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Pau: Le creux de la vague

Ballotté au Mans (94-74), Pau est dans le dur. Diverses blessures ont mis en exergue un manque cruel de profondeur de banc. Le prochain clasico face à Limoges va-t-il être l’occasion d’un nouveau départ ?

Ballotté au Mans (94-74), Pau est dans le dur. Diverses blessures ont mis en exergue un manque cruel de profondeur de banc. Le prochain clasico face à Limoges va-t-il être l’occasion d’un nouveau départ ?

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Un temps le staff béarnais a cru à un miracle médical mais arrivé dans les vestiaires d’Antarès, Vitalis Chikoko a dû se rendre à l’évidence : les séquelles de son entorse à la cheville contractée samedi face à Cholet étaient encore trop prégnantes. Impossible d’effectuer convenablement des déplacements latéraux.

« Il n’était pas prêt à jouer et on n’a pas voulu prendre de risque, » a indiqué plus tard le coach Laurent Vila. « On savait que le match ici serait de toute façon difficile et que ça serait trop frais par rapport à sa blessure d’il y a trois jours. On sait qu’il va revenir pour Limoges. »

Le Zimbabwéen est une formidable force offensive : 15,6 points à 59,3% de réussite et 7,8 rebonds par match. Un outsider dans la course au trophée de MVP de la saison.

« On a joué small ball en essayant d’attirer la défense avec le poste 5 qui soit obligé de sortir et de défendre haut. On a donné la création à Donta Smith, qui a pu trouver des solutions de passes directes ou quelques percussions dans la raquette. Mais du coup le jeu est un peu prévisible et pas assez alterné », a reconnu Laurent Vila.

Constat identique du côté de Léo Cavalière qui a du se repositionner dans la peinture:

« Vitalis, c’est la pierre angulaire de notre jeu intérieur et sans lui c’était plus compliqué. On était prévenu. Jouer 5 ça ne me fait pas peur. Akos (NDLR : Keller, le pivot hongrois) s’impose de plus en plus en cette fin de saison et il a pris aussi les rênes du poste 5. Ce sont des adaptations qu’il faut parfois faire, que l’on sait faire. Ça fait partie du job. »

10-0 aux balles perdues

Akos Keller a sorti le grand jeu hier soir réalisant un double double (17 points, 10 rebonds) mais il s’est distingué en début de matches par quelques passes hasardeuses qui ont fait le miel du MSB. Le Hongrois en comptabilisera quatre au final, comme Donta Smith. Le meneur Mickey McConnell, bien loin de ses prestations coutumières, en concédera cinq pour sa part. En première mi-temps, Pau fut débité de dix balles perdues contre… aucune au Mans. Une sorte de record.

Très vite les Béarnais ont été désarçonnés. L’écart de dix points à la fin du premier quart (24-14) avait doublé dès la 13e minute (39-19). Depuis quatre matches, le MSB ne plaisante plus. Si les Palois étaient privés de Vitalis Chikoko, les Manceaux s’étaient présentés sans Kendrick Ray alors que Terry Tarpey, groggy suite à un choc, n’a passé que deux minutes et quelque sur le terrain. Ça ne s’est pas ressenti. Le roster sarthois possède des ressources et c’est le pivot Richard Hendrix (15 points, 9 rebonds), de par sa puissance, qui a emmené son équipe sur la voie d’un large succès. Peut-être le meilleur quart-temps de l’Américain depuis son arrivée dans la Sarthe. Ensuite, les Béarnais ont été ensevelis sous les contre-attaques à fond de cale des Manceaux, l’opportunisme de Valentin Bigote et encore les step back assassins de Cameron Clark.

« On perd 10 ballons, ils en perdent zéro. Tu ne peux pas gagner comme ça », constatait Léo Cavalière. « C’est un manque d’agressivité en défense. Nos pertes de balle leur ont permis de courir, alors que nous on n’a pas pu courir. Ça fait quelques matches que l’on ne court pas. Il faut retrouver cette agressivité défensive, voler des ballons, prendre des rebonds. On s’est fait bouffer au rebond, donc impossible d’avoir de la relance, d’avoir du rythme. C’est le même souci que contre Cholet. Il faut que l’on remédie à ça ! »

Ce 10-0 au niveau des pertes de balle était dans tous les discours dont celui de Laurent Vila.

