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Xavier Noguera : « Une grande satisfaction de ramener Toulouse en Ligue Féminine » 

Six ans après avoir quitté l’Élite féminine, le Toulouse Métropole Basket fait son grand retour cette saison. À sa tête, Xavier Noguera a tout vécu. De la descente à la victoire en LF2 cette saison, l’entraîneur raconte cette « belle aventure humaine ».

Six ans après avoir quitté l’Élite féminine, le Toulouse Métropole Basket fait son grand retour cette saison. À sa tête, Xavier Noguera a tout vécu. De la descente à la victoire en LF2 cette saison, l’entraîneur raconte cette « belle aventure humaine ».

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Votre équipe a terminé première de saison régulière, avec une série de treize victoires consécutives, et vous remportez les playoffs. C’est la saison parfaite ?
« C’est la saison que le président avait demandé, annoncé aux partenaires, bénévoles. C’est la saison parfaite, on aurait signé tout de suite si nous avions su qu’elle se passerait ainsi. En termes de qualité de jeu, d’intentions mises en place, j’estime que les filles ont mérité cette montée. »

Comment avez-vous réussi à éviter le faux-pas alors que vous étiez en position d’équipe à abattre ?
« Nous faisions parties des favoris dès le début mais il y avait d’autres équipes annoncées comme tel, voire devant. Nous avions des objectifs. Pour les réaliser, nous n’avons jamais évoqué la finalité entre nous. Nous étions focalisés à prendre jour après jour, match après match, pour engranger le plus de points en vue de la fin de saison pour avoir l’avantage du terrain en playoffs. »

Les joueuses n’étaient pas éreintées en playoffs ?
« C’est la première année où il n’y avait pas de fatigue, au contraire. C’était très compliqué de manager lors de ces playoffs car, entre deux matches, il pouvait y avoir dix jours. Avant, le rythme était beaucoup plus intense avec un match tous les trois jours. Nous avions donc du temps pour récupérer, travailler sur l’adversaire, mais c’était aussi problématique parce qu’il y avait de l’excitation. Nous devions parfois mettre le frein à main. Certaines ne voulaient pas se blesser parce que les matches importants arrivaient le samedi. Ce n’était pas évident de trouver le bon équilibre pour que les filles soient prêtes le week-end. Nous n’avons pas changé notre manière de fonctionner par rapport à la saison régulière. Tout dépendait en fonction de l’entraînement. Soit on en faisait un petit peu plus, soit on le raccourcissait si on évaluait des petits risques. »

Quand on bute pendant plusieurs saisons, que le Covid stoppe des saisons prometteuses, ne se dit-on pas qu’on a laissé passer notre chance ?
« Ce n’était pas simple car toutes ces dernières saisons, l’équipe montrait qu’à chaque fois que nous étions au bout, elle n’arrivait pas à passer le cap de ce match important. Les deux dernières années, le Covid nous a arrêté alors que je pense nous pouvions réaliser de belles choses. Cette saison, on se disait tout simplement que c’était notre année. »

« Elles ont connu la descente avec moi, et nous voulions faire remonter le club »

Y avait-il de la frustration ?
« Oui, il y avait un climat de frustration après ces deux saisons blanches, c’est tellement dur de s’extirper de cette Ligue 2, un sentiment amplifié par le règlement propre à cette division comme la règle qui stipule que nous devons avoir quatre joueuses de moins de 23 ans. Il suffit d’une joueuse majeure absente et l’équipe se retrouve totalement déstabilisée. À Toulouse, nous avions la chance d’avoir des U23 très performantes, c’était un vrai atout pour notre équipe. »

Vous avez vécu la descente en 2016, quels sentiments avez-vous éprouvés suite à cette montée ?
« Personnellement, c’est une grande satisfaction de ramener le club du Toulouse Métropole en LFB. À l’époque, le club m’avait nommé à la place de Jérôme Fournier puis l’équipe est descendue avec moi à la tête de l’équipe. Ce n’est jamais agréable de subir une descente. C’est une satisfaction aussi pour tous ceux qui s’investissent au club : les bénévoles. Je disais aux filles que c’était le seul moment de partager  de la fierté, de la reconnaissance pour tout le travail qu’ils font tout au long de l’année. La dernière satisfaction est l’aventure humaine que l’on peut vivre. Que ce soit avec certaines filles expérimentées ou jeunes joueuses que j’ai depuis le centre de formation et qui sont dans l’équipe pro, elles ont connu la descente avec moi et nous voulions faire remonter le club. Nous l’avons fait. On ne trouve plus trop ces histoires où l’on monte un projet collectif. Quand on arrive avec des filles que nous avons depuis 8-9 ans, c’est joli. Je suis au club depuis 2009 et j’ai vraiment ressenti l’amour d’un club, du maillot. »

