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Angelo Tsagarakis, l’amour du 3×3 et de son Equipe de France

Il y a quelques jours, Angelo Tsagarakis (1,90m, 34 ans) a annoncé mettre un terme à sa carrière internationale. Depuis 2012, l’arrière franco-grec, redouté pour son shoot extérieur, portait fièrement le maillot de l’Equipe de France de 3×3. Après six ans de bons et loyaux services, il est temps de

Il y a quelques jours, Angelo Tsagarakis (1,90m, 34 ans) a annoncé mettre un terme à sa carrière internationale. Depuis 2012, l’arrière franco-grec, redouté pour son shoot extérieur, portait fièrement le maillot de l’Equipe de France de 3×3. Après six ans de bons et loyaux services, il est temps de tirer le bilan de cette expérience et de ce qui l’attend par la suite alors qu’il est toujours « au top de sa forme » dans sa carrière pro en 5×5.

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Une histoire d’amour inattendue

« Quand j’ai découvert la discipline, je suis tout de suite tombé sous le charme« . Professionnel depuis 2008, c’est quatre ans plus tard, en 2012, que « Le Tsar » a fait connaissance avec cette nouvelle discipline grâce à Jamil Rouissi, connu pour son rôle de speaker du All Star Game LNB ou des salles de Nanterre et Levallois, et Richard Billant, son ancien entraîneur en sélection nationale. « C’est en 2012 que tout a vraiment commencé. Jamil Rouissi m’a appelé parce qu’il travaillait en étroite collaboration avec Richard Billant pour trouver les profils intéressants sur ce dossier-là. Ils ont vite pensé à moi. J’avais déjà collaboré avec Richard Billant en 2003 sur la campagne de l’Equipe de France U20. On avait très bien accroché à cette époque ».

En 2012, le basket 3×3 est loin d’être aussi démocratisé et populaire qu’il l’est actuellement puisque c’est en 2011 que la FIBA a décidé de s’y lancer en mettant en place tout un système de compétitions internationales à travers, dans un premier temps, les équipes jeunes. « A l’époque, le 3×3 en France n’existait pas au niveau fédéral. Il n’y avait pas d’équipe nationale, il n’y avait pas de structures. La FIBA a commencé à motiver les fédérations et à leur demander de se plonger vraiment dans cette discipline-là. J’avais vu que la FIBA communiquait sur les championnats du monde U18. Ils avaient commencé par les sections jeunes donc cette histoire de 3×3 m’intriguait un petit peu, mais je n’avais pas plus de connaissances que ça sur les règles, sur le développement de ce sport ou sur les compétitions disponibles ou pas. Ça m’était totalement inconnu donc à aucun moment c’était dans un coin de ma tête. La FIBA avait communiqué qu’elle avait clairement l’intention de faire en sorte que cette discipline alternative devienne un sport olympique. Quand il a été question pour moi de porter le maillot de l’Equipe de France que j’avais déjà porté en jeunes, il n’y a même pas eu besoin de discuter (sourire). C’était une évidence. C’était un grand honneur pour moi d’avoir la possibilité de porter de nouveau le maillot de l’Equipe de France. Ce fût une belle rencontre inattendue qui a donné lieu à une belle histoire d’amour ».

« Je suis en train de monter des projets parallèlement au basket qui sont très ambitieux, qui demandent beaucoup de temps et beaucoup d’énergie. Par exemple j’ai mon camp de basket en Californie pour les jeunes francophones qui aura lieu en juillet. A ce moment-là, le calendrier 3×3 n’est jamais totalement établi et définitif, mais généralement à cette période-là il y a soit le championnat d’Europe, à la toute fin juin il y a toujours le qualifyer de Poitiers pour le championnat d’Europe, le championnat du Monde. »

