (NDLR : Verieras, le président du CSP), qui a bien compris la situation. Je lui ai expliqué que pour eux ça allait être compliqué d’accéder à la salle et je ne parle même pas de l’hébergement (NDLR : toutes les chambres en Sarthe sont réservées pour les 24 heures). On est dans l’enceinte du circuit et pour circuler c’est juste infernal. Des abords du Mans, il faut compter deux bonnes heures pour accéder à Antarès. Il en a parlé avec son staff sportif, je suppose, et il s’avère qu’ils n’ont pas voulu en entendre parler considérant que ça nous donnerait un avantage sportif de faire deux matches à Limoges puis trois chez nous. Je n’ai pas à juger de leur réponse mais en tout état de cause, ils ont dit non. Il y a eu discussion avec la Préfecture et malgré la complexité du dossier, on avait trouvé la possibilité d’ouvrir la salle. On aurait joué mercredi et vendredi soir à Antarès mais évidemment ça aurait été très, très compliqué pour tout le monde pour accéder à la salle. Il y a quand même le tramway qui circule et quelques parkings qui étaient disponibles pour les abonnés, les partenaires, ceux de la ligue, la presse. Donc on avait bien avancé, ça aurait entraîné beaucoup de contraintes logistiques, mais on aurait pu jouer. J’ai tenu la Préfecture au courant après chaque match jusqu’à ce que Monaco gagne à Limoges vendredi et mette un terme à cette hypothèse.

Cette année, avez-vous battu vos records d’affluences et de matches à guichets fermés de tous les temps ?

Oui depuis que j’ai des données, c’est-à-dire 1998. On a déjà fait sept guichets fermés. On va en faire un huitième s’il y a un seul match de finale. A l’heure où je parle, on en est à 5 371 spectateurs de moyenne. En vingt ans, on a fait trois fois plus de 5 000 spectateurs de moyenne sans aller jamais en-dessous de 4 100 et quelque. La plus forte c’était 5 050. 5 371, c’est juste énorme d’autant qu’il n’y a pas une politique d’invitations là-dedans. Ce n’est pas du remplissage de salle avec des gens que l’on ne maîtrise pas.

Par comparaison, certaines années, il n’y avait pas un seul guichets fermés ?

Oui, plusieurs années. Rien que l’année dernière, on n’a fait que deux matches au-dessus de 5 000 spectateurs et pas question de guichets fermés, ni à Noël, ni contre Cholet. Là, c’est huit avec le match de lundi prochain sur 22 matches et avec seulement cinq matches en-dessous de 5 000 spectateurs dont le premier match des playoffs !

Y a-t-il un rapport de cause à effet avec le fait que vous n’avez pas fait de coupe d’Europe ?

On peut se gargariser, se dire que l’on est très fort mais comme souvent, il y a pour moi une multitude de facteurs. Il y a clairement la frustration de l’année dernière et même des années précédentes en terme de qualité de jeu. Dès le début de saison, il y a eu des victoires, du spectacle et les gens ont évacué leur frustration des années passées. Bien évidemment, le fait qu’il y ait moins de match, en terme de densité et je pense notamment au cœur de l’hiver, donc 17 matches à suivre au lieu de 24 avec la BCL, ça joue. Il y a des gens qui font l’effort et d’autres qui ne peuvent pas financièrement même si les places sont à des tarifs que je pense abordables. Là, il y avait suffisamment d’espaces entre les matches pour qu’il n’y ait pas de lassitude. Comme il n’y avait pas de coupe d’Europe, Arnaud (NDLR : Leproux, directeur administratif) a pu travailler sur des offres un peu plus poussées, précises, en travaillant mieux notre base de données et en se faisant accompagner par une société dont c’est le métier. Il y a aussi ce que l’on a fait sur les réseaux sociaux qui a participé à l’engouement. C’est plein de choses.

Ce matin (hier), votre site Internet a saturé face à la demande de places trop forte pour l’Episode 3 de la finale. Vous avez maintenu les mêmes tarifs que pour la saison régulière. Vous n’avez pas cherché à gagner de l’argent ?

