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[REDIFF] David Cozette (consultant RMC Sport): « J’ai commenté plus de 2 000 matches de basket »

De par son parcours et sa compétence, David Cozette est devenu la voix du basket français. Il a popularisé des expressions comme « saucisse » ou « chaud-brûlant » et, toujours bien documenté et avec un allant jamais pris en défaut, il peut s’enflammer dans les grandes occasions et aussi -ce qui est

De par son parcours et sa compétence, David Cozette est devenu la voix du basket français. Il a popularisé des expressions comme « saucisse » ou « chaud-brûlant » et, toujours bien documenté et avec un allant jamais pris en défaut, il peut s’enflammer dans les grandes occasions et aussi -ce qui est encore plus remarquable- rendre captivant des matches qui intrinsèquement ne le méritent pas. L’entretien longue durée est en deux parties.

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Sur combien de chaînes avez-vous commenté du basket ?

Pour faire de manière sommaire, et sachant que certaines chaînes changent de nom, depuis 1992 ça fait : Eurosport, Pathé Sport, le groupe Canal+ donc Canal ponctuellement avec des matches de championnat d’Europe, Sport+ et Canal+ Sport, L’Equipe et SFR devenu RMC. Quand je suis arrivé à Pathé à l’été 99, ça s’appelait encore AB Sport les derniers mois.

Comment vous êtes-vous retrouvé de Canal+ à L’Equipe puis à Ma Chaîne Sport/SFR/RMC ? C’est vous qui avez suivi le basket ou le basket qui vous a suivi ?

Quand je suis arrivé d’Europort à Pathé qui avait récupéré les droits, c’est eux qui m’ont appelé pour que je continue à commenter le basket chez eux. Ensuite Pathé a été croqué par le groupe Canal+ et c’est comme ça que je me suis retrouvé à continuer à faire du basket sur Canal. Ensuite c’est de moi-même que je suis parti du groupe Canal. C’est moi qui voulait aller à L’Equipe et eux qui voulaient m’accueillir. Ce sont Fabrice Jouhaud (NDLR : Directeur de la Rédaction) et Cyrille Linette (Directeur Général) qui m’ont dit qu’ils étaient intéressés. L’Equipe venait de récupérer les douze matches en clair du championnat de France en plus du championnat espagnol. Ils avaient besoin de quelqu’un et ils ont pensé à moi et moi je cherchais du taf. On s’est trouvé facilement. Je suis parti de L’Equipe parce que le groupe SFR récupérait Ma Chaîne Sport, augmentait le nombre de matchs diffusés et ils m’ont sollicité.

Avez-vous commenté d’autres sports que le basket durant toutes ces années ?

J’ai très longtemps fait du hockey-sur-glace que j’aimais beaucoup, de 1992 à 1999. J’étais arrivé à Eursport pour le commenter aux Jeux Olympiques d’Albertville. J’ai eu droit à des championnats du monde chaque année et j’ai eu la chance d’en faire une petite dizaine et les Jeux Olympiques de Lillehammer et Nagano sur place. Je connaissais le hockey car j’ai passé toute mon enfance à Rouen où il y avait une grande équipe de hockey-sur-glace et je la suivais pour les médias pour lesquels je bossais, principalement Radio France Normandie.

Pour bien connaître des sports comme le basket et le hockey, il vaut mieux être né dans une ville où il existe une équipe de première division ?

Oui car c’est comme ça que tu te construis ta culture et que tu te découvres ta passion. Pour beaucoup il y a un lien de ce genre-là. Je n’ai jamais joué au hockey mais j’ai trouvé ça formidable à l’adolescence et j’ai suivi l’équipe de Rouen et le basket c’est parce que j’y jouais gamin. Ensuite, quand tu es jeune journaliste, tu dépannes à droite, à gauche, et j’ai fait un nombre de sports incalculable mais très ponctuellement. J’ai commenté tout le volley-ball aux Jeux Olympiques d’Athènes pour le groupe Canal car Bruno Poulain, qui était le numéro 1, commentait le basket avec George Eddy. J’ai aussi commenté pas mal de handball à L’Equipe et même du hockey-sur-glace. J’avais aussi fait le championnat d’Europe de hand en 98 en Autriche pour le groupe Canal. Basket, hand, volley, c’est de la même famille mais à l’époque d’Eurosport on était tous jeunes et on faisait plein de choses et c’était hyper formateur. J’ai fait de l’équitation, du hockey-sur-gazon aux Jeux Olympiques d’Atlanta, du patinage artistique à Bercy, une fois en cabine pour dépanner une course de karting parce que le mec ne s’est jamais présenté. J’ai fait des interviews en bord de court au tennis, à Bercy ou Monaco, quand Canal avait les droits.