Un jeu fait pour lui

Sniper attitré de toutes les équipes par lesquelles il est passé depuis dix ans avec des pourcentages navigants aux alentours de 38% derrière la ligne à trois points – une pointe à 44% en 2012/13 avec Châlons-Reims -, le double champion de France Pro B (2009, 2014) aime évidemment le tir et les espaces créés par le jeu. L’environnement 3×3 lui offre tout ce qu’il apprécie, lui permettant de mettre encore un peu plus en valeur son bras derrière l’arc et de faire jouer sa créativité. « Le 3×3 permet de vraiment laisser la place à sa créativité et ça te permet en tant que joueur de pouvoir utiliser toute la panoplie de fondamentaux qui fait partie de notre sport. C’est-à-dire que déjà le shoot est vraiment mis en valeur parce qu’il prend une dimension supplémentaire car en 5×5 tu as le ratio deux points-trois points alors qu’au 3×3, le shoot derrière l’arc vaut double c’est-à-dire deux points contre un point pour un panier à la l’intérieur. La valeur du shoot à longue distance est encore plus prononcée. A partir de ce principe-là, cette possibilité d’avoir plus d’espace, de jouer les un contre un, cette créativité, cette utilisation de la panoplie complète du basketteur qui est vraiment attrayante à mes yeux et on repart dans une perspective de playground où c’est le duel autant en attaque qu’en défense. » Si Richard Billant a fait appel à lui pour lancer la première équipe de France officielle de 3×3, les équipes ne disposent pas de coach pendant le match. Les joueurs sont en autogestion, ils gèrent eux-mêmes les changements et les temps morts. « Il y a aussi cette autonomie parce que, même quand dans les compétitions internationales on a un staff technique qui nous encadrait, lors des matchs on est vraiment en autonomie totale. C’est quand même quelque chose de très sympa à ce niveau-là aussi. »

L’ancien joueur du Paris-Levallois a pris tellement de plaisir à jouer au 3×3 qu’il envisage même d’y revenir un jour ou l’autre. « J’imagine bien que le 3×3 pourrait être une alternative une fois ma carrière dans le 5×5 terminée« .

L’apothéose lors du championnat du Monde 2017 à Nantes

Il le clamait haut et fort avant la compétition, c’était la médaille ou rien lors de la coupe du Monde à domicile en 2017. « C’était en plus l’année où le 3×3 est devenu olympique. La médaille était notre seule ambition donc je suis ravi qu’on ait pu réussir ça. C’était une expérience humaine extraordinaire. Déjà, le soutient populaire était super et puis de pouvoir représenter son pays sur son territoire, c’est toujours une émotion particulière. Le public a bien répondu présent, l’événement était magnifique. Il y avait tout un tas d’activité, c’était au moment de l’événement The Bridge qui fêtait les 100 ans de l’amitié franco-américaine. C’était vraiment un très, très bel événement, l’emplacement… Fantastique… On avait vraiment été en immersion totale, séparés de tout, éloignés de tout pendant un mois et demi. On avait peut-être eu que trois ou quatre jours de repos, on avait enchaîné préparation à l’étranger, préparation à Voiron, compétition, qualifyer européen, championnat d’Europe. On avait tout fait en un mois et demi. Ça avait été très éreintant physiquement et mentalement. Sachant que tu sors d’une saison 5×5 où tu fais dix mois et demi, voire onze mois de compétition et après tu passes tout l’été en Equipe de France et tu dois rester au taquet physiquement et psychologiquement. Il y a énormément de pression et d’enjeu. D’avoir pu ramener cette médaille, qui est la deuxième médaille du palmarès français, c’était génial. A titre personnel, d’avoir pu être impliqué dans ces deux médailles-là en 2012 et en 2017, c’était un peu comme boucler la boucle. C’est pour ça aussi que je me suis dit que le timing était bon pour arrêter. »

