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Landerneau ou le retour de la Bretagne en Ligue Féminine

Le Landerneau Bretagne Basket remet la Bretagne sur la carte de la Ligue Féminine. Les Bretons n’y étaient plus représentés depuis la descente de l’Avenir de Rennes, il y a vingt ans. BasketEurope donne la parole à son président, Erwan Croguennec, et son coach, Stéphane Leite. Ils nous parlent de la

Le Landerneau Bretagne Basket remet la Bretagne sur la carte de la Ligue Féminine. Les Bretons n’y étaient plus représentés depuis la descente de l’Avenir de Rennes, il y a vingt ans. BasketEurope donne la parole à son président, Erwan Croguennec, et son coach, Stéphane Leite. Ils nous parlent de la transition à effectuer quand on vient de Ligue 2 et de l’engouement qui entoure le club dans cette ville de 15 000 habitants du Finistère.

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Cela faisait combien de temps que le club ambitionnait de monter en Ligue Féminine ?

Stéphane Leite : Je crois que ça a toujours été dans la tête des dirigeants. Comme pour la plus part des clubs, c’est d’abord un problème de moyens. A la base, le club c’est Pleyber-Christ qui a voulu être plus ambitieux lorsqu’ils ont fusionné avec le club de Landerneau il y a sept ans. A mon arrivée, il y a quatre ans, le projet c’était clairement de jouer une montée à long terme. On ne s’était jamais dit, c’est cette année ! On arriverait de plus en plus proche puisqu’il y a trois ans, on a accédé pour la première fois dans la vie du club à la demi-finale avec peu de moyens et pas mal de blessées dans la saison. On s’est dit que ça pouvait marcher, il faut simplement que l’on travaille plus dur que les autres, que l’on soit vraiment en phase avec ce que l’on recherche sur le terrain et que le club construise aussi en extra basket. Il y a deux ans, on perd en demi contre La Roche qui est champion de France et la saison dernière, tout s’est bien goupillé, la mayonnaise a pris. L’état d’esprit était vraiment celui que l’on recherche chez nous. On n’a pas eu de pépins physiques majeures à l’exception de Kelly Corre et chacun a réussi à trouver sa place.

C’est aussi pour vous votre première saison en Ligue. Quel a été votre parcours ?

SL : J’ai entraîné les équipes nations à l’AS Montferrand durant toute ma jeunesse. En 2010, je suis parti à Trégueux dans les Cotes d’Armor. On a réussi en trois ans à monter en N3 puis en N2 et on a manqué les playoffs d’accession à la N1 à pas grand-chose. J’ai refait une année là-bas et la suivante, je pensais en avoir fait le tour, Landerneau cherchait un entraîneur. Ils ont hésité entre trois entraîneurs d’expérience et un jeune qui avait envie de travailler. Ils ont donc fait le choix de la jeunesse. Ça fait quatre ans que je suis ici. J’ai 30 ans.

Est-ce une fierté d’être le premier club breton en ligue depuis vingt ans ?

SL : Bien sûr ! Ça l’est pour moi, le club, les dirigeants. La Bretagne est une terre de sportifs et amener un club féminin à haut niveau pour nous, c’est formidable. C’est un club identitaire et c’est une région qui aime les besogneux pour pleins de raisons. Le Finistère a été fermé aux loisirs jusque dans les années 88-89 parce qu’il n’y avait pas d’accession par le train et les gens aiment les joueuses qui aiment le maillot.

Erwan Croguennec : C’est en tous les cas l’aboutissement d’un travail monumental. Lorsque j’ai pris la présidence, il y a trois, quatre ans, on ne mesurait pas que le chemin serait aussi complexe. C’est une œuvre collective qui a été accomplie sur le plan sportif, humain, politique. Quand je suis arrivé, on se battait pour se maintenir en Ligue 2 et plusieurs éléments ont fait que l’on a pu devenir raisonnablement ambitieux avec la salle de la Cimenterie dont on a fait l’inauguration le 11 septembre 2016 et qui est devenu l’accélérateur de particules. Sans cette salle et l’appui des élus, le projet n’aurait pas pu aboutir comme il a abouti. Je ne voudrais pas réduire cette fierté au travail de deux ou trois ans. C’est un club qui est parti du niveau départemental à Pleyber-Christ, qui a franchi tous les échelons. Nos structures ont beaucoup évolué mais c’est l’esprit qui a animé le club dès le début qui a beaucoup fait notre force. On est une équipe de bénévoles de 70-80 personnes. C’est une salle qui joue à guichets fermés depuis le milieu décembre de la saison passée. Les places pour la finale se sont vendues en six minutes. Les résultats sportifs sont les résultats de tout ce que l’on a réussi à fédérer autour de ce projet.

Vous avez mis « Bretagne » dans le nom du club. C’est important pour vous de la représenter ?

