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Edito – Basket et Télévision : à nous de jouer !

Le basket français se voit offrir une chance exceptionnelle d’exposition. La réussite de l’entreprise est l’affaire de tous.

Le basket français se voit offrir une chance exceptionnelle d’exposition. La réussite de l’entreprise est l’affaire de tous.

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Historiquement, il y a eu deux poussées de fièvre télévisuelle pour le basket français. La première se situe il y a cinquante ans. L’ORTF diffusa alors des matches du championnat de France le samedi et le dimanche après-midi. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Les foyers français s’étaient équipés de téléviseurs dans les années 60 et ceux en couleurs commençaient à prendre le pas sur les noirs et blancs. La popularité d’Alain Gilles dut énormément à ce puissant éclairage. Un constat identique peut être fait avec les « demoiselles de Clermont » qui parvinrent plusieurs fois en finale de la Coupe de Champions, l’Euroleague d’aujourd’hui, sous les yeux des téléspectateurs. Jean Raynal était alors le journaliste dédié au basket et sa voix reconnaissable entre toutes. Il est impossible de connaître les audimats de cette époque (y en avait-il d’ailleurs ?) mais comme tout le monde avait la TV, que c’était incontestablement le passe-temps favori des Français, et qu’il n’y avait que deux chaînes nationales plus une régionale, on peut être certain que ce sont plusieurs millions de téléspectateurs qui se retrouvaient ainsi en famille à mater du basket.

Ce fut un feu de paille et très vite la balle orange n’eut droit qu’à des fenêtres de tir réduites avec tout de même des morceaux d’anthologie : la finale de la Coupe des Champions 1979 entre le Bosna Sarajevo et Varèse, quelques matches NBA l’été en différé, et bien sûr la victoire en direct de Limoges à Padoue, en finale de la Korac en 1982.

Si le championnat de France ne conserva pas sa place privilégiée, il nous semble qu’il y a au moins trois raisons : 1- malgré l’arrivée massive des Américains, le niveau n’était pas folichon et l’équipe de France complètement à la ramasse ne put servir de locomotive, 2- son fonctionnement était 100 % amateur… dans le mauvais sens du terme. 3- Le niveau télégénique des salles était catastrophique. Si le Palais des sports de Tours ou La Rotonde au Mans offraient un cadre tout à fait acceptable, les boîtes à chaussures d’Antibes, Denain ou Bagnolet donnaient une impression de misère absolue.

Quand le basket était sur Antenne 2

Le deuxième épisode se situe en 1987. Antenne 2 (l’ancêtre de France 2) obtint les droits exclusifs du basket français. En reprenant mes notes de l’époque, je me dis que celle-ci  était vraiment bénie… et que l’on ne s’en rendait pas forcément compte. Antenne 2 signa donc un contrat pour diffuser 15 matches de saison régulière plus les playoffs, plus la totalité des matches à domicile d’Orthez en Coupe des champions. La chaîne devint aussi le partenaire du championnat de France, assurant des clips de promotion. Pour l’anecdote, il se disait alors que le montant du contrat était de 3 millions de francs. « Une révolution », écrivions-nous à l’époque.

Dans un premier temps, l’audience fut au rendez-vous. Un, deux et même jusqu’à trois millions de téléspectateurs par match ! Des chiffres très loin supérieurs à ceux qui étaient enregistrés en Italie où, pourtant, le niveau sportif était d’excellence. La paire Patrick Chêne-Bernard Père (et son fameux « et trois-points si ça rentre ») devint familière aux après-midis du samedi. Elle fut remplacée plus tard par le duo Patrick Montel-André Garcia. Un instantané révéla la première année une augmentation globale de 29 % des entrées payantes sur l’ensemble des clubs de première division. « C’est bon ! Et je ne suis en fait qu’à moitié surpris », nous dira alors Jean-Claude Biojout, président délégué du Limoges CSP et l’une des têtes pensantes du CCHN, le Comité des Clubs de Haut Niveau, ancêtre de la LNB. « car comme le basket est en hausse, comme nous avons créé la CCHN, que nous avons passé un contrat avec Antenne 2, il aurait été inquiétant de constater une stagnation. »

Le plus hallucinant au cours de cette période avec du recul ? TF1 réalisa des coups ponctuels comme la diffusion de Limoges-Pesaro, Barcelone-Milan et… la finale NCAA ; de son côté La 5 assura en octobre 1987 la couverture du 1er McDonald’s Open à Milwaukee.

