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Olivier Lafargue (coach de Bourges, adjoint en EdF) : « Quand Cristina Ouvina est arrivée à Bourges avec un sac de l’équipe d’Espagne, on lui a expliqué que ça, c’était pas possible ! »

Olivier Lafargue, 42 ans, est à la fois le coach de Bourges et assistant de Valérie Garnier en équipe de France. Lors des compétitions internationales le Landais retrouve en face des joueuses qu’il coache en club, les Canadiennes Katherine Plouffe et Nayo Raincock-Ekunwe et les Espagnoles Laia Palau

Olivier Lafargue, 42 ans, est à la fois le coach de Bourges et assistant de Valérie Garnier en équipe de France. Lors des compétitions internationales le Landais retrouve en face des joueuses qu’il coache en club, les Canadiennes Katherine Plouffe et Nayo Raincock-Ekunwe et les Espagnoles Laia Palau et Cristina Ouvina.

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Est-ce un privilège de pouvoir entraîner ses joueuses de club pendant l’été quand on est assistant coach en équipe nationale ?

Privilège, oui parce que je peux voir ce qu’elles font, de pouvoir être avec elles pour savoir dans quel état de forme elles sont.

Avant de revenir en équipe de France, les joueuses continuent-elles de s’entretenir ?

Ça dépend des étés. Là, on avait deux mois entre la fin de la saison et l’enchaînement avec l’équipe de France. Ce qui est prévu en général dans ces périodes-là, c’est qu’il y ait une coupure dans un premier temps ne serait-ce que pour récupérer surtout mentalement et aussi physiquement et ensuite de se remettre en route pour arriver prêts pour l’équipe de France. L’année prochaine, quand on va finir la saison et que cinq ou semaines après ce sera le championnat d’Europe, les filles n’auront pas le temps de couper.

Certaines ont-elles aujourd’hui des coaches personnels ?

Bien sûr. Je ne sais pas si c’est une majorité, je n’en suis pas certain, il faudrait faire une étude avec toutes les filles. Ce sont souvent des préparateurs physiques, des coaches basket entre guillemets, je ne pense pas tant que ça.

Le stage dans l’Arrière a permis de faire du VTT, du rafting, des activités hors basket. C’était quelque chose qui était cher à Claude Bergeaud quand il était le coach de l’équipe de France masculine. Comment cela a-t-il été perçu par les filles ?

Je pense que c’est la première fois que ça a été fait. J’ai l’impression que les filles ont apprécié. C’est bien de prendre du temps pour construire un groupe, passer du temps ensemble, faire des choses qui sont dures. Tout ce qui a été proposé par Sabine (NDLR : Juras, la préparatrice physique) et par Reper 6 à Saint-Girons, c’était physiquement quelque chose de costaud, ça a permis aux filles d’en baver mais dans un contexte différent de celui du basket. Ces choses-là ont créé encore plus de liants.

Sont-elles d’un tempérament intrépide ? Le rafting, c’est une activité à sensations fortes…

Il n’y avait pas vraiment de rafting, c’était juste des activités dans l’eau. Après, certaines se sont vraiment dépassées car elles avaient des grosses peurs, des phobies. D’autres avaient davantage l’habitude de faire des choses à sensations fortes. D’autres qui n’aiment pas ça et qui n’ont pas trop voulu y aller. Ça dépend des joueuses.

Comment se fait la répartition du travail entre les différents assistants ?

Rachid (NDLR : Méziane, coach de Lattes-Montpellier), c’est beaucoup sur le scouting video. Greg (Halin), c’est beaucoup sur l’aspect défensif. Et moi un peu plus sur l’aspect offensif donc défensif de nos adversaires. Mais ce ne sont pas des choses qui sont vraiment cloisonnées. On essaye de travailler pour le bien de tous et s’il y en a un qui a plus de boulot, on va l’aider et vice-versa. Quand il s’agit de bosser sur de la vidéo, ça ne me dérange pas de filer un coup de main à Rachid comme à Greg qui s’occupe de faire le scouting individuel en vidéo.

Avez-vous eu le temps durant la préparation de suivre les équipes de France de jeune ?

