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Le conte de fées de Basket Landes

Basket Landes a vécu une apothéose populaire en triomphant de Bourges en finale de la Coupe de France, à Paris, devant 15 000 spectateurs (91-88). Un véritable conte de fées pour ce club campagnard devenu au fil du temps une référence en France et qui s’installe en Euroleague.

Basket Landes a vécu une apothéose populaire en triomphant de Bourges en finale de la Coupe de France, à Paris, devant 15 000 spectateurs (91-88). Un véritable conte de fées pour ce club campagnard devenu au fil du temps une référence en France et qui s’installe en Euroleague.

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Pour les plus anciens, cela a fait remonter à la surface les moments sublimes vécus au stade Pierre-de-Coubertin, en 1984, lorsque tout le sud-ouest était monté à Paris pour soutenir bruyamment et en chantant l’Elan Béarnais Orthez en finale de la Coupe Korac face à l’Etoile Rouge de Belgrade, qui avait été ensevelie par l’émotion. Il y avait déjà derrière Freddy Hufnagel et sa bande de valeureux guerriers des centaines de Landais, car ce département rural grouille de pratiquants et de fans de basket-ball. D’ailleurs, ce même week-end était programmées les demi-finales de la Coupe des Landes avec l’objectif ultime d’une vie de se qualifier pour les finales dans les mythiques arènes de Pomarez, puisque là-bas, il s’agit ni plus ni moins de la Coupe du monde.

Le club avait demandé en amont de la finale aux commerçants de Mont-de-Marsan de manifester leur soutien en habillant leurs vitrines aux couleurs bleues et blanches. Ceux qui ont répondu présents ont eut droit à une promotion sur les réseaux sociaux. « Dès samedi, j’ai préparé la vitrine. Je suis la première pour le moment, mais d’autres boutiques doivent le faire aussi. On est fiers des filles, c’est une belle équipe, donc on veut aller jusqu’au bout avec elles », a ainsi témoigné la patronne de La Fée Maraboutée.

On a pu apprécier également que Basket Landes s’était entendu avec l’Elan Béarnais de coupler un joueur et une joueuse pour annoncer l’évènement avec un grand E sur les réseaux sociaux. Une évidence pour Marine Fauthoux, née de parents landais, mais qui se définit avant tout comme Paloise.

La Feria à Paris

L’engouement était total pour les supporters. C’était la première fois que Basket Landes se qualifiait pour la finale de la Coupe de France, et si celle-ci se joue souvent dans l’anonymat lors des tours précédents, elle fait un carton pour son dernier acte à Paris-Bercy. De plus, cette fois, les deux finales ont été offertes à la multitude avec une retransmission en clair, sur La Chaîne L’Equipe. Le club a affrété un train de 475 places au départ de Dax, et deux bus sont partis de Mont-de-Marsan. D’autres supporters sont montés dans la capitale en voiture, rejoints par ceux qui y habitent désormais mais qui ont toujours leur sang landais dans les veines. « On est très motivés. On est un peu bloqués par certaines normes de sécurité mais on a prévu pas mal de drapeaux, des tambours, et le club nous a aidés aussi de son côté. On va essayer de colorer toute une tribune en Blanc et Bleu. L’intendance pour amener le matériel est un peu compliquée. L’inconnue, c’est ce qu’on pourra utiliser sur place », avait expliqué dans le quotidien Sud Ouest, Odile Sébie, vice-présidente du club des supporters.

La bouillante et réfléchie présidente Marie-Laure Lafargue était la première à avoir pleinement conscience de l’instant, elle qui a tout vécu depuis les origines dans le petit village d’Eyres-Moncube et via Saint-Sever. « Ça fait beaucoup (de supporters) mais ça ne fait pas encore assez. Si l’on s’était écouté, on en aurait peut-être mis le double. Non, ça me surprend sans me surprendre, c’est un projet, un rêve d’une quinzaine d’années d’amener le basket landais à Paris. Cette passion n’est pas une surprise, cette envie et cette fierté des Landais de montrer que le basket local est fort. Je suis juste très heureuse de voir que c’est nous qui pouvons partager ce rêve avec les Landais et les emmener là-haut. »

Si ses parents n’avaient pas pu rejoindre la cohorte de fans, Marine Fauthoux bénéficiait du support de ses grands-parents. Freddy Fauthoux, vainqueur de la Coupe de France en 2007 avec Pau, retenu par ses obligations avec l’ASVEL, était évidemment scotché devant sa télé. On imagine qu’il a dû transpirer. C’était d’autant plus émouvant pour Marine qu’elle a retrouvé face à elle sa copine de toujours, Iliana Rupert.