Votre passage à L’Equipe vous a aussi permis d’écrire ?

J’en garde encore maintenant un souvenir ému et fier quelque part car depuis que je suis arrivé en école de journalisme, je crois qu’il n’y a pas eu une seule journée où je n’ai pas lu L’Equipe. Même quand je partais deux semaines en vacances à l’époque où je ne pouvais pas l’avoir sur tablette, je lisais tout à la suite en rentrant. Je me suis donc retrouvé à écrire alors que ça paraissait improbable parce que ce n’était pas mon média et que j’étais loin de ça quand j’étais à Canal. Quand on me l’a proposé la première fois, j’étais comme un gamin. C’était pour une « chandelle », une sorte de billet d’humeur sur le basket. J’ai dû peser chaque mot pendant plus d’une journée alors que les mecs doivent mettre quarante-cinq minutes à l’écrire. Je voulais que ça soit parfait.

Cela fait combien d’années que vous commentez du basket. Et combien de matches par an ?

Sinon l’année de L’Equipe, j’ai dû en commenter au minium 60-70. Ça va très vite puisqu’à un championnat d’Europe, tu en fais une quinzaine plus toute la saison. Et les grosses années, comme l’année dernière, j’en ait fait pas loin de 150 avec championnat et coupes d’Europe. J’ai commencé à faire le championnat de France en 1994 et au départ j’étais le backup de Bruno (Poulain) et George (Eddy). Il faut compter une grosse vingtaine d’années et une moyenne d’un peu plus de 100 par an. Donc ça fait plus de 2 000 matches.

Vous êtes un peu comme dans une représentation de théâtre. Est-ce une sorte de routine ou avez-vous toujours le trac ou le stress ?

Du stress, j’en ai jamais eu. Du trac, oui, mais honnêtement avant un match j’en n’ai plus du tout. Ce qui n’est peut-être pas une bonne chose ! Ça s’enchaîne tellement et c’est au bout d’un moment le même cadre. Avant une émission en plateau, un peu. La dernière fois que j’ai eu le trac ça devait être pour des gros rendez-vous, sur Canal quand je commentais l’équipe de France et qu’on savait que l’on touchait un autre public. J’avais moins l’impression d’être entre amis et il fallait que je fasse attention à ce que je disais pour rendre mon propos compréhensible à tout le monde.

Vos commentaires sont intimistes, complices avec le téléspectateur alors qu’à France Télévisions, ils disaient s’adresser à un grand public et qu’ils ne pouvaient pas se permettre ça ?

Quand on change d’audience, ça peut changer la façon de commenter, tout à fait.

« L’année dernière, on a fait 294 matches et on aurait pu en faire 300 si des séries en quarts de la Jeep Elite et la finale de Ligue féminine avaient été plus loin »

Cette année, RMC Sport diffuse un nombre considérable de matches avec de nouveaux canaux qui sont apparus pour l’Euroleague ?

Ceux-là ne sont pas commentés mais il y a au minimum un match le jeudi et un autre le vendredi et parfois deux par jour. Et les autres sont effectivement sur des canaux live avec juste le signal mais pas de commentaires. L’année dernière, on a fait 294 matches et on aurait pu en faire 300 si des séries en quarts de la Jeep Elite et la finale de Ligue féminine avaient été plus loin. Et surtout ce n’est pas sur 365 jours car il ne faut pas compter juillet-août. C’est donc une moyenne d’un match par jour et je crois que le max que l’on ait fait c’est trois, plusieurs fois. Par exemple, on a fait des samedis en playoffs avec deux matches féminins et un match de garçons. On a fait des semaines avec une quinzaine de matches produits, ce qui est énorme. Ça coûte quand même cher.

C’est un record de tous les temps ?

