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Coupe du monde féminine : Sarah Michel, spécialiste du vol à la tire

Un chiffre frappe d’emblée dans les colonnes de statistiques de Sarah Michel en carrière : 2,0 interceptions en moyenne sur les six dernières saisons. Personne n’a fait mieux en ligue féminine. La Berruyère fait de la steal un art majeur. En l’observant sur le terrain, on aperçoit une joueuse tout e

Un chiffre frappe d’emblée dans les colonnes de statistiques de Sarah Michel en carrière : 2,0 interceptions en moyenne sur les six dernières saisons. Personne n’a fait mieux en ligue féminine. La Berruyère fait de la steal un art majeur. En l’observant sur le terrain, on aperçoit une joueuse tout en longueur, un peu filoute, et on peut croire qu’elle dispose de bras tentaculaires qui facilitent les larcins.

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« Mon envergure n’est pas si grande que ça. Elle est égale à ma taille », corrige-t-elle. « C’est plus un sens de l’anticipation et une prise de risques à certains moments. Et peut-être une hyper activité avec les bras. »

Son physique a toujours été un sujet de questionnement car Sarah, 1,80m, n’est pas charpentée comme nombre de ses congénères. A Arras déjà le préparateur physique la faisait bosser individuellement lorsqu’il y avait un creux dans son emploi du temps.

« Je fais de la musculation mais je ne prends pas trop de muscle et de poids. Je pense que je n’ai pas une morphologie à prendre. C’est plus de la musculation pour l’entretien et aussi de la prévention pour ne pas se blesser trop souvent », commente-t-elle aujourd’hui.

Son aspect frêle est trompeur. Armée de son protège dents, Sarah Michel est sur le terrain une fonceuse. Une dure au mal. Quand, on lui demande si elle souffre d’un manque de masse musculaire , elle répond :

« Pas forcément. On va dire que je joue sur d’autres qualités. Je résiste pas mal aux chocs (sourire). C’est sûr que l’on prend des coups mais, non, ça va, ça ne me handicape pas. Je ne suis pas plus blessée que d’autres. Maintenant je me connais et je fais attention notamment sur les périodes de reprise.  Après quand on retombe sur un pied et que l’on se fait une entorse, ce n’est pas trop contrôlable, » dit-elle en évoquant une entorse de la cheville qui la saison dernière a perturbé ses performances.

Ce qui saute tout autant aux yeux de l’observateur, outre son engagement, c’est son feeling, sa lecture du jeu, ce que l’on appelle le QI Basket. Elle est toujours placée là où il faut, quand il faut. Elle fait sur le parquet quantité de petites -ou de grandes- choses qui à l’assemblage la rendent hyper utile, pour ne pas dire nécessaire. Elle est habile de la main gauche comme de la droite.

« C’est un dynamiseur », complimente la coach des Bleues, Valérie Garnier. « C’est quelqu’un qui ne lâche jamais rien. C’est quelqu’un qui peut montrer la voie dans la détermination. C’est très intéressant quand elle rentre en rotation de Marine (Johannès) car elle fait des choses différentes. »

Sarah a su aussi travailler ses points faibles comme le shoot longue distance. De 25% de réussite dans les tirs à trois-points à Nantes, il y a sept ans, elle est montée à 41% avec Bourges la saison dernière. Pas question de lui laisser le champ libre sous peine d’être sévèrement puni.

En équipe de France à 26 ans

Sarah est la fille de Gabriel Michel, un ancien intérieur de 2,02m du Racing Paris, de Charenton et de l’US Métro, qui fut ensuite entraîneur puis dirigeant à Juvisy en Nationale 2 où son fils Vincent était meneur de jeu. Le basket, elle connaît donc depuis qu’elle est toute petite et si elle n’est pas passée par l’INSEP, elle a fait ses débuts en Ligue Féminine sous le maillot de Valenciennes à 15 ans et 9 mois. Depuis, elle a pris le temps de poursuivre ses études, obtenu un Master en STAPS et veut se diriger vers le métier d’institutrice plutôt que de prof d’EPS.

« C’est vrai que j’avais commencé tôt. Je n’avais pas été prise à l’INSEP mais je suis finalement sortie en ligue en même temps que les filles de ma génération. J’ai été effectivement mis plus en lumière avec l’équipe de France quand j’ai été appelée en 2015, mais je pense que j’avais déjà passé un cap à Nantes, il y a quatre, cinq ans, en ayant plus de responsabilités puis un deuxième avec Montpellier. L’Euroleague m’a peut-être permis de prendre une autre dimension physique plus la température du jeu que l’on demande dans les compétitions internationales. »

La Berruyère n’apparaît pas forcément dans le starting five mais davantage dans un positionnement de sixième joueuse. Un rôle qui semble lui convenir si l’on se fie à sa capacité à être à 100% en sortie du banc.

« Ce n’est pas que l’on aime ou pas. Ce sont des choix de coach. Mais c’est sûr qu’il y a certaines joueuses qui sont plus dérangées de sortir du banc alors que moi, ça me dérange moins. Le principal, c’est de finir les matches. Je prends le rôle que l’on me donne à chaque fois dans chaque équipe. »

En tous les cas, elle sait performer dans les moments importants. Pour preuve, sa production sensiblement en hausse en playoffs la saison dernière où elle a joué un rôle majeur dans la conquête du titre des Tango de Bourges : 10,1 points en moyenne contre 6,1 points en saison régulière où, c’est vrai, son entorse à la cheville avait ralenti sa production.