C’est à cette époque que Robert Busnel lança sa fameuse prophétie : « le basket connaît une popularité extraordinaire que certains sociologues n’hésitent pas à traduire par ce slogan ambitieux : le basket-ball, le sport de l’an 2000. »

Sans commentaire.

Le temps des cages dorées

Et le soufflet retomba très vite. Le paradoxe, c’est que le sacre européen du Limoges CSP en 1993 marqua le début du reflux. Comment expliquer le phénomène ? La concurrence frontale de la NBA, qui ringardisa le championnat de France, des salles toujours trop étriquées, l’absence d’une équipe nationale compétitive, des guerres de clocher entre dirigeants, l’incapacité de développer une ligue comme en Espagne, l’absence d’un club parisien moteur (toujours et encore), etc.

D’Antenne 2, le championnat de France passa sur FR3 puis sur Canal+ et en 1996 sur Canal+ Vert, une chaîne éphémère qui lui servit de voie de garage. « Canal+ Vert, le basket marron », lança à la cantonade notre confrère roannais Paul Brideau, qui résumait d’une phrase la sensation de douche glacée qui venait de nous tomber dessus lors d’une conférence de presse annonciatrice.

Le championnat de France tomba alors dans l’anonymat, changeant de plus fréquemment de crèmerie (Pathé Sport, TPS Star, Sport+, etc). La qualité des retransmissions et des commentaires était élevée mais… il n’y avait plus personne devant le poste ! Ou quelques grappes de fans qui acceptèrent avec abnégation ces zigzags permanents.

Il y eut bien quelques velléités de re-diffuser de la Pro A sur le service public mais ce furent des one shots très peu concluants. La dernière apparition du basket en clair ? (J’évite de parler de la fantomatique chaîne Numéro 23), ce fut sur L’Equipe 21 la première année du contrat avec SFR alors que l’essentiel des matches était réservé à Ma Chaîne Sport. Les audiences furent très décevantes car rien n’était cohérent. Ce n’était pas les meilleures affiches et les horaires étaient parfois chamboulés en dernière minute alors que les gens de la TV ne cessent de répéter que pour fidéliser un public, il faut se tenir à la même case horaire toute une saison.

Photo: Axel Julien (FIBA)

Unique en Europe

Nous sommes donc arrivés en cette rentrée à la troisième vague avec comme slogan lancé par Alain Béral, président de la LNB, « 100 % « live », 100 % gratuite, 100 % commentée. »

Il y a cette saison trois troncs de diffusion tous en clair : des matches premium de Jeep Elite le lundi sur La Chaîne L’Equipe, plus des matches de Ligue Féminine, ainsi que les finales de coupe de France masculine et féminine, avec aussi des rencontres sur lequipe.fr, une rencontre hebdomadaire de Jeep Élite et d’autres de Pro B sur la chaîne Sport en France et tous les matches sur la plate-forme Internet de la LNB qui va ouvrir le 1er octobre.

Lorsque le directeur de La Chaîne L’équipe, Jérome Saporito dit « ce sera le sport collectif le plus visible en clair », on ne peut qu’approuver. On passe de l’obscurité à une sorte d’éblouissement et il faut même un peu de temps pour digérer tout ça, pour trouver ses repères sur notre télécommande. L’Equipe, Sport en France et une chaîne OTT ne captent pas naturellement des téléspectateurs comme Antenne 2 d’il y a trente ans, mais qui imaginait il y a encore quelques semaines pareille abondance ?

La LNB fait le pari de l’audience, à contre-courant du modèle jusqu’ici en vigueur qui privilégiait le montant des contrats. C’est aussi une exception en Europe. En Espagne, la liga ACB a comme diffuseur Movistar+ qui reverse environ 6 millions d’euros à l’ensemble de ses clubs en fonction du mérite sportif. La Bundesliga possède un accord avec Magenta et la Lega italienne avec Eurosport plus des ouvertes en clair sur la RAI mais dans une proportion bien moindre qu’en France.