Je n’ai pas souvenir de ça et j’ai été fidèle au suivi du basket à la télé. Il y a une époque avec Sport+ quand on avait encore l’Euroleague en plus du championnat où on en faisait pas mal mais jamais autant. Déjà parce qu’il y a chaque semaine trois matches de championnat de France alors qu’avant ça ne se faisait jamais, c’était deux maximum. Ça change tout. Ça fait un tiers de matière en plus à produire. Et surtout parce qu’on a l’Euroleague et en plus l’Eurocup avec trois clubs français. A l’époque de Canal, on a eu championnat + Euroleague mais jamais championnat + deux coupes d’Europe où l’on diffuse à chaque fois les trois clubs français. Non, jamais, et en plus la différence est très importante.

Avez-vous des retours de téléspectateurs sur votre programmation ? Les gens ont-ils conscience de cette profusion ?

Tu vois passer parfois des commentaires sur les réseaux sociaux. Des gens qui disent « encore un match, je ne sais plus où donner de la tête ! » J’imagine qu’à part quelques psychopathes, tu es obligé de faire des choix sinon tu n’as plus de vie sociale. Ou alors tu as du temps en journée pour les enregistrer et les regarder le lendemain. Les gens sont bien sûr contents d’avoir un choix.

Avez-vous des retours qualitatifs sur l’émission Buzzer, sur ce que vous faites, ce que vous dites, sur vos scoops ?

L’année dernière, on avait plutôt des bons retours. On essaye à chaque fois de choisir des angles particuliers plus que de montrer des résumés de match car au basket on ne peut pas montrer les deux buts d’un match de foot. On préfère mettre en valeur des gens, raconter des histoires humaines sur des joueurs. On a mis des images d’Euroleague. Nicolas Baillou a tourné l’année dernière aux quatre coins de l’Europe et j’étais très content de montrer chaque semaine soit un sujet sur un joueur français en Euroleague ou de montrer de grandes histoires comme la rivalité entre le Pana et l’Olympiakos. On était même sur place pour commenter ce match. On a montré la rivalité du clasico, Pau-Limoges. Je pense que les gens ont apprécié.

Qui se charge d’assurer la programmation ? Ça doit être un casse-tête sachant que les principaux clubs français sont dans deux coupes d’Europe différentes ?

Sans trahir de secrets industriels, oui, la programmation, c’est compliqué. Avec la ligue et les clubs, on essaye de trouver les meilleures solutions pour ne pas trop léser les clubs mais aussi pour nous pour avoir une programmation qui soit intéressante pour le grand public. Le grand public veut des noms de clubs prestigieux, des marques comme ça serait pour le Real Madrid et Barcelone, des clubs qui marchent bien sur le moment, les derbies, tout ça. Quand on voit que 40% des clubs jouent en coupes d’Europe, mardi et mercredi, c’est vrai que c’est compliqué pour leur laisser suffisamment de repos entre deux matches. Ce n’est pas toujours simple pour le match du lundi.

Qui a le final cut ?

Dans l’absolu, c’est la ligue. Si tout d’un coup on était devenu fou et que l’on décidait de mettre un Monaco-Strasbourg un lundi soir et que tous les deux jouent le mardi en coupes d’Europe, ça nous serait refusé. Il y a des règles, il faut 48h entre deux matches, etc. Parfois il faut argumenter pour avoir le meilleur compromis, des affiches qui soient sexys pour le téléspectateur et le fait que l’on ne peut pas faire jouer une équipe à 24h d’intervalle.

« Tout est beaucoup plus facile avec Internet même quand tu ne vas pas sur place. Avec le recul, je n’arrive même pas à me souvenir, à concevoir comment on arrivait tous à préparer nos matches »

Combien de journalistes et de consultants êtes-vous à vous partager le travail ?

Sans prendre en compte ceux qui nous dépannent ponctuellement, il y a trois consultants : Stephen Brun, Fred Weis et Raphaël Desroses. En journalistes staffés qui sont commentateurs, il y a moi, Alex Biggerstaff et Nicolas Baillou. Il y a des journalistes de desk qui font les sujets, etc, des chefs d’édition qui préparent les émissions. Il y a des journalistes qui nous dépannent ponctuellement comme Fred Mazéas quand Nicolas Baillou est parti tourner un bout de temps à l’étranger et que Alex Biggerstaff et moi ont enchaînent. Romain Grimaud peut le faire aussi en cabine sur des matches d’Euroleague ou d’Eurocup.

Vis-à-vis des années quatre-vingt-dix, existe-t-il une grande évolution en matière de production, de travail journalistique ?