EG : C’est pour la confiance apportée par les décideurs départementaux, régionaux, municipaux. C’est se servir de la performance sportive pour essayer de faire rayonner notre territoire. Les ressources publiques se réduisent et vont continuer, je pense, à se réduire, aussi s’il veut réussir au plus haut niveau, le sport doit trouver une certaine légitimité sur le territoire. Le sport de haut niveau doit être une locomotive pour tous les autres sports du territoire. En plus le sport féminin a beaucoup de vertus avec des filles qui ont souvent un double projet.

Quand on est à Landerneau, on est géographiquement au bout du monde, chaque autre club est éloigné ?

SL : C’est fou, c’est un gros budget, il ne faut pas se mentir. Sachant que l’on estime que les gens sont plus performants quand ils se déplacent dans de bonnes conditions alors on fait l’effort de. On se déplace en avion ou en train. C’est vrai aussi dans l’autre sens, les gens qui viennent chez nous ont des kilomètres à faire. Pour nous c’est toute une saison. Le fait qu’il y ait Mondeville, Nantes et La Roche, c’est un peu plus facile vis-à-vis de ce que c’était en Ligue 2.

Comme le Cavigal Nice est redescendu, vous évitez le plus long déplacement ?

SL : Il y a un direct Brest-Nice, aussi ce n’était pas le déplacement le plus problématique. L’aéroport est bien desservi.

« Pour Angers, on avait un car de 85 places et en tout, on a vendu 400 tickets. On aurait pu en vendre 200 ou 300 de plus mais ça n’a pas été possible »

Vous avez des supporters enthousiastes, 1 600 en moyenne, qui se sont déplacés en nombre à Angers pour la finale de Ligue 2 ?

SL : Il existait déjà avant que j’arrive mais il y a un vrai engouement qui s’est développé. Je pense que les résultats ont aussi aidé. C’est surtout dû à l’identité que les filles dégagent. Les gens se retrouvent en elles. Marie Butard ou Pauline Lithard sont des gens qui correspondent exactement à ce que les Bretons attendent, c’est-à-dire qui mouillent le ballon, qui s’investissent, qui existent dans le projet sportif et dans l’extra-sportif. Elles font les différentes choses que la mairie de Landerneau met en place. L’engouement, c’est l’une des raisons de notre montée. Avoir une salle pleine à chaque fois, ça montre que l’on avait du soutien. On doit aussi quelque chose aux gens. Il y a une alchimie qui s’est faite entre les supporters et les joueuses. On doit aussi ce succès au travail des bénévoles. Il y en a tellement dans cette structure ! L’engouement est double, du côté des fans et des dirigeants.

EG : Pour Angers, on avait un car de 85 places et en tout, on a vendu 400 tickets. On aurait pu en vendre 200 ou 300 de plus mais ça n’a pas été possible. Tous ces signaux-là nous montrent qu’aujourd’hui on n’a pas encore exploité tout le potentiel du club qui, je pense, peut encore faire plus et certainement continuera à nous surprendre. Ce déplacement à Angers n’était pas un one shot mais dans une dynamique de saison puisque le match suivant à Landerneau si on avait eu trois ou quatre fois plus de places, on les aurait vendues. La municipalité a mis au pied levé un écran géant à côté. La capacité de la salle va passer à 2 100 et on a énormément de demandes du côté des abonnements. Les gens se sont appropriés le projet.

D’où viennent-ils, spécifiquement de Landerneau ou de tout le Finistère ?

EG : On est sur le département et même la région. On a quelques clubs qui nous demandes des places, de Saint-Brieuc, Trégueux, du cenre Bretagne, du sud Finistère, du Morbihan. C’est une ambiance très familiale et de match de gala, ça plaît. La majorité de nos spectateurs sont bien sûr locaux. On a la chance d’avoir dans le Finistère le BBH, le club de handball de Brest, qui nous inspire beaucoup, qui joue en coupe d’Europe et qui remplit l’aréna à chaque fois qu’elles jouent à domicile. Leurs dirigeants sont vraiment des exemples à suivre. Ils savent transformer une simple rencontre sportive en match de gala. A notre échelle, on essaye de reproduire ce qui marche à côté.

Quelle est l’augmentation budgétaire pour cette montée en Ligue Féminine ?

EG : Le budget va dépasser légèrement le million. C’est un petit budget de Ligue Féminine mais il faut savoir qu’il y a trois, quatre ans, il était autour de 350/400 000€. On ne dépensera pas l’argent que l’on n’a pas. Le très gros travail de la cellule de recrutement, c’est de réussir à trouver les profils de joueuses les plus complémentaires possibles.

Vous avez conservé quatre joueuses, c’est un choix ou c’est guidé par les circonstances ?

SL : C’est un choix. Deux joueuses ne sont pas restées parce que Kelly Corre a souhaité donné un peu d’élan à sa carrière et Aija Brumermane est retournée dans son pays pour se rapprocher de sa famille. Ensuite, on a fait des choix par rapport aux joueuses restantes. Il paraissait important de garder un noyau fort notamment Pauline Lithard, Marie Butard, Elodie Naigre, Victoria Majekodunmi, qui était sixième joueuse mais importante pour nous. Victoria a 21 ans et Elodie 23 ans, ce sont des joueuses en devenir.

