Aller au contenu

[REDIFF] Portrait (1) – Le sulfureux Dimitris Giannakopoulos

Dimitris Giannakopoulos a annoncé avoir pris la décision de se retirer définitivement du Panathinaikos dont il est le propriétaire en vendant ses parts. Faut-il le croire ? Le quadragénaire grec est le personnage le plus sulfureux et imprévisible du basket européen. Pour lire son portrait, il faut m

Dimitris Giannakopoulos a annoncé avoir pris la décision de se retirer définitivement du Panathinaikos dont il est le propriétaire en vendant ses parts. Faut-il le croire ? Le quadragénaire grec est le personnage le plus sulfureux et imprévisible du basket européen. Pour lire son portrait, il faut mettre une ceinture de sécurité !

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]
Cette photo prise sur un lit d’hôpital où on le voit tirer sur une clope alors qu’il vient de se faire opérer de l’épaule donne un bon aperçu de la personnalité de Dimitris Giannakopoulos. Un rebelle. Une pluie de qualificatifs nous vient à l’esprit : il est baroque, atypique, fou furieux, tordu, excessif, sarcastique, généreux, décapant, énervant, déroutant, déconnant. C’est un fils à papa au comportement d’enfant gâté. Made In 1 000% grec. Ses propos ne passent jamais par le filtre du directeur de la com’ du club et même si on ne peut pas déchiffrer le grec, on comprend la musique de son discours et ce n’est pas du sirtaki, plutôt de l’acid rock. C’est souvent calomnieux. A côté de lui, Jean-Michel Aulas et Paul Seignolle, respectivement présidents de l’Olympique Lyonnais et de l’ADA Blois, sont sages comme des petits chanteurs à la Croix de bois. Dimitris Giannakopoulos ne connaît pas l’art de l’esquive et sa spécialité, ce sont les uppercuts et les directs au foie. Il a été condamné pour avoir menacé des arbitres et leurs familles, des supporters, en a contre la terre entière mais ses têtes de turcs sont les propriétaires d’Olympiakos et le PDG de l’Euroleague, Jordi Bertomeu. Son champ d’expression préféré est son compte Instagram et, visiblement, il se fiche complètement de l’image qu’il peut renvoyer. Il a ses laudateurs et évidemment ses détracteurs. En Grèce, il est intouchable, il a l’argent et le pouvoir. Ce qui est sûr, c’est que dans un monde de plus en plus policé, on va s’ennuyer sans lui.

Des fans du Kentucky sous stéroïdes

Dimitris Giannakopoulos est le président-directeur général de la plus grande société pharmaceutique en Grèce et l’une des principales en Europe, VIANEX SA. Il possède aussi la moitié des parts dans la société alimentaire SUPERFOODS SA, et il est propriétaire du groupe de médias DPG Digital Media, qui s’est associé dans le pays à CNN. Il a hérité des affaires de son père Pavlos, dont il est le fils unique, et de son oncle Thanassis ainsi que de la présidence du Panathinaikos en 2012, à une époque où son père avait déjà atteint l’âge vénérable de 83 ans ; il est décédé cinq ans plus tard.

Comme Dimitris Giannakopoulos l’a déclaré à plusieurs reprises dans la presse, VIANEX n’a ​​procédé ni à des licenciements ni à des baisses de salaires, malgré la crise économique qui a secoué dramatiquement la Grèce. Les résultats financiers de VIANEX ont diminué, mais ses employés « ont soutenu l’entreprise et ont contribué ces dernières années à des bénéfices élevés. Donc, maintenant, en tant qu’administration, nous sommes obligés de soutenir notre peuple, quelle que soit la performance financière « , a déclaré Dimitris Giannakopoulos en 2012. Une initiative que l’on ne peut que saluer.

Les Giannakopoulos ont fait du Panathinaikos « un grand club, pas comme les autres », pour reprendre un verset de son hymne. La section basket a un siècle d’âge. Son fondateur avait assisté aux Jeux Interalliés à Paris en 1919 et il s’était alors renseigné sur les règles de ce jeu venu d’Amérique. Le trèfle a été choisi comme emblème car il symbolise l’équilibre entre l’esprit, l’âme et le corps et aussi la bonne fortune et encore la vie éternelle. C’est en 1987 que Pavlos Giannakopoulos a pris les rênes du club avec ses frères Thanasis et Kostas et depuis 24 années consécutives, l’Empire Vert a gagné au moins un trophée à chaque exercice. Le Pana a été au total 6 fois champion d’Europe, 17 fois champion de Grèce, 14 fois vainqueur de la coupe nationale, 1 fois de la coupe intercontinentale.