Non. Il y a deux choses. Des gens bien intentionnés m’ont reproché la baisse de fréquentation du match 1 de quart-de-finale contre l’ASVEL. Ce match a été d’une tristesse absolue tant sur le terrain que dans les tribunes, ce qui n’était pas pour moi juste au regard de ce que l’on avait montré cette année sur le terrain et dans les tribunes. J’étais vraiment touché ce soir-là. On ne méritait pas de finir là-dessus. C’est la seule fois de l’année où on fait moins de 4 000 spectateurs. On avait décidé avant le match retour que s’il y avait une belle, on ferait demi-tarif. Je voulais que ça soit plein. Je m’en foutais de l’argent, que l’on dise que Le Bouille brade un événement important comme les quarts alors que c’est un truc quali. On ne pouvait pas finir sur un visage comme ça. Evidemment on a rempli très vite. On a fait guichets fermés. On m’a dit « vous auriez dû laisser les mêmes tarifs. » J’ai répondu que j’avais zéro regret car on a eu une salle fantastique. On a peut-être fait venir des gens qui n’étaient pas venus de l’année et qui ont pris goût au truc car il y avait une ambiance formidable. Et après, pourquoi augmenter en finale alors que l’on va toucher des gens qui essentiellement nous suivent toute l’année ? Pour nos abonnés, nos partenaires, des gens qui nous ont soutenu l’année dernière, qui ont repris leurs abonnements et leurs partenariats cette année, il n’était pas question pour moi d’augmenter les tarifs. Pourquoi mettre 10 euros de plus ?

Vos tarifs sont plutôt faibles vis-à-vis de d’autres clubs de basket et a fortiori du football ?

Oui. Nous, on a bien conscience que nos tarifs ne sont pas élevés mais je ne suis pas sûr que les gens du Mans en aient conscience. Surtout pour les premiers tarifs car quand on demande 30 euros en province pour un match de basket, vous n’êtes pas dans la fourchette basse. Mais, oui, sur les premiers prix, on n’est vraiment pas cher. Mais d’une, ce n’était pas forcément l’année pour augmenter les tarifs après ce que l’on a montré l’année dernière et deux, j’insiste, pas le faire sur les gens qui vous ont suivi toute l’année, qui ont maintenu leur confiance. On aurait pu à la rigueur maintenir les mêmes tarifs pour les abonnés et faire plus cher pour ceux qui ne le sont pas. C’était envisageable et peut-être qu’on aurait dû le faire mais pour les abonnés et les partenaires, il ne fallait pas toucher à ça. Après, ça ne veut pas dire que l’on ne va pas augmenter les tarifs à l’avenir car effectivement, on est parmi les plus bas. Mais je ne veux pas, maintenant que l’on a fait une belle saison, du spectacle, que l’on se dise « maintenant, ils se gavent ! ». On a tellement apprécié au club d’avoir du monde cette année dans la salle, qu’elle vive à nouveau, attention à ne pas casser cette dynamique. Mais effectivement, on est là aussi pour générer des recettes afin de les réinvestir dans l’équipe.

Le côté spectaculaire, ce n’est pas que le nombre. C’est aussi le fait que l’on soit passé du froid au chaud. Pour le Match 1 contre l’ASVEL, c’était morne plaine et depuis c’est une ambiance comme très rarement vue au Mans. Comment expliquer la métamorphose du public ?

