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[REDIFF] Cathy Melain (coach Basket Landes): « Dans l’état actuel des choses, on correspond davantage à un club d’Eurocup »

Cathy Melain, 44 ans, n’était pas la saison dernière une rookie comme les autres en Ligue Féminine. Déjà parce qu’elle est la seule femme et d’autre part en raison de son immense palmarès avec deux titres de championnes d’Europe, trois Euroleague et huit titres de championnes de France. Et puis auss

Cathy Melain, 44 ans, n’était pas la saison dernière une rookie comme les autres en Ligue Féminine. Déjà parce qu’elle est la seule femme et d’autre part en raison de son immense palmarès avec deux titres de championnes d’Europe, trois Euroleague et huit titres de championnes de France. Et puis aussi parce qu’elle a comme meneuse à Basket Landes Céline Dumerc, une amie, avec qui elle a gagné plusieurs couronnes.

Voici la deuxième partie de l’entretien.

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Comment se passe la vie dans le Sud-Ouest quand on est Bretonne puis Berruyère et Parisienne ?

C’est totalement différent et il n’y a pas besoin de le vivre pour le savoir (sourire). Ça se passe très bien dans le sens où j’ai été extrêmement bien accueilli. Cet accueil a favorisé mon intégration. Il y a des personnes à l’intérieur du club, autour du club et un public qui font que tu ne peux qu’aimer ce club et ce lieu.

Même s’il s’est déplacé de Saint-Sever à Mont-de-Marsan, est-ce encore un club rural ?

C’est difficile pour moi de faire une comparaison, je ne peux qu’avoir un jugement ponctuel. Je pense que c’est un club qui cherche à se structurer, à se professionnaliser mais qui a une grande sensibilité sur maintenir les valeurs qui ont fait ses qualités depuis des années. Ils cherchent à avoir cet équilibre-là. Ils ne veulent pas rentrer dans un professionnalisme froid comme ils ont conscience qu’il faut construire une base pour que le club soit solide. Si un jour on fait un match à Mont-de-Marsan et que les joueuses ne se sont pas battues, mais que tu as gagné, ils ne sont pas contents. Ils veulent que les gens se battent. C’est ça aussi qui fait l’identité de club.

Les départs de Queralt Casas à Charleville et de Cierra Bravard à Tarbes sont vos choix ou vous n’avez pas pu financièrement les conserver ?

Ce sont deux cas différents. Queralt Casas, c’était son choix. Elle souhaitait franchir une marche dans sa carrière, rejouer l’Euroleague à un âge un peu plus avancé. Quant à Cierra, c’était notre choix.

Frédéric Dussart, le coach de Villeneuve, dit qu’il y a une montée en puissance financière de Lattes-Montpellier, Lyon et aussi Charleville. Ressentez-vous ça aussi à Basket Landes ?

On le ressent, c’est une évidence ! Basket Landes n’a jamais été au top français donc ça fait moins bizarre que Villeneuve (sourire). On n’a pas les mêmes joueuses parce qu’on n’a pas le même budget. C’est malheureusement une évidence. Quand on a de l’argent, on peut proposer de meilleurs contrats et avoir des joueuses qui ont de meilleurs CV. Etc. L’argent c’est le nerf de la guerre. Basket Landes avance au niveau du budget mais comme les autres avancent beaucoup on ne s’en rend pas compte.

Mamignan Touré est l’une des meilleures joueuses de 3×3 au monde. Est-ce profitable pour le 5×5 ?

Oui. Le 3×3 oblige à avoir une agressivité continuelle parce qu’on n’a pas le temps de faire autrement. Ça pousse les gens à prendre des responsabilités, à prendre des risques, tout le temps et sur un rythme qui est très élevé. C’est très intéressant. Et dans son cas ça lui fait du bien car elle en avait la capacité et pas forcément la conscience. Ça la booste car elle se rend compte qu’elle peut faire des choses. Il faut maintenant faire le transfert de cette agressivité dans le 5×5 et il faut que ça se fasse avec intelligence car forcément il n’y a pas le même espace quand on est à cinq que lorsqu’on est à trois.