Six ans de bons et loyaux services

Après six ans d’exercice, celui qui évolue en Grèce depuis 2016 peut être fier de son parcours en Bleu. Médaillé de bronze au championnat du Monde, double vainqueur de l’Open de France, vainqueur du concours de tirs à trois points du championnat du Monde et d’Europe ou encore joueur français numéro un en 2015, l’ancien pensionnaire de l’université d’Oregon State tire sa révérence après une « mure réflexion » et surtout au bon moment, selon lui. « Je suis encore au top physiquement, je me sens bien, j’aurais très bien pu repartir pour une campagne avec l’Equipe de France cet été, mais je pense qu’à un moment donné, il est important de faire un travail d’introspection et de se dire « ok. Quels sont vraiment les projets qui me tiennent à cœur, quelles sont les choses qui sont en train de se mettre en place qui nécessitent toute mon énergie et mon investissement ? ». Je suis en train de monter des projets parallèlement au basket qui sont très ambitieux, qui demandent beaucoup de temps et beaucoup d’énergie. Par exemple j’ai mon camp de basket en Californie pour les jeunes francophones qui aura lieu en juillet. A ce moment-là, le calendrier 3×3 n’est jamais totalement établi et définitif, mais généralement à cette période il y a le championnat d’Europe et à la toute fin juin il y a toujours le qualifyer de Poitiers pour le championnat d’Europe… Pour vraiment réussir dans tous les projets qu’on se donne, et j’inclus le 3×3 là-dedans, il faut pouvoir être pleinement investi et complètement disponible. Il faut savoir sacrifier tout son temps et donner toute son énergie. Si tu es dispersé et que tu donnes un peu ici et un peu là, tu ne te mets pas dans les meilleures conditions pour réussir. Pendant six ans, je me suis pleinement investi et sacrifié pour le 3×3, mes étés y étaient consacrés, au détriment de mes vacances, de mon repos et même de ma famille. J’ai pu réussir de belles choses, on a écrit certaines des plus belles pages de l’histoire avec mes coéquipiers en Equipe de France donc ces sacrifices et cet investissement ont été récompensés. Mais maintenant que j’ai aussi d’autres projets ambitieux, au même titre que ceux j’avais dans le 3×3, ne pouvant pas me démultiplier, j’ai pris cette décision« .

« C’est plus qu’une simple activité sportive »

Malgré tous ces étés de bonheur avec les Bleus du 3×3, Angelo Tsagarakis a un regret, un seul. Ne pas avoir obtenu de médaille européenne avec la Team France. En juillet 2017, l’Equipe de France est arrivée cinquième du classement lors du championnat d’Europe d’Amsterdam. En septembre 2018, c’est une timide septième place qui attendait les Français en Roumanie.

« On a, part deux, fois échoué en quart de finale sur des matchs qui étaient à notre portée mais qui surtout, je pense, qu’on aurait dû gagner. En 2016, on perd contre le futur champion d’Europe, la Lettonie donc au minimum tu te dis qu’on aurait pu avoir une finale ou une médaille de bronze. L’année dernière, on perd contre la Russie, une bévue totale. On maitrise le match de bout en bout et puis on perd en fin de match, on se prend un shoot à trois points avec la planche au buzzer. Ça fait mal aux fesses… C’est le seul regret que j’ai. Ramener une médaille européenne, qui est la seule chose qui manque au palmarès. Au-delà de ça, je n’ai pas envie de dire que tout a été fait, mais pas loin… »

Evidemment, l’arrière français a pesé le pour et le contre. Il a bien sûr pensé aux Jeux Olympiques 2020 qui se profilent à Tokyo et lors desquels le basket 3×3 fera ses grands débuts aux JO. Mais c’est dans un an et demi, avant cela il y a une autre campagne à l’été 2019 et comme il aime le répéter, il faut s’investir complètement dans le 3×3 et cela demande du temps, de l’énergie et de l’argent pour rester compétitif, faire partie des meilleurs joueurs français et être éligible. « Je n’allais pas être capable de faire ça, je pense que ça aurait impacté nos ambitions et nos résultats. Je n’ai pas envie de mettre l’Equipe de France dans cette situation. »

On garde tout ?