A un moment, c’est irrationnel. Pour le premier match contre Villeurbanne, les gens ne se sont pas mobilisés après une belle saison parce que le mardi à 19h après un week-end prolongé au mois de mai, les gens qui bossent se sont dit qu’ils n’allaient pas finir plus tôt. Le fait de perdre, de passer près de la catastrophe, que l’équipe réagisse formidablement à Villeurbanne, le fait aussi peut-être que l’on fasse des demi-tarifs et que ça tombe sur un dimanche, on fait vite le plein. Ce qui est incroyable et que je ne peux pas expliquer, c’est qu’une demi-heure avant la belle contre Villeurbanne, lorsque je rentre dans la salle, qui est loin d’être pleine à ce moment-là, j’ai ressenti une atmosphère oppressante, j’ai senti que quelque chose allait se passer. Les gens qui étaient là étaient déjà chauds. Et du fait que l’équipe a très bien commencé, ça a allumé. Et depuis ça ne retombe pas. Oui, il y a eu la distribution de T-shirts, le niveau de jeu, le fait que nos amis David et Stephens (NDLR : Cozette et Brun de SFR Sport) nous chambrent gentiment, ce qui a pu réveiller la susceptibilité de certains. Il y a plein de choses mais je ne peux pas expliquer de manière rationnelle pourquoi au match 1 on a été zéro, tous, l’équipe, le public, le club, tous, par contre pour la belle, tout le monde a été formidable. Depuis trois matches, ce qui se passe dans cette salle est extraordinaire.

« Les joueurs ne peuvent pas se comporter de la même façon lorsqu’il y a un public comme ça. Les Limougeauds sauront de quoi je parle »

Ça change votre image vu de l’extérieur qui est celle d’un club sérieux mais aussi un peu planplan et froid. Vous vous faites tailler sur les réseaux sociaux notamment par les supporters de Limoges qui parlaient d’Antarès comme d’une glacière. Et là, ce n’est plus le cas du tout.

Je sais bien. Il s’est passé un truc. Tout le monde a mis les T-shirts, la salle a été bruyante dès le début. Un journaliste national que j’ai eu hier m’a dit que c’était génial, que quelque chose se passait dans cette salle, enfin ! Je sais que ça va durer le temps des playoffs cette année, je n’ose pas croire que l’ambiance va retomber maintenant. L’objectif ça va être de faire en sorte que ça se poursuive ensuite tout en étant lucide. On ne fera pas 6 035 spectateurs à chaque journée la saison prochaine avec une ambiance de fou. C’est aussi l’atmosphère des playoffs qui veut ça, d’être passé aussi près d’une élimination. Les observateurs ne sont pas habitués à suivre ça chez nous, nous n’ont plus. Quand vous voyez que dès la première minute de jeu, toute la salle se lève parce qu’il y a un coup de sifflet qui est limite ou parce qu’il y a une bonne défense ou parce qu’il y a un panier de ton équipe…

Autant le public de Limoges a toujours été chaud, autant celui de Strasbourg s’est métamorphosé lui aussi en très peu de temps. Il a longtemps été très réservé. Il n’y a pas de cause perdue ?

Je suis d’accord. Le Rhénus, c’était la cathédrale, quelque chose de très froid. Je crois que pour eux c’est en playoffs que ça s’est passé. On peut dire aussi que chez nous, notre animateur Vincent fait un super boulot avec le public. A nous de continuer à travailler là-dessus pour justement que cet effet ne retombe pas. Certaines choses vont se mettre en place, pas à la rentrée, mais celle d’après. Le noir salle sera un élément supplémentaire pour chauffer l’ambiance. Il faut une atmosphère de fête, que les gens soient contents d’être là, qu’ils le montrent. Il faut absolument que l’on surfe sur cette vague car ça change beaucoup de choses. Ça change l’image que les médias ont du club et aussi tout pour l’équipe. Les joueurs ne peuvent pas se comporter de la même façon lorsqu’il y a un public comme ça. Les Limougeauds sauront de quoi je parle. Tu ne peux pas être avare d’efforts, faire le fainéant, revenir en marchant, ne pas tout donner sur le terrain.

Les échecs systématiques du club en coupes d’Europe depuis la moitié des années soixante-dix s’expliquent beaucoup par le fait que le public s’est jusqu’ici trop rarement mobilisé alors qu’ailleurs en coupe d’Europe ou en playoffs, ça prend une dimension supérieure ?

Je suis d’accord.

C’est plus motivant aussi d’avoir la finale à domicile alors qu’en 2006, 2010 et 2012, vous l’aviez disputé à Bercy ?

