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Le Mans: A 40 minutes du drapeau à damiers

Le Mans mène la finale deux manches à une après sa victoire hier soir sur Monaco, 84-72. Solidaire, jamais en panique, capable de faire ressortir différentes individualités à tour de rôle comme Chris Lofton (34 points) pour cette Episode 3, poussé par un public qui n’a jamais été aussi avide de sens

Le Mans mène la finale deux manches à une après sa victoire hier soir sur Monaco, 84-72. Solidaire, jamais en panique, capable de faire ressortir différentes individualités à tour de rôle comme Chris Lofton (34 points) pour cette Episode 3, poussé par un public qui n’a jamais été aussi avide de sensations fortes, le MSB est à 40 minutes d’un cinquième titre national. Mais les Monégasques sont vexés, très vexés…

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Chris Lofton, l’assassin silencieux

Qu’il échoue ou qu’il marque, un peu, beaucoup ou comme hier soir énormément, Chris Lofton demeure impassible. Apparemment sans émotion. Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas un fanfaron. Il a empilé 34 points avec une réussite frôlant l’insolence (11/16 aux tirs) au nez de la défense la plus agressive de la Jeep Elite, mais l’Américain conserve dans ses propos un certain détachement. On l’a quand même vu gratifier l’auditoire d’un sourire radieux.

« Je suis quelqu’un de calme. C’est ma façon d’être. Je joue depuis neuf ans en Europe et c’est la façon dont je joue. Je ne m’extériorise pas plus que ça. »

Chris Lofton, 1,88m, 32 ans, Shooting guard, en insistant sur le S majuscule, a mis les huit premiers points du Mans. Il a fallu attendre la 10e minute pour qu’un autre Manceau, Youssoupha Fall inscrive un point, un lancer, et la 12e pour qu’un troisième, Antoine Eito, marque un panier. Dans le premier quart-temps, balloté par la défense de Monaco, privé un temps de son meneur Justin Cobbs, jusque-là insubmersible mais qui était obligé d’aller retrouver de l’oxygène sur banc, le MSB a évité la noyade grâce à son assassin silencieux.

« Pour moi il n’y a pas de challenge personnel, gagner est la chose principale. Tant que l’on gagne, je suis heureux, que je marque 2 ou 34 points. C’est avant tout un travail d’équipe, c’est ça qui est important. C’est chacun son tour. A chaque match il y a quelqu’un qui se met en valeur. Mes coéquipiers ont su me trouver, ils m’ont donné le bon feeling. Ce soir c’était mon soir. »

Chris Lofton dit s’inspirer de Steph Curry, Ray Allen, Klay Thompson ou encore Reggie Miller, les plus grands shooteurs de l’histoire contemporaine de la NBA. Il ne se souvient pas instantanément du shoot le plus marquant qu’il a jamais marqué avant de se rappeler que c’était avec son université de Tennessee au tournoi final NCAA mais nous, on a surtout en tête son fabuleux exploit du 25 avril 2009 avec Mersin contre Ankara dans le championnat national turc : 61 points avec un surnaturel 17/22 à trois-points.

Le MSB l’avait déjà fait venir dans la Sarthe il y a deux saisons et lui a demandé de remettre le maillot du club comme pigiste médical de Pape-Philippe Amagou. Après de brillants débuts, l’Américain a connu une longue traversée du désert à cause d’une entorse à la cheville qui tardait à guérir.

« Il a eu une période où il était dans le doute par rapport à sa cheville. Ca a duré », confirme son coach Eric Bartecheky. « Depuis un bon moment, il a retrouvé la pleine possession de ses moyens et là il est au sommet de son art. Entre le match à Strasbourg et celui-là, c’est forcément une aide énorme pour l’équipe. »

Chris Lofton est peu athlétique, peu physique mais outre un bras exceptionnel, il possède un solide QI basket. C’est un faux-lent qui peut prendre en drive une défense à revers. Ce n’est pas non plus une passoire en défense et hier soir il a fait preuve d’endurance jouant près de 35 minutes.

« Une performante parfaite. Excellent shooteur. Il a commencé et terminé le match avec des trois-points. Il a fait un super match, c’est un incroyable shooteur », a bougonné Zvzedan Mitrovic, le coach monégasque.