Pour Valériane Ayayi-Vukosavljevic, c’était aussi une belle histoire de famille puisque son frère Gérald a joué et gagné ensuite la Coupe de France des garçons avec Pau. « C’est un moment spécial, excitant pour nous deux mais aussi pour mes parents et la famille. Personnellement, ça me fait plaisir parce que, depuis tout petit, j’ai souvent assisté aux grands moments des carrières de mon grand frère (NDLR, Joël, finaliste NCCA et joueur NBA en début de saison) et de ma grande sœur et là, c’est moi qui vais disputer une finale à Bercy », avait t-il confié à Sud-Ouest. Valériane n’a participé qu’à 12 minutes de la finale – avec tout de même 5 points, 3 interceptions, 2 passes et 1 rebond à la clé -, mais c’est un véritable exploit pour une femme qui a accouché d’une petite fille, Alani, le 28 janvier dernier.

Photo : Basket Landes
Photo : Marine Fauthoux et Giovan Oniangue (Basket Landes)
Photo : Basket Landes

Et un Paquito pour célébrer la victoire

Durant le match, on a vu le mur de supporters landais agiter drapeaux à damiers bleus et blanc, entendu la banda jouer « Les Yeux d’Emilie » soit l’hymne du basket du sud-ouest, celui de la Coupe du monde de foot de 1998, crier « Ici, ici, c’est Basket Landes !… Basket Landes ohé, ohé, ohé… » Au début, tout cela était un peu noyé dans l’immensité de l’aréna, mais dans le(s) money time, le volume est monté avec des « Defense ! Defense ! » rageurs, tout comme les hurlements lorsqu’une faute fut sifflée à Céline Dumerc. Et re : « Qui ne saute pas n’est pas Landais… » Et un « Paquito » pour célébrer la victoire. Les VIP dans les fauteuils bord de terrain avec un foulard bleu autour du cou étaient au début plus sages, mais forcément ils ont sur la fin rompu la glace.

Il faut dire que le scénario a été juste fantastique avec deux prolongations pour couronner la journée. Cela a tenu à trois fois rien, y compris un dernier shoot raté à trois-points de Iliana Rupert qui, en cas de réussite, nous envoyait dans un troisième extra-time. Marie-Laure Lafargue avait les poings serrés. « L’année dernière, on était à vide. On nous a presque pris pour des voleurs. Cette fois, ils sont là (Elle montre les supporters). C’est l’histoire d’une vie. C’est l’histoire d’un département, » nous a-t-elle crié dans un brouhaha indescriptible.

Plus au calme, en salle de presse, le coach adverse Olivier Lafargue, un cousin de la présidente landaise, qui fut le bâtisseur de cette équipe et qui maintenant est du côté de Bourges, avait du mal à retrouver la totalité de ses sens : « L’histoire de ce match, ce sont les ascenseurs émotionnels. Tu crois qu’une équipe va gagner et puis, elle se fait remonter. C’est le basket, c’est ce que ça a de beau. Après, tu préfères quand c’est toi qui gagne, mais je crois que l’on a fait une belle promotion du basket, et c’est ça qui est d’abord important. Ça fait longtemps que le club de Bourges travaille pour promouvoir le basket féminin. C’est sûr que ça fait plaisir qu’il y ait de l’engouement comme ça. Et en plus qu’il y ait un rendu sur le terrain qui soit bon. » Il ajoutait à propos d’avoir assisté à ses dépens à la réussite de son club d’origine : « Ça me fait moins de choses que l’année dernière, très sincèrement. Tout ce pourquoi on s’était battu pendant quinze ans arrivait. Basket Landes avait un titre, et c’était chouette. Maintenant, c’est la cinquième année que je suis parti. Ça reste chez moi, mais il faut savoir tourner la page. Je suis centré sur ce que nous on fait, sur ce que nous on construit, et j’en suis très fier. On a gagné notre coupe d’Europe cette année (NDLR : l’Eurocup) et j’espère que derrière on pourra ramener le titre à Bourges à nouveau. »

Tous les acteurs du match sont unanimes : cette finale a non seulement servi les intérêts de Basket Landes, mais aussi la promo de tout le basket féminin. « C’est ma première à Bercy. Je joue au basket pour avoir des émotions comme ça. Je remercie le public berruyer de s’être déplacé, mais aussi celui des Landes. C’est incroyable de vivre des émotions comme ça, et j’espère pouvoir continuer à en vivre dès l’année prochaine à Bercy », a ainsi commenté la Tango Laétitia Guapo.