Le grand changement c’est pour préparer des matches. Tout est beaucoup plus facile avec Internet même quand tu ne vas pas sur place. Avec le recul, je n’arrive même pas à me souvenir, à concevoir comment on arrivait tous à préparer nos matches. A l’époque d’Eurosport, on faisait des matches en cabine et on ne tapait pas 3615 Euroleague sur son Minitel. Internet a été un énorme changement. Le traitement du sport à la télé en production a vraiment changé ces dernières années. Il y a eu l’âge d’or du sport à la télé et depuis, du fait que les droits coûtent très chers, tous les diffuseurs font très attention aux moyens de production. Sans doute que pour un match de foot de l’équipe de France, tu auras tous les moyens ultimes mais en fonction de ce que ça génère en audience, chacun va faire attention aux moyens de prod qu’il met. En plus, avec la nouvelle technologie, il y a beaucoup de nouveaux moyens de produire de façon différente. Quand tu produits un match, que ça te coûte une fortune et qu’il faut en faire plus de 100 dans la saison, tu es obligé de faire attention. Ça ne s’applique pas qu’au basket mais à tous les autres sports et à toutes les chaînes.

Pour la production, il y a moins de personnel qu’il y a vingt ans ?

Oui car on arrive à produire différemment. Je vais schématiser, c’est un peu comme quand j’avais vingt ans et que je partais en reportage pour France 3 Haute-Normandie. Il y avait le caméraman, le preneur de son, l’éclairagiste, moi, et parfois même celui qui conduisait la voiture ! Là, Nicolas Baillou est parti en Turquie, il a fait une interview de (Zeljko) Obradovic et fait plein de sujets toute la semaine à Istanbul, il est tout seul. Sans rentrer dans les détails, dans la façon aussi de capter le match et de le retransmettre, il y a une évolution.

A suivre.

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Sur combien de chaînes avez-vous commenté du basket ?

Pour faire de manière sommaire, et sachant que certaines chaînes changent de nom, depuis 1992 ça fait : Eurosport, Pathé Sport, le groupe Canal+ donc Canal ponctuellement avec des matches de championnat d’Europe, Sport+ et Canal+ Sport, L’Equipe et SFR devenu RMC. Quand je suis arrivé à Pathé à l’été 99, ça s’appelait encore AB Sport les derniers mois.

Comment vous êtes-vous retrouvé de Canal+ à L’Equipe puis à SFR/Ma Chaîne Sport/RMC ? C’est vous qui avez suivi le basket ou le basket qui vous a suivi ?

Quand je suis arrivé d’Europort à Pathé qui avait récupéré les droits, c’est eux qui m’ont appelé pour que je continue à commenter le basket chez eux. Ensuite Pathé a été croqué par le groupe Canal+ et c’est comme ça que je me suis retrouvé à continuer à faire du basket sur Canal. Ensuite c’est de moi-même que je suis parti du groupe Canal. C’est moi qui voulait aller à L’Equipe et eux qui voulaient m’accueillir. Ce sont Fabrice Jouhaud (NDLR : Directeur de la Rédaction) et Cyrille Linette (Directeur Général) qui m’ont dit qu’ils étaient intéressés. L’Equipe venait de récupérer les douze matches en clair du championnat de France en plus du championnat espagnol. Ils avaient besoin de quelqu’un et ils ont pensé à moi et moi je cherchais du taf. On s’est trouvé facilement. Je suis parti de L’Equipe parce que le groupe SFR récupérait Ma Chaîne Sport, augmentait le nombre de matchs diffusés et ils m’ont sollicité.

Avez-vous commenté d’autres sports que le basket durant toutes ces années ?

J’ai très longtemps fait du hockey-sur-glace que j’aimais beaucoup, de 1992 à 1999. J’étais arrivé à Eursport pour le commenter aux Jeux Olympiques d’Albertville. J’ai eu droit à des championnats du monde chaque année et j’ai eu la chance d’en faire une petite dizaine et les Jeux Olympiques de Lillehammer et Nagano sur place. Je connaissais le hockey car j’ai passé toute mon enfance à Rouen où il y avait une grande équipe de hockey-sur-glace et je la suivais pour les médias pour lesquels je bossais, principalement Radio France Normandie.

Pour bien connaître des sports comme le basket et le hockey, il vaut mieux être né dans une ville où il existe une équipe de première division ?

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Photos: David Cozette avec Edwin jackson (RMC) et Limoges-Berlin (Eurocupbasketball)

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