(c) La Fabrique Visuelle

Quelles ont été les évolutions, changements qui ont permis pendant ces six ans de revenir en LFB ?
« Disons que nous n’avons pas voulu nous précipiter. Après un état des lieux avec les dirigeants, nous nous sommes dit « Qu’est-ce que l’on pourrait mettre en place pour être attractif avec tout ce que la ville comprend ? » Derrière, nous avons inscrit un projet sur plusieurs années. Ne pas retrouver la Ligue féminine, faire un one shoot, puis c’est terminé. Nous souhaitions aussi créer une identité : le travail, être reconnu pour laisser la chance à de jeunes potentiels français. Un projet lié au centre de formation avec des jeunes de qualités. La preuve, elles rentrent dans l’effectif. Derrière, nous avons évoqué plus l’aspect organisationnel autour de l’équipe. »

Finalement, votre stratégie a été payante…
« Oui, nous sommes dans les clous mais le plus dur commence. La saison passée, c’était la première année où l’on annonçait vraiment cette envie de monter. Mais la Ligue féminine, c’est autre chose. Avec l’émergence de l’ASVEL, le maintien de Bourges au top niveau, des budgets qui explosent… il va falloir très vite se mettre à l’abri pour pouvoir continuer à construire. C’est ce qu’il nous attend dès la rentrée. »

« Nous avions 1 200 supporters en moyenne sur toute la saison, et un peu plus de 2 000 en playoffs »

L’an passé a été une saison assez prolifique pour Toulouse (football) avec deux montées en première division…
« Tout à fait, mais vous savez, c’est tout l’avantage et l’inconvénient de Toulouse. Tous les sports sont représentés au haut niveau et c’est une fierté pour la ville. De notre côté, il y a tellement de sports que des fois, c’est difficile d’exister dans toute cette offre. Cela demande donc un certain travail de fond. »

Quel poids le basket a par rapport au football et au rugby à Toulouse ?
« Il y aura toujours le rugby et le foot. Je pense qu’il ne faut pas essayer de se comparer. Les présidents de clubs professionnels travaillent ensemble, ce qui est un gros point. Il faut prendre des idées de tout le monde, travailler en essayant d’offrir un joli spectacle. Nous avons réussi à fidéliser un public car nous sommes un club très familial avec de la proximité avec les gens. Nous étions à 1 200 personnes en moyenne sur toute la saison, en playoffs un peu plus de 2 000. Il y a donc un public pour le basket toulousain. Nous essayons de valoriser cela. Le donner du plaisir et qu’ils ramènent d’autres supporters (rires). »

Passons désormais à votre recrutement. Les prolongations de Kalis Lloyd et Isabelle Strunc faisaient-elles partie de vos priorités ?
« Oui, cela en faisait partie. Je pense que nous avons réussi à monter parce que nous avons travaillé sur de la continuité avec des personnes qui représentent ce que le club a envie d’être. C’était important de valider nos cadres qui ont déjà connu ce niveau-là. Elles vont permettre d’accompagner les plus jeunes. Pour être honnête, il n’y a pas eu des dizaines de discussions avec Kalis et Isa. Quand tout se passe bien, chacun y trouve son compte. C’était une évidence. »