Ses fans et surtout ses Ultras de la Porte 13 sont uniques en Europe. Des inconditionnels pas toujours recommandables. Bien à l’image du président du club. Rick Pitino, qui était habitué aux rivalités intenses en NCAA, a décrit les Athéniens comme « des fans du Kentucky sous stéroïdes. » Le coach américain a été surpris par le nombre de reporters qui l’attendaient à l’aéroport et par les supporters qui lui demandaient de poser en photo avec eux. Faire venir Rick Pitino des Etats-Unis est l’une des grandes réussites de Dimitris Giannakopoulos. C’est l’ami d’un ami qui a appelé Pitino en décembre 2018. Une offre officielle est venue la veille de Noël et le lendemain, il était dans un avion pour Athènes. Affaire conclue.

Rick Pitino a reçu un choc quand il a découvert ce que représente le derby entre le Panathinakos et Olympiakos, même si les supporters de l’un ne sont plus acceptés chez l’autre et vice-versa pour d’évidentes raisons de sécurité. Olympiakos est dirigé par les frères Panagiotis et Giorgos Angelopoulos, qui sont eux-mêmes les héritiers d’une fortune familiale estimée à 3 milliards de dollars. Leurs intérêts commerciaux sont concentrés dans le transport maritime et les produits pétroliers. Les deux frères sont dotés de bonnes manières même si ça ne signifie pas qu’ils sont des anges dans les affaires. Leur père Konstantinos avait avoué à Ethnos que ce sont ses fils qui l’ont poussé à devenir propriétaire du club. « Mes enfants voulaient acheter l’Olympiakos. Je n’étais jamais allé dans l’arèna et je ne connaissais pas du tout cette équipe. Cependant, j’étais heureux quand ils m’ont parlé du succès de l’organisation. Je me souviens encore du jour où Sokratis Kokkalis (NDLR : l’ancien propriétaire d’Olympiakos) est venu au bureau de l’usine métallurgique, et nous nous sommes serrés la main. »

Pendant un certain temps, les Giannakopoulos et les Angelopoulos ont coexisté pacifiquement. Cela a duré tant que Pavlos a pleinement dirigé le Panathinaikos et minimisé l’influence de son fils. Lorsque Dimitris à la personnalité explosive a pris la succession de son père de patron, les relations sont devenues délétères. Il est impossible de lister toutes les attaques conduites par le quadragénaire à la barbichette de D’Artagnan contre Olympiakos mais on peut constituer une sorte de best of.

Dimitris Giannakopoulos en train de disposer des sous-vêtements féminins sur le banc d’Olympiakos.

Panathinaikos-Olympiakos, la guerre totale

Dimitris Giannakopoulos a affirmé que les joueurs d’Olympiakos se dopaient et que les deux frères Angelopoulos ne payaient pas ce qu’ils devaient aux impôts. Ceux-ci ont répondu sans jeter de l’huile sur le feu. « Nous ne voulons pas de la guerre. La vérité ne peut être cachée à la société. Le président du Panathinaïkos fait de très graves allégations. Ne serions nous pas officiellement punis si nous faisions ce qu’il dit ? Nous avons remporté des titres sans dopage (…) Voulons-nous un championnat honnête ? Alors, peut-être, faut-il organiser un tournoi dans lequel les propriétaires ne feront pas pression sur les arbitres ? »

En 2015, lors du derby grec, après un tir réussi à longue portée, le meneur Vassilis Spanoulis avait mis les mains à ses oreilles pour dire aux fans, « je ne vous entends plus ». Son équipe menait alors 77-64 et il restait deux minutes à jouer. Spanoulis a écopé d’une technique, mais le match a été suspendu car les fans du Panathinaikos ont envoyé différents objets en direction du banc de leurs rivaux honnis qui sont sortis dare-dare du terrain. Dans les couloirs du vestiaires, Dimitris Giannakopulous a insulté Vassilis Spanoulis et l’a menacé de violence. La maison de Spanoulis a été placée sous surveillance par la police grecque afin d’éviter tout incident. Le patron du Pana a été convoqué au tribunal et l’audience a été sept fois reportée dont six fois pour non-comparution des greffiers ! A ce jour, le litige n’est toujours pas résolu et en raison de la pandémie de coronavirus, la date de la prochaine audience n’est pas encore connue. Tout le monde à Athènes dit que Giannakopoulos n’a pas à s’inquiéter ; tôt ou tard l’affaire sera étouffée.