Les moins de 17, 18 et 20 c’était facile car on n’était pas en prépa et les moins de 16 aussi, bien sûr que l’on suit les équipes de France garçons et filles.

Quelle a été votre impression générale sur le parcours des filles ?

On a l’habitude d’avoir beaucoup de médailles en filles alors c’est sûr que là on en aura un peu moins puisque les moins de 16 ne sont pas médaillées. Après le fait que les U17 soient vice-championnes du monde, c’est quelque chose de fort. On connait tous des joueuses qui y étaient. Moi j’avais Océane Monpierre qui était avec les moins de 18 et c’est sûr que je l’ai suivi. On aurait aimé qu’elles gagnent la médaille d’or mais ce n’est pas possible à chaque fois. Il faut repartir au boulot pour l’année prochaine.

Iliana Rupert a été vice-championne du monde en U17 et sera berruyère cette saison, qu’en avez-vous pensé ?

Elle était blessée en demi et en finale. Tout le monde savait avant cette compétition que c’est un potentiel très intéressant. A part évidemment en finale, elle a été le régulateur de l’équipe. Elle a apporté de la dissuasion près du cercle, de la présence en attaque pour avoir de la verticalité, elle a des mains, elle connaît le basket. C’est quelqu’un qui a un très gros potentiel. Ça va être intéressant de continuer à la faire avancer.

Qu’en attendez-vous la première année à Bourges, une vraie rotation ?

Bien sûr, c’est l’idée mais je ne donnerai rien qui ne soit pas mérité. On espère tous qu’Iliana aura un très beau futur maintenant, ce n’est pas en donnant des choses qui ne sont pas méritées qu’elle l’aura. De ce que j’ai pu en voir et discuté avec elle, oui, c’est quelqu’un qui aura déjà un rôle dans l’équipe cette année. Et ce rôle deviendra de plus en plus important au fur et à mesure qu’elle continuera à franchir les étapes.

Iliana Rupert est née en juillet donc elle a tout juste 17 ans. C’est rarissime des joueuses de cette âge-là qui ont un vrai rôle en Euroleague ?

Bien sûr. On sait que c’est quelqu’un qui est en avance sur sa génération. Qu’elle franchise les étapes plus vite que les autres, ça paraît aussi logique. Certainement qu’à un moment elle va tomber sur un mur et il faudra qu’elle ait la capacité à travailler autour de ce mur-là. Et plus vite elle le fera et plus vite ça sera bénéfique pour elle, pour le basket français et pour le club de Bourges. Il y a des choses qui vont paraître facile et d’autres très compliquées, c’est tout le travail qu’il faudra faire pour l’amener là où on espère qu’elle sera.

Alexia Chartereau aussi était très mature quand elle était en junior ?

Bien sûr. Ce n’est pas parce que l’on est jeune que l’on ne peut pas jouer rapidement en Euroleague. La première année, elle était entre 10 et 15 minutes et cette année elle a montré encore de très belles choses. On pousse ces jeunes à continuer à franchir les étapes, à prendre de la confiance, à comprendre le basket du mieux possible pour que derrière ça devienne des joueuses majeurs de l’équipe de France et qu’elles continuent à la faire briller et le club. L’un ne va pas sans l’autre.

L’anecdote, c’est que Alexia Chartereau et Iliana Rupert sont issues toutes les deux du même club, les JS Coulaines, près du Mans ?

Cette connexion entre Alex et Iliana a toujours existé. Elles se connaissent très bien. Si Alex porte le numéro 12, c’est certainement pour ça.

Katherine Plouffe.

« Je pense que le quart-de-finale des Jeux Olympiques a été quelque chose d’assez dur pour les Canadiennes »

La coupe du monde en Espagne est fin septembre et vous avez beaucoup d’internationales dans différentes sélections. Ce n’est pas très bon pour la construction de l’équipe ? C’est votre assistant qui va s’occuper des joueuses disponibles à la rentrée ?