Chris Lofton a conclu le match par un dernier trois-points comme à l’échauffement. On aimerait le voir se mesurer à Heiko Schaffartzik au concours de trois-points du All-Star Game de la LNB.

Romeo Travis et Georgi Joseph

Une équipe, une vraie

« On a très mal entamé le premier quart-temps en prenant 23 points. Je crois que l’on perd 7 ballons. On est à 8 à la mi-temps et donc on n’ en perd qu’un dans le deuxième quart-temps. Ces pertes de balle leur donnent beaucoup de jeu rapide. Des erreurs aussi en défense demi-terrain qui font que l’on a une difficulté à attaquer. On rectifie dans le deuxième quart-temps avec un 29 à 12 mais c’est vrai que Chris a été très important pour trouver des solutions », commente Eric Bartecheky.

On ne donnait pas cher de la peau des Manceaux après dix minutes tant ils suffoquaient face à la défense oppressante de la Roca Team. C’est un match où son joueur le plus régulier, le meneur Justin Cobbs a loupé ses cinq tentatives et marqué un seul point, où ses cadres Mykal Riley, MVP de l’Episode 2, et Youssoupha Fall son géant, n’étaient respectivement qu’à deux et un point à la mi-temps.

« Ça a été Riley sur le match d’avant. Il y a eu Romeo (Travis) sur la série. On ne sait jamais qui va sortir. Ce qui est important, c’est que l’on garde un esprit défensif pour faire des efforts, être dans le sacrifice. J’ai envie de parler de Yannis Morin qui ne joue que 6’32 mais ce qu’il donne en terme d’investissement défensif, ses minutes sont aussi importantes pour l’équipe. On a besoin de tout le monde dans tous les domaines. Je dois m’attacher que défensivement on fasse tous des efforts, que l’on s’entraide, qu’il y ait du sacrifice. Il faut que l’on arrive à stopper cette équipe, ce qui n’est pas simple, elle est agressive, elle a beaucoup de talent. C’est très important de les stopper et après il faut aussi trouver des solutions en attaque, que ce soit en homme à homme ou contre la zone. »

On l’a deviné en saison régulière, on en a la confirmation depuis le deuxième match de quart-de-finale contre Villeurbanne, le MSB est une équipe, une vraie. Solidaire, complémentaire. Et depuis la belle contre cette même ASVEL, elle a droit à un public de supporters. Sinon peut-être quelque fois à la Rotonde dans les années soixante-dix, jamais les spectateurs manceaux souvent moqués pour leur passivité n’ont été aussi enthousiastes. Presque tous en tango, munis de clap-banners (c’est l’appellation contrôlée), ils ont fait un sacré boucan, réalisé une sorte de tifo géant, sifflé les Monégasques, répondu aux injonctions de l’animateur, crié « Allez Le Mans ! ». Les jeunes comme les vieux, les Félins comme les quidams. Personne est capable d’expliquer cette métamorphose mais ce qui est certain, c’est qu’on ne pourra plus dire que Antarès est une glacière.

Le MSB serait-il revenu dans le deuxième quart-temps sans un tel appui ? Pas certain. L’ardoise a été rapidement effacée. Avec un Chris Lofton déjà à 21 points -sur les 39 de son équipe-, le MSB était devant après 20’ (39-35) et n’a plus lâché sa proie.

Kikanovic-Fall, duel au sommet

Elmedin Kikanovic n’est évidemment pas aussi spectaculaire que Chris Lofton mais il a réussi lui-aussi une prestation de haute volée qui mérite une mention.

Après un quart-temps, le pivot Bosnien, un attaquant racé de 2,11m, avait inscrit 13 points et conclue l’avance de treize points de son équipe sur un rebond offensif. Il avait enfilé sa panoplie de Superman et n’avait pas été inquiété par Youssoupha Fall à qui il rend dix bons centimètres. Plus encore que ses pénétrations, Kikanovic est impérial en tête de raquette, là où le Franco-Sénégalais ne va pas le chercher.

Dans le money time, et alors que Fall avait retrouvé de sa superbe, on a eu droit à un mano a mano. Les shoots au poste d’un côté, les paniers à bout portant de l’autre. Et si le Monégasque présente au final une évaluation qui est le double (24-12) de son rival manceau, il a manqué considérablement d’aide extérieure pour offrir la victoire à ses équipiers.