« Toutes ces années, en tant que propriétaires de l’Olympiakos, nous nous sommes consacrés à la lutte contre toute forme de violence, que ce soit de la part des fans ou des représentants de n’importe quelle équipe. Nous considérons que le niveau de tolérance, qui se manifeste dans les poursuites pénales contre Dimitris Giannakopoulos, qui a publiquement incité à la violence et fait des publications provocantes sur les réseaux sociaux, est scandaleuse, » ont commenté les frères Angelopoulos.

Ceux-ci sont évidemment moqués par leur collègue du Panathinaikos sur ces mêmes réseaux sociaux. Un jour, Panagiotis Angelopoulos lors d’un événement de parrainage, s’est essayé aux tirs à trois-points. Ce ne fut pas brillant : 2 réussis sur 15 avec des airballs. Giannakopoulos a immédiatement publié sur Instagram des smiley moqueurs. Il a ensuite écrit ironiquement : « Panagiotis, je vous mets au défi. Tous les mardis de 18 h à 20 h, nous participerons à un match en un-contre-un ou à un concours à trois-points (votre spécialité). »

Ami, ami avec les frères Angelopoulos

Les frères Angelopoulos au cœur d’un scandale familial

Une fois, Dimitris Giannakopoulos a placé des sous-vêtements féminins de couleur rouge sur le banc d’Olympiakos encore inoccupé. Le lendemain, le club du Pirée a annoncé qu’il était persona non grata au Palais des Sports de la Paix et de l’Amitié et qu’il refusait désormais de jouer un match face au Panathinaikos sinon avec deux arbitres étrangers. Au final, cela a abouti avec la rétrogradation d’Olympiakos en deuxième division grecque.

L’Euroleague est un autre champ de bataille. Lors de la saison 2018-19, le Pana a battu son rival 93-80 mais Giannakopoulos a affirmé que les « Rouges » avaient tenté de soudoyer deux arbitres en leur offrant 20 000 euros qu’ils auraient donné à un bookmaker en misant sur la victoire d’Olympiakos. Le club du Pirée a déposé plainte auprès de la commission de discipline de l’Euroleague et a demandé que Giannakopoulos soit disqualifié pour diffamation. Il n’y a pas eu de suite.

Plus obscure est l’histoire où les frères Angelopoulos ont accusé Giannakopoulos de « manipulation bon marché » lorsqu’un enregistrement audio est apparu dans les médias contrôlés par celui-ci. On entendait a priori l’ailier d’Olympiakos Giorgos Printezis déclarer qu’il refusait de jouer en raison d’un salaire non payé. Giannakopoulos a ensuite avoué que ce n’était pas Printezis que l’on entendait dans l’enregistrement mais… lui-même. « J’insiste également : je suis responsable de tous les articles contre l’Olympiakos, car, comme vous le savez, je contrôle tous les médias, grecs et étrangers, sur Internet et dans la presse écrite. Je suis responsable de la suspension de la société Angelopoulos en raison de dettes de centaines de millions d’euros. Je suis responsable du fait que leur « miroir de commandement » reflète constamment la défaite. Je suis responsable du fait qu’ils étaient clairement absents des cours d’orthographe… (NDLR: Giannakopoulos a mentionné un mot grec qui a été mal écrit dans une déclaration des frères Angelopoulos). Et oui, j’avoue que je suis responsable de la couche d’ozone et du réchauffement climatique. »

En mars de l’année dernière, les deux parties ont tenté de s’asseoir à la table des négociations. Dans les bureaux de la ligue à Athènes, une rencontre a eu lieu entre Giannakopoulos et les frères Angelopoulos. Tout s’est terminé par le fait que Giannakopoulos a couru hors de la pièce, accusant Giorgos Angelopoulos de l’avoir poussé ! Cela ressemble à un jardin d’enfants.