(c) Christophe Ferré

Et côté départs…
« C’est toujours un moment particulier, nous avons besoin aussi de ramener du sang frais dans une équipe. Si l’on pouvait garder tout le monde à vie, ce serait bien. Mais nous faisons face à des budgets, la place tout en ayant des choix stratégiques à faire. Nous devions prendre conscience de tout cela dans notre démarche. Hélène Jakovljevic a fait le choix de signer très tôt dans un autre club (Aulnoye/LF2). Elle avait envie d’un nouveau projet où elle était au centre de celui-ci à son poste. Je le comprends totalement et je lui souhaite de la réussite, elle le mérite. Marine Mulumba (Voiron/NF1) a oeuvré pendant quatre ans au club. Nous devions faire des choix en fonction de si on montait ou non. Il fallait apporter du renouveau et Marine a besoin de beaucoup de responsabilités. Nous ne savions pas si nous pouvions lui en offrir autant. Nous avons fait le choix en dernière minute de ne pas lui proposer quelque chose, à grand regret. Lorraine Lokoka (libre) n’a pas joué de la saison à cause de pépins physiques. Elle a été d’un courage incroyable, elle était présente toute la saison. Nous étions aussi tombés sur une fille exceptionnelle, d’une gentillesse rare avec Caliya Robinson (libre). Pour la LFB, nous avions besoin de plus d’investissement en permanence, mais cela n’a rien à voir avec les qualités qu’elle possède. »

Pouvez-vous présentez à nos lecteurs vos nouvelles joueuses ?
« Dans les arrivées, nous avons Yvanna Enjolvy (1,70 m, 20 ans). Ce qui nous plaisait chez elle, c’était qu’elle pouvait s’inscrire dans les deux tableaux, si on montait ou non. Elle jouait dans une équipe que se trouvait en bas de tableau à La Glacerie (Cherbourg), mais elle ne s’est pas laissée déstabiliser. Ce n’est pas parce qu’elle évoluait dans un contexte très difficile qu’elle a lâché. Beaucoup de jeunes auraient fait cela. Cet aspect nous a plu. Elle apporte beaucoup d’énergie sur le terrain, elle continue de faire jouer son équipe en apportant du leadership dans la création. Nous allons essayer de la développer dans son rôle de meneuse.  
Kyra Lambert (1,75 m, 25 ans) est une meneuse de grande taille qui aime défendre. Elle participe énormément au rebond. Elle est capable de faire jouer son capable tout en étant capable de prendre le jeu à son compte. Elle possède d’alternance dans le tir extérieur, le tir à mi-distance et le tir proche du cercle.
Megan Huff (1,92 m, 26 ans) est un poste 4 avec un gros CV. Elle sort de Riga. Elle est capable de jouer près du cercle, très bonne lecture du jeu. Elle peut étirer les défenses avec ses fondamentaux. Elle sera une joueuse d’expérience à coup sûr. Elle revient d’une pause pour la meilleure des raisons (maternité) mais je pense que des joueuses de son niveau, elles connaissent leur corps. Je suis certain qu’elle va arriver en forme.
Pour Aminata Gueye (1,92 m, 19 ans), nous avons décidé de lui attribuer beaucoup de responsabilités l’année prochaine. Nous espérons qu’elle va évoluer à vitesse grand V, une adaptation assez rapide. Elle a tous les atouts pour réussir en Ligue Féminine. Elle est capable de courir, d’avoir de bonnes mains. Elle va nous faire du bien près du cercle. »

Comment avez-vous fait sachant que le recrutement se fait très tôt et que vous n’aviez pas la garantie de jouer en LFB à ce moment-là ?  
« C’est toujours très compliqué. Les Européennes signent très tôt, donc nous n’avons pas souvent celles que nous désirons. Les Américaines, avec le Covid, la Coupe du monde cette année, le timing n’était pas simple. La saison va reprendre aussi très tard. Il faut faire avec, ce sont les règles du jeu. Il faut être malin, nous avons regardé beaucoup de vidéos. Ce que nous cherchions, c’était avant tout de la complémentarité dans l’esprit TMB, pas recruter un nom. Nous ne voulions pas une joueuse qui marque 20 ou 30 points tous les matches mais qui ne fait pas jouer les autres. »

Comment allez-vous faire pour exister en LFB ?
« Nous allons rester l’équipe que nous sommes tout en essayant de densifier tous les aspects du jeu. C’est surtout cela qui va nous animer. Des deux côtés du terrain, nous allons proposer des joueuses nouvelles parce que nous avons des joueuses différentes. La préparation va nous permettre de connaître les joueuses et de mettre en place des mouvements qui mettront en lumière des points forts. C’est évident qu’il ne faudra pas être timide. Il va falloir jouer fièrement sa chance à tous les matches en respectant tout le monde mais en n’ayant peur de personne, donner 400 % à chaque rencontre. »

Est-ce qu’il y aura une pression particulière notamment en vue du maintien ?
« Chacun le voit comme il le veut. Je préfère dire que l’on va absolument se maintenir (rires) que parler dans le négatif. Nous avons des objectifs, nous allons tout mettre en place pour les atteindre. »

