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Gravelines au Mans: Si près, si cruel

La courte défaite (87-89) du BCM Gravelines s’est joué samedi soir au Mans par épisodes. Rembobinons le film.

La courte défaite (87-89) du BCM Gravelines s’est joué samedi soir au Mans par épisodes. Rembobinons le film.

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LE SHOW EDGAR SOSA

Pendant un quart-temps, on n’a vu que lui, Edgar Sosa, le combo guard dominicain du BCM, né à New York. Pour commencer, un service magnifique à Bangaly Fofana qui est allé au dunk. Un trois-points suivi d’un autre à deux-points sur la tête d’Antoine Eito. Une contre-attaque ponctuée d’un layup avec la faute du même Eito en prime. Encore un trois-points à 2’52 de la fin de ce quart-temps pour donner une belle petite marge au BCM, 22-14. Huit points au total pour celui qui est aujourd’hui le 6e marqueur de la Jeep Elite.

LE BCM TOMBE DANS LE COMA

Ce que l’on ignore alors, c’est que les Gravelinois et Edgar Sosa vont subitement perdre leur superbe. Plus de rythme offensif, une première technique à Jean-Michel Mipoka, la balle qui glisse des mains de Scott Wood, une passe de quaterback de Edgar Sosa qui traverse le terrain mais qui est trop longue pour que le receiver Alain Koffi qui a filé vers le panier manceau puisse la réceptionner. Tout faux.

Alors que le BCM a tourné à 56% de réussite dans le premier quart, il est tombé en panne sèche. Il encaisse un 10-0 à cheval sur les deux quart-temps et pire, il ne marque qu’un lancer pendant sept minutes trente jusqu’à ce que Scott Wood lève un œil après ce long coma en ajustant un panier primé.

Même si le MSB a loupé pas mal d’occases pendant ce temps, il a filé devant et s’est retrouvé avec une première avance confortable de 11 points (34-23). L’ancien apprenti gravelinois Valentin Bigote (11 points en première mi-temps) lui a fait très mal avec ses missiles millimétrés alors que Will Yeguete a fait preuve de sa vaillance coutumière. Après une rémission, le BCM est retombé dans ses travers. Un écart maximal est constaté à la 18e minute (44-28). A tel point que l’on s’est demandé si les Gravelinois n’allaient pas connaître la même banqueroute (-40) qu’en ouverture de la saison précédente ici même à Antarès. Deux exploits de Edgar Sousa leur permettent de mettre un garrot à l’hémorragie (32-46, 20e).

L’adresse générale du BCM est tombée à 11/32. Il n’a mis que 8 paniers dans la peinture pendant que le trio Anderson-Sene-Hesson affiche un piteux 1/10. Pourquoi s’est-il soudainement affaissé ?

« C’est une histoire de défense pour nous », répond Alain Koffi. « On commence le match assez bien défensivement et on creuse un peu l’écart. Et malheureusement pour nous on relâche nos efforts un peu tôt et eux prennent de la confiance, ce qui explique le +16 à la mi-temps. Pourquoi ce trou d’air ? Je n’ai pas d’explications à ça, ça fait plusieurs fois que ça nous arrive. Si on n’a pas ce trou d’air on n’a pas à revenir d’un écart de -16. On peut même agrandir l’écart et derrière c’est une autre musique. Défensivement, ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. Quand on n’est pas bien défensivement, automatiquement on ne peut pas prendre de rebonds et on ne peut pas courir. Notre force généralement c’est de courir. Quand on court, on est dur à arrêter et ça nous créé des tirs à trois-points, des paniers faciles à l’intérieur. Et quand on n’est pas agressifs, on ne trouve pas de rythme et chacun essaye de trouver une solution, ce qui n’est jamais bon pour nous. Quand on joue comme ça on n’est pas beau à voir et ce n’est pas efficace du tout. Il faut croire que jouer Monaco à domicile ça nous a un peu plus motivé que de jouer Le Mans qui est champion de France en titre à l’extérieur. Je pense que la base défensive est là, c’est juste qu’il faut que l’on évite le trou d’air. Si on n’a pas ces trous d’air, on peut mettre 10-15 points faciles à tous nos adversaires. »

La défense, oui, mais pas que… Le coach Julien Mahé constate que durant cette période de disette, c’est des deux côtés du terrain que son équipe a fauté :

« On perd des ballons très très bêtes. On en envoie dans les gradins alors qu’il n’y a pas de pression. Dans le deuxième quart-temps, on a vraiment subi la pression et l’intensité défensives du Mans. On a été inconstants dans le match. Ca ne s’est pas du tout passé comme on aurait aimé que ça se passe dans le scénario. Nos rotations sont complètement perturbées et on ne peut pas jouer le match que l’on aimerait faire. »

LA COLERE DE JULIEN MAHE

Au final, quatre joueurs du BCM terminent avec quatre fautes chacun mais c’est la sortie précipitée de son capitaine Jean-Michel Mipoka qui a mis Julien Mahé dans une colère sourde.