Le vice-ministre grec des Sports, Georgios Vasiliadis, a tenté d’assurer la médiation entre l’Olympiakos et le Panathinaikos pour résoudre le conflit. Mais dans une interview avec Sport FM, Giannakopoulos a déclaré que Vasiliadis n’était pas neutre car il était un fan de longue date de l’Olympiakos. Après une réunion, le vice-président de l’Olympiakos Georgios Skindilias a affirmé que Giannakopoulos lui avait craché au visage. Celui-ci a répondu que Skindilias avait menacé de lui mettre une dérouillée. Un peu plus tard, Dimitris Giannakopoulos a enregistré une vidéo sur Instagram. « Tu as plaisanté, Giorgios. Bye Bye. Bienvenue dans la deuxième division du championnat de Grèce. Les légendaires frères Angelopoulos. Oh, comme c’est bon. »

Les frères Angelopoulos eux-mêmes ne sont pas des petits saints. Leur empire commercial est en souffrance dans un pays à l’économie instable. Les frères ont soudainement décidé que le meilleur plan d’action pour eux était un procès avec… leur père Konstantinos dont ils ont voulu faire reconnaître la démence. L’affaire a été révélée en détails par Newsbomb.gr, un site contrôlé par Dimitris Giannakopulos, évidemment. Konstantinos Angelopoulos a fait une déclaration officielle en réponse à un article du site. « Ce billet est une tentative provocatrice de faire pression sur le tribunal et de créer une opinion publique négative à mon sujet. L’auteur de l’article n’hésite pas à communiquer des données personnelles confidentielles sur mon état de santé à des dizaines de milliers de lecteurs de journaux et à tous les internautes. Malheureusement, mes enfants sont entrés dans une guerre sale et féroce, ils utilisent tous les moyens à leur disposition pour me repousser et saisir ma propriété. Pour y parvenir, ils ont propagé un mensonge sans précédent. En tant que père, je suis attristé. Je ne peux pas rester indifférent à ce qu’ils me font. Je suis absolument confiant dans la justice grecque, qui n’écoute pas les cris ou les rumeurs. »

A suivre

x

[armelse]
Cette photo prise sur un lit d’hôpital où on le voit tirer sur une clope alors qu’il vient de se faire opérer de l’épaule donne un bon aperçu de la personnalité de Dimitris Giannakopoulos. Un rebelle. Une pluie de qualificatifs nous vient à l’esprit : il est baroque, atypique, fou furieux, tordu, excessif, sarcastique, généreux, décapant, énervant, déroutant, déconnant. C’est un fils à papa au comportement d’enfant gâté. Made In 1 000% grec. Ses propos ne passent jamais par le filtre du directeur de la com’ du club et même si on ne peut pas déchiffrer le grec, on comprend la musique de son discours et ce n’est pas du sirtaki, plutôt de l’acid rock. C’est souvent calomnieux. A côté de lui, Jean-Michel Aulas et Paul Seignolle, respectivement présidents de l’Olympique Lyonnais et de l’ADA Blois, sont sages comme des petits chanteurs à la Croix de bois. Dimitris Giannakopoulos ne connaît pas l’art de l’esquive et sa spécialité, ce sont les uppercuts et les directs au foie. Il a été condamné pour avoir menacé des arbitres et leurs familles, des supporters, en a contre la terre entière mais ses têtes de turcs sont les propriétaires d’Olympiakos et le PDG de l’Euroleague, Jordi Bertomeu. Son champ d’expression préféré est son compte Instagram et visiblement il se fiche complètement de l’image qu’il peut renvoyer. Il a ses laudateurs et évidemment ses détracteurs. En Grèce, il est intouchable, il a l’argent et le pouvoir. Ce qui est sûr, c’est que dans un monde de plus en plus policé, on va s’ennuyer sans lui.

Des fans du Kentucky sous stéroïdes

Dimitris Giannakopoulos est le président-directeur général de la plus grande société pharmaceutique en Grèce et l’une des principales en Europe, VIANEX SA. Il possède aussi la moitié des parts dans la société alimentaire SUPERFOODS SA, et il est propriétaire du groupe de médias DPG Digital Media, qui s’est associé dans le pays à CNN. Il a hérité des affaires de son père Pavlos, dont il est le fils unique, et de son oncle Thanassis ainsi que de la présidence du Panathinaikos en 2012, à une époque où son père

[/arm_restrict_content]
[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Commentaires

Fil d'actualité