« Le fait de donner dix ballons, ça donne beaucoup de contre-attaques et du coup on ne peut pas scorer. Le Mans a très bien joué et nous on s’est précipité. On a trop joué dans le jeu direct alors qu’ils étaient justement positionnés pour empêcher l’accès au panier par le jeu de passe ou le drive. On aurait pu jouer un peu plus en périphérie avec un peu plus de patience et de situation de balle. Ce n’est pas la pression mais le dispositif et nous qui avons été un peu trop précipités par rapport à ça. »

Une série de blessures

De la 11e à la 20e journée, Pau n’avait connu qu’une seule défaite (à Limoges) et avait notamment écarté au palais le MSB au cours d’un final un peu dingue (91-90). Sur les cinq derniers matches, l’Elan en a remporté un seul et encore d’extrême justesse en Béarn face à Antibes (73-72).  Il s’est fait dominer à domicile face à Bourg (-11), à Monaco (-17), est tombé au palais face à Cholet (-9) et a donc reçu hier soir ce qui est tout de même une gifle au Mans (-20).

A l’évidence, les Palois ont été fortement perturbés par les différentes blessures qui ont émaillé l’effectif ces dernières semaines. Non qualifié en coupe d’Europe, l’Elan s’est constitué un roster où les joueurs français compétitifs ne sont pas légion. Seul Léopold Cavalière (10,5) possède une évaluation supérieure à 4,3 ! Si Yannick Bokolo est clairement au soir de sa carrière, Digué Diawara est encore un pied tendre. Bref, l’Elan Béarnais n’a pas les ressources humaines d’une équipe engagée en BCL ou Eurocup.

« Exactement », reconnait Léo Cavalière. « Ce qui nous différencie parfois des grosses équipes, comme l’ASVEL que l’on a battu une fois, comme Strasbourg que l’on a battu deux fois, c’est cette profondeur de banc que l’on n’a pas. Quand on était deuxième, que l’on était bien, j’ai dit que si les blessures ne nous touchent pas, on peut faire quelque chose de vraiment très, très, bien dans cette saison régulière. On a été touché par les blessures. Moi, Thibault (Daval-Braquet), qui même s’il a un petit rôle fait du bien, Donte Smith qui est un créateur incroyable avec un talent fou. Aujourd’hui Vitalis. On en fait les frais, ce sont des choses très compliquées mais il faut garder la tête haute. On était censé avoir tout le groupe cette semaine. Vitalis s’est blessé. J’espère qu’il reviendra très vite. L’objectif ça reste de jouer les playoffs, peu importe l’adversaire. On donnera tout et j’espère que pour les playoffs on sera à 100%. »

A la relance contre Limoges ?

Malmené, l’Elan n’a pas coulé tout de suite. Il s’est même révolté. Il n’avait plus rien à perdre comme on dit, et profitant d’un relâchement manceau, il a aligné une série de trois paniers à trois-points -dont deux de Léo Cavalière- pour revenir dans le match. Une deuxième salve -ils en ont mis sept dans le troisième quart-temps- a même permis aux Palois de revenir un temps à neuf unités de leurs hôtes (70-61).

« Dans les périodes où les défaites s’enchaînent, parfois il faut savoir se mettre un coup de pied au cul. C’est ce que l’on essaye en ce moment. Parfois, il faut voir le bon côté. Le bon côté c’est le troisième quart-temps que l’on gagne, 17-29. Un quart-temps c’est peut-être anecdotique sur un match mais il faut s’en inspirer. La saison est loin d’être finie. Il nous reste deux matches pour aller chercher les playoffs. Le clasico arrive, c’est un match très important pour nos supporters et pour le club. Il faut s’inspirer de ce quart-temps », a commenté Léo Cavalière.

Même son de cloche du côté de Laurent Vila :

« On a mieux joué en deuxième mi-temps. On a été défensivement présent. Après, on manque encore de rythme pour tenir vingt minutes de plus mais il y a une bonne réaction. Aujourd’hui, on n’était pas encore dans nos standards. Il manquait un élément important de notre jeu. Petit à petit il y a des choses qui reviennent et c’est intéressant pour la suite. C’est bien d’avoir fait du jeu en deuxième mi-temps pour essayer de revenir. On arrive à neuf points à un moment donné, c’est dommage de ne pas avoir assez de jus pour finir mais actuellement c’est comme ça et on sait que demain ça sera autrement (…) Sur le troisième quart-temps, c’était positif car on a beaucoup scoré. La défense est aussi montée. Mais ce n’est pas suffisant pour faire un match. »

Le MSB a remis ensuite de la gomme à l’image de Will Yeguete, qui intercepta un ballon en milieu de terrain avant de filer au dunk. Il refera la même chose un peu plus tard mais cette fois c’est Jonathan Tabu qui d’un trois-points sanctionna les Palois. Will Yeguete a réussi six steals au cours de ce match et l’action décrite plus haut n’a pas échappé à Léo Cavalière.