Pauline Lithard et Elodie Naigre ont été sélectionnées en équipe de France A’. C’est la première fois que des joueuses du club sont sélectionnées à ce niveau-là ?

SL : En sénior, oui. C’est pour nous le signe que le travail va dans le droit chemin.

Kamilia Stepanova et Maggie Cooper ont déjà connu la Ligue Féminine, c’est une assurance d’adaptation ?

SL : On a fait un état des lieux et on s’est dit que l’on est assez jeune à part Marie (Butard) qui a la trentaine et on n’a pas forcément beaucoup d’expérience de la Ligue féminine. C’est pour ça que l’on a fait le choix de Joyce Cousseins-Smith à la mène et Kamilia pour toutes les raisons que l’on connaît. Elle a fait de grosses saisons avec Basket Landes, à Toulouse c’était correct et à Villeneuve d’Ascq, elle avait fini vice-championne de France. Maggie Lucas, c’est une bonne pioche parce qu’elle était blessée au genou. Sinon, il ne faut pas se mentir, elle ne serait pas venue chez nous. Elle s’est dit, pourquoi pas repartir en Europe dans un club où j’aurai du temps de jeu, de la confiance. Elle n’avait pas de club l’année dernière mais là elle a rejoué en WNBA, à Atlanta et Dallas (NDLR : un total de 8 matches).

Maggie Lucas sera votre scoreuse ?

SL : Je ne peux pas dire que ça sera la go to guy car je ne construis pas l’équipe autour d’une joueuse, ça serait beaucoup trop risqué. Sa qualité de tir et son expérience en font une joueuse majeure, c’est sûr, mais le go to guy ça amène trop de responsabilités sur une personne et ça peut tout déséquilibrer. La volonté que l’on a eu dans la construction de cette équipe, c’est une possibilité de scorer pour tout le monde. Le fait d’avoir Maggie va surtout nous permettre d’écarter un peu et comme ça de s’offrir plus d’opportunités dans la raquette ou pour avoir un peu plus de situations de drive.

Joyce Cousseins-Smith a connu beaucoup de clubs de Ligue, c’est aussi une assurance ? Ce que l’on a remarqué la saison dernière avec La Roche, c’est qu’il a fallu du temps à l’équipe pour qu’elle devienne compétitive ?

SL : Même s’il y avait de très bonnes joueuses, La Roche avait quasiment conservé le même effectif qu’en Ligue 2, juste deux ou trois recrutements. Nous, on a changé un cinq majeur et on va énormément jouer, sept matches de préparation. On a fait le choix de Joyce car c’est une meneuse d’expérience. Par ailleurs, c’est très compliqué de trouver une poste 5 de très bon niveau. On a fait le choix de prendre une fille qui nous avait marqué, Kariata Diaby, qui a failli nous éliminer en demi-finale avec Chartres juste par son énergie et son activité. Je pense que nos sept matches de préparation vont nous laisser le temps de nous mettre dans le rythme.

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Cela faisait combien de temps que le club ambitionnait de monter en Ligue Féminine ?

Stéphane Leite : Je crois que ça a toujours été dans la tête des dirigeants. Comme pour la plus part des clubs, c’est d’abord un problème de moyens. A la base, le club c’est Pleyber-Christ qui a voulu être plus ambitieux lorsqu’ils ont fusionné avec le club de Landerneau il y a sept ans. A mon arrivée, il y a quatre ans, le projet c’était clairement de jouer une montée à long terme. On ne s’était jamais dit, c’est cette année ! On arriverait de plus en plus proche puisqu’il y a trois ans, on a accédé pour la première fois dans la vie du club à la demi-finale avec peu de moyens et pas mal de blessées dans la saison. On s’est dit que ça pouvait marcher, il faut simplement que l’on travaille plus dur que les autres, que l’on soit vraiment en phase avec ce que l’on recherche sur le terrain et que le club construise aussi en extra basket. Il y a deux ans, on perd en demi contre La Roche qui est champion de France et la saison dernière, tout s’est bien goupillé, la mayonnaise a pris. L’état d’esprit était vraiment celui que l’on recherche chez nous. On n’a pas eu de pépins physiques majeures à l’exception de Kelly Corre et chacun a réussi à trouver sa place.

C’est aussi pour vous votre première saison en Ligue. Quel a été votre parcours ?

SL : J’ai entraîné les équipes nations à l’AS Montferrand durant toute ma jeunesse. En 2010, je suis parti à Trégueux dans les Cotes d’Armor. On a réussi en trois ans à monter en N3 puis en N2 et on a manqué les playoffs d’accession à la N1 à pas grand-chose. J’ai refait une année là-bas et la suivante, je pensais en avoir fait le tour, Landerneau cherchait un entraîneur. Ils ont hésité entre trois entraîneurs d’expérience et un jeune qui avait envie de travailler. Ils ont donc fait le choix de la jeunesse. Ça fait quatre ans que je suis ici. J’ai 30 ans.

Est-ce une fierté d’être le premier club breton en ligue depuis vingt ans ?

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Demain : Marie Butard

Photos: Focale Iroise Elorn

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