A-t-elle maintenant dans son esprit le fait qu’elle peut être candidate aux Jeux Olympiques de Tokyo ?

Je pense qu’elle ne le fait pas dans ce sens-là. Elle ne se dit pas, les Jeux en 5×5 c’est compliqué, en 3×3 c’est plus facile. Elle apprécie fondamentalement le 3×3. Après effectivement c’est un bonus. Je ne lui ai pas demandé, mais je suppose qu’elle est heureuse d’avoir une chance de pouvoir y aller, ça parait naturel même si rien n’est fait. Ça laisse des chances à des personnes qui ne sont pas loin mais qui ne peuvent pas intégrer l’équipe de France de 5×5 pour les JO. On est un peu en attente avec le 3×3, savoir comment ça peut s’intégrer, comment faire l’un avec l’autre. Ce n’est pas comme si c’était deux disciplines différentes avec des joueuses de 5×5 et des joueuses de 3×3. Pour l’instant elles sont dans les deux. Y aura-t-il des joueuses pros de 3×3 ou est-ce que ça sera toujours une double discipline ? Je ne maîtrise pas mais j’y pense.

« Ce n’est pas une garantie de succès. Ce n’est pas parce que tu as été joueur à haut niveau que tu seras un bon entraîneur »

L’objectif du club est de jouer à terme l’Euroleague ?

Je pense que les gens en ont envie car c’est l’étape suivante. Maintenant, il faut être à la fois ambitieux et réaliste. Dans l’état actuel des choses on correspond davantage à un club d’Eurocup ne serait-ce que financièrement. C’est horrible, mais tout est lié à ça. Si on demande à une joueuse qui est depuis dix ans en Euroleague de venir ici, elle va dire « je préfère rester en Euroleague » et sur le contrat, on ne peut pas la payer. Il faut jouer sur d’autres cordes de sensibilité mais… il faut de l’argent pour exister. Si c’est pour perdre tous ses matche et être content d’aller visiter des villes européennes… Il faut un roster qui soit large car une saison d’Euroleague c’est 14 matches avant même de commencer les playoffs. Si tu n’es pas prêt, construit pour, ça peut être hyper dangereux.

Contrairement à la Jeep Elite où il y a beaucoup de surprises, en Ligue Féminine, ce sont toujours les plus gros clubs qui sont les premiers ?

Il n’y en a pas beaucoup mais il y en a quand même. Le dernier exemple, c’est Tarbes en finale. Il y a toujours ce petit espoir qu’un petit aille manger des gros. Mais effectivement ce n’est pas régulier. Et quoiqu’il arrive au final c’est le gros qui gagne.

La ligue a fêté ses 20 ans. Le niveau de jeu et d’organisation des clubs ont-t-il évolué durant cette période ?

Le niveau remonte. A une époque, il y avait Bourges et Valenciennes, deux grosses équipes qui se partageaient les titres d’Euroleague, et puis ensuite il y a eu des années un peu plus faibles et on s’en est rendu compte sur les résultats en Euroleague. Et je trouve que là, ça remonte. Cette saison est très révélatrice, on passe un vrai cap. Il y a de gros clubs qui ont de grosses ambitions, que ce soit Lyon, Montpellier, Charleville, qui déjà en France ont envie de titiller Bourges, d’exister en Euroleague. Ils ne veulent pas se contenter de participer. On remonte bien. Je ne sais pas jusqu’où ça peut aller car notre économie est encore un peu faiblarde pour aller au bout.

Il n’y a plus beaucoup de joueuses qui font carrière douze ans dans le même club comme vous à Bourges. Finalement, les filles copient les garçons ?

Douze ans, c’est beaucoup ! Il y en a encore qui sont fidèles à leurs clubs même si ce n’est pas autant. Les joueuses ne bougent pas tous les ans. Il y a plein de cas où elles sont quatre, cinq ans dans le même club. Il y a encore une forme d’attachement. Même si comme partout, il y a des gens qui changent régulièrement. Ça a toujours été présent.