« Il y a un tournant du match, je pense que tout le monde l’a vu. Jean-Michel Mipoka, c’est un garçon en qui j’ai une énorme confiance. Il a 33 ans, beaucoup d’expérience. Je pense qu’il n’a jamais été considéré comme un mauvais garçon. Quand on est troisième arbitre en Pro A et que l’on prend la responsabilité de sortir un joueur -car il sait ce qu’il fait, j’espère-, j’espère que ce coup de sifflet est mérité. En ayant échangé deux mots avec Jean-Michel Mipoka, j’en doute clairement. Quand on prend la décision de sortir quelqu’un définitivement du match, il faut vraiment qu’il y ait une raison forte. Je ne suis pas sûr. C’est une décision forte qui évidemment nous met en grosse difficulté pour la suite puisque on n’a pas compris et les joueurs non plus. On était déjà en difficulté et il est clair que ça, ça ne nous a pas aidé puisqu’en plus on a dû jouer avec les fautes de certains. Vous avez vu comme moi l’arbitrage de la deuxième mi-temps n’est pas le même que celui de la première mi-temps. Ce qui veut dire qu’il y a peut-être eu un petit problème en première mi-temps. »

Chacun est libre de son appréciation. Le fait, c’est que Jean-Michel Mipoka n’a passé que 4 minutes et 27 secondes sur le parquet d’Antarès. Mais ce n’est pas l’explication majeure à la défaite du BCM. D’ailleurs retenons le commentaire d’Alain Koffi :

« On savait qu’il ne fallait pas parler à l’arbitrage. Quand c’est sifflé, c’est fait. Il faut passer à autre chose. Ca nous a permis justement de nous focaliser sur nous et pas l’arbitrage. On passe à autre chose et on joue. »

LE RETOUR EXPRESS

Et le BCM a rejoué. Est-ce le sentiment d’injustice qui a servi d’aiguillon aux Maritimes ? Ou celui de ne plus rien avoir à perdre sauf l’honneur ? En tous les cas, au lieu de s’enfoncer plus bas que terre, ils ont relevé la tête, à commencer par Scott Wood qui a pris feu pendant un moment et ce sont les Manceaux, tout aussi inexplicablement, qui ont joué tout d’un coup petit bras et qui ont semblé être contaminé par la mouche tsétsé qui aurait changé de camp.

« Il faut déjà mettre du crédit à cette équipe de Gravelines qui est revenue des vestiaires avec beaucoup plus d’énergie défensive, a été beaucoup plus impactantes défensivement », analyse le coach du MSB, Eric Bartecheky. « Stratégiquement, comme ils savent le faire, ils sont sortis sur les écrans, ont changé par moment et on a été en difficulté pour trouver des solutions en attaque. C’est toujours un peu lié et bien sûr qu’en défense on a commis beaucoup d’erreurs et on a donné beaucoup de trois-points à l’adversaire et c’est vraiment une force chez eux cette année puisqu’avant le match on avait noté qu’ils sont à 43% sur l’ensemble de l’équipe, ce qui est vraiment très bon avec des joueurs qui excellent dans ce domaine là. Anderson à 50% avec 7 tentatives, Mipoka était à 53% sur 4 tentatives, Sosa 40, Wood, Hesson qui peut mettre dedans, Sené. C’était vraiment l’une des clés sur lesquelles on a voulu se focaliser et en première mi-temps, ça a été plutôt bien fait. 4/11. Ils finissent à 36% à trois-points, c’est un peu mieux que ce qu’ils ont l’habitude de faire. »

Il ne fallait pas quitter son siège pour aller déambuler quelques minutes dans les travées de la salle car on aurait manqué l’essentiel du spectacle. En neuf minutes, le BCM avait non seulement refait son retard mais comptait un matelas de cinq points (60-55). Dans ce quart-temps, c’est Le Mans qui avait foiré offensivement en convertissant seulement cinq de ses quinze shoots. Parfois l’évolution d’un match sort du rationnel.