Surtout quand on voit Angers qui a réussi à se maintenir…
« Oui même si leur équipe a eu du temps à se préparer. Je félicite d’ailleurs David (Gautier) pour sa saison. Ils ont terminé la saison précédente en avril, ce n’est pas la même chose que le 28 mai. La chance qu’Angers a eu, c’est que la LFB n’était pas encore terminée. Ils ont pu construire alors que nous avons du faire dans un autre contexte. »

« Cette saison, le poste 5 va être couvert par Aminata Gueye et Margot de Freitas. Cela montre que nous restons sur notre ligne de conduite : laisser la chance aux jeunes qui peuvent être performantes à ce niveau. »

Margot de Freitas et Noémie Bronchant issues du centre sont dans l’effectif pro, quel est le projet autour des jeunes à Toulouse ?
« Elles font partie intégrante de l’équipe professionnelle. Cette saison, le poste 5 va être couvert par Aminata et Margot. Cela montre que nous restons sur notre ligne de conduite : laisser la chance aux jeunes qui peuvent être performantes à ce niveau. Le plus important, ce n’est pas de les mettre dans l’effectif mais de leur laisser une grande place dans l’organisation avec un vrai rôle. »

(c) La Fabrique Visuelle

En plus de ces deux joueuses, des stagiaires pourront-elles découvrir la LFB ?
« Bien sûr. Nous avons de la chance à Toulouse que le club investisse dans le centre de formation. Quand nous nous entraînons, nous rajoutons des jeunes du centre pour avoir un groupe plus étoffé. Très régulièrement, le staff (centre de formation et professionnel) va décréter un noyau de filles qui vont être partenaires d’entrainement. Certaines plus que d’autres et quelques unes pourront être amenées à être sur le banc des pro le weekend. »

Est-ce que d’autres changements au club ont eu lieu au sein du staff ?
« Oui, Benjamin Avon (précédemment au SLUC Nancy) sera mon nouvel assistant. Ce sera une bonne chose pour le groupe de changer des routines parce qu’il va amener une autre approche. C’était un choix fort que nous avons fait et c’était aussi important pour moi, me permettre de changer des habitudes. À part Benjamin, les nouvelles têtes ne sont qu’au niveau des joueuses. »

Votre premier match officiel est le 29 octobre, comment va se dérouler la préparation ?
« Nous allons retrouver les filles le 1er septembre (sourires). C’est la première fois que la préparation commence aussi tard. Quand on s’approchera une semaine avant la rencontre face à Basket Landes, nous pourrons en discuter. Pour l’instant, je ne préfère pas pointer du doigt ce match. Nous ne savons pas comment va se dérouler cette préparation. Je vais me concentrer sur cela, que tout le monde arrive en temps et en heure. C’est sur que ce premier match à Toulouse depuis six ans va avoir une saveur particulière. Il va être très important puisque nous allons envoyer à nos adversaires la première image de Toulouse, représenter ce que l’on veut être dans cette division. C’est un projet collectif, il faudra que nous soyons tous solidaires les uns les autres. »

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Votre équipe a terminé première de saison régulière, avec une série de treize victoires consécutives, et vous remportez les playoffs. C’est la saison parfaite ?
« C’est la saison que le président avait demandé, annoncé aux partenaires, bénévoles. C’est la saison parfaite, on aurait signé tout de suite si nous avions su qu’elle se passerait ainsi. En termes de qualité de jeu, d’intentions mises en place, j’estime que les filles ont mérité cette montée. »

Quelles ont été les évolutions qui ont permis au club de revenir en LFB, six ans plus tard ?
« Disons que nous n’avons pas voulu nous précipiter. Après un état des lieux avec les dirigeants, nous nous sommes demandé « que peut-on mettre en place pour être attractif avec tout ce que la ville comprend ? » Derrière, nous avons inscrit un projet sur plusieurs années. On ne voulait pas retrouver la Ligue féminine, faire un one shoot, puis c’est terminé. Nous souhaitions aussi créer une identité : le travail, être reconnu pour laisser la chance à de jeunes potentiels français. Un projet lié au centre de formation avec des jeunes de qualités. La preuve, elles rentrent dans l’effectif. Derrière, nous avons…

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Photo : Xavier Noguera (TMB)

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