Les filles ne courent pas le cachet systématiquement ?

Non. Ou elles prennent le temps. Ce n’est pas la recherche du cachet à tout prix même s’il y a plus d’opportunités d’aller voir ailleurs. Quand des clubs en France grandissent, il y a des projets intéressants. Il y a aussi la possibilité d’aller à l’étranger, c’est plus facile aujourd’hui qu’il y a des années. Tout est lié : l’équipe de France est performante, ça veut dire que les joueuses sont de valeur et donc les clubs viennent chercher les Françaises.

Vos joueuses connaissent-elles votre palmarès ? Trois Euroleague gagnées en France, deux titres de championnes d’Europe, ça les fait rêver ?

Une partie le sait, certaines ont une vague idée et certaines pas du tout (rires). Je n’ai pas l’impression qu’elles focalisent sur ça et moi non plus.

Ça ne sert pas pour asseoir son autorité ?

Ca facilite un peu la première rencontre. Tu es inconnue en tant que coach mais comme personne. Mais ça ne suffit pas que les gens connaissent ton nom soit très bien soit vaguement que derrière ça va bien se passer. Tu ne joues plus, t’entraîne, tu veux guider des gens et il faut que tu sois capable de prouver des choses qui font que l’équipe avance. Je reviens à ce que je disais auparavant : je ne voulais pas du tout entraîner une équipe pro après mon arrêt. Entraîner, ça ne se fait pas comme ça !

Avec votre palmarès et le fait d’être une femme, ça provoque encore plus d’attente pour une rookie ?

Effectivement, tu es rookie sans l’être. Un peu comme Jimmy Verove l’année dernière à Nice. Mais ça ne suffit pas. Ce n’est pas une garantie de succès. Ce n’est pas parce que tu as été joueur à haut niveau que tu seras un bon entraîneur. Si tu t’arrêtes à ça, tu vas droit dans le mur. Il faut travailler comme n’importe qui.

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Comment se passe la vie dans le Sud-Ouest quand on est Bretonne puis Berruyère et Parisienne ?

C’est totalement différent et il n’y a pas besoin de le vivre pour le savoir (sourire). Ça se passe très bien dans le sens où j’ai été extrêmement bien accueilli. Cet accueil a favorisé mon intégration. Il y a des personnes à l’intérieur du club, autour du club et un public qui font que tu ne peux qu’aimer ce club et ce lieu.

Même s’il s’est déplacé de Saint-Sever à Mont-de-Marsan, est-ce encore un club rural ?

C’est difficile pour moi de faire une comparaison, je ne peux qu’avoir un jugement ponctuel. Je pense que c’est un club qui cherche à se structurer, à se professionnaliser mais qui a une grande sensibilité sur maintenir les valeurs qui ont fait ses qualités depuis des années. Ils cherchent à avoir cet équilibre-là. Ils ne veulent pas rentrer dans un professionnalisme froid comme ils ont conscience qu’il faut construire une base pour que le club soit solide. Si un jour on fait un match à Mont-de-Marsan et que les joueuses ne se sont pas battues, mais que tu as gagné, ils ne sont pas contents. Ils veulent que les gens se battent. C’est ça aussi qui fait l’identité de club.

Les départs de Queralt Casas à Charleville et de Cierra Bravard à Tarbes sont vos choix ou vous n’avez pas pu financièrement les conserver ?

Ce sont deux cas différents. Queralt Casas, c’était son choix. Elle souhaitait franchir une marche dans sa carrière, rejouer l’Euroleague à un âge un peu plus avancé. Quant à Cierra, c’était notre choix.

Frédéric Dussart, le coach de Villeneuve, dit qu’il y a une montée en puissance financière de Lattes-Montpellier, Lyon et aussi Charleville. Ressentez-vous ça aussi à Basket Landes ?

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Photos: Marie-Michelle Milapie et Miranda Ayim (FIBA)

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