On a fini Bercy en 2012, c’était la dernière finale là-bas que l’on a perdu et depuis 2013 on n’avait pas goûté à la finale et à ce format de compétition. Forcément, c’est génial quand on explique aux gens que l’on va pouvoir jouer une finale chez nous. Tu te mets à rêver de soulever le trophée chez toi. Tu n’as pas à te préoccuper de savoir comment on fait pour retrouver les supporters après le match. On sait que l’on a été capable d’emmener des marées de supporters orange à Bercy, c’était génial et ça rendait vraiment bien, mais là on sait que l’on va être 6 000 comme ça. J’espère qu’il y aura deux matches chez moi, que l’on prolonge le plus longtemps possible cette aventure. Si je suis un peu cynique, je dirais qu’autant avant, on voulait avoir l’avantage du terrain surtout pour ne pas le donner à l’adversaire, autant maintenant l’avantage du terrain avec cette salle, ça veut vraiment dire quelque chose. C’est une difficulté supplémentaire pour nos adversaires et une force pour nous.

A suivre.

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Que se serait-il passé si vous aviez reçu les deux premiers matches de la finale, aujourd’hui mercredi et vendredi, soit en pleine semaine des 24 Heure du Mans qui ont attiré 260 000 personnes l’année dernière sachant que Antarès est située à l’intérieur du circuit ?

On avait évidemment anticipé cette hypothèse que Limoges se qualifie contre Monaco. On avait envisagé de changer les jours de match. Pas possible pour la ligue. En plus, ça ne solutionnait pas grand-chose. On pouvait jouer le mardi sans soucis d’accès mais le jeudi c’était le même problème. On a envisagé d’aller jouer ailleurs, à Angers, à Blois. On avait pris des contacts et obtenu des accords de principe pour des mises à disposition de salles mais j’ai reculé car ça ne me paraissait pas raisonnable en 48h ou 72h de gérer tout le barnum des finales, la billetterie, le cahier des charges terrain, les supporters, etc.

Vous l’aviez déjà fait une fois ?

Tout à fait. Pour une demi-finale contre Villeurbanne à la salle Jean-Bouin d’Angers, que l’on avait gagné. On avait cette solution sous le coude. Après, la solution qui nous paraissait la plus pratique était d’inverser l’ordre des matches avec le club de Limoges donc de jouer 1 et 2 là-bas et 3, 4 et 5 si besoin au Mans. J’ai appelé Youri (NDLR : Verieras, le président du CSP), qui a bien compris la situation. Je lui ai expliqué que pour eux ça allait être compliqué d’accéder à la salle et je ne parle même pas de l’hébergement (NDLR : toutes les chambres en Sarthe sont réservées pour les 24 heures). On est dans l’enceinte du circuit et pour circuler c’est juste infernal. Des abords du Mans, il faut compter deux bonnes heures pour accéder à Antarès. Il en a parlé avec son staff sportif, je suppose, et il s’avère qu’ils n’ont pas voulu en entendre parler considérant que ça nous donnerait un avantage sportif de faire deux matches à Limoges puis trois chez nous. Je n’ai pas à juger de leur réponse mais en tout état de cause, ils ont dit non. Il y a eu discussion avec la Préfecture et malgré la complexité du dossier, on avait trouvé la possibilité d’ouvrir la salle. On aurait joué mercredi et vendredi soir à Antarès mais évidemment ça aurait été très, très compliqué pour tout le monde pour accéder à la salle. Il y a quand même le tramway qui circule et quelques parkings qui étaient disponibles pour les abonnés, les partenaires, ceux de la ligue, la presse. Donc on avait bien avancé, ça aurait entraîné beaucoup de contraintes logistiques, mais on aurait pu jouer. J’ai tenu la Préfecture au courant après chaque match jusqu’à ce que Monaco gagne à Limoges vendredi et mette un terme à cette hypothèse.

Cette année, avez-vous battu vos records d’affluences et de matches à guichets fermés de tous les temps ?

Oui depuis que j’ai des données, c’est-à-dire 1998. On a déjà fait sept guichets fermés. On va en faire un huitième s’il y a un seul match de finale. A l’heure où je parle, on en est à 5 371 spectateurs de moyenne.

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Photos: Dominique Breugnot/MSB

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