C’est ça. Pour celles qui ne sont pas en équipe nationale, il y aura une reprise mi-septembre, c’est-à-dire pour Elodie Godin, KB Sharp et Iliana Rupert avec Jérôme (Authier) et certaines joueuses du centre de formation. Sachant qu’Iliana a eu une campagne cet été qui ne s’est pas terminée il y a si longtemps que ça et c’est important qu’elle récupère et qu’elle se soigne bien. Elle va reprendre avec un travail qui sera fait en amont pour pouvoir reprendre mi-septembre. Après la coupe du monde, chacun aura quelques jours de vacances et rentrera, on aura très peu de temps pour préparer la nouvelle saison. On a la chance d’avoir un groupe qui est malgré tout stable, donc avec des joueuses qui ont passé un an ensemble. Il faudra que l’on soit capable de retrouver très vite les connexions que l’on pouvait avoir et essayer d’emmener les autres le plus rapidement possible à ce que l’on a envie de faire.

A titre personnel comment avez-vous vécu cette première saison à Bourges dans un environnement complètement différent ? Bourges est tellement au sommet depuis longtemps que le fait ce n’est pas la victoire, qui est normale, c’est la défaite ?

Quand j’étais à Basket Landes, je n’avais pas envie de perdre. La seule différence, c’est que tu pouvais réaliser une bonne saison même si tu n’avais pas gagné de trophée. C’est sûr qu’à Bourges, tu as la possibilité d’avoir un effectif parmi les meilleurs de France et que c’est important de ramener des trophées. C’est ce que l’on a très bien fait l’année dernière en coupe de France et en championnat. On a remporté ce titre de champion de France qui tenait tellement à cœur aux bénévoles et aux gens autour du club. On sait que l’on va encore avoir un long chemin cette saison. On va continuer d’essayer d’être très performant. A nous d’être prêt.

Avez-vous été surpris que Lattes-Montpellier fasse un tel recrutement ? Avez-vous cherché à conserver Diandra Tchatchouang ?

Bien sûr que l’on a cherché à garder Diandra Tchatchouang. C’était quelqu’un de très important dans l’équipe. Il faut accepter ces choix. Montpellier va avoir un effectif super costaud. Il y a aussi Lyon, Charleville, Villeneuve, Basket Landes. L’effectif de Montpellier est évidemment plus clinquant avec les retours d’Helena (Ciak) et d’Endy (Miyem). Le championnat cette année va être très relevé et pas juste avec Montpellier et Bourges.

Est-ce spéciale de jouer le Canada avec l’équipe de France quand on sait qu’il y a beaucoup d’internationales canadiennes dans la Ligue Féminine dont Katherine Plouffe et Nayo Raincock-Ekunwe qui arrive chez vous en provenance de Nantes ? Vous allez les affronter de nouveau cet été à la coupe du monde ?

J’ai eu Miranda Ayim à Basket Landes aussi. On peut se chambrer mais c’est surtout arrivé l’été dernier quand Cristina Ouvina est arrivée à Bourges avec un sac de l’équipe d’Espagne. On lui a expliqué que ça, c’était pas possible. C’est sûr que l’on a tous envie de briller quand on porte le maillot de l’équipe nationale et chacune essaie de tirer son épingle du jeu. Je pense que le quart-de-finale des Jeux Olympiques a été quelque chose d’assez dur pour les Canadiennes (NDLR : victoire de la France, 68-63). Elles auront certainement à cœur cet été de nous rendre la monnaie de la pièce mais je pense que l’on sera prêt à faire une belle prestation pour sortir de ce groupe le mieux classé possible.

Vous aviez la saison dernière Laia Palau dans votre effectif et vous avez toujours Cristina Ouvina. Que pensez-vous de la rivalité avec l’Espagne ?

On peut aussi parler de la Serbie sur les trois dernières années. Ces dernières années, l’Espagne a fait de très grandes choses au niveau international. Aux Jeux Olympiques (NDLR : médaillées d’argent à Rio), elles sont arrivées en finale du dernier championnat du monde, elles ont été deux fois championnes d’Europe sur les trois dernières compétitions. Elles sont deuxièmes au ranking international et nous on est troisième. L’idée, c’est vraiment de les rattraper et de les dépasser. On ne s’est peut-être pas encore affronté assez sur des matches à la vie, à la mort pour que cette rivalité soit comme celle qu’il y a pu avoir chez les garçons. Mais bien sûr qu’elle existe.