Si avec 68 sélections, Sarah est moins capée que Valériane Ayayi (77) en équipe de France pourtant de cinq ans sa cadette, c’est qu’il lui a fallu attendre mai 2015 et ses 26 ans pour être intronisée chez les Bleues. Depuis, en revanche, elle n’a rien loupé : deux championnats d’Europe, les Jeux de Rio avant donc sa première Coupe du monde en Espagne. Elle est devenue une pièce indispensable au puzzle de Valérie Garnier. Penses-t-elle avoir pour autant sa place garantie dans le groupe ?

« Pas du tout. Chaque campagne est différente. Je n’ai pas envie de dire que je suis une joueuse qui a directement sa place car ce n’est pas le cas. A chaque fois je m’entraîne de la même façon pour mettre les chances de mon côté pour être sélectionnée. »

A Ténérife pour une médaille

Sarah fait partie des joueuses à avoir porté les maillots des deux clubs français devenus rivaux au plus haut niveau sur la décennie, Lattes-Montpellier (2015-17) et Bourges (depuis 2017). A noter à ce sujet, un renversement de tendance significatif : elles sont 5 Héraultaises (Alix Duchet, Romane Bernies, Diandra Tchatchouang, Endy Miyem et Helena Ciak) contre trois Berruyères (Marine Johannès et Alexia Chartereau en plus de Sarah) dans la version 2018 de l’équipe nationale.

« Non, ça ne nous fait pas bizarre, » répond elle à notre interrogation. « On se connaît toutes. La saison 2018-19 n’est pas encore commencée alors on est toujours en majorité, les joueuses de Bourges (rires). Ca ne change rien. On a l’habitude de jouer ensemble. On sait que dans le métier que l’on fait, on est amené à bouger. On sait que l’on va se rencontrer certainement dans les phases finales mais quand on est entre nous, il n’y a pas de rivalité particulière. »

Sûr que Bourges-BLMA ce n’est pas OL-ASSE, PSG-OM, CSP-Elan Béarnais… ou même l’électrique Bourges-Valenciennes d’il y a une quinzaine d’années.

Autre rivalité, celle entre Françaises et Canadiennes. Cinq joueuses de la coach Lisa Thomaidis ont déjà porté un maillot de Ligue féminine, les deux équipes nationales se sont affrontées quinze fois depuis 2010, la France mène 5-1 dans les compétitions officielles, et les meilleures ennemies du monde vont se retrouver face à face demain pour un match qui va valoir très cher.

« C’est dur de jouer contre cette nation-là car elles sont dures physiquement et jouent un beau basket. Comme elles jouent en France pour la plupart, on connait leurs qualités et leurs défauts entre guillemets et on a plus d’images, de façon de pouvoir défendre sur elles. On les joue aussi souvent en préparation et au final on arrive à bien se connaître. Arrivé à la compétition, il faut tout de même trouver un moyen de déjouer l’adversaire. C’est particulier puisqu’on les a jouées quelques jours auparavant. C’est surtout ça qui est plus dur à gérer. Ca nous a surpris que Katherine Plouffe (NDLR : son équipière à Bourges) ne soit pas sélectionnée parce que l’an dernier c’était la capitaine. On ne savait pas si elle avait eu un souci physique. Visiblement c’était un choix d’entraîneur. On n’en sait pas plus. C’est vrai que c’est surprenant car on la connaît dans le championnat français et c’est l’une des meilleures étrangères. »

Si elles veulent voyager loin, les Françaises ont tout intérêt à écarter les Canadiennes pour surtout éviter d’affronter très tôt la formidable armada des Etats-Unis lors des matches couperet.

« Plus loin on les rencontre tard et mieux c’est car effectivement c’est la plus grosse nation. Ca serait bien de les jouer au dernier moment, ça voudrait dire qu’on est allé loin. Ce n’est pas un secret : on est là pour faire un beau résultat, pour avoir une médaille à un championnat du monde. La dernière fois c’était cinquième. Faire mieux c’est quatrième. Mais finir quatrième, il n’y a pas trop d’intérêt pour nous, les joueuses, car on joue pour avoir des médailles. Donc un podium ça serait top. »

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« Mon envergure n’est pas si grande que ça. Elle est égale à ma taille », corrige-t-elle. « C’est plus un sens de l’anticipation et une prise de risques à certains moments. Et peut-être une hyper activité avec les bras. »

Son physique a toujours été un sujet de questionnement car Sarah n’est pas charpentée comme nombre de ses congénères. A Arras déjà le préparateur physique la faisait bosser individuellement lorsqu’il y avait un creux dans son emploi du temps.

« Je fais de la musculation mais je ne prends pas trop de muscle et de poids. Je pense que je n’ai pas une morphologie à prendre. C’est plus de la musculation pour l’entretien et aussi de la prévention pour ne pas se blesser trop souvent », commente-t-elle aujourd’hui.

Son aspect frêle est trompeur. Armée de son protège dents, Sarah Michel est sur le terrain une fonceuse.

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Photos: FIBA

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