Il s’en passe des choses en six ans avec l’Equipe de France 3×3. Entre médailles, blessures, nouvelle équipe ou encore préparation à l’étranger, l’ancien joueur de Boulogne-sur-Mer n’était que l’été avec les Bleus mais il en a vécu des choses. Mais si on devait garder un moment ? « J’ai vraiment envie de mettre toutes ces années ensemble parce que j’ai vécu des moments difficiles et j’ai vécu des moments particulièrement beaux. Ma blessure à quelques semaines du premier championnat du Monde qui, en plus de ça, se déroulait à Athènes… C’est quelque chose qui m’avait énormément détruit le moral. Il y a aussi eu quelques années de vide où l’Equipe de France n’était même pas active, où il n’y avait pas de compétition et puis en 2015 on reforme le groupe mais il n’y a pas de compétition. En 2016, le groupe est officiel et on repart à la conquête des compétitions internationales. Déchirure abdominale juste avant le championnat d’Europe 2016 donc là, une fois de plus, je rate une grande compétition avec l’Equipe de France. Mais pour avoir pu aller au bout de cette aventure, de faire les championnats d’Europe, du Monde, et d’avoir vécu cette aventure humaine pendant six ans j’ai envie de tout mettre dans le même sac parce que le 3×3 c’est plus qu’une simple activité sportive. Il y a toute une dynamique humaine qui est impliquée dans cette histoire-là. Il y avait l’équipe masculine et l’équipe féminine qui étaient en communion tout le temps, on faisait toutes les compétitions ensemble, on voyageait ensemble, on était en autarcie, on s’entraînait ensemble donc tu crées des liens avec des gens que tu ne connaissais pas mais que tu apprends à connaitre et ce sont des amitiés qui, je pense, resteront sur le long terme. Ça va au-delà des résultats sportifs, c’est aussi une aventure humaine. »

A 34 ans, Angelo Tsagarakis évolue actuellement en deuxième division grecque, dans le club de l’Ionikos Le Pirée. En pratiquement 20 minutes de jeu, il tourne à 9 points, 2,5 rebonds et 1,6 passe décisive. S’il dit au revoir au 3×3, la retraite du 5×5 ce n’est pas pour tout de suite.

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Une histoire d’amour inattendue

« Quand j’ai découvert la discipline, je suis tout de suite tombé sous le charme« . Professionnel depuis 2008, c’est quatre ans plus tard, en 2012, que « Le Tsar » a fait connaissance avec cette nouvelle discipline grâce à Jamil Rouissi, connu pour son rôle de speaker du All Star Game LNB ou des salles de Nanterre et Levallois, et Richard Billant, son ancien entraîneur en sélection nationale. « C’est en 2012 que tout a vraiment commencé. Jamil Rouissi m’a appelé parce qu’il travaillait en étroite collaboration avec Richard Billant pour trouver les profils intéressants sur ce dossier-là. Ils ont vite pensé à moi. J’avais déjà collaboré avec Richard Billant en 2003 sur la campagne de l’Equipe de France U20. On avait très bien accroché à cette époque ».

En 2012, le basket 3×3 est loin d’être aussi démocratisé et populaire qu’il l’est actuellement puisque c’est en 2011 que la FIBA a décidé de s’y lancer en mettant en place tout un système de compétitions internationales à travers, dans un premier temps, les équipes jeunes. « A l’époque, le 3×3 en France n’existait pas au niveau fédéral. Il n’y avait pas d’équipe nationale, il n’y avait pas de structures. La FIBA a commencé à motiver les fédérations et à leur demander de se plonger vraiment dans cette discipline-là. J’avais vu que la FIBA communiquait sur les championnats du monde U18. Ils avaient commencé par les sections jeunes donc cette histoire de 3×3 m’intriguait un petit peu, mais je n’avais pas plus de connaissance que ça sur les règles, sur le développement de ce sport ou sur les compétitions disponibles ou pas. Ça m’était totalement inconnu donc à aucun moment c’était dans un coin de ma tête.

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Photos : FIBA

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