La réussite de ce pari, elle tient à nous. A tout ceux qui aiment le basket, qui doivent faire nombre devant leur TV, leur téléphone, leur ordinateur, leur Ipad. Cette fois pas d’excuses financières pour ne pas regarder les matches, c’est gratuit.

PS : C’est la première fois depuis 1992 -sauf changement de dernière minute- que David Cozette ne commentera pas de matches de basket, lui qui est passé par plusieurs chaînes qui avaient les droits de la LNB. Je veux en profiter pour le désigner comme le MVP des commentateurs de tous les temps. Bien sûr, c’est un choix personnel mais je suis certain que la grande majorité d’entre-vous ont apprécié sa compétence, son enthousiasme, son endurance sans faille. David Cozette est capable de vous faire aimer un match benjamin du championnat arménien.

Après avoir passé en revue l’ensemble des journalistes TV qui ont officié sur plus de cinq décennies (Etienne Laloue, ça vous dit quelque chose ?), j’en profite aussi pour désigner mon All-Star Five, journalistes et consultants inclus : David Cozette (MVP), Jacques Monclar, George Eddy, Bruno Poulain et Stephen Brun. Une mention aussi à Patrick Chêne, à cheval entre deux époques, qui a réussi par la suite une carrière professionnelle éclectique.

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Historiquement, il y a eu deux poussées de fièvre télévisuelle pour le basket français. La première se situe il y a cinquante ans. L’ORTF diffusa alors des matches du championnat de France le samedi et le dimanche après-midi. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Les foyers français s’étaient équipés de téléviseurs dans les années 60 et ceux en couleurs commençaient à prendre le pas sur les noirs et blancs. La popularité d’Alain Gilles dut énormément à ce puissant éclairage. Un constat identique peut être fait avec les « demoiselles de Clermont » qui parvinrent plusieurs fois en finale de la Coupe de Champions, l’Euroleague d’aujourd’hui, sous les yeux des téléspectateurs. Jean Raynal était alors le journaliste dédié au basket et sa voix reconnaissable entre toutes. Il est impossible de connaître les audimats de cette époque (y en avait-il d’ailleurs ?) mais comme tout le monde avait la TV, que c’était incontestablement le passe-temps favori des Français, et qu’il n’y avait que deux chaînes nationales plus une régionale, on peut être certain que ce sont plusieurs millions de téléspectateurs qui se retrouvaient ainsi en famille à mater du basket.

Ce fut un feu de paille et très vite la balle orange n’eut droit qu’à des fenêtres de tir réduites avec tout de même des morceaux d’anthologie : la finale de la Coupe des Champions 1979 entre le Bosna Sarajevo et Varèse, quelques matches NBA l’été en différé, et bien sûr la victoire en direct de Limoges à Padoue, en finale de la Korac en 1982.

Si le championnat de France ne conserva pas sa place privilégiée, il nous semble qu’il y a au moins trois raisons : 1- malgré l’arrivée massive des Américains, le niveau n’était pas folichon et l’équipe de France complètement à la ramasse ne put servir de locomotive, 2- son fonctionnement était 100 % amateur… dans le mauvais sens du terme. 3- Le niveau télégénique des salles était catastrophique. Si le Palais des sports de Tours ou La Rotonde au Mans offraient un cadre tout à fait acceptable, les boîtes à chaussures d’Antibes, Denain ou Bagnolet donnaient une impression de misère absolue.

Quand le basket était sur Antenne 2

Le deuxième épisode se situe en 1987. Antenne 2 (l’ancêtre de France 2) obtint les droits exclusifs du basket français. En reprenant mes notes de l’époque, je me dis que celle-ci  était vraiment bénie… et que l’on ne s’en rendait pas forcément compte. Antenne 2 signa donc un contrat pour diffuser 15 matches de saison régulière plus les playoffs, plus la totalité des matches à domicile d’Orthez en Coupe des champions. La chaîne devint aussi le partenaire du championnat de France, assurant des clips de promotion. Pour l’anecdote, il se disait alors

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Photo d’ouverture: Cedric Lecocq (FFBB)

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