« On a eu des choses très positives car il faut revenir », se félicite Julien Mahé. « Il faut que l’on prenne conscience que l’on est capable de faire de gros écarts rapidement. Vous vous rendez compte de mettre 26 points au Mans en 15 minutes… Maintenant, il faut que l’on comprenne qu’il va falloir que l’on défende plus dur, que l’on n’attende pas d’être malmené pour défendre et du coup ça nous permettra de créer des avantages en notre faveur et de ne pas avoir besoin de revenir au score. »

CAMERON CLARK FACON CHALON

Un temps le BCM a tenu en mains sa demi-douzaine de points d’avance avant que le BCM repasse en tête sur un trois-points de Valentin Bigote, décidemment dans tous les « mauvais coups ». Qui allait faire la décision ? Edgar Sosa ? Non. Cameron Clark.

Blessé au tableau tibial, l’ailier américain a connu une saison entièrement blanche avant de signer au Mans. Forcément, il n’a pas encore pleinement récupéré la possession de ses immenses moyens mais dans le money time, c’est bien le tueur de Chalon que l’on a vu à l’œuvre, l’as du shoot à distance intermédiaire.

Cameron Clark a mis deux paniers successifs pour donner trois-points d’avance au Mans annulé aussitôt par Karvel Anderson. Il en a mis un troisième à 85-87 mais encore une fois Anderson a mis les deux équipes à égalité. C’est une faute de Edgar Sosa qui a donné à l’Américain deux lancers à 14 secondes et 8 dixièmes de la fin et sa main n’a pas tremblé. Pas comme celle de Terry Tarpey, qui a loupé ses deux essais, donnant une ultime chance à Scott Wood de réussir un incroyable hold up d’un tir du milieu du terrain au buzzer. Mais Terry Tarpey, revenu du diable vauvert avec l’ambition de se racheter, l’a contré… sans faire faute.

« On revient dans le match mais malheureusement pour nous, pas assez fort pour empêcher Clark de prendre feu. C’est vraiment lui qui nous tue en fin de match. On a fait le nécessaire pour gagner le match, malheureusement ce sont des erreurs défensives qui une fois de plus nous tuent », répète sans relâche Alain Koffi.

Eric Bartecheky tresse quant à lui des lauriers à son joueur.

« On a su aussi s’appuyer sur les joueurs qu’il fallait à la fin et mettre aussi l’énergie collective pour mettre les stops. Mais dans ces moments-là, ça peut tourner d’un côté comme de l’autre. Cameron Clark a été très précieux, ultra talentueux quand on lui a donné la balle dans les mains. Heureusement car collectivement on a beaucoup de travail à faire compte tenu du profil de l’équipe. »

« Oui, cruel, » répétait Julien Mahé à notre consoeur de La Voix du Nord. Au lieu de rejoindre Le Mans au classement, le BCM est maintenant relégué à deux victoires de son adversaire de la journée. Rien de démoralisant et de définitif quand on sait qu’au cours d’une programmation très relevée, il a déjà accroché Nanterre (+4), Limoges (+4) et Monaco (+9) à son palmarès alors qu’il est tombé face au Mans (-2) après Villeurbanne (-8) et Levallois (-3). Comme on peut le constater, le sort de ses matchs face à des supposés équipes de première partie de tableau s’est souvent joué à des petits riens. Et c’est la constance sur quarante minutes qu’il va lui falloir maintenant acquérir pour éviter de jouer avec le feu. A Strasbourg samedi ?

[armelse]

LE SHOW EDGAR SOSA

Pendant un quart-temps, on n’a vu que lui, Edgar Sosa, le combo guard dominicain du BCM, né à New York. Pour commencer, un service magnifique à Bangaly Fofana qui est allé au dunk. Un trois-points suivi d’un autre à deux-points sur la tête d’Antoine Eito. Une contre-attaque ponctuée d’un layup avec la faute du même Eito en prime. Encore un trois-points à 2’52 de la fin de ce quart-temps pour donner une belle petite marge au BCM, 22-14. Huit points au total pour celui qui est aujourd’hui le 6e marqueur de la Jeep Elite.

LE BCM TOMBE DANS LE COMA

Ce que l’on ignore alors, c’est que les Gravelinois et Edgar Sosa vont subitement perdre leur superbe. Plus de rythme offensif, une première technique à Jean-Michel Mipoka, la balle qui glisse des mains de Scott Wood, une passe de quaterback de Edgar Sosa qui traverse le terrain mais qui est trop longue pour que le receiver Alain Koffi qui a filé vers le panier manceau puisse la réceptionner.

Alors que le BCM a tourné à 56% de réussite dans le premier quart, il est tombé en panne sèche.

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Photo: Alain Koffi, BCM

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