« Will intercepte sur une montée de balle toute bête. J’ai l’impression que c’était le tournant du match. Félicitation à Will pour sa défense. On sait que c’est un bon défenseur, il est hargneux. Il intercepte, dunke, il enflamme la salle. Après ça, ça a été plus compliqué. Parfois il y a des facteurs comme ça sur un match… »

Les Palois sont apparus au bout du rouleau dans la dernière tranche de dix minutes. Le manque de rotation sûrement. Cinq d’entre-eux ont joué 30 minutes et plus dont 36 pour Donta Smith.

« C’est difficile par rapport à des gars qui reviennent après un mois et demi deux mois et qui ont du mal à jouer plus de 30 minutes. A un moment donné aussi, il ne faut pas prendre de risque car on est sur une fin de saison et il faut que l’on soit capable de gérer les matches qui arrivent qui seront importants pour nous. », a expliqué Laurent Vila.

Avec 10 points et 5 rebonds et à un poste inhabituel pour lui, Léo Cavalière a fait le job.

« Je me suis un peu senti fatigué sur la fin. J’ai repris des sensations, j’ai eu l’impression d’apporter mon énergie, ce que j’avais un peu moins réussi à faire contre Cholet. Je suis satisfait même si c’est toujours compliqué de l’être un soir de défaite. Je retrouve des sensations, c’est positif. »

S’il veut ne pas gâcher une belle saison, et se qualifier pour les playoffs, l’Elan Béarnais doit maintenant gagner au moins un de ses deux derniers matchs. Pour la clôture, il se rendra à Nanterre le 18 mai. Ouïe. Et en attendant voici que ce profile dimanche le clasico au palais. Le peuple béarnais attend une réaction.

« Nous les premiers ! », lance Léo Cavalière « C’est une belle occasion car le palais va sûrement être plein avec une ambiance de folie. Personnellement c’est quelque chose qui me porte. Je ne sais pas si c’est le cas pour tous les joueurs mais au moins ils sentiront un petit plus. Les clasicos sont toujours spéciaux car tout peut s’y passer. Il y a des facteurs en plus à prendre en compte. Même si Limoges est en forme et ça reste une bonne équipe, une équipe taillée pour jouer le titre même s’ils ont eu quelques difficultés, je pense que c’est une bonne occasion pour nous relancer. »

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Un temps le staff béarnais a cru à un miracle médical mais arrivé dans les vestiaires d’Antarès, Vitalis Chikoko a dû se rendre à l’évidence : les séquelles de son entorse à la cheville contractée samedi face à Cholet étaient encore trop prégnantes. Impossible d’effectuer convenablement des déplacements latéraux.

« Il n’était pas prêt à jouer et on n’a pas voulu prendre de risque, » a indiqué plus tard le coach Laurent Vila. « On savait que le match ici serait de toute façon difficile et que ça serait trop frais par rapport à sa blessure d’il y a trois jours. On sait qu’il va revenir pour Limoges. »

Le Zimbabwéen est une formidable force offensive : 15,6 points à 59,3% de réussite et 7,8 rebonds par match. Un outsider dans la course au trophée de MVP de la saison.

« On a joué small ball en essayant d’attirer la défense avec le poste 5 qui soit obligé de sortir et de défendre haut. On a donné la création à Donta Smith, qui a pu trouver des solutions de passes directes ou quelques percussions dans la raquette. Mais du coup le jeu est un peu prévisible et pas assez alterné », a reconnu Laurent Vila.

Constat identique du côté de Léo Cavalière qui a du se repositionner dans la peinture:

« Vitalis, c’est la pierre angulaire de notre jeu intérieur et sans lui c’était plus compliqué. On était prévenu. Jouer 5 ça ne me fait pas peur. Akos (NDLR : Keller, le pivot hongrois) s’impose de plus en plus en cette fin de saison et il a pris aussi les rênes du poste 5. Ce sont des adaptations qu’il faut parfois faire, que l’on sait faire. Ça fait partie du job. »

10-0 aux balles perdues

Akos Keller a sorti le grand jeu hier soir réalisant un double double (17 points, 10 rebonds) mais il s’est distingué en début de matches par quelques passes hasardeuses qui ont fait le miel du MSB.

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Photo : Léo Cavalière (Hervé Bellenger, LNB)

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