Aaron Craft

Les Bad Boys de Monaco

Les Monégasques sont devenus paranoïaques.

Le très impulsif coach Mitrovic était vexé car lorsqu’il s’est présenté en conférence de presse, la place était déjà prise par Chris Lofton. Il a fait demi-tour avant de revenir. Le Monténégrin a fait remarquer que la procédure veut que ce soit les vaincus qui aient la parole en premier. Mais on attend toujours qu’un joueur de la Roca Team vienne fournir des commentaires aux médias. Ils ont eu ordre de se taire.

En conférence donc, Coach Z a eu deux remarques acides. La première dans son préambule où transpire le sarcasme.

« Félicitations au Mans pour son titre. Ils ont très bien joué. On a mal joué, et ils méritent d’être champions. C’est tout. »

Le Monténégrin nourrit du ressentiment vis-à-vis de l’arbitrage et son discours tourne en boucle. Hier soir, il a déclaré :

« En 2004, Didier Deschamps a fait un parfait commentaire qui résume bien ce qui nous arrive. Il entraînait alors l’équipe de foot de Monaco et il disait que s’il était difficile de remporter le championnat français, le faire avec Monaco c’était encore beaucoup, beaucoup plus difficile. Je lui adresse mes meilleurs vœux pour la Coupe du Monde. Peut-être est-elle plus facile à gagner que de gagner le championnat de France avec Monaco. »

La défense de Monaco peut être asphyxiante. Si le MSB n’a mis que 5 points lors des six premières minutes, c’est qu’elle prive l’adversaire d’espace en contestant chaque geste. Si Justin Cobbs s’est retrouvé livide sur le banc, c’est que Aaron Craft, reconnu comme le meilleur défenseur de la Jeep Elite lui a mis une pression inimaginable.

Monaco a été sifflé 29 fois et Le Mans 13 fois. Pour Zvezdan Mitrovic, c’est la preuve que son équipe est pris en grippe par les hommes -ou les femmes- en gris, qu’il y aurait donc une sorte de conjuration nationale pour empêcher le club de la Principauté d’être sacré champion de France. D’où la remarque qu’une paranoïa est venue s’installer dans la Roca Team. Car comment croire de telles sornettes ? Si les Monégasques sont sifflés autant, c’est simplement qu’ils puissent allègrement dans la boîte à gifles. Ils tamponnent, hachent, sortent les coudes et sont toujours à la limite de l’anti-jeu. Eric Bartecheky résume le sentiment général en déclarant :

« Pour moi, il y a une grosse agressivité et aussi beaucoup de fautes qui ne sont pas toujours toute sifflées. Par rapport à ça, on se doit de rester agressif en permanence. Si on est sur le reculoir, c’est une équipe qui provoque des pertes de balle. Cette équipe fait beaucoup de fautes. En championnat, ils étaient à 26, c’est l’équipe qui fait le plus de fautes. C’est la consigne : de taper, d’être agressif. C’est important que les arbitres soient attentifs à ça car il y a défendre et faire des fautes. »

Les Monégasques ne sont-ils pas en train de devenir les Bad Boys de la Jeep Elite ?

Wilfried Yeguete et Paul Lacombe

Quand Monaco n’utilise pas davantage de joueurs que Le Mans

Question : Le Mans va-t-il tenir la cadence jusqu’au bout ? Certains de ses cadres jouent énormément et certains ont été contraints de faire des arrêts au stand pour se refaire une santé. Romeo Travis s’est blessé à la cheville sur un rebond offensif et Justin Cobbs a été victime d’une béquille à la cuisse droite. Le premier est revenu en piste comme si de rien n’était, le second en grimaçant et n’a jamais retrouvé sa maîtrise.