Qu’avez-vous appris de Cristina Ouvina et de Laia Palau, qui est le symbole du basket féminin espagnol et qui vous a rejoint à Bourges en deuxième partie de saison dernière ?

Je vais garder tout ça pour Valérie Garnier pour que derrière on puisse battre l’Espagne quand on va les rencontrer (sourire). Nous, on a Céline Dumerc et elles, elles ont Laia Palau. Ce sont deux sommités du basket. Ce sont deux filles qui ont une connaissance du jeu et un leadership incroyables.

Avez-vous des échanges particuliers avec Elodie Godin qui est à la fois votre joueuse et assistante en équipe des Pays-Bas ?

Je crois surtout que ça lui a fait comprendre tout le travail qui doit être fait derrière car parfois les joueuses ne s’en rendent pas vraiment compte (rire). Elo, c’est quelqu’un qui connaît très bien le basket. Ce n’est pas uniquement parce qu’elle est assistante de l’équipe des Pays-Bas que l’on peut échanger sur le basket. C’est surtout parce qu’elle veut comprendre pour transmettre aux filles et être le meilleur leader possible pour l’équipe de Bourges.

On appelle l’équipe de France féminine « Les Braqueuses » depuis 2009 et le titre de champion d’Europe en Lettonie. N’est-il pas temps de changer de surnom ?

Absolument d’accord ! Les Braqueuses, c’était une façon de jouer particulière, la volonté de tenir la balle très longtemps, de défendre dur, d’avoir des scores plutôt petits, ce qui faisait que souvent ça se jouait sur la dernière possession. Il est temps de faire évoluer ça.

Pierre Vincent et Valérie Garnier ont été à la fois coach de Bourges et de l’équipe de France. C’est quelque chose que vous envisagé aussi ?

Ça n’a pas lieu d’être encore. Je suis centré en équipe de France pour aider au mieux Valérie pour que l’équipe de France soit la plus performante possible. Et quand je vais rentrer à Bourges, l’idée ça sera d’être le plus performant possible pour faire gagner l’équipe. Il y a plein de temps pour penser à des choses comme ça. Pour l’instant, ce qui m’importe c’est d’être bon dans les choses qui me sont confiées.

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Est-ce un privilège de pouvoir entraîner ses joueuses de club pendant l’été quand on est assistant coach en équipe nationale ?

Privilège, oui parce que je peux voir ce qu’elles font, de pouvoir être avec elles pour savoir dans quel état de forme elles sont.

Avant de revenir en équipe de France, les joueuses continuent-elles de s’entretenir ?

Ça dépend des étés. Là, on avait deux mois entre la fin de la saison et l’enchaînement avec l’équipe de France. Ce qui est prévu en général dans ces périodes-là, c’est qu’il y ait une coupure dans un premier temps ne serait-ce que pour récupérer surtout mentalement et aussi physiquement et ensuite de se remettre en route pour arriver prêts pour l’équipe de France. L’année prochaine, quand on va finir la saison et que cinq ou semaines après ce sera le championnat d’Europe, les filles n’auront pas le temps de couper.

Certaines ont-elles aujourd’hui des coaches personnels ?

Bien sûr. Je ne sais pas si c’est une majorité, je n’en suis pas certain, il faudrait faire une étude avec toutes les filles. Ce sont souvent des préparateurs physiques, des coaches basket entre guillemets, je ne pense pas tant que ça.

Le stage dans l’Arrière a permis de faire du VTT, du rafting, des activités hors basket. C’était quelque chose qui était cher à Claude Bergeaud quand il était le coach de l’équipe de France masculine. Comment cela a-t-il été perçu par les filles ?

Je pense que c’est la première fois que ça a été fait. J’ai l’impression que les filles ont apprécié. C’est bien de prendre du temps pour construire un groupe, passer du temps ensemble, faire des choses qui sont dures. Tout ce qui a été proposé par Sabine (NDLR : Juras, la préparatrice physique) et par Reper 6 à Saint-Girons, c’était physiquement quelque chose de costaud, ça a permis aux filles d’en baver mais dans un contexte différent de celui du basket. Ces choses-là ont créé encore plus de liants.

Sont-elles d’un tempérament intrépide ? Le rafting, c’est une activité à sensations fortes…

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Photos: FIBA

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