Photo : Ann-Dee Lamour-Hervé Bellenger/FFBB

« Mon père, ça fait vingt ans qu’il n’est pas venu à Paris, depuis que je suis partie de l’INSEP ! »

Il s’agit de la 6e Coupe de France remportée par Céline Dumerc dont 5 avec… Bourges. À bientôt 40 ans, la general manager des Bleues, qui relève de blessure, n’est pas rassasiée. « C’était fou ! Deux prolongations, ça ne s’est peut-être jamais vu, du moins chez les filles. J’ai cru que ça n’allait jamais finir, qu’on en ferait une troisième. Ce qui est encore meilleur, c’est que tout notre public était là. Et d’autres devant la télé, et je pense qu’ils nous ont poussé encore plus. Je suis tellement fière de faire partie de ce club-là depuis six ans. Vivre des émotions comme ça, ça n’a pas de prix. Je n’ai pas le terme qui correspond à ça, mais c’est plus qu’un titre, c’est juste de la folie, c’est magique de vivre ça dans un tel environnement. » Céline a insisté sur l’importance pour son club de gagner ce trophée. « Depuis que j’ai mis les pieds à Basket Landes, on m’a parlé que de la Coupe de France. Ils voulaient gagner une Coupe de France. Et on l’a eu. C’est tout le peuple landais qui a gagné. Là, c’est spécial parce qu’on est à Paris. C’est un peu les Tuches à Paris ! »

Dans sa riche carrière en club, Céline Dumerc aura attendu ce jour pour jouer devant 15 000 spectateurs. « À Atlanta aussi, mais c’était 15 000 gamins », précisait-elle. « Peut-être que si à Basket Landes on avait une salle de 15 000, on ferait 15 000… On est complet, on ne sait pas », ajoutait sa coach et copine Julie Barennes.

Après avoir réclamé – en vain – une bière pour fêter sa victoire, la coach landaise a commenté : « C’est très dur pour nous, quand on est acteurs sur le terrain, de réaliser ce qu’était le match, d’avoir un recul, mais je pense que les gens se sont régalés, que l’on a fait une belle promotion du basket féminin. Ça tombe de notre côté, alors évidemment on est heureuses, mais pendant le match, je me suis dit : « même si on perd, on peut être fières ». Oui, on a fait des bourdes, des prolongations, plein de bêtises, mais on a toujours été là. C’est important pour notre équipe, pour Basket Landes, d’avoir ces valeurs-là. Je sais que c’est très à la mode « les valeurs », blablabla, mais sincèrement, on est comme ça, et on essaye de le faire vivre. C’est pour ça que lorsqu’on voit 1 500 personnes, on est heureuses. Mon père, ça fait vingt ans qu’il n’est pas venu à Paris, depuis que je suis partie de l’INSEP ! Il y a tous ces gens-là qui sont venus vivre cette expérience, et je remercie le club de Basket Landes d’avoir loué un TGV. Je suis désolée pour la SNCF pour le retour. Ça risque de dérailler ! » Et encore : « Je joue pour les émotions, même quand j’étais jeune. On n’imagine pas en fait ce que ça représente pour les gens ce que l’on fait. On les fait rêver. On a la chance d’avoir ce pouvoir-là. Alors, il faut partager avec les gens qui nous suivent, qui nous aiment dans ces moments-là. C’est pour ça que je me suis un peu plus intéressée à eux à la fin qu’au protocole », souriait-elle.

A la question de savoir à quoi il faut s’attendre pour l’année prochaine – Basket Landes est assuré de jouer l’Euroleague via cette victoire en Coupe de France -, Céline Dumerc a souri et lâché : « On verra ! On verra ! ». Les deux jeunes femmes n’avaient en tête que la célébration à venir, dans le TGV au départ d’Austerlitz, puis, ce dimanche, à l’Espace Mitterrand de Mont-de-Marsan.
– Ça va être de la folie, promettait l’une.
– Ça va être très fatigant, surenchérissait l’autre.

PS :

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Pour les plus anciens, cela a fait remonter à la surface les moments sublimes vécus au stade Pierre-de-Coubertin, en 1984, lorsque tout le sud-ouest était monté à Paris pour soutenir bruyamment et en chantant l’Elan Béarnais Orthez en finale de la Coupe Korac face à l’Etoile Rouge de Belgrade, qui avait été ensevelie par l’émotion. Il y avait déjà derrière Freddy Hufnagel et sa bande de valeureux guerriers des centaines de Landais, car ce département rural grouille de pratiquants et de fans de basket-ball. D’ailleurs, ce même week-end étaient programmées les demi-finales de la Coupe des Landes avec l’objectif ultime d’une vie de se qualifier pour les finales dans les mythiques arènes de Pomarez, puisque là-bas, il s’agit ni plus ni moins de la Coupe du monde.

Le club avait demandé en amont de la finale aux commerçants de Mont-de-Marsan de manifester leur soutien en habillant leurs vitrines aux couleurs bleues et blanches. Ceux qui ont répondu présents, on eut droit à une promotion sur les réseaux sociaux. « Dès samedi, j’ai préparé la vitrine. Je suis la première pour le moment, mais d’autres boutiques doivent le faire aussi. On est fiers des filles, c’est une belle équipe, donc on veut aller jusqu’au bout avec elles », a ainsi témoigné la patronne de…

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Photo d’ouverture : Céline Dumerc

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