« Les efforts physiques, la fatigue, les petits bobos qui apparaissent avec l’enchaînement des matches », énumère Eric Bartecheky. « Les joueurs jouent et se donnent beaucoup et forcément c’est une donnée importante. Il y a des choses que l’on ne peut pas maîtriser mais sur le match 4 qui va arriver, il va falloir être capable de récupérer, de faire des soins et de passer au-dessus de tout ça. C’est là où le mental peut faire la différence. On a moins de banc que Monaco. »

Moins de banc ? Sur le papier, oui. L’ASM avait couché douze noms sur la feuille de marque. Seulement Yakuba Ouattara n’est toujours pas en état de jouer, et plusieurs autres joueurs ont été utilisés avec parcimonie : Sergii Gladyr (3’50 et 4 fautes !), Ali Traore (2’32 et 3 fautes), Georgi Joseph (6’17), Bangaly Fofana (7’39). Coach Mitrovic n’a réellement utilisé que sept joueurs. Comme son homologue Bartecheky.

La fin de l’histoire de cette passionnante finale n’est pas écrite. Eric Bartecheky se souvient évidemment que son équipe menait 2-1 face à Strasbourg mais n’avait pas été capable de conclure lors du Match 4 à Antarès.

« Je crois qu’il ne faut pas s’enflammer. Il y a eu une grosse détermination de notre part défensivement sur l’ensemble du match au niveau mental, mais on a été en difficulté par moment. Ils n’ont pas mis à trois-points, je ne sais pas si vous avez noté ? 0/12. Il faut vraiment relativiser tout ça. C’est bien de l’avoir pris mais rien n’est fait. Il faut que l’on fasse mieux, sur nos pertes de balle, sur nos erreurs défensive, sur l’attaque de zone. »

Chris Lofton possède la même analyse de la situation que son coach :

« On sent que l’on est en train de faire quelque chose de très spécial. Mercredi, on aura à mieux démarrer, à être plus intense. On aura certainement un match dur mercredi, très dur. »

C’est très probablement ce que les Monégasques dans le huis-clos de leur vestiaire ont dû ruminer.

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Chris Lofton, l’assassin silencieux

Qu’il échoue ou qu’il marque, un peu, beaucoup ou comme hier soir énormément, Chris Lofton demeure impassible. Apparemment sans émotion. Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas un fanfaron. Il a empilé 34 points avec une réussite frôlant l’insolence (11/16 aux tirs) au nez de la défense la plus agressive de la Jeep Elite, mais l’Américain conserve dans ses propos un certain détachement. On l’a quand même vu gratifier l’auditoire d’un sourire radieux.

« Je suis quelqu’un de calme. C’est ma façon d’être. Je joue depuis neuf ans en Europe et c’est la façon dont je joue. Je ne m’extériorise pas plus que ça. »

Chris Lofton, 1,88m, 32 ans, Shooting guard, en insistant sur le S majuscule, a mis les huit premiers points du Mans. Il a fallu attendre la 10e minute pour qu’un autre Manceau, Youssoupha Fall inscrive un point, un lancer, et la 12e pour qu’un troisième, Antoine Eito, marque un panier. Dans le premier quart-temps, balloté par la défense de Monaco, privé un temps de son meneur Justin Cobbs, jusque-là insubmersible mais qui était obligé d’aller retrouver de l’oxygène sur banc, le MSB a évité la noyade grâce à son assassin silencieux.

« Pour moi il n’y a pas de challenge personnel, gagner est la chose principale. Tant que l’on gagne, je suis heureux, que je marque 2 ou 34 points. C’est avant tout un travail d’équipe, c’est ça qui est important. C’est chacun son tour. A chaque match il y a quelqu’un qui se met en valeur. Mes coéquipiers ont su me trouver, ils m’ont donné le bon feeling. Ce soir c’était mon soir. »

Chris Lofton dit s’inspirer de Steph Curry, Ray Allen, Klay Thompson ou encore Reggie Miller, les plus grands shooteurs de l’histoire contemporaine de la NBA. Il ne se souvient pas instantanément du shoot le plus marquant qu’il a jamais marqué avant de se rappeler que c’était avec son université de Tennessee au tournoi final NCAA mais nous, on a surtout en tête son fabuleux exploit du 25 avril 2009 avec Mersin contre Ankara dans le championnat national turc : 61 points avec un surnaturel 17/22 à trois-points.

Le MSB l’avait déjà fait venir dans la Sarthe il y a deux saisons et lui a demandé de remettre le maillot du club comme pigiste médical de Pape-Philippe Amagou. Après de brillants débuts, l’Américain a connu une longue traversée du désert à cause d’une entorse à la cheville qui tardait à guérir.

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Photo: Hervé Bellenger/LNB

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