Aller au contenu

Interview Thibaut Petit (coach de Lattes-Montpellier): « le championnat de France est le plus beau en Europe »

Après avoir pris le relais de Rachine Méziane après quelques semaines, le coach Thibaut Petit a emmené Lattes-Montpellier en finale de l’Eurocup puis du championnat. Il n’y a pas que les joueuses belges qui s’exportent en France.

Après avoir pris le relais de Rachine Méziane après quelques semaines, le coach Thibaut Petit a emmené Lattes-Montpellier en finale de l’Eurocup puis du championnat. Il n’y a pas que les joueuses belges qui s’exportent en France.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Votre père était le kiné du Spirou Charleroi ?

Oui, ainsi qu’à Pépinster, quand j’étais gamin. A l’âge de quatre ans, j’étais dans le vestiaire avec lui et je ne l’ai jamais quitté.

Entre la Belgique, la Suisse et la France, vous avez beaucoup bourlingué ? C’est par goût ou par obligation de faire carrière dans le coaching ?

Malheureusement, en Belgique, j’ai connu chez les hommes deux clubs dont Pepinster, qui est aussi le club de mon enfance, qui ont fait faillite. Le basket belge aujourd’hui n’est pas en grande forme. A l’exception de Braine où tout se passait très bien -c’est pour un challenge dans le basket masculin que j’ai quitté ce club- le basket en Wallonie, ce n’est pas évident. Liège existe toujours mais va très mal financièrement. Effectivement, l’étranger est une option importante si l’on veut faire carrière. J’ai connu ma première expérience à l’étranger à 26 ans à Neufchâtel et j’ai tout de suite eu beaucoup de plaisir à être en dehors de chez moi, à devoir m’adapter à de nouveaux pays, de nouvelles cultures. Je suis toujours très intéressé à découvrir de nouvelles choses.

L’impression c’est qu’il y a d’énormes progrès en Belgique quant à la formation des joueuses mais on sent une fragilité des deux ligues, masculine et féminine et ainsi une sorte d’obligation de sortir du pays pour bien vivre du basket et s’améliorer sportivement ?

En Belgique, il n’y a que neuf coaches full time et un dixième avec les filles de Braine. Ça fait donc dix job possibles. Il faut savoir que le rôle d’assistanat n’est pas professionnalisé. Dans les dix jobs, c’est séparé entre la Wallonie et la Flandre et ça fait donc cinq places en Wallonie, aussi les places sont chères. Il est donc préférable de construire des projets à moyen, long terme à l’étranger que de le faire dans son propre pays. Si on veut être coach professionnel, il faut être prêt à voyager. Etant donné le nombre d’étrangers que l’on a dans une équipe, il est intéressant aussi que nous, coaches, nous ayons une expérience de ce que c’est d’être étranger et d’être confronté à différentes cultures. C’est profitable aussi pour apprendre des choses dans le management.

Vous avez alterné garçons-filles, c’est par obligation ?

Non. Très honnêtement, j’aime le basket de très haut niveau. Tout le monde me dit que je devrais être ou femmes ou hommes quant au métier, et je dis « pour moi, pas ». J’aime le basket féminin et j’ai pris aussi un plaisir fou dans le basket masculin. D’ailleurs, j’en suis à ma 16 ou 17e année et j’en suis à moitié-moitié. Dès qu’il y a un challenge qui m’intéresse, je fonce. J’étais au début du projet de Braine et j’ai voulu relever le challenge à ce moment-là. J’ai voulu aussi relever le challenge de Pépinster en hommes qui était un peu mon club de cœur et qui était très mal aussi. Etc. J’avoue que j’aimerais maintenant me retrouver dans un projet intéressant, comme à Montpellier, sur du moyen/long terme.

L’autre caractéristique que vous avez, c’est d’alterner coach principal et assistant ?

J’ai commencé ma carrière à 23 ans en tant qu’assistant dans le basket masculin et j’ai tout de suite été head coach. J’avais connu quelques mésaventures ces dernières années avec mes assistants et j’avais envie d’être meilleur avec mon staff, de retomber dans cette notion d’assistant qui est capitale pour réussir une saison et quand on m’a proposé d’être assistant à Montpellier dans ce qui est pour moi le plus beau championnat d’Europe du basket féminin, c’était le moment, c’était un nouveau challenge qui m’intéressait.

Dans votre CV, il y a aussi une ligne étonnante : comment vous êtes-vous retrouvé coach de l’équipe U20 arménienne ?

La vie est faite d’opportunités, de rencontres. J’ai un ami qui est très proche de la fédération arménienne et on m’a demandé de les aider sur un championnat d’Europe et j’ai trouvé ça génial de découvrir quelque chose d’autre. C’est ce que j’ai dit tout à l’heure, ça m’a obligé à m’intégrer à une nouvelle culture, un nouvel état d’esprit, d’apprendre. Je pense que le management c’est s’adapter à pas mal de situations différentes.

Vous êtes aussi entraîneur des U18 suisses ?

Comme je vis à l’étranger, pour la famille, je ne fais pas chaque année quelque chose au niveau des équipes nationales jeune. J’y vais généralement une année sur deux afin de profiter un peu de ma famille l’été. Donc l’année passée j’avais repris l’équipe nationale suisse U18 suivant le même principe. Je sortais d’une très belle saison à Lugano où j’avais eu beaucoup de mal à quitter ce club qui malheureusement devait financièrement faire une année ou deux de transition.

Photo: Gabby Williams (FIBA)
« Quand je vois l’investissement qu’elle a pour apprendre la langue, je dois whoua ! la fille a vraiment envie de bien s’intégrer dans le pays »

Qu’est-ce qui vous plaît et vous déplaît dans le basket français comparativement à vos expériences en Belgique et en Suisse voire en Arménie ?

Si je suis revenu du masculin au féminin en France c’est en raison de la densité du championnat qui est pour moi certainement le plus beau en Europe. Je suis beaucoup de championnats et je constate que cette densité là existe nulle part ailleurs dans le féminin. Les salles sont bien remplies, il y a de vrais efforts qui sont faits médiatiquement. Ça donne envie d’être dans ce championnat-là et de performer le mieux possible. C’est vrai que Montpellier était au début d’une nouvelle histoire avec un nouveau président et un nouveau manager et je trouvais ça intéressant. J’avais aussi un bon souvenir avec Arras.

Photo: FIBA

Et pour le négatif ?

(Il réfléchit) La restriction de deux joueuses étrangères et deux joueuses européennes est positive pour les joueuses françaises et comme ça les équipes nationales performent beaucoup plus. C’est ce qui se passe en Belgique où mis à part Braine tout le monde se force à jouer avec des jeunes Belges et l’équipe nationale performe. Ce n’est donc pas un point négatif. Qu’est-ce que je pourrai dire comme point négatif ? (Il réfléchit de nouveau). Je suis au début d’une histoire d’amour et comme dans toutes les histoires d’amour, au début tout est beau (rires). Je reviens d’une semaine à Chicago au Chicago Sky et même l’arbitrage, je le trouve bien mieux ici qu’aux Etats-Unis. De négatif ? Au niveau télévisuel, on attend les grands évènements pour diffuser des matches, on pourrait le faire un peu avant. Mais il y a une belle évolution par rapport à d’autres pays mais on est encore en retrait par rapport aux masculins alors que le spectacle est vraiment de qualité. On ne se rend pas compte en France la chance que l’on a d’avoir des matchs de ce niveau là.

C’est par le biais de James Wade (mari de Edwige Lawson, la directrice sportive de Lattes-Montpellier, et qui est le nouveau coach de la franchise) que vous étiez au Chicago Sky ?

Oui. Je fais généralement une expérience à l’étranger comme un clinic Euroleague, j’investis dans la formation. J’ai rencontré James au mois de décembre et je lui ai demandé s’il y avait la possibilité de le suivre une semaine. Quand j’y suis allé, il y avait deux matches à domicile et j’ai pu assister à la préparation des matches, voir les infrastructures, tout. Et au niveau des infrastructures, c’est un autre monde.

Vous avez pu aussi voir votre nouvelle joueuse, la Franco-Américaine Gabby Williams. C’est une ancienne championne de saut en hauteur, elle doit être extrêmement athlétique ?

Elle est puissante… Je l’ai vu à l’échauffement contre Vegas. Elle smashe seulement la balle part avant car elle ne l’a tient pas à une main mais elle touche le cerceau en tapant le layup. Je l’avais vu déjà la saison passée avec Girone en demi-finale de l’Eurocup. C’est effectivement une fille impressionnante au niveau de son physique.

Vous saviez qu’elle était française quand vous l’avez recruté ?

Oui mais très honnêtement peu importe la couleur de son passeport. C’est une joueuse qui nous a tapé dans l’œil très rapidement. Comme elle était déjà suivi par les Sky, on en avait parlé avec James au mois de décembre. On a continué à la suivre et le tirage a fait qu’on l’a joué en plus.

Ses statistiques sont un peu inférieures à celles de l’année dernière, c’est du à la recomposition de l’équipe ?

Il faut savoir qu’elle joue comme meneuse au niveau des Sky alors qu’ici en Europe elle joue 4-3, ce qu’elle est vraiment. James l’utilise comme meneuse vis-à-vis de l’effectif dont il dispose. Aussi son rôle est différent, elle a moins d’opportunités de marquer. Par contre, elle fait quasiment plus de pertes de balle, elle a une qualité de passe bien meilleure par rapport à il y a trois mois. Et je l’ai vu travailler plus que tout le monde car elle veut donner satisfaction au coach dans un nouveau poste pour elle.

Ça demande une extraordinaire polyvalence de passer de 3-4 à meneuse ?

Défensivement, on savait qu’elle en serait capable car elle a des cannes mais offensivement je pensais qu’elle serait plus en difficultés que ça et plus elle avance et plus elle est confortable. Elle a un entraîneur privé qui lui fait travailler sa technique après chaque séance et elle évolue super bien même si ce n’est pas une meneuse dans l’âme. Elle ne viendra pas chez nous comme meneuse mais on sait que c’est une fille qui pourra dépanner sur plusieurs positions. C’est un peu comme un couteau suisse.

Comme Française, elle a quand même un sacré niveau et elle peut devenir une star du championnat ?

Oui. On est allé voir ensemble un match de football Chicago contre Philadelphie et je me suis aperçu qu’elle comprend déjà pas mal de choses en français, elle adore venir à Paris, elle est fière de ça. Je lui ai donné les dates de l’Open pour que sa famille puisse venir. Elle est vraiment très heureuse d’avoir le passeport français. Quand je vois l’investissement qu’elle a pour apprendre la langue, je dois whoua ! la fille a vraiment envie de bien s’intégrer dans le pays.

Photo: FIBA

[armelse]

Votre père était le kiné du Spirou Charleroi ?

Oui, ainsi qu’à Pépinster, quand j’étais gamin. A l’âge de quatre ans, j’étais dans le vestiaire avec lui et je ne l’ai jamais quitté.

Entre la Belgique, la Suisse et la France, vous avez beaucoup bourlingué ? C’est par goût ou par obligation de faire carrière dans le coaching ?

Malheureusement, en Belgique, j’ai connu chez les hommes deux clubs dont Pepinster, qui est aussi le club de mon enfance, qui ont fait faillite. Le basket belge aujourd’hui n’est pas en grande forme. A l’exception de Braine où tout se passait très bien -c’est pour un challenge dans le basket masculin que j’ai quitté ce club- le basket en Wallonie, ce n’est pas évident. Liège existe toujours mais va très mal financièrement. Effectivement, l’étranger est une option importante si l’on veut faire carrière. J’ai connu ma première expérience à l’étranger à 26 ans à Neufchâtel et j’ai tout de suite eu beaucoup de plaisir à être en dehors de chez moi, à devoir m’adapter à de nouveaux pays, de nouvelles cultures. Je suis toujours très intéressé à découvrir de nouvelles choses.

L’impression c’est qu’il y a d’énormes progrès en Belgique quant à la formation des joueuses mais on sent une fragilité des deux ligues, masculine et féminine et ainsi une sorte d’obligation de sortir du pays pour bien vivre du basket et s’améliorer sportivement ?

En Belgique, il n’y a que neuf coaches full time et un dixième avec les filles de Braine. Ça fait donc dix job possibles. Il faut savoir que le rôle d’assistanat n’est pas professionnalisé. Dans les dix jobs, c’est séparé entre la Wallonie et la Flandre et ça fait donc cinq places en Wallonie, aussi les places sont chères.

[/arm_restrict_content]

arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]


Commentaires

Fil d'actualité