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[REDIFF] Papa de basketteur – Marc Westermann : « Entre 6 et 10 ans, Léo avait déjà des réflexions d’un niveau assez élevé »

BasketEurope vous propose cet été de lire ou de relire les meilleurs articles PREMIUM de la saison 2017-18. Comme Marc Westermann a suivi son basketteur de père à chacun de ses exploits, le petit Léo a emprunté le même chemin que papa, auteur d’une carrière de joueur bien remplie terminée à la SIG e

BasketEurope vous propose cet été de lire ou de relire les meilleurs articles PREMIUM de la saison 2017-18.

Comme Marc Westermann a suivi son basketteur de père à chacun de ses exploits, le petit Léo a emprunté le même chemin que papa, auteur d’une carrière de joueur bien remplie terminée à la SIG en 1991, avant d’embrasser une autre passion, celle d’entraîneur qu’il occupe encore aujourd’hui au CJS Geispolsheim (deuxième ex-æquo de la poule B de Nationale 1 féminine).

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Comme son père, Léo évolue au poste de meneur-arrière. Mais si Marc Westermann a brillé à l’échelon régional puis national, la relève a brillamment surpassé le parcours du paternel, Léo étant aujourd’hui aux commandes du CSKA Moscou aux côtés de Nando De Colo à seulement 25 ans. Une trajectoire ascendante sur laquelle BasketEurope a naturellement choisi de se pencher avec Marc Westermann dans le cadre de la série d’entretiens consacrés aux «papas de basketteurs . »

Marc Westermann, Pouvez-vous rappeler dans quel contexte est né votre fils Léo ?

J’étais encore joueur à la Sig. Je terminais ma carrière de joueur, et je débutais une autre carrière, celle d’entraîneur à Gries Oberhoffen. J’ai arrêté de jouer pour la Sig en 91 et je préparais la transition pour 92. C’est à ce moment que Léo est né (24 juillet 1992). Je garde de très beaux souvenirs de ces moments. J’ai passé 7 ans à la Sig, on avait réussi quelques beaux accomplissements après avoir notamment stabilisé le club en Pro B avant que celui-ci ne se donne de plus amples ambitions. C’était donc une super expérience en tant que joueur, et ça m’a beaucoup aidé à préparer la suite, à savoir devenir entraîneur.

A quel moment avez-vous commencé à jouer au basket avec lui ?

Très tôt ! Déjà dans la cour de notre habitation, on avait un panier. Léo avait une grande sœur, Emy, de trois ans et demi de plus que lui, qui touchaient déjà au basket, et avec un papa basketteur, tout cela a fait que dans la cour, entre midi et deux et après les cours à 16h, c’était basket tout le temps. Il y avait aussi un voisin, Antoine, qui nous rejoignait souvent. Ce qui fait qu’il avait tout le temps le ballon en main et que dans la cour, ça n’arrêtait pas de jouer. Forcément, je participais un peu.

Venait-il souvent aux entraînements avec vous ?

Tout le temps. Quand j’allais m’entraîner ou disputer un match, il était tout le temps présent. Au-delà des temps morts ou de la pause de la mi-temps où il jouait comme tous les enfants, le reste du temps, il était déjà vraiment attentif au jeu. Il me posait des questions, déjà précise, du genre « Papa, pourquoi tu as fait tel geste ? » et il était très intéressé par le jeu et la lecture de jeu. Il m’étonnait même parfois car entre 6 et 10 ans, il avait déjà des questionnements et des réflexions d’un niveau assez élevé sur le jeu.

Quel impact a pu avoir votre parcours sur sa progression et sa carrière ?

Il y a plusieurs parallèles. Comme lui, j’ai passé énormément de temps sur des terrains extérieurs. A mon époque, il n’y avait pas trop de salles et leurs accès étaient assez restreints. Moi aussi quand j’étais petit, j’ai suivi mon père et lui m’a suivi partout. Enfin, là où on se retrouve aussi, c’est que j’étais meneur-deuxième arrière, et lui également. On a beaucoup échangé et travaillé là-dessus, ce qui lui a servi pour la suite même si sur le terrain il était seul et que c’était à lui de prendre les décisions. Il y a pas mal de ressemblances sur notre parcours, mais aussi dans le style de jeu. Comme moi, il ne lâche pas, c’est un gros travailleur, qui sait faire des sacrifices même si les problématiques sont différentes. A mon époque, je travaillais à côté de mon activité de basketteur. Mais dans le travail qu’il a accompli d’un point de vue global, il y a beaucoup de ressemblance.

A partir de quel âge avez-vous pensé que votre fils pourrait faire une carrière pro ?

Ça s’est fait naturellement, nous n’avons jamais raisonné comme ça. Léo a commencé très tôt. A 5 ans, il était déjà à l’école de basket. Il jouait toujours dans des catégories supérieures, parfois jusqu’à deux-trois ans de différence. C’était déjà un premier indice. Forcément, il devait se forger un caractère, ça lui a fait du bien. Je ne l’ai jamais entraîné en jeune, c’était toujours des personnes issues des clubs par où il est passé petit. On travaillait pas mal à la maison, et aussi pendant les vacances. Mais il n’y a pas vraiment eu de déclic. Il a franchi les étapes naturellement.

Une fois au Pole Espoir, c’est le Sluc Nancy qui a mis le grappin dessus lorsqu’il avait 13 ans, pour le faire venir au centre de formation avec un an d’avance. C’était le plus jeune stagiaire, un minime qui jouait avec les cadets France. A ce moment il a très vite franchi un cap.

Dans quelle mesure l’avez-vous aidé ensuite ?

On ne l’a ni bloqué ni forcé à prendre sa décision même si ce n’était pas facile pour sa maman notamment, de le voir quitter la maison à cet âge. Ce que je faisais en revanche, c’est que je dressais une aide à la décision. Avec les points positifs et négatifs pour chaque situation. On a fonctionné comme ça jusqu’à son passage à l’Asvel. Mais c’est lui a fait ses choix. Il devait être acteur de sa décision pour être motivé. La seule chose que nous avons demandé avec sa mère, c’est qu’il décroche le bac, qu’il a eu à l’Insep. On ne sait jamais à quoi tient la carrière d’un basketteur. C’était notre seule demande. Lorsqu’il est arrivé à Villeurbanne ensuite, avec l’Eurocup et le championnat, c’est devenu plus compliqué pour suivre les études. On aurait aimé qu’il valide quelques aptitudes en langues étrangères, mais ça ne s’est pas fait.

Que faîtes-vous au quotidien ou pendant l’intersaison pour l’accompagner ?

C’est un processus qui ne se termine jamais. Parfois, un regard suffit. En général, on ne se prend pas la tête par rapport au basket, mais voilà comment on fonctionne. Au cours de l’année on discute des choix, stratégiques, tactiques. Mais quand il vient à la maison pendant l’été par exemple, on travaille. On va à la salle, on fait du physique mais aussi un peu de ludique. Il y a un panel de joueurs qui l’accompagnent. Il apprécie beaucoup et est demandeur. Il prend le temps de voir les amis, la famille, mais on trouve toujours 2h-2h30 par jour pour bosser, réviser des choses, échanger. Il en a besoin et ça lui fait du bien. On n’échappe jamais à ce rituel dès qu’il rentre.

Est-ce qu’il y a eu des événements avec une équipe ou un coach qui ont marqué sa jeune carrière ?

Non, en tout cas pas dans les échanges que j’ai pu avoir avec lui. Léo est quelqu’un d’assez discret par rapport à ses relations avec ses coachs ou à leur fonctionnement. Il y avait parfois des choses qui le faisaient ruminer, surtout lorsqu’il ressentait quelque chose d’injuste. Léo n’aime pas les injustices, il est droit dans ses bottes, il aime quand c’est réglo. Il y a peut-être eu quelques événements mais qui ne l’ont pas vraiment impacté pour la suite. Je lui disais qu’il pourrait parfois tomber sur un coach exceptionnel qui allait énormément lui apporter, et d’autres fois où ça allait être plus difficile à vivre. Mais que dans les deux cas, il faudrait faire avec car cette situation pourrait se reproduire au cours d’une carrière. Tu trouveras forcément des coachs avec qui tu attends autre chose, une autre relation qui ne vient jamais, mais il ne faut pas se braquer pour autant, continuer à travailler pour aller de l’avant. Dans ces moments, on se focalisait sur son évolution, ce qu’il devait faire en plus pour continuer à progresser.

Quel genre de papa étiez-vous au bord du terrain ?

Je n’étais pas démonstratif, mais plutôt discret, dans la retenue. Et aujourd’hui je me retrouve à être plutôt craintif quand il joue, avec l’âge et entre ses deux opérations des ligaments croisés du genou, je préférerais qu’il reste en bonne santé. J’ai toujours un petit nœud quand il joue. C’est son métier, on est là pour l’épauler, mais ça fait toujours quelque chose. Pas au sujet de son évolution, plutôt des blessures.

A partir de quand l’aura de votre fils a dépassé la vôtre ?

Premièrement, c’est quelque chose qui ne m’a jamais dérangé, j’ai toujours voulu qu’il atteigne un niveau plus élevé que le mien. Quand on se chambre, il me dit que je lui mettais la pâtée jusqu’à ses 14 ans, mais qu’après il a pris le dessus. J’ai été joueur à une autre époque, où il fallait travailler à côté et je suis toujours entraîneur aujourd’hui. J’ai plutôt eu une aura régionale, on peut dire que Léo m’a largement détrôné et ça ne me gêne pas du tout, bien au contraire. Ce qui m’importait, comme tout parent, c’était qu’il réussisse et qu’il soit une bonne personne. Ceux qui connaissent Léo savent qu’il a gardé les pieds sur terre.

Est-ce que vous pensiez que votre fils pouvait atteindre son niveau actuel ?

Je dirais que Léo est un gros travailleur. Il se fixe énormément d’objectifs qu’il souhaite atteindre. Dans son profil et son parcours de carrière, pour l’instant, il a fait de bons choix. Il a peut-être eu un choix à faire par défaut lorsqu’il est revenu du Partizan après sa blessure en signant à Limoges pour deux ans. Ensuite, tout le monde est d’accord pour dire que son année à Kaunas a été exceptionnelle. Elle a été super importante car ça lui a permis de renouer avec l’Euroligue, avec le très haut-niveau européen avec un coach qui l’a beaucoup fait bosser. Aujourd’hui il est dans ce que je considère comme l’un des quatre plus gros clubs d’Europe. Il n’y a peut-être pas le même engouement qu’à Belgrade mais c’est un environnement très professionnel, ça travaille très dur. Et puis il a toujours cette envie de gagner des titres. Il en a gagné en France, en Serbie, en Lituanie, partout où il est passé. C’est ce qui restera à la fin de sa carrière. Le seul bémol, c’est peut-être l’équipe de France, où il n’arrive pas encore à s’imposer comme il le souhaiterait. Mais ce n’est que partie remise, il lui reste encore du temps pour évoluer en Bleu.

Quelle est la teneur de vos discussions quand il s’agit de prendre des décisions sur des choix de carrière, Est ce qu’il vous consulte ?

Je l’ai accompagné dans toutes ses décisions lorsqu’il s’agissait d’aller au Pole Espoir, au centre de formation de Nancy, à l’Insep et jusqu’à l’Asvel. A l’époque, j’étais le papa, le confident, mais aussi le référent par rapport aux clubs ou aux institutions du basket français. On a vu le choix du Partizan également ensemble, mais ensuite il a volé de ses propres ailes et c’est ce que je voulais. De toute façon, il a toujours assumé et la décision finale lui revenait toujours. Une fois, je n’ai pas été tout à fait d’accord avec son choix, mais il m’a dit : « Papa, je suis responsable, j’y crois, on y va ». Le fait d’être acteur et responsable de la décision le force à assumer. Quand tu te retrouves titulaire à 20 ans, forcément, ça responsabilise. Il faut être costaud pour arriver comme « l’étranger » dans un club serbe, lituanien… Tout ça fait que sa maturité a été précoce. Ce n’est pas toujours facile pour les parents, mais il faut l’intégrer aussi. On a toujours été là pour l’épauler, dans ses choix, dans les bons moments mais aussi les moments plus difficiles, ça fait partie du métier.

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Marc Westermann, Pouvez-vous rappeler dans quel contexte est né votre fils Léo ?

J’étais encore joueur à la Sig. Je terminais ma carrière de joueur, et je débutais une autre carrière, celle d’entraîneur à Gries Oberhoffen. J’ai arrêté de jouer pour la Sig en 91 et je préparais la transition pour 92. C’est à ce moment que Léo est né (24 juillet 1992). Je garde de très beaux souvenirs de ces moments. J’ai passé 7 ans à la Sig, on avait réussi quelques beaux accomplissements après avoir notamment stabilisé le club en Pro B avant que celui-ci ne se donne de plus amples ambitions. C’était donc une super expérience en tant que joueur, et ça m’a beaucoup aidé à préparer la suite, à savoir devenir entraîneur.

A quel moment avez-vous commencé à jouer au basket avec lui ?

Très tôt ! Déjà dans la cour de notre habitation, on avait un panier. Léo avait une grande sœur, Emy, de trois ans et demi de plus que lui, qui touchaient déjà au basket, et avec un papa basketteur, tout cela a fait que dans la cour, entre midi et deux et après les cours à 16h, c’était basket tout le temps. Il y avait aussi un voisin, Antoine, qui nous rejoignait souvent. Ce qui fait qu’il avait tout le temps le ballon en main et que dans la cour, ça n’arrêtait pas de jouer. Forcément, je participais un peu.

Venait-il souvent aux entraînements avec vous ?

Tout le temps. Quand j’allais m’entraîner ou disputer un match, il était tout le temps présent. Au-delà des temps morts ou de la pause de la mi-temps où il jouait comme tous les enfants, le reste du temps, il était déjà vraiment attentif au jeu. Il me posait des questions, déjà précise, du genre « Papa, pourquoi tu as fait tel geste ? » et il était très intéressé par le jeu et la lecture de jeu. Il m’étonnait même parfois car entre 6 et 10 ans, il avait déjà des questionnements et des réflexions d’un niveau assez élevé sur le jeu.

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Photo